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Complot (2)

Précisions et réactions, à propos du documentaire d'Arte "Le Chemin de Croix de Benoît XVI" (20/6/2013, mise à jour le 21)

>>> Cf.
Complot

     

L'émission d'Arte, quoiqu'ayant fait un score d'audience ridicule (ce qui n'est pas un défaut, sauf que la chaîne profite de financement public) a bénéficié, à ma surprise - relative - dans certains milieux catholiques de recensions laudatives. Autrement dit, le but a été atteint, le public visé étant - de façon prévisible - restreint.
C'était le risque.
Si l'on ne connaît de Benoît XVI que ce que les médias en ont montré, et surtout si l'on n'a pas suivi, ou seulement de loin, les épisodes relatés, on peut trouver que le portrait qui est dressé du pape n'est pas totalement négatif, puisque Nuzzi, assez habilement, laisse supposer que les fautes ne reviennent pas au Saint-Père, mais à son entourage (un peu comme sous l'Ancien Régime, quand on disait "Ah! si le Roi savait"... ce qui n'a pas empêché les mêmes de lui laisser couper le cou), et surtout à la pourriture constitutive de l'Eglise.
Effet dévastateur garanti.

Je me suis donc imposé le devoir (par souci d'honnêteté, et non par masochisme) de revoir les fameuses "55 minutes" (en fait, 60 minutes).
J'ai noté plein de citations incongrues, ou révélatrices (1).
Je ne changerais pas grand chose à ce que j'ai dit à chaud, sauf que j'ai peut-être été sévère envers Peter Seewald, et Lucia Scaraffia, qui n'ont sans doute pas pu faire plus, leurs propos ayant été vraisemblablement coupés au montage.

L'impression globale reste que Benoît XVI a échoué massivement, malgré ses efforts, et que des pans entiers du Pontificat ont été volontairement ignorés. Il faut d'ailleurs regarder ce film en continuité avec le suivant, sur les 100 jours de François (que je n'ai pas eu le courage de revisionner!): je crois que tout est dans le contraste, et donc l'intention de montrer la nécessité du changement.

Je tiens cependant à rectifier une erreur. C'est l'historien "catho de gauche" Melloni, et non le journaliste Galeazzi, qui dit "Benoît XVI a tout pris sur lui". C'est exact, et je lui sais gré de le reconnaître. Dommage qu'il ne l'ai pas fait faire savoir plus fort, et surtout avant, et qu'il ait clamé si vigoureusement pendant 8 ans son oppositionj.
Giacomo Galeazzi, quant à lui, dit cette chose très belle, après qu'Enzo Biancchi, le supérieur de Bosé, parlant de la "communication" de Benoît, ait eu le toupet d'affirmer qu' "il était timide au point de n'être pas maître de son propre corps" (je ne voudrais pas être cruelle, mais vu le physique du personnage, je me demande de quoi il est maître): "quand on parle avec lui, on a l'impression d'être le centre du monde, que rien d'autre ne l'intéresse".

Deux lectrices m'ont par ailleurs fait part de leurs impressions:

Réactions

MCM:
Quand on a qu'une seule clef de lecture , à savoir le sexe, l'argent et le pouvoir, pour lire le monde, on aura beau faire des "kilomètres" de film, on sera toujours à côté de la plaque quand on veut s'attaquer à l'Eglise.
Ce qui est cependant stupéfiant c'est qu'un journaliste receleur de documents volés puisse vivre de son forfait et en tirer gloire sur les plateaux de la chaîne "citoyenne".

* * *

G.A:
Moi aussi, j'ai été ulcérée, révoltée, déçue et peinée.
Comment a-t-on pu, des huit années d'un Pontificat si riche, si noble, si dense, et si attachant, ne tirer que les lamentables "affaires" dont deux (celle du discours de Ratisbonne et celle du préservatif) sont de fausses affaires, en tous cas erronées, puisque toujours sorties de leur contexte.
Le titre de l'émission m'avait laissé penser à un hommage rendu à Benoit XVI, à un éloge de son action pontificale, en même qu'un partage de la souffrance éprouvée par l'homme (le "calvaire" ..) devant les complots et les trahisons.
Il n'en a rien été. Tous ceux qui portent encore et toujours Benoit XVI dans leur coeur ont été bien déçus et victimes, il me semble d'une sournoise malhonnêteté intellectuelle.

Une autre chose est décevante et profondément triste: personne jamais, dans notre Eglise de France, ne s'élève contre de tels faits. Personne ne parle plus de Benoit XVI, aucune voix ne s'élève jamais pour une parole d'affection, de reconnaissance, pas même pour une prière.

Notes

Nuzzi:Lorsque le nouveau Secrétaire d'Etat sera choisi, je ferai une demande d'audience au Pape.
Nuzzi (2): Si on m'avait dit qu'un jour, je rencontrerais le majordome du Pape, je ne l'aurais pas cru (ndlr: ce n'est pas le Bon Dieu, quand même!)
Nuzzi (3): Benoît XI est un intellectuel, un homme de grande culture, alors je me demande pourquoi on ne l'a pas mieux conseillé.

John Allen: C'est le premier pape dans l'histoire de l'Eglise qui compare son élection à la guillottine (ndlr: il faut se souvenir que Benoît XVI l'a dit à ses compatriotes sur un ton jovial, voire humoristique... et que c'était aussi la première fois que des propos informels de Pape étaient ainsi médiatisés)
Scaraffia: Il était loin d'avoir le charisme de JP II
Acaïs: Sur les questions d'éthique, l'Eglise a des position sexophobes.
Vendola: L'homosexualité serait-elle inconciliable avec la foi? Comment peuvent-ils dire cela dans la chapelle Sixtine, avec toutes ces peintures au-dessus de leurs têtes, oeuvresd'un génie homosexuel?

Commentaire: La crise des vocations, les questions d'éthique, la sécularisation, exigeaient des réponses politiques fortes, dont Joseph Ratzinger n'était peut-être pas capable.

Allen: Avec la béatification de Wojtyla, on a retrouvé un peu de la magie de JP II.
Ridet: L'Eglise mène des combats d'arrière-garde. A chaque fois, c'est la société qui les lui impose.
Ermano Olmi (réalisateur italien catholique, né en 1931, palme d'or à Cannes en 1978 pour "L'Arbre aux sabots"): Quand j'ai entendu le nom de Joseph Ratzinger (en avril 2005), j'ai pensé "oh mon Dieu"!
Paolo Mieli: (à propos de l'IOR) S'il ne tenait qu'à moi, je le fermerais immédiatement (ndlr: à quel titre se permet-il de donner son avis?), car son nom est définitivement sali. On (?) n'a pas besoin d'une banque.

L'interviewe de Melloni est précédée, subliminalement, de l'image d'un Pape sur la Sedia gestatoria.

Acaïs: Sous JP II toute la gestion des affaires de pédophilie était contôlée, et donc le Pape et le préfet de la CDF étaient les deux seuls à prendre les décisions, et donc les responsables de ce qui a été fait, ou plutôt n'a pas été fait, sont Wojtyla et Ratzinger.

Mise à jour le 21/6

Certes, des pans entiers du pontificat de Benoît XVI ont été ignorés mais c'était justement le parti-pris de départ, contenu dans le titre.
Quand j'ai vu sur le programme "Le chemin de croix de Benoît XVI" je n'ai pas pensé une minute qu'il pourrait s'agir d'un exercice de compassion ou d'admiration envers le Pape. Le titre indiquait bien que l'on ne s'intéresserait qu'à ses souffrances (bien méritées selon les producteurs!). Un vrai rite d'immolation de l'agneau-Benoît! Il n'y avait donc pas tromperie sur le produit.
C'est ce choix qui est INFAME car ceux qui n'ont pas spécialement suivi le pontificat de Benoît XVI n'ont aucune idée de ses réussites, de ses voyages exaltants, des magnifiques JMJ, de la profondeur de ses enseignements... et du charme de sa personne (vérité, courage, pureté, douceur). Pour moi, Benoît XVI est le Pape de la Joie: donc un homme totalement opposé à ce que nous montre la télévision.

Bien sûr, le contraste avec ce qu'on nous dit de François nous montre à quelle décadence inexorable nous avons échappé, avec cette élection providentielle. François est un sauveur.
Mais ce qu'on ne comprend pas encore très bien c'est pourquoi des gens qui ont toujours craché sur l'Eglise et n'ont même pas la foi, se réjouissent tant qu'elle soit sauvée du désastre. Il n'est pas impossible que ces personnes perçoivent (à tort!) en François celui qui l'affaiblira par toutes sortes de mesures contraires à sa doctrine. D'ailleurs, Nuzzi, dont on ne peut pas supposer qu'il est un ami de l'Eglise, est un fervent supporter de François (ce qui ne devrait pas flatter François!) et il est persuadé que ce Pape réformera la morale sexuelle de l'Eglise (c'est la seule chose qui compte!). Chacun sait que toute la raison d'être de l'Eglise tourne autour de ces questions... qui sont l'obsession des médias et des gens qui ont perdu la foi (une idolâtrie).

Petite remarque: un juriste pourrait-il répondre?
En ce qui concerne Nuzzi, peut-on dire qu'il est un recéleur, un homme qui s'est enrichi en vendant des livres basés sur des documents volés?
Il me semble que c'est puni par la loi. Comment se fait-il que le Vatican n'ait pas porté plainte contre lui? La liberté d'expression n'a-t-elle pas de limites?

Monique T.