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Viktor Orban démonte les accusations de l'UE

Discours devant le Congrès juif mondial, venu se réunir à Budapest pour dénoncer le prétendu antisémitisme de la Hongrie. Plaidoyer pour une identité culturelle et religieuse forte (10/5/2013, mise à jour)

Le président hongrois rappelle aux autres pays, et en particulier, entre les lignes, à la France, que la Hongrie n'a pas de leçons à recevoir de ses censeurs auto-proclamés!

Le discours de Viktor Orban a été traduit en italien sur le site de la Bussola (ici).

>>> Autres articles sur ce sujet, sur le site: http://tinyurl.com/dy5nx4h

     

Hongrie, les accusations de l'UE démontées
Viktor Orban
Présdent de la république Hongroise
09/05/2013
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Ces derniers mois, la Hongrie, et son président, Viktor Orban, ont fait l'objet d'une attaque sans précédent de la part des institutions européennes et des médias. Le tout tourne autour de l'approbation de la nouvelle Constitution, jugée indigeste par les bureaucrates de Bruxelles, car elle fait explicitement référence aux traditions chrétiennes de ce pays. Et en plus défend la famille naturelle. Cela a suffi à déclencher une attaque médiatique contre le président Orban: parmi les accusations les plus infâmantes, celle d'être anti-sémite ou de favoriser des groupes anti-sémites. Mais le démenti de ces accusations réside dans les faits, comme le discours que nous proposons, qu'Orban a prononcé le 5 mai devant le Congrès juif mondial qui s'est tenu à Budapest. Dans ce discours est mis en évidence le vrai motif culturel du contentieux: une identité faible, contrairement à l'idéologie l'officielle de l'UE, engendre des conflits. La paix et la prospérité ne peuvent être fondées que sur des identités fortes capables de se confronter et s'enrichir mutuellement.

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Bonsoir, une cordiale bienvenue à vous tous ici, à Budapest. Shalom. C'est avec grand plaisir que je vous souhaite la bienvenue à Budapest au nom de la Hongrie et du peuple hongrois. C'est avec beaucoup de plaisir et d'amitié que je salue ceux d'entre vous qui en réalité sont à nouveau à la maison, parce que les racines de leur famille sont ici. La Hongrie a une longue tradition d'accueil et de respect pour les visiteurs. Ici, tous ceux qui frappent à notre porte ont le droit à l'hospitalité. C'est pourquoi je veux que pour vous tous, le séjour dans notre merveilleuse capitale soit agréable.

La Hongrie est un pays libre, c'est pourquoi le droit à l'hospitalité implique de mentionner les choses qui vous préoccupent et que vous pouvez trouver mauvaises. Vos dirigeants ont déclaré qu'ils ont choisi Budapest parce qu'ils voulaient attirer l'attention du monde sur la montée de l'antisémitisme en Hongrie. Si c'est ce qu'ils ressentent, alors c'est bien que vous soyez ici, parce que nous avons besoin de l'aide et la coopération de chacun pour agir efficacement contre la propagation de la haine.

Je sais qu'ici il y a des leaders juifs venus du monde entier, y compris d'endroits où parfois les enfants qui vont à l'école sont victimes de l'antisémitisme. Et d'endroits où après la mort violente d'enfants juifs, il n'y a pas d'accord pour faire appliquer une minute de silence à la mémoire des victimes dans les écoles publiques. D'endroits où des bombes qui font des victimes sont lancées contre des synagogues. Rien de cela ne s'est passé jusqu'ici en Hongrie. Nous ne voulons pas que la Hongrie devienne un pays de ce genre, c'est pourquoi je vous invite à partager vos expériences de façon à ce que la haine ici en Hongrie ne puisse dégénérer à ces niveaux (ndt: une bonne leçon pour la France!!).

L'histoire a appris aux hongrois que l'antisémitisme doit être reconnu à temps. Pour tout ce qu'elle a vécu, la Hongrie est intimement consciente de la destruction inhumaine que l'antisémitisme a causé le au peuple juif, à la Hongrie et à toute l'Europe. C'est avec un cœur brisé que nous nous inclinons à la mémoire des victimes. Et en même temps, nous remercions Dieu que malgré la destruction apportée par les nazis et Arrow Cross (le parti national-socialiste hongrois qui a gouverné entre 1944 et 1945, ndlr) [1], une communauté juive, une des communautés juives les plus importantes et les plus anciennes, ait pu survivre ici en Hongrie. Et nous remercions Dieu parce que le résultat a été d'enrichir l'ensemble de la Hongrie.
Nous avons aussi compris que l'antisémitisme n'est pas une catastrophe naturelle, mais l'oeuvre des hommes. Par conséquent, nous devons tous entendre et accepter notre responsabilité personnelle. Nous sommes tous conscients de la croissance de l'antisémitisme dans toute l'Europe, y compris en Hongrie. La situation est difficile. La crise économique secoue l'Europe à ses racines, et l'échec des leaders européens à y faire face est à l'origine d'une frustration grandissante et mange l'espoir de la population. Disons-le clairement. La désillusion, la colère et la haine sont à la hausse. Et dans une telle situation, il est particulièrement important d'indiquer clairement que l'antisémitisme est inacceptable et intolérable.

La situation actuelle réclame une réponse à la question de savoir ce qui est allé de travers en Europe au cours des vingt dernières années. Nous avons finalement détruit le communisme, nous avons fini la guerre froide, l'Europe a eu la possibilité d'être à nouveau un continent de paix, de coexistence, de compréhension et de tolérance. Et nous voici vingt ans plus tard, à la recherche d'un remède contre l'augmentation de l'intolérance et de l'antisémitisme.
Qu'est-ce qui nous est arrivé? C'est une question que beaucoup de gens se font, et nous avons entendu de nombreuses raisons.

Nous, Hongrois, nous avons donné notre réponse il y a deux ans lorsque nous avons adopté notre première constitution démocratique. Nous, Hongrois, pensons que c'était une erreur de croire qu'une communauté avec une identité nationale et religieuse faible peut offrir une plus grande opportunité de coexistence pacifique. Aujourd'hui, il semble qu'une identité forte est le fondement de la reconnaissance et du respect mutuels. Aujourd'hui, il semble que nous tous, Juifs et non-Juifs, nous tirerions davantage de bénéfice si nous nous efforcions d'être de bons patriotes et de bons enfants de Dieu. Chacun selon ses propres lois, mais tout convaincus du bien-fondé d'un respect inconditionnel de la dignité humaine.

A la fin, tout les choses deviennent plus faciles, à la fois pour le bien et pour le mal. Vous savez mieux que quiconque qu'en fin de compte, le monde est gouverné par deux types d'intentions et d'actions humaines: le bien et le mal. Quand la volonté des personnes bonnes prévalaient en Hongrie, alors les Hongrois et les Juifs vivaient ensemble dans la paix et la prospérité, et si nécessaire, l'État hongrois protégeait ses citoyens. L'antisémitisme est un état d'esprit où le mal prend le contrôle des pensées et des actions des personnes, et ce danger nous menace aussi nous chrétiens.

Nous sommes conscients que tout au long de l'histoire il y a eu des chrétiens mauvais et des Hongrois mauvais, qui ont commis des péchés graves. À la lumière de tout cela, notre réponse à la montée de l'antisémitisme en Europe et en Hongrie n'est pas de renoncer à nos racines morales et religieuses, mais exactement le contraire: rappeler et renforcer les exemples et la tradition des bons chrétiens. De façon cohérente, la Constitution actuelle offre une protection réelle, la vraie sécurité, une dignité humaine pleine et réelle, dignité personnelle et communautaire pour le peuple juif et bien sûr à toutes les minorités qui vivent côte à côte avec nous.

Aujourd'hui, le gouvernement chrétien-démocrate hongrois a estimé qu'il était de son devoir moral d'introduire le jour du souvenir pour les victimes de l'Holocauste dans les écoles. Il a estimé qu'il était de son devoir moral d'instituer un jour du mémorial de l'Holocauste. Il s'est senti moralement tenu de se lever, la tête baissée, pour écouter le Kaddish (la prière juive, ndlr) dans les salles mêmes du Parlement où jadis avaient été approuvées les lois anti-juives. Il a estimé qu'il était de son devoir moral d'organiser une année de commémoration, en signe de respect pour Raoul Wallenberg (pendant l'occupation nazie de la Hongrie, Wallenberg a prêté aide aux Juifs, ndlr). Il a estimé qu'il était de son devoir moral d'interdire ou de restreindre les organisations paramilitaires. Il a estimé qu'il était de son devoir moral d'interdire les symboles de la dictature. Il a estimé et il estime qu'est de son devoir moral l'obligation de déclarer une politique de tolérance zéro contre l'antisémitisme.
Nous entendons encore résonner dans nos oreilles l'enseignement du premier roi chrétien, avec la sagesse que nous connaissons bien du Talmud. Le Talmud enseigne: «La haine, les tendances malignes et la vanité éloignent l'homme de ce monde. Notre Roi, Saint-Etienne, écrivit à son fils: «Garde toujours à l'esprit que tous les hommes sont créés dans le même état, et que c'est seulement l'humilité qui les élève».

Notre génération est celle de la paix et des révolutions. Dans notre jeunesse, nous avons fait écrouler le communisme et regagné l'indépendance du pays afin que chacun puisse vivre dans la liberté. Nous savons qu'il n'y a pas de liberté sans dignité humaine. Donc, notre génération ne tolérera pas la blessure de la dignité humaine de personnes dans notre pays en raison de leurs ancêtres ou de la religion, parce que c'est un affront à la liberté pour la réalisation de laquelle nous nous sommes battus ensemble.

En conclusion, je voudrais remercier le peuple Juif de Hongrie et le monde entier pour avoir défendu à plusieurs reprises au cours des dernières années, la Hongrie et les objectifs nationaux du peuple hongrois. Je rappelle la mémoire de Tom Lapid (1931-2008, journaliste et homme politique israélien http://en.wikipedia.org/wiki/Tommy_Lapid), qui prit position contre l'assaut aux Hongrois en Voïvodine. Et je rappelle les communautés juives qui ont pris position pour les droits des Hongrois vivant au-delà de nos frontières et pour la double nationalité des Hongrois. Et ici, je dois mentionner le grand soutien exprimé par le grand rabbin d'Israël Yona Metzger pendant le débat international sur notre Constitution. Leur soutien est rassurant et nous encourage dans le sentiment que notre travail n'est pas vain. Il y a l'espoir que nos enfants puissent vivre dans une ère où l'antisémitisme sera aussi inconcevable que cela l'est aujourd'hui, de parler des siècles passés, lorsque le monde était atteint de la peste. Ce n'est pas un rêve, c'est une possibilité. Nous savons que le triomphe du mal exige seulement que les bonnes personnes restent inactives. Je vous demande de porter ce message au peuple juif, répandu dans le monde entier .

Mise à jour

[1] Carlota me signale qu'il s'agit du Parti des Croix fléchées - Mouvement Hungariste (Nyilaskeresztes Párt - Hungarista Mozgalom NP-HM)

Je suppose que le discours (vu l'auditoire international) a été prononcé en anglais.