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La mauvaise presse de Benoît XVI

Retour sur un livre censé "défendre" le Pape (3/1/2010)

J'aime bien, en général, le blog de l'Abbé de Taouarn , et je le visite régulèrement.
Son dernier billet est consacré à la recension d'un livre de Bernard Lecomte paru fin 2009, sous le titre "Pourquoi le Pape a mauvaise presse".
Voici comment le présente la "quatrième de couverture:

Pourquoi le pape, chef spirituel d'un milliard de croyants, est-il si mal traité par les médias ? Pourquoi Benoît XVI est-il aussi impopulaire dans le pays qui fut naguère la « fille aînée de l'Église » ? Est-ce le fait de son manque de charisme, comparé à son prédécesseur ? Ou de ses récentes fautes de communication - discours de Ratisbonne, affaire Williamson, drame de Recife, condamnation du préservatif ? Au-delà de sa personne, est-ce le signe que le Vatican n'a pas su s'adapter aux exigences des médias d'aujourd'hui ? Ou que l'Église, par méfiance ou par principe, refuse délibérément de jouer le jeu de la communication moderne ? Est-ce, enfin, l'évolution des médias qui les conduit à ignorer peu à peu la nuance, la complexité, la pensée, la mémoire ? Ou bien est-ce l'effet de la sécularisation, de l'inculture religieuse, de l'anticléricalisme, du « politiquement correct » ou de l'individualisme ?
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J'en avais parlé moi-même à mots couverts (Polémiques!), car sa sortie en France était concomitante avec celle de deux violents pamphlets, dont le misérable "Erratum XVI", encore bien présent, hélas, dans les gondoles des grandes surfaces.
Pour quelqu'un qui ne suit pas de près l'actualité du pape, le livre peut sembler bienveillant, et son auteur, ex-journaliste à La Croix, et à L'Express, animé des meilleures intentions. Quoi de plus normal que de prendre la "défense" d'un homme injustement attaqué? Mais j'appartiens malheureusement à l'autre catégorie, et je suis plus critique.
L'argumentation de Bernard Lecomte ne tient pas debout, car elle repose sur un postulat erroné: le Pape a mauvaise "presse" (en réalité: il est détesté) parce qu'il ne sait pas "communiquer", ou du moins que son mode de communication n'est pas celui des medias. Ou alors, parce que les journalistes (certains, pas lui!) sont nuls.
J'y reviendrai plus loin...

Je notais dans mon précédent article:
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(..) il [B. Lecomte] y concède au Pape de l'indulgence pour ses "erreurs" de communication, ou ses erreurs tout court (à travers les épisodes Ratisbonne, Williamson, Recife et préservatif) . Etablissant une sorte de symétrie entre les "fautes" des medias, et ces "erreurs" de Benoît XVI, comme si elles étaient dans le même plan .
Dans un entretien publié sur un site suisse, l'auteur écrit par exemple:
On ne s'improvise pas grand communicateur à 84 (sic!!) ans. Mais je suis profondément convaincu que son successeur devra changer de communication.

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Et si, à l'inverse, Benoît XVI était un vrai précurseur en matière de communication? Un vrai et authentique communicateur, c'est-à-dire un communicateur de LA vérité?

Voici donc l'article de l'Abbé de Taouarn:

Bernard Lecomte a écrit "Pourquoi le pape a mauvaise presse". Interrogé par famillechretienne.fr il explique le phénomène. Il y a eu certes "trois affaires successives, Williamson, Recife et le préservatif" qui ont rendu image de Benoît XVI "tout à fait négative", il y a eu aussi des "erreurs de communication du Vatican", pas très adapté aux médias.
Mais le problème est plus profond: "les médias vont au plus court, au binaire (pour/contre, oui/non, etc.), au zapping" tandis que l'Eglise "se trouve dans un autre monde". Illustration avec deux évènements à peu près concomitants: "le pape s’est foulé le poignet dans sa baignoire : tous les journaux, toutes les télés, toutes les radios ont relaté cet incident. En revanche, aucune radio, aucune télé, aucun journal n’a évoqué Caritas in veritate". Plus profondément encore: "Les médias ne sont que le reflet de notre société hyperindividualiste, hédoniste et relativiste", ils ne peuvent qu'être gênés (éventuellement: malveillants) face au message évangélique de l'Eglise.

Voici qui est bien dit, mais qui n'est pas nouveau. Plus intéressante est la suite des propos: "En Italie, en Pologne, en Espagne, au Portugal, il existe toujours des journalistes d’information religieuse. En France, c’est fini." A titre d'exemple, les "médias généralistes" n'ont plus de correspondants au Vatican ("Le Figaro a fermé ce poste l’année dernière") où "ne reste plus qu’une journaliste de l’AFP".
Ce sont alors des journalistes lambda qui traitent de ces sujets. Issus d'une société (médias, enseignement) marquée "par le laïcisme et par une inculture religieuse profonde", les journalistes français sont, selon Bernard Lecomte "incapables de distinguer un luthérien d’un anglican" ou "un synode d’un conclave".
A dire vrai, la presse confessionnelle elle-même n'est pas entièrement exempte de surprises.
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Je pourrais être intarissable, mais je vais me limiter à deux commentaires.

1. Je ne cesse de répéter dans ces pages ma conviction profonde que la détestation des medias envers le Pape n'a rien à voir avec une quelconque défaillance dans sa - ou de son appareil de - communication (Jean-Paul, paraît-il communiquant-né, très apprécié à présent qu'il est mort, a lui aussi été traîné dans la boue de son vivant, ainsi que le rappelle Michel de Jaeghere dans ses livres magistraux "Enquête sur la christianophobie", et "La repentance, histoire d'une manipulation", voir ici http://www.renaissancecatholique.org/..), et encore moins avec l'inculture des journalistes.
Plusieurs raisons, difficiles à détailler ici pour des raisons évidentes expliquent l'hostilité, mais l'essentielle est celle-là.
La voix du Saint-Père est la seule voix à portée mondiale qui continue à s'élever fermement contre la pourriture des moeurs, le mensonge, ce qu'il appelle la crise morale, et que les medias, y compris le cinéma, les livres, les jeux video, les séries américaines et autres... contribuent largement à répandre (et lui, il leur dit!)
L'inculture crasse de l'ensemble des journalistes est bien réelle, mais elle est loin de ne concerner que le domaine religieux. Elle ne peut donc expliquer l'hostilité. J'étais moi-même très ignorante du gouvernement de l'Eglise lorsque j'ai commencé ce site. J'ai appris, et je continue à apprendre. Le fait d'ignorer la différence entre un synode et un conclave, grotesque, en soi, n'explique pas la haine contre l'ex-panzercardinal devenu pape. Cette haine était d'ailleurs bien antérieure à l'élection, et elle a éclaté avec fracas dès le 19 avril 2005. De nombreux titres de presse d'alors, que j'ai archivés, en témoignent éloquemment. A ce moment, il n'y avait pas lieu de parler de "communication". Ou alors, les téléspectateurs du monde entier, médusés, ne pouvaient que constater que celle de l'Eglise était magistrale.

2. Bernard Lecomte, mal informé, ou ironique, écrit:
"(..) le pape s’est foulé le poignet dans sa baignoire : tous les journaux, toutes les télés, toutes les radios ont relaté cet incident. En revanche, aucune radio, aucune télé, aucun journal n’a évoqué Caritas in veritate".

Il a dû mal lire - ou pas assez, malgré la surabondance de l'information, selon lui. Car le Pape ne s'est pas "foulé le poignet dans sa baignoire", mais cassé le poignet en se levant dans le noir. Ce n'est pas la même chose. Le "détail" a son importance (cela fait penser aux articles qui ont prétendu que le Pape avait été bousculé, ou poussé, la nuit de Noël) , et tout de suite après l'"incident", une journaliste italienne avait perçu le caractère symbolique de cette blessure, et le drame, pour un écrivain à qui le temps est compté, de ne plus pouvoir écrire (voir ici: la main droite du Pape ).
Plus largement, je n'aime pas cette distinction entre le chanteur et la chanson, qui n'est d'ailleurs que le paravent habituel de l'hostilité. Chez de nombreux catholiques "sérieux", la réflexion a totalement évacué l'affect, et la foi s'est tellement désincarnée que le successeur de Pierre est devenu pour eux moins qu'un porte-manteau. Ce qui explique sans doute le silence assourdissant qui a accueilli dans les blogs catholiques la nouvelle de sa chute - pas un témoignage de compassion, pas un mot de solidarité.
Et pourtant, derrière les paroles qu'il prononce, le message qu'il nous envoie, il y a un homme. Et ce n'est pas rien.
La religieuse ougandaise participant au Synode sur l'Afrique, ne s'y était pas trompée, qui écrivait:
Benoît XVI a suivi tous les travaux du synode, et lorsqu'il s'absentait on sentait la différence. Sa présence, le seul fait qu'il était là, me rappelait le contenu de ce qu'il nous avait dit...

Voilà. L'intérêt pour un message, peut-être encore inconnu, peut se déclencher à travers la présence physique d'un homme (et c'est pourquoi sa visite en France était tellement fondamentale). Parce que nous avons, selon la belle expression du Pape lui-même "un cuore di carne".
C'est malheureusement ce que beaucoup, au moins en France, prétendent ignorer - ou n'osent pas admettre, de peur d'être qualifiés de ... papolâtres!


Le Pape auprès des pauvres La discrète hirondelle de Jean Madiran