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Vatican(opinion)isme sous le Pape François

Les vaticanistes se sont transformés en attachés de presse du Pape François, et tout "dissident" est condamné à un virtuel "bûcher médiatique". L'analyse de Francesco Colafemminna... qui rejoint la mienne (11/9/2013)

Voir aussi

L'auteur du site ami Fides et Forma revient sur l'affaire de la nommination d'un commissaire chez les Frères Franciscains de l'Immaculée (Cf. Une video magnifique - Belgicatho). Je n'ai pas suivi l'affaire de près, et je dois dire immédiatement que je ne suis pas impliquée. Mais il confirme une impression tenace sur l'attitude des "vaticanistes": si, comme catholique, vous n'êtes pas en phase avec l'enthousiasme béat pour le nouveau pape, vous êtes au mieux sur la mauvaise pente (auquel cas vous avez droit à une "correction fraternelle"!!), au pire un renégat.
Par ailleurs, comme me l'écrit Monique: garder de l'attachement pour Benoît XVI et avoir l'outrecuidance de le dire, est considéré aujourd'hui comme une faute grave!

     

De quoi s'agit-il?

Le Pape nomme un commissaire à la tête des Frères Franciscains de l'Immaculée
8 août 201
Radio Vatican

C’est une affaire qui fait grand bruit et soulève de vives polémiques : la Congrégation romaine pour les Instituts de Vie consacrée et les Sociétés de Vie apostolique a nommé par décret un Commissaire apostolique à la tête des communautés des Frères Franciscains de l’Immaculée pour une durée indéterminée. Ce décret a été approuvé par le pape François « en forme spécifique ». Ce jeune institut, qui avait décidé de privilégier la messe traditionnelle en 2007, avait fait l’objet d’une visite apostolique lancée il y a un an.

La suite ici
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La défense acharnée d'Andrea Tornielli

Voici les raisons de la nomination d'un commissaire pour le Fréres Franciscains de l'Immaculée...
En italien, ici: vaticaninsider.lastampa.it

Pas envie de traduire!

     

Vu par "Fides et Forma"

Samedi 10 Août 2013

L'affaire des Franciscains de l'Immaculée et le Vatican(opinion)isme sous le Pape François
http://fidesetforma.blogspot.fr
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D'accord, nous avions tout de suite compris que la route serait en pente, mais ce qui dérange, c'est la banalisation de ce climat obscurantiste qui prend forme de plus en plus à mesure que grandit le consensus autour du pape François. Il a fallu l'histoire de la nommination d'un commissaire pour les Franciscains de l'Immaculée pour faire déborder une mesure désormais comble. Non pas celle du monde qualifié - pour le pittoresque, ou pour des motifs politiques - de «traditionaliste»; mais celle des fans du Pape François beaucoup plus intransigeants et dévots que ceux de Benoît XVI ou de Jean-Paul II. Et prêts à lire - à tort ou à raison - dans chaque décision du nouveau cours un coup de pouce nécessaire pour se débarrasser de la "faillite" de la gestion Ratzinger, au moins en termes de consensus.

Inutile de le nier: tout le monde est enthousiasmé par le nouveau pape. Et si on esquisse la moindre grimace de perplexité à propos de tel ou tel geste, telle ou telle déclaration du pape, même en préservant le respect et l'affection envers le tendre pape argentin, on se voir immédiatement condamné à un bûcher médiatique virtuel (pathétique autant que ridicule celui préparé il y a quelques jours par Rodari sur la Repubblica - cf. Haro sur les tradis). L'appréciation inconditionnelle pour le nouveau pape constitue l'«auto-da-fé» (ndt: éthymologiquement 'acte de foi') de l'Église catholique contemporaine. Et il est indéniable - même s'il y en a encore qui prétendent montrer la continuité de pensée et les liens formels étroits entre un souverain pontife et l'autre - que tout le monde était conscient, depuis cette nuit de Mars dernier (le 13), qu'avec le Pape François - pour paraphraser le communiqué publié pour l'occasion par le Grand Orient d'Italie - «rien ne serait plus jamais comme avant».

Bon, c'est un fait qu'il y a un peu de critique préventive ou si l'on préfère, de préjugés, chez certains commentateurs catholiques définis hâtivement comme «traditionalistes» ou «proche des traditionalistes» (comme si le traditionalisme était une maladie contagieuse ou une catégorie extrémiste du genre «Talibans», «Brigades rouges», «fasciste», etc.), de même qu'était évidente l'hostilité, parfois même le dégoût des gens comme Enzo Bianchi, Vito Mancuso, Hans Kung, à l'égard du pape précédent. Je ne veux pas dire qu'il est légitime de se comporter comme cette triade de la dissidence bénédictine, mais je pose une question de méthode aux vaticanistes italiens qui se sont transformés, peut-être à leur insu, en vaticanopinionistes, c'est-à-dire en journalistes qui, plutôt qu'informer objectivement sur les affaires du Vatican, transférent leurs réflexions personnelles dans l'information, dépassant parfois en zèle l'activité informative du Saint-Siège: alors que quelques mois auparavant, personne ne critiquait ou si l'on veut, ne "démasquait" les opposants et les ennemis du pape Benoît XVI, il y a aujourd'hui une sorte de ceinture médiatique inoxydable prête à défendre le Pape François toujours et partout, dans le ciel, sur terre et sur mer?

Question peut-être trop simple. Passons à la deuxième question. Dans la désignation d'un commissaire pour les Franciscains de l'Immaculée on se demande le pourquoi du tollé contre Gnocchi et Palmaro ou le professeur De Mattei. Intellectuels envers qui monte de plus en plus une antipathie vigoureuse de la part de la «ceinture médiatique» du pape François, ceinture qui inclut d'ailleurs aussi des «ex-traditionalistes» comme le professeur Massimo Introvigne, désormais élevés au rang de Sybille de Cumes d'un certain catholicisme conservateur "maanchista" (ndt: néologisme italien ironique, intraduisible, inspiré par la rhétorique des politiciens et fondé sur les mots "ma anchè" = "mais aussi", cf. ici).
Selon moi, la question à se poser n'est pas: «pourquoi ces traditionalistes (affreux, sales et méchants) exploitent-ils l'affaire FFI, incitant à la révolte contre Rome?» mais plutôt: «Par quelle logique la célébration ecclésiale selon l'ancien rite constituerait-elle une menace pour le "sentire cum ecclesia"? Pourquoi la célébration selon le Missel de Jean XXIII constituerait-elle une transgression à l'équilibre de la vie religieuse d'une congrégation comme celle des FFI? Quel acte du Magistère pontifical enseigne que la célébration de la Messe selon ce Missel est un danger potentiel pour une communauté religieuse? Sur quelle «jurisprudence» est basée cette sanction du Saint-Siège?

Quand après cela on vient se plaindre parce que les habituels sordides «traditionalistes» (un nom qui me donne de plus en plus la nausée quand on le rend synonyme d'« ennemi», imbu de lui-même, égoïste, orgueilleux, fanfaron... en un mot «pélagien») critiquent une décision du Saint-Siège, il semble que tous ces grands analystes ou tous ces vaticanistes qui, de bonne ou de mauvaise foi, ont mis en évidence les lacunes, les problèmes, les distorsions de la curie de Benoît XVI ne se rendent pas compte que la Curie de François est la même que précédemment! Et si donc des erreurs et des distorsions ont eu lieu jusqu'à il y a quelques mois, pourquoi n'y en aurait-il plus aujourd'hui? Et voici une autre question: Hormis le pape et sa révolution des gestes, des mots, des vêtements et de la sobriété, qu'est-ce qui a vraiment changé au Vatican et pourquoi devrions-nous attendre avec une anxiété joyeuse tout changemen futurt? Au nom de quelle foi, ou promesse providentielle ou lecture de la boule de cristal, devrions-nous imaginer que l'avenir sera meilleur que le passé?

Ce qui m'amène à ma dernière question. La Sibylle Introvigne (ndt: je trouve mon ami Francesco un peu injuste... Massimo Introvigne agit par loyauté envers le Pape, QUI QU'IL SOIT) et l'ami Andrea Tornielli ont cherché dès le début à identifier les «fruits positifs du pape François». Conversions, confessions, nouveaux retours au bercail grâce aux paroles et aux gestes particuliers du nouveau Pape etc. etc. (cf. L'effet François est aussi un effet Benoît). C'est à ses fruits qu'on devrait juger le don miraculeux du nouveau pape qui nous fait déjà respirer une suave «brise de printemps» ...

Cela me donne l'impression que cette logique évangélique s'applique au pape François, mais est complètement ignorée dans le cas des Franciscains de l'Immaculée.
Et puis, permettez-moi de le dire, même une seule âme sauvée pour toujours, a aux yeux de Dieu une importance plus grande qu'un succès médiatique retentissant.
Les fruits en vocations de cette congrégation religieuse, les fruits spirituels, les fruits pastoraux sont-ils ou ne sont-ils pas sous les yeux de chacun? Et n'est-il pas alors évident que devant une croissance constante des vocations au cours des dernières années, la présence et l'action d'un petit nombre de dissidents internes, que ce soit 10, 20 ou 30 moines, peut représenter aux yeux de l'analyste un phénomène très marginal? Alors, pourquoi les bons fruits seraient-ils uniquement ceux du consensus médiatique concentré autour de la figure du pape, tandis que ceux de la spiritualité de la FFI devrait être ignorée comme un fait entièrement accessoire? Pourquoi, dans la question "FFI" devient-il plus important de "défendre" perinde ac cadaver le Saint-Siège, la Curie romaine, la même Curie qui jusqu'à il ya quelques mois a été la principale cible des médias à travers le monde et qui - je le répète - est toujours la même?

A ces questions, je doute que quelqu'un réponde. En tout cas, permettez-moi d'offrir deux réponses...

La première est la plus radicale et la plus sincère: aujourd'hui, nous vivons dans un nouveau climat, un climat qui a effacé le pape Benoît XVI et ses pas en arrière, sa tentative échouée de répondre à la crise de l'Eglise à travers la reprise de son passé. Cette nouveauté n'admet plus non seulement l'existence de ces expériences discutables du Pape Benoît, mais aussi les voix dissidentes provenant du sein de l'Eglise. Aujourd'hui, bien que vivant maintenant au-delà des deux catégories opposées conservatisme / progressisme, nous nous sentons plus prédisposés à la réévaluation du message "progressiste" des années 70 parce qu'il avait une dimension sociale qui doit être récupérée. Le traditionalisme et toutes ses formes d'expression sont l'image même d'un catholicisme défunt, embaumé, auto-référentiel, qui n'a aucun intérêt social ou spirituel, sinon celui de la sauvegarde en bloc de formes décrépites de la religiosité et de la vie chrétienne. Il doit donc être marginalisé, privé de crédibilité, ghettoïsé ou ... mis sous enquête .

La seconde est celle de l'hypocrisie rhétorique qui cache la première réponse sous le maquillage de la commodité chrétienne, sous le couvert de la «voie» de l'Esprit que nous devons suivre sans protester, ni discuter, ni faire marcher notre cerveau en aucune façon: Le bien est dans le nouveau cours du Vatican voulu par le Saint-Esprit - même si les visages de la Curie sont toujours les mêmes - nous devons suivre ce que le Saint-Esprit nous dit! Le mal est dans la «blogosphère» de «l'esprit du monde» qui veut manipuler les événements pour attaquer notre Pape bien-aimé!

Cela dit, on comprend très bien que l'on est ici face à un affrontement idéologique pur et simple, et non sur des questions de foi et de spiritualité. Ce qui importe, c'est d'avoir le dernier mot, ou d'imposer une nouvelle vision, indépendamment de l'objectif final qui devrait toujours être le salut des âmes et la gloire de Dieu. Concepts désormais définitivement dépassés pour faire place à des logique politique «mondaine». Et depuis des siècles, la politique prétend l'existence de petites minorités à attaquer, à utiliser comme boucs émissaires.
Combien alors sont actuelles les paroles que Benoît XVI a adressées aux évêques en 2009:

« Parfois, on a l'impression que notre société a besoin d'avoir au moins un groupe auquel ne réserver aucune tolérance, contre lequel on peut facilement s'attaquer avec haine. Et si quelqu'un ose s'en rapprocher - dans ce cas, le Pape - il perd lui aussi le droit à la tolérance et peut lui aussi être traité avec haine sans crainte ni réserve».

Il va sans dire que si le Pape, l'Eglise et les vaticanopinionistes se tiennent, au contraire, ils se distribueront mutuellement des consensus illimités ...

     

Une video magnifique - Belgicatho