Le faux pas de Mgr Paglia

Polémique en vue: Le président du Conseil pontifical pour la Famille a laissé entendre, lors d'une Conférence de presse, que certaines formes de "pactes civils" étaient envisageables pour les couples homosexuels. Et la presse se frotte les mains! (6/2/2013)

     

Hier, grâce à l'irremplaçable blog de Raffaella, j'avais lu l'article de La Repubblica consacré aux propos de Mgr Paglia, nouveau président du Conseil Pontifical pour la famille. Il intervenait lors d'une Conférence de presse où étaient présentés les actes de la rencontre internationale des familles de Milan. Le titre de l'article, et surtout le vecteur de diffusion de l'information, un quotidien très militant pour la cause gay, très anti-pape, anti-Eglise, cathophobe, que je suis depuis six ans et dont je crois connaître les procédés, m'ont immédiatement suggéré qu'il avait commis peut-être un faux pas, en tout cas une vraie maladresse - par imprudence?

Première ouverture dans l'Eglise: "Droits aux couples gays"
L'ouverture de Mgr Paglia, ministre de la famille: "mais non au mariage".
"Veillons contre les discriminations: vingt pays déclarent les homosexuels hors la loi".

Pour ceux qui veulent se faire une idée, Zenit a mis en ligne l'intégralité de l'intervention de Mgr Paglia: I et II.
On n'y trouve pas de trace des propos incriminés. Mgr Paglia se fait même longuement l'avocat du mariage comme union d'un homme et d'une femme, et de la famille, fondement de la société.
Ce n'est qu'en répondant ensuite aux questions des journalistes qu'il aurait tenu les propos ambigus qu'on lui prête (voir l'éditorial de Riccardo Cascioli sur La Bussola). Ne les ayant pas sous les yeux tels quels, il est difficile de se prononcer.

Il semble s'être passé une fois de plus ce que nous avons déjà observé à maintes reprises, et, en ce qui me concerne depuis le début du Pontificat de Benoît XVI.

1. Du Pape et des cardinaux, on ne cite que deux types de propos:
> soit, pour en dire éventuellement du "bien" que ce qui va dans le sens du courant dominant (la culture de mort, comme ici, ou l'encouragement présumé à l'immigration)
> soit, côté négatif, ce qui peut-être utilisé contre l'Eglise (exemple: le mot "pogrom" utilisé par Mgr Müller)
2. On découpe au ciseau, d'un discours ou d'une interviewe, une petite phrase ou un petit extrait de phrase, en l'extrayant totalement de son contexte, et on laisse supposer qu'il s'agit de la totalité de l'article.
3. On fait des propos de n'importe quel fonctionnaire du Vatican - souvent piégés par des questions insidieuses lors d'interventions plus ou moins impromptues - ou de n'importe quel journaliste de l'Osservatore Romano ou de Radio Vatican - "la voix du Pape".

Succès assuré. C'est le B-A-BA de la désinformation, et cela pourrait faire un excellent chapitre d'un pastiche du livre de CS Lewis, "Tactique du diable".

Sans même juger du fond, comme Mgr Paglia devrait connaître cela mieux que moi, il a fait une erreur, sinon une faute.

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Mais l'exemple vient de haut, par la "grâce" des medias: cela rappelle, toutes proportions gardées, la polémique qui s'était déchaînée après la sortie du livre-interviewe de Peter Seewald, "Lumière du Monde" (on pourra retrouver les détails ici: benoit-et-moi.fr/2010-III). La presse de gauche (pléonasme) avait immédiatement titré quelque chose comme: "Le Pape s'ouvre au préservatif".
Il n'est pas sûr que ce titre mensonger n'ait pas laissé de traces.

Note additive:
Vincenzo Paglia, né en 1945, est un évêque "libéral". Il est associé à la Communauté Sant'Egidio, il est postulateur de la cause de béatification de Mgr Óscar Romero assassiné en 1980 à San Salvador (cf http://benoit-et-moi.fr/2010-I). Dans un article de septembre 2012, Paolo Rodari le classait parmi les héritiers spirituels du Cardinal Martini (cf. benoit-et-moi.fr/2012(III)/articles/les-heritiers-de-martini.. )