Page d'accueil

Quand Tornielli enrôle Benoît XVI



dans les rangs des kaspériens. Le porte-parole officieux du pape recense un livre du vaticaniste de "Panorama", Ignazio Ingrao, qui déforme au profit de leurs thèses deux discours parfaitement limpides de Benoît XVI (20/11/2014)

     

Cet article a été écrit le jour même où sortait le "scoop" de Suddeutsche Zeitung.
Deux faits en apparence sans rapport, sinon la tentative d'instrumentaliser le Pape émérite en vue du prochain Synode, interprétant dans ce dernier cas de façon fallacieuse des propos qu'il a vraiment tenus en tant que pape, et qui ne se prêtaient pourtant à aucune équivoque
Ces propos (improvisés) sont respectivement la conversation de Benoît XVI avec les curés du diocèse d'Aoste, le 25 Juillet 2005, et une réponse à une question lors de la veillée pour la Rencontre Mondiale de la Famille, le 2 Juin 2012.
Les deux ont été rappelés récemment ici: benoit-et-moi.fr/2013-III/benoit/misericorde

Ingrao est entre autre l'auteur d'une enquête à scandales parue en juillet 2010 sur le magazine "Panorama" (en plein milieu des affaires de pédophilie), intitulée "Le notti bravi dei preti gay" (benoit-et-moi.fr/ete2010).

Cela vaut la peine de lire la présentation de son livre à peine sorti, lue sur des sites commerciaux italiens (voir Annexe).
Il s'agit d'un ouvrage de circonstance (de commande?) écrit bien hâtivement sur le Synode, mais qui a le mérite de bien poser les enjeux : les progressistes, et les intérêts représentés par les médias, sont en l'occurrence alliés objectifs.

Andrea Tornielli ne fait pas à proprement parler une recension, il extrait avec des petits ciseaux précisément ce qui l'arrange pour étayer sa propre théorie, et légitimer le pape: "François applique Benoît"!

Le but d'un tel livre est évidemment de préparer l'opinion.
Il est facile d'imaginer que l'auteur va écumer tous les plateaux télé italiens pendant une semaine pour faire la promotion de son "produit", dont l'impact sur ladite opinion ne sera donc pas forcément proportionnelle au tirage (je rappelle que le "Non è Francesco" d'Antonio Socci est de son côté boycotté, mais cartonne au "hit parade").

     

DIVORCÉS REMARIÉS, LES OUVERTURES DE RATZINGER QUI N'ONT PAS ÉTÉ SUIVIES
Un livre du vaticaniste Ignazio Ingrao sur le Synode soutient que «des évêques et des théologiens» ont bloqué de possibles développements de certaines déclarations de Benoît XVI
Andrea Tornielli
17/11/2014)
vaticaninsider.lastampa.it
----------

Papa Ratzinger, quelques mois après l'élection a ouvert la possibilité de revoir la pratique de l'Eglise envers les divorcés remariés, «mais immédiatement, quelqu'un» s'est démené «pour tout arrêter».
C'est ce que soutient le vaticaniste Ignazio Ingrao, dans le livre «Amore e sesso ai tempi di papa Francesco» (L'amour et le sexe à l'époque de François), un livre qui arrive ces jours-ci dans les librairies et qui raconte le Synode extraordinaire sur la famille qui,vient de se terminer, et ses coulisses.
Un chapitre est intitulé «Qui a arrêté Ratzinger?». Ingrao repropose l'intervention a braccio de Benoît XVI devant les prêtres du Val d'Aoste, à Introd en Juillet 2005. Des mots qui expriment la proximité aux familles «blessées» et résonnent aujourd'hui bien loin du ton de beaucoup de soi-disant «ratzingeriens» (ndt: les attaques de Tornielli finissent par être lassantes. Ne pourrait-on pas dire, en inversant la proposition, que François est plus intelligent que les soit-disant «bergogliens» dont l'attitude de courtisans lui nuit plus qu'autre chose!) . «Aucun de nous n'a de solution toute faite, notamment parce que les situations sont toujours différentes» avait-il dit, ajoutant: «Je n'ose pas apporter une réponse immédiate; quoi qu'il en soit, deux aspects me semblent très importants. Le premier: même si elles ne peuvent avoir accès à la communion sacramentelle, ces personnes ne sont pas exclues de l'amour de l'Eglise et de l'amour du Christ. Une Eucharistie sans la communion sacramentelle immédiate n'est certainement pas complète, il manque une chose essentielle. Toutefois, il est également vrai que participer à l'Eucharistie sans communion eucharistique n'est pas égal à rien, cela signifie toujours participer au mystère de la Croix et de la résurrection du Christ».
Aux prêtres Benoît XVI recommandait de faire «sentir à ces personnes que, d'une part, nous devons respecter le caractère indissoluble du Sacrement et, de l'autre, que nous aimons ces personnes qui souffrent également pour nous».
Papa Ratzinger citait le modèle des Eglises orthodoxes, qui permettent aux divorcés remariés de s'approcher de la communion «dans des conditions de pénitence», c'est-à-dire qu' «ils peuvent s'approcher de la Communion, mais en sachant que celle-ci est accordée "dans l'économie" - comme ils disent - par une miséricorde» (ndt: Tornielli tronque volontairement la suite, qui énonce: «en vertu d'une miséricorde qui, toutefois, n'ôte rien au fait que leur mariage n'est pas un Sacrement. L'autre point dans les Eglises orientales est que pour ces mariages, on a accordé la possibilité de divorcer avec une grande légèreté et que le principe de l'indissolubilité, et du véritable aspect sacramentel du mariage est gravement lésé»).

Benoît n''indiquait pas cette route comme praticable, mais, dit l'auteur du livre, il laissait une porte ouverte: «Il y donc d'une part le bien de la communauté et le bien du Sacrement que nous devons respecter, et, de l'autre, la souffrance des personnes que nous devons aider.»
Cette route, cependant, «n'a plus été parcourue» pendant le pontificat, bien que le pape Ratzinger ait répété des mots significatifs au cours de la rencontre des familles à Milan en Juin 2012 (ibid), ajoutant sous forme d'un doute: «Même si l’absolution dans la Confession n’est pas possible, un contact permanent avec un prêtre, avec un guide de l’âme, est très important pour qu’elles puissent voir qu’elles sont accompagnées et guidées».

Pourquoi ces indications n'ont-elles pas été approfondies?
Ingrao écrit que d'une part le «pape théologien et professeur craignait d'affronter un problème sans avoir de solutions claires» (ndt: autrement dit, il refusait le débat fumeux qui aujourd'hui, grâce à François, a pleinement droit de cité).
D'autre part, «de nombreux théologiens et évêques ... ont essayé par tous les moyens de ralentir et d'entraver les demandes d'ouverture de Ratzinger sur les thèmes de la famille» et il y aurait eu «une mobilisation silencieuse et souterraine pour bloquer toute initiative sur ce front».

Le livre sera présenté à Rome le jeudi 27 Novembre.
Parmi les orateurs figurent Emma Bonino (ndt: si l'on consulte la bio de Bonino, pasionaria féministe et abortiste, sa présence à cet évènement mondain aux côtés d'un haut prélat laisse pantois!), Mgr Rino Fisichella et Gianni Letta.

     

Annexe

1. Présentation de l'éditeur:

Dans les paroisses et les diocèses, les prêtres donnant la communion aux divorcés remariés sont de plus en plus nombreux, et François lui-même dans un appel téléphonique privé s'est prononcé en faveur des sacrements «pour les personnes qui attendent seulement accueil et miséricorde».
Même les catholiques pratiquants ont candidement déclaré être à des années-lumière, dans les convictions et dans la pratique quotidienne, des lignes directrices du Catéchisme de l'Eglise catholique. Dans un rapport qui documente l'aspect officiel et les «coulisses» du synode sur la famille, le vaticaniste Ignazio Ingrao raconte ce qui bouge déjà, et qui va bouger, autour des points les plus épineux. Une enquête qui révèle les coulisses, les prises de position des cardinaux et des évêques, les rencontres secrètes, l'affrontement entre libéraux et conservateurs, les résistances et les oppositions auxquelles le pape Bergoglio doit faire face dans sa politique de réformes qui se profilent comme annonçant de grands changements, comparables à la portée d'un Concile.
François n'a pas voulu garder cachés les divisions et le débat interne, publiant les résultats du vote sur le document final. Les paragraphes sur les divorcés remariés et les homosexuels ne sont pas passés et l'aile conservatrice soutenue de l'extérieur par Ruini, a livré bataille, bousculant même le pape émérite Benoît XVI, qui a refusé de descendre sur le terrain. Sur Le sexe, l'amour et les nouvelles familles, les catholiques continueront à affronter et modernité. Entre divisions et rebondissements, la bataille ne fait que commencer.

* * *

2. Un autre compte-rendu résume parfaitement les enjeux:

Sexualité prénuptiale, contraception, cohabitation, couples gay, question féminine, divorce et sacrements, procréation assistée, parentalité, éducation. Le décalage entre la société et l'Eglise en matière de morale sexuelle, depuis plus d'une décennie, est devenu un gouffre. Même les catholiques pratiquants - comme en témoigne le sondage voulu par François dans les paroisses et les réalités ecclésiales du monde - ont franchement déclaré être à des années-lumière, dans leurs convictions et dans leur pratique quotidienne, des orientations du Catéchisme de l'Eglise catholique et des avertissements sévères de l'encyclique désormais obsolète de Paul VI Humanae Vitae.
François a affirmé: «Nous devons regarder ce qui est. Et pas ce qui devrait être. L'Eglise veut être parmi les gens et ne peut pas ignorer la réalité».