Mauvais timing

La "communication" définitivement catastrophique du Vatican, qui annonce la nomination du nouveau directeur de l'IOR en même temps que le retrait du Saint-Père!! Sans parler du reste. (16/2/2013, mise à jour le 17)

Info du VIS

15/2/2013
(la date est à encadrer!!!!)

NOUVEAU PRESIDENT DU "IOR"
Cité du Vatican, 15 février 2013 (VIS). La Salle de Presse du Saint-Siège communique que la Commission cardinalice de contrôle de l'Institut pour les oeuvres religieuses a nommé M. Ernst von Freyberg, Président du Conseil d'administration. Les quatre autres Membres sont reconduits: "Ce choix résulte d'une profonde évaluation de la situation et des audits effectués par la Commission, assistée par les Membres du Conseil. Avec l'appui d'une agence internationale spécialisée, il a été possible d'évaluer durant ces mois plusieurs profils de haute qualité professionnelle et morale. Ayant suivi le processus de sélection, le Saint-Père a confirmé la proposition de la Commission cardinalice".
Allemand, né en 1958, Ernst von Freyberg a effectué toute sa formation juridique universitaire à Munich, Bonn, Spire, Ulm et Stuttgart, de 1978 à 1988. Sa carrière professionnelle s'est déroulée près la TCR Limited (Bemberg Group) et le Three City Research Inc.. Fondateur et PGG en 1991 de la Daiwa Corporate Advisory, et depuis 2012 Président du Blohm+Voss Group. Avocat, il est actif au sein de l'Ordre de Malte et co-responsable des pèlerinages à Lourdes du diocèse de Berlin. Il est membre fondateur depuis 2009 de la Fondation Freyberg, qui soutient trois institutions catholiques en France, Allemagne et Autriche par des bourses d'études. Membre du conseil d'administration de la Flossbach von Storch AG, une société de gestion de fonds, il est encore membre de la direction de la Manpower allemande.

     

Tout au long du Pontificat, on a dit (et l'on répète encore) que Benoît XVI fut un piètre communiquant.

Si être un bon communiquant, c'est s'agiter sur un podium comme un bateleur de foire, faire des blagues d'animateur télé, payer des armées de charlatans pour apprendre à captiver une foule en lui racontant des bobards et se mettre en scène dans des situations improbables pour se créer une "image" à des années-lumière de la réalité (dans la classe politique, d'un bout à l'autre de la planète, on n'a que l'embarras du choix), alors oui, Benoît était un communiquant catastrophique.
Mais en réalité, il était un communiquant extraordinaire, parce que ce qu'il disait était LA vérité (et les gens le sentaient), parce qu'il ne parlait que pour dire des choses très profondes, et surtout parce qu'il savait parler directement au coeur des gens. Il savait même parler dans le silence, que l'on se rappelle les adorations eucharistiques des JMJ, et l'incroyable veillée "des 4 vents" à Madrid.

Et il l'a fait jusqu'au bout, annonçant lui-même sa démission, ses raisons, et coupant court à toutes les rumeurs (ce qui ne les empêchent pas de ramper sournoisement à travers les officines spécialisées).
Ce sont ses "interlocuteurs" de communication, autrement dit les medias, qui ont été calamiteux (en plus de leur nullité), et qui avaient décidé, quoi qu'il dise, de le clouer au piloris. Et je n'oublie pas les ouvriers de la 25e heure - comme les représentants d'une certaine presse catho qui, au cas très improbables où ils me liraient, devraient se reconnaître!

Par contre, le "Vatican", lui, oui!! est un communiquant exécrable. J'ai évité d'en parler pendant tout le pontificat, par loyauté vis-à-vis de Benoît XVI, devenue aujourd'hui sans objet.
Où est le fameux "spin doctor", dont je préfère oublier le nom, et qui devait insufler un sang nouveau à une machine à bout de soufle??
Son invention la plus géniale - en fait la plus extravagante, pour ne pas dire la plus idiote - (qui n'était certes pas une initiative du Pape) a été le fameux compte Twitter. Cela n'aurait-il pas pu attendre un peu, disons l'arrivée du Pape plus jeune, attendue tôt ou tard, et avec impatience par certains?
Résultat: au lieu de répandre la parole du Pape, si profonde, le compte @pontifex a servi de défouloir aux maniaques, aux pervers, aux obsédés sexuels de tout poil, pour déverser des tombereaux d'ordure sur un saint, et peut-être le blesser encore plus profondément.

Dernier épisode de cette "communication" pompeuse mais aussi ridicule que calamiteuse, l'annonce ces jours-ci d'un nouveau directeur de l'IOR.
Sur ce point, je suis d'accord avec ce qu'écrit Michele Brambilla, sur la Stampa. Enfin, presque tout.

     

Un mauvais choix dans le temps
Michele Brambilla
http://www.lastampa.it
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Inutile de tourner autour du pot: la nouvelles de la nomination du nouveau président de l'IOR est choquante. Pas pour la personne choisie, ou le fait qu'il provienne d'une entreprise qui a construit des navires de guerre. Ce n'est pas cela qui choque.
Si même ce M. Ernst von Freyberg était la meilleure personne au monde et donc le meilleur choix (et j'espère qu'il l'est), il est choquant de penser que la première chose que fait l'Église, après la démission (la démission inouïe!) du Vicaire du Christ, ce n'est pas de penser aux âmes, en ce moment pour le moins troublées, mais à ses coffres-forts.

Soyons clairs. Loin de nous la tentation de la démagogie facile ou du paupérisme encore plus facile.
L'Eglise est une institution qui est dans le monde et ne peut pas vivre de la seule prière; on ne peut pas penser non plus que le choix de la pauvreté exclut la nécessité de posséder une banque. L'Eglise, par conséquent, doit avoir sa propre banque, et sa banque doit avoir un président.

Le problème, ou plutôt le scandale, peut plutôt se résumer en un mot, qui est «opportunité». Ou si vous préférez «sensibilité».
Est-il opportun, avec toute la chrétienté sous le choc d'avoir perdu son berger suprême, de se concentrer immédiatement sur la nomination du président de l'IOR?

Hier, le directeur du bureau de presse du Vatican, le père Lombardi a expliqué qu'un processus de huit mois était arrivé à son terme; que la présidence de l'IOR n'est pas un rôle de gouvernement de l'Église, et qu'il n'est donc pas essentiel qu'elle soit décidée par le prochain pape, auquel on a de cette manière pensé à éliminer au moins cela, car il aura déjà suffisamment de maux de tête. C'est certainement vrai. Mais il est clair que l'image donnée à l'extérieur, en particulier aux fidèles, est très mauvaisee.

En fait, Papa Ratzinger n'a pas démissionné à un moment quelconque Il a démissionné après une série de scandales qui l'ont profondément attristé et éprouvé. Scandales qui ont en grande partie eu leur origine au sein des Sacri Palazzi: des tentatives visant à entraver le nettoyage que le pape a voulu faire sur le cas de prêtres pédophiles jusqu'aux Vatileaks, une histoire de misère sans fin. Il ne s'agit pas de ragots de journalistes ou de malignité (ndt: peut-être pas cette fois!!): ce sont les mots que le Pape lui-même a ciselés lors de la cérémonie des Cendres, quand il a dénoncé les divisions et les rivalités, le carrièrisme, la convoitise pour le pouvoir qui obscurcissent ceux qui devraient servir l'Évangile.

Là aussi: nulle démagogie. Nous savons que l'Église est faite d'hommes et qu'il n'y a pas d'homme sans péché. Mais on se demande où est la prudence traditionnelle (vertu cardinale) de l'Eglise, si l'on ne comprend pas que se hâter - maintenant que le pape s'en va - de trouver un président à l'IOR qui manquait depuis huit mois, donne raison, ou du moins de bons arguments, à ceux qui peignent la Curie du Vatican comme centre de pouvoir qui ne s'intéresse qu'aux choses de la terre, et pas à celles plus nobles.

L'autre jour, j'ai parlé avec des prêtres romains qui sont allés à la dernière audience que le pape Ratzinger leur a concédée. Ils sont désorientés. Ils ont la foi, et croient que le pape a agi dans la certitude que c'est la volonté de Dieu. Ils espèrent, et ils sont certains que la Providence travaille pour le bien. Mais ils sont aussi des hommes, et ils sont secoués, et ils m'ont confié qu'ils auraient du mal à trouver des réponses pour leurs paroissiens. Lesquels demandent comment il est possible qu'un pape dise: «Je ne peux pas faire plus»; et ils entendent dire des choses terribles sur les intrigues présumés de la Curie romaine.

Et tandis que tout cela se passe, tandis que le pape va partir de Rome en hélicoptère, quel est le premier mouvement de la Curie romaine? Trouver un guide pour l'IOR. Peut-être pour éviter que le président ne soit choisi par la Curie à venir (c'est juste une intuition, mais il faudrait aussi protéger les fidèles de tout soupçon).

On peut se demander quel contact avec les gens, et donc avec la réalité, ont certains prélats, qui ensuite se plaignent quand sort un livre de Dan Brown.

Mise à jour

Apparemment, ce n'est pas tombé dans l'oeil d'un aveugle!!
Comme si certains voulaient lui faire TOUT porter, jusqu'au bout!