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"Je hais Benoît XVI"

Le correspondant à Rome de The tablet suspendu pour avoir grossièrement insulté Benoît XVI sur Facebook (28/3/2014)

Ci-dessus: capture d'écran sur le site de damian Thompson.

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Marco Tosatti, un des rares vaticanistes à garder la tête froide depuis le 13 mars 2013 (et pourtant, il écrit sur La Stampa-Vatican Insider!!) publiait hier un papier ainsi résumé dans l'en-tête
The Tablet, le journal catholique britannique bien connu, suspend son correspondant à Rome qui sur Facebook traite Ratzinger de "rat" et souhaite ses funérailles. Mais à quel point est répandu dans les milieux catholiques, sous l'enthousiasme pour le pape François, et au-delà de la flatterie, la haine du pape allemand?

L'information a été également relevée par le célèbre blogueur anglais Damian Thompson, sur The Telegraph ici.
Il trouvait cela tellement énorme qu'il se demandait si le Robert Mickens qui éructait sa haine sur FB était bien le vaticaniste de The Tablet, et il annonçait qu'une enquête avait été ouverte.
Un peu plus tard, The Tablet annonçait sur Twitter que le journaliste-voyou était suspendu (ici).
[Damian Thompson a ajouté après coup: Nous savions TOUS (!!!) qu'il le détestait].

La réaction du journal est vraiment le moins que l'on pouvait attendre, car il s'agit d'une grave faute professionnelle.
Mais The Tablet n'a nullement abandonné sa haine pour Benoît XVI, qui transparaissait tout récemment encore dans les attaques contre son secrétaire (Mgr Gänswein attaqué dans The Tablet).

L'article de Marco Tosatti (extraits)

La haine pour Benoît.

Le fait en lui-même est assez minuscule; mais il est significatif d'une atmosphère, et de la façon dont un pape courageux, honnête et fidèle à l'Evangile comme Benoît XVI a dû remplir sa mission.
"The Tablet", le journal catholique britannique bien connu, a suspendu son correspondant à Rome, Robert Mickens. Pourquoi? Pour un commentaires posté sur Facebook, dans lequel il était question de la pourpre accordé à Loris Capovilla, secrétaire de Jean XXIII. Dans une conversation avec une autre personne, Robert Mickens écrit:
"Cela aurait dû arriver il y a longtemps. Pensez-vous qu'il se rendra aux funérailles du Rat? ".
Le Rat évidemment, c'est Benoît XVI, Joseph Ratzinger.
Réponse de son ami, "J'espère qu'il sera assez bien pour concélébrer la canonisation de Jean XXII et d'un autre (JP II, c'est donc un autre) le 27 Avril. Les funérailles du Rat serait un bonus. "
Hier après-midi The Tablet annonçait sur Twitter que son correspondant à Rome avait été suspendu et qu'une enquête était en cours.
...

Marco Tosatti poursuivait son article par quelques réflexions qui prouvent 1. qu'il est un journaliste honnête. 2. que ce que je ne cesse de dénoncer ici depuis près de 8 ans n'était pas un fantasme de ma part, mais une réalité dramatique qui n'est peut-être pas étrangère à la renonciation de Benoît XVI en février 2013.

Imaginons quel genre d'information objective et dépassionnée sur l'Eglise catholique et sur le Pontificat de Benoît XVI est partie de Rome à destination des catholiques britanniques durant toutes ces années. Et si ce sont là - au moins en principe - les "amis", quel besoin y a-t-il d'ennemis?
Il faut se demander dans quelle mesure ce genre de comportement est répandu, y compris chez ceux qui suivent professionnellement les affaires de l'Église, et ne son peut-êtret pas aussi naïfs que Robert Mickens au point d'exprimer leurs pensées sur Facebook.


Un indicateur de ce sentiment, ce sont peut-être les louanges démesurées au pape François.

Citons l'éditorial qu'une revue (Famiglia Cristiana?) - d'un grand groupe d'édition religieuse - a dédié au premier anniversaire du Pape Bergoglio: "Une année a passé depuis l'élection du pape François, le 13 Mars 2013, mais le sentiment est que nous avons fait d'énormes pas en avant dans l'Eglise, réduisant ce retard de 200 ans dont parlait le cardinal Martini". A l'occasion de cet anniversaire, il faut "réfléchir sur l'Église du futur, les perspectives ouvertes par la démission de Benoît XVI, geste prophétique qui a désacralisé la figure du pape et l'élection de Bergoglio qui a remis au centre l'Evangile."

L'auteur de ces lignes suit depuis 1982 les événements de l'Église. Avec une attitude souvent critique, et toujours détachée, comme nous pensons que devrait le faire quelqu'un qui informe (ndt: il devrait le dire à son collègue Tornielli!!). Et je n'ai pas remarqué que Jean-Paul II ou Benoît XVI mettaient au centre de leur engagement pour l'Eglise, le Coran ou le Talmud, ou la Bhagavad Gita, très apprécié par certaines publications catholiques spécialisées dans l'œcuménisme.
Pauvre Pape Benoît! Pauvre Karol!


     

Non, décidément, les ennemis de celui que nous appelons désormais le Pape émérite ne se trouvaient pas uniquement derrière les murs du Vatican, malgré ce qu'affirmait récemment Nicolas Diat dans son (néanmoins excellent) "L'homme qui ne voulait pas être Pape".

La façon dont Benoît XVI a été littéralement crucifié pendant huit ans n'a rien à voir avec une quelconque défaillance de sa "communication", comme certains l'affirment sans preuves, pour se (ou nous) rassurer, et le message FB du vaticaniste du principal journal "catholique" anglais en est la preuve éclatante.
J'avais essayé de l'expliquer dans un article que j'avais publié en janvier 2010, alors que venait de sortir en France le livre de Bernard Lecomte "Pourquoi le Pape a mauvaise presse" (cf. "La mauvaise presse de Benoît XVI", benoit-et-moi.fr/2010-I/ ), et mon ami François H le faisait mieux que moi dans un autre article sur le même sujet en juin 2011 "Mais pourquoi le Pape a-t-il mauvaise presse?" (http://benoit-et-moi.fr/2011-II).

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Il m'est également revenu en mémoire un article que j'avais écrit le 22 février 2013 , juste après la renonciation de Benoît XVI: Touchés par la grâce (http://benoit-et-moi.fr/2013-I/articles/touches-par-la-grace.php ).

J'y parlais de ces journalistes de la presse "catholique" qui se découvraient une fibre papiste juste au moment où le pape détesté se retirait (on n'avait pas encore assisté au "miracle François") et se répandaient en éditoriaux et déclarations à la télévision pour dire à quel point ils l'avaient mal compris (et donc, mal transmis).
Je concluais (pardon de me citer):

Qui, sinon la Vie et d'autres feuilles prétendues "catholiques" avaient transmis ce portrait du panzercardinal, qu'ils ont petit à petit remplacé, au fil des huit dernières années (car il devenait franchement intenable) par un autre, à peine plus flatteur, d'un petit vieux, d'un intello paumé, d'un professeur Nimbus maladroit, enfermé dans sa tour d'ivoire, et incapable de gouverner.
Non, vraiment, c'est trop facile de se dédouaner ainsi d'une pirouette: "Ecoutez, on vous a raconté n'importe quoi pendant huit ans, mais maintenant qu'il s'en va, on peut bien vous le dire".
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