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Imbroglio autour d'une béatification (suite)

Andrea Tornielli fait une mise au point après l'article d'hier, sur le feu vert donné à la béatification de Mgr Romero - diffusé grâce à Raffaella !! L'étrange comportement de Mgr Paglia (11/6/2013)

>>> Cf. Imbroglio autour de la béatification de Mgr Romero

     

Romero et la cause «débloquée» par deux papes
L'évêque auxiliaire de San Salvador, Gregorio Rosa Chávez, révèle: «Déjà Benoît XVI avait décidé dans ce sens»
Andrea Tornielli
http://vaticaninsider.lastampa.it/vaticano/dettaglio-articolo/articolo/romero-romero-romero-25531/

Le 22 Avril dernier, après avoir été reçu en audience par le nouveau Pape dans son double rôle en tant que président du Conseil pontifical pour la famille et postulateur de la cause de béatification de Mgr Oscar Romero, Mgr Vincenzo Paglia a immédiatement annoncé que le processus avait enfin été «débloqué» par François. Le pape latino-américain, accélérait la cause d'un pasteur défenseur des derniers, tué par un tireur alors qu'il célébrait la messe.

Ces jours-ci, l'évêque auxiliaire de San Salvador, Gregorio Rosa Chávez, qui comme prêtre avait été un collaborateur de Romero, est revenu sur le sujet: dans une interview à la revue portugaise Fatima Missionnaria, il a raconté que Benoît XVI avait «débloqué» le processus de béatification. «Du postulateur de la cause (càd Paglia, ndlr), nous avions eu deux informations. La première, qui n'a pas été rendue publique, rapporte une conversation qu'il a eue avec Benoît XVI au cours de laquelle Ratzinger a dit qu'il fallait débloquer le processus de béatification de Romero. L'autre, que nous connaissons tous, c'est quand le postulateur a annoncé ... que le Pape (François ndlr) lui avait demandé de débloquer le procès ».

Rosa Chavez a dévoilé das l'interview un détail révélateur de la position de François à l'égard de l'évêque assassiné en Mars 1980 alors qu'il célébrait la messe. «Un prêtre du Salvador, en 2007, lors de la réunion des évêques d'Amérique latine (qui a eu lieu à Aparecida, ndlr) a demandé à Bergoglio ce qu'il pensait de Romero et il a répondu: «Pour moi, c'est un saint et un martyr, si j'étais pape, je l'aurais déjà canonisé ».

Il ne faut pas oublier que précisément en 2007, pendant le voyage à Sao Paulo et Aparecida, Benoît XVI avait parlé de Romero en répondant aux journalistes sur le vol qui le conduisait au Brésil. De cette réponse de Ratzinger, il y a deux versions: celle réellement prononcée et qui est restée enregistrée dans les magnétophones des soixante-dix journalistes qui voyageaient dans l'avion papal, et la version révisée, publiée par le Bulletin du Saint-Siège (1)

Le Pape avait dit qu'il le considérait comme «un grand témoin de la foi, un homme de grande vertu chrétienne engagé pour la paix et contre la dictature», tué «au cours de la consécration», une mort de «témoignage de la foi». Il avait également expliqué que le problème était l'accaparement qu'«un parti politique», voulait faire de sa figure, l'utilisant «comme un étendard» une opération injuste. Et il concluaitt: «Je ne doute pas que sa personne mérite la béatification». Mais ces paroles qu'il prononça furent plus tard expurgées de la version «officielle».

Benoît XVI avait également fait référence aux dernières informations de la Congrégation pour les Causes des Saints sur la cause. Ratzinger, déjà avant l'élection, connaissait bien l'histoire de Romero. C'était en effet la Congrégation pour la Doctrine de la Foi qui, après 2000, avait été chargée d'examiner les homélies, le journal et les écrits publics de l'évêque salvadorien pour évaluer sa pleine conformité avec la doctrine catholique. L'examen attentif et consciencieux. n'avait pas révélé d'erreurs. Mais durant ces années, un rôle important était joué par le cardinal colombien Alfonso Lopez Trujillo, consultant auprès de l'ancien Saint-Office, qui n'était pas dans l'idée de poursuivre la cause. Du dicastère dirigé par Ratzinger, et avec son approbation, il avait donc été communiqué à la Congrégation pour les Causes des Saints que le procèd devrait être gelé pour le moment. Les craintes étaient liées à la possible instrumentalisation politique qui avait été faite des mots que Romero, et s'inséraient dans le cadre de la méfiance bien connue du pontificat de Wojtyla envers tout ce quétait associé à la théologie de la libération.

Même après l'élection de Benoît XVI, en 2005, aucune indication dans une direction différente, c'est-à-dire de débloquer la cause, n'était arrivée à la «fabrique des saints», ni de l'ex- Saint-Office, d'où était venue l'indication de ralentir, ni du Pontife régnant, qui aurait pu à ce moment relancer le processus. C'est pourquoi les mots de Ratzinger dans l'interview «aérienne» de l'été 2007 n'avaient pas peu surpris, en particulier le fait qu'il considérait que Romero méritait la béatification de. Mots immédiatement supprimés des textes publiés dans les médias officiels du Vatican.

Il y a un an encore, pour le trente-deuxième anniversaire de l'assassinat de Romero, à la veille de la visite de Benoît XVI au Mexique et à Cuba, le processus semblait dans une voie de garage.

Des paroles de Mgr Gregorio Rosa Chávez, nous apprenons aujourd'hui que le pape Ratzinger déjà, dans un récent entretien avec le postulateur, avait donné des directives pour que la cause soit finalement débloquée, mais Mgr Paglia n'avait jusqu'ici pas rendu cette nouvelle publique, rapportant au contraire le feu vert et les encouragements reçus du nouveau pape, François.

Note

(1) J'avais à l'époque suivi le voyage, utilisant en grande partie le "journal" de John Allen, qui était dans l'avion papal.
Il avait en effet transcrit la "conférence de presse aérienne", et j'en avais traduit plusieurs échanges... mais pas celui-là (http://beatriceweb.eu). Malheureusement, l'article original n'est plus disponible.
Par contre, j'avais pris soin de copier - sans la traduire - la trancription de la conférence par l'Agence Ansa, et l'on y trouve bien ce qu'affirme Tornelli (ici).
Il est également vrai que la version officielle ne fait pas mention de possible béatification.
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Quant à Mgr Paglia, ce n'est pas la première fois qu'il se révèle déloyal envers le Pape Benoît XVI; et c'est juste parce que je n'arrive pas à retrouver la source que je préfère ne pas reproduire les propos révoltants qu'il a tenus après la démission, propos démentis par lui maladroitement par la suite, mais on sait que le démenti est une de ses spécialités (Teresa, observatrice HYPER-attentive et fiable en parle ici, message du 10/6/2013 à 22h49)
L'ex archevêque de Terni, devant à son rôle éminent à Sant'Egidio sa nomination à la tête du Conseil Pontifical pour la Famille, où ses positions n'étaient manifestement pas dans la ligne de Benoit XVI, règle-t-il des comptes parce que le Vatican a envoyé un administrateur apostolique après son départ, pour assainir une situation financière plus que douteuse, comme l'avait révélé, preuves à l'appui, Sandro Magister? (cf. benoit-et-moi.fr/2013-I/articles/le-faux-pas---de-mgr-paglia-suite.php )