L'hommage de Gotti-Tedeschi à Benoît l'économiste
Le banquier limogé de l'IOR revient sur la grande encyclique sociale de Benoît XVI, Caritas in Veritate. "Cet amour que Benoît XVI nous a donné d'une manière exemplaire". (16/2/2013)
>> Voir aussi Gotti-Tedeschi: prix Nobel d'économie pour le Pape
Un hommage profondément émouvant. Et on ne peut s'empêcher de se poser à nouveau des questions sur les étranges circonstances de l'éviction de l'IOR (détails ici: benoit-et-moi.fr/2012(II)) d'un homme totalement dévoué au Pape, pour qui il éprouve respect, et affection. Alors que le premier acte que le Saint-Siège s'empresse de faire, au moment où le Pape s'apprête à se retirer dans la prière, c'est de nommer un nouveau directeur à l'IOR (voir l'article de la Stampa, que je vais peut-être traduire).
Le sens de l'économie dans l'enseignement du Pape
Ettore Gotti Tedeschi
15/02/2013
www.lanuovabq.it
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Notre grand Pontife Benoît XVI, qui nous manquera de manière indicible, n'a pas fait des leçons d'économie, mais des leçons sur la volonté de Dieu qui considère nécessairement l'économie. Ou mieux, il envisage l'utilisation de l'instrument économique selon les fins auxquelles elle a été adoptée, ou le sens qui lui a été donné. Le Magistère du Pape en économie est assimilable au conseil d'un médecin pour une maladie particulière de l'âme et par voie de conséquence, du corps.
Le magistère économique de Benoît XVI est écrit dans l'Encyclique sur la mondialisation économique et sociale, Caritas in Veritate. Qui sort environ deux ans après la date prévue (2007), devant tenir compte de l'impact de la crise économique qui se profile. Le pape décide de commencer à parler de l'économie contemporaine en rappelant le message de Populorum progressio de Paul VI: la promotion du développement de l'homme. Promotion intégrale, et pas seulement matérielle! Cela signifie que l'homme a besoin de trois nutriments: corporalo-matériels, intellectuels et spirituels.
Voilà ce qu'est le besoin de l'homme et en conséquence son «économie». Alors le Pape se demande si le développement économique prôné par le Pape Paul VI dans Populorum progressio a été réalisé. Et la réponse à cette question est non.
Et le 'pourquoi non', est à son tour expliqué par le fait que la croissance économique a été et continue d'être, «obérée par des déséquilibres et des problèmes dramatiques», surtout dans la crise économique en cours d'explosion.
Quelles sont ces déséquilibres? C'est un développement économique par nature égoïste, mal planifié qui fait abstraction des naissances ou même les décourage. Un développement économique dopé pour compenser l'insuffisance de la croissance économique qui en découle, la croissance des coûts fixes qui en découle, la croissance des impôts et la diminution de la croissance des économies qui en résultent. Un développement économique basé sur la dette des ménages, pour imposer des régimes de consommation utiles pour augmenter le PIB. Réduisant ainsi les individus à être des «subsidiaires» aux besoins de croissance économique des gouvernements, qui la prétendent pour couvrir leurs erreurs et s'assurer la continuité du pouvoir dans un monde globalisé où la puissance économique mondiale se déplace de l'Occident vers l'Orient en raison du nombre de la population, force et richesse de ces pays.
Et tout cela dans l'indifférence, au contraire, envers d'autres pays pauvres qui attendaient depuis des décennies d'être impliqués dans le processus de croissance économique, mais ne garantissaient pas un retour sur investissement suffisant ou présentaient trop de risques.
Benoît XVI nous rappelle que les principes économiques sont dans la dynamique de la nature. Cela par une considération simple, la nature a été créée par Dieu, avec un ordre à suivre pour la valoriser, si l'on fait fi de cet ordre, au lieu d'économie, on une déséconomie, au lieu de créer de la richesse, on détruit la richesse. Et on ne fait rien de bon et de vrai.
Ensuite, Papa Benedetto explique encore une loi fondamentale: l'économie ne peut pas avoir sa propre autonomie morale, si elle y prétend, elle échoue avec des dommages élevés. Si l'économie reconnaît être un instrument, elle a besoin d'une fin, et seulement alors, elle produit le bien commun, le seul durable. Pour que cela se produise, l'homme doit avoir la responsabilité personnelle de ses actes, de la création de richesses à travers une natalité équilibrée jusqu'à la valorisation de ce qui est éthique appliquée, au problème de l'environnement. Voilà un rappel des choses importantes dont l'économie ne peut se passer.
Successivement, le Pape place l'homme au milieu du consortium humain et l'invite à penser aux relations pour s'employer à la collaboration, à la solidarité, à la subsidiarité des états vers les individus et à la solidarité envers les pays pauvres.
Enfin, le pape considère que l'homme a su, et sait, faire grandir l'instrument scientifique et technologique, mais il objecte que s'il ne grandit pas lui-même en «maturité» de connaissance, il risque de ne pas savoir comment l'utiliser. Et même, de mal l'utiliser. Avec cette réflexion, Benoît XVI fait réfléchir sur le fait essentiel que le problème socio-économique est plus que jamais lié au probléme anthropologique. Qu'est-ce que l'homme? Qu'est-ce que son bien? Est-ce, grâce à la recherche scientifique, de vivre un millier d'années? Est-ce de se reprogrammer pour ne pas souffrir? Pour supprimer la vieillesse, la douleur, l'infirmité? Est-ce de se considérer en fin compte, seulement comme un animal intelligent, avec un peu plus de dignité, mais toujours un animal, à satisfaire matériellement et à perfectionner scientifiquement?
L'homme ne se satisfait pas seulement matériellement et scientifiquement, les athées-agnostiques les plus intelligents ont commencé à réaliser que la satisfaction de l'homme n'est pas seulement matérielle, mais aussi, dans une certaine mesure, spirituelle. Peut-être découvriront-ils bientôt qu'au delà du corps, il y a une âme, et alors ils arriveront à la conclusion réelle: «Sans Dieu, l'homme ne sait où aller ... et l'humanisme qui exclut Dieu est un humanisme inhumain».
En relisant l'enseignement de Benoît XVI dans le domaine économique, on a le grand réconfort de comprendre l'enseignement d'un pape qui pense à nous, qui prend soin de nous. Mais de nous, en tant que créatures de Dieu, en quête de sonsolation, mais aussi d'éducation. Et je voudrais ajouter, en quête d'amour.
Toutes choses que Sa Sainteté le Pape Benoît XVI a su nous donner d'une manière exemplaire.