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Eloge de Benoît XVI

à l'occasion du deuxième anniversaire de sa renonciation, par le Père Santiago Martin, un prêtre espagnol bien connu de mes lecteurs. Traduction de Carlota

>>> Image ci-contre: Le Père Santiago Matin, fondateur des Franciscains de Marie, dans sa paroisse Maria Virgen Madre à Madrid

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Benoît XVI, in memoriam

Père Santiago Martin
Original en espagnol: catolicos-on-line.org
Traduction de Carlota
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Il y a un vieux dicton espagnol qui exprime la surprise et l’incrédulité que l’on éprouve quand quelqu’un applaudit une autre personne, en particulier si celle-ci ne peut pas le récompenser. « Contre qui va l’éloge ? », se demande l’auditoire, méfiant. Aujourd’hui je veux faire l’éloge du Pape Benoît XVI, Pape émérite, encore vivant, Dieu merci, alors que se sont passés deux ans depuis sa renonciation à l’exercice du gouvernement de l’Ėglise. Et cet éloge, Dieu le sait bien, ne va contre personne ; c'est-à-dire, qu’il ne va pas contre l’actuel Souverain Pontife, le Pape François.

Je fais l’éloge de son prédécesseur, parce que je l’ai aimé et je l’ai admiré. Je fais son éloge parce qu’aujourd’hui presque personne ne le fait. Je fais son éloge parce que je crois qu’il le mérite, car je suis convaincu qu’il a été le pape le plus brillant, du point de vue théologie, de l’histoire de l’Église. Et, en dernier, comme l’on dit à Madrid, ma terre à moi, je fais son éloge « parce que j’en ai envie ».
Je sais que c’est la mode de jeter des pierres contre Benoît, - cela fait deux ans qu’ils le font, bien qu’en fait ils lui ont jeté des pierres depuis toujours, pour cette histoire de comment étaient ses chaussures, ou s’il était timide, ou s’il vivait dans l’appartement du pape, ou s’il jouait du piano. Mais je me suis toujours senti étranger aux modes. Et c’est pourquoi, quand ils lanceront des pierres au Souverain Pontife actuel, - et il y en aura beaucoup, de ceux qui aujourd’hui sont ses plus fervents adulateurs - il est possible qu’il trouve en moi un des rares qui détachera les choses positives de son magistère et de sa personne. Mais, en ce moment, ce que je veux faire, parce que cela me parait juste et parce que j’en ai envie, c’est faire l’éloge de Benoît XVI.

C’est le 28 février 2013 qu’il s’est reclus à Castelgandolfo, donnant effet à la renonciation au Pontificat qu’il avait annoncée le 11 février précédant. Je ne me suis pas réjoui. Je ne l’ai pas compris. Je continue à ne pas me réjouir et je continue à ne pas le comprendre. Mais je l’ai accepté car je suis sûr que Benoît l’a fait non seulement parce que sa conscience lui demandait mais parce que c’était mieux pour l’Ėglise en ce moment si difficile. J’ai déjà dit, à d’autres occasions, que je suis convaincu de la validité de sa renonciation et, par conséquent, de la légitimité de l’actuel Pape régnant.
Mais cela ne signifie pas que la dite renonciation ne m’a pas fait mal et que ne je pense pas que cette renonciation ait été menée à son terme au milieu d’un processus de harcèlement et de démolition contre Benoît. C’est évident qu’ils en avaient contre lui. Et s’il a décidé, librement, de laisser l’exercice de sa charge, cela a été pour le bien de l’Église, mais non parce qu’il devait le faire de façon naturelle, comme si c’était sa mauvaise santé qui l’avait forcé à le faire. La preuve est qu’il est actuellement vieux et fragile, mais lucide et relativement en bonne santé.

Benoît a été un luxe pour l’Église et pour l’humanité. Surtout pour cette humanité proscrite qui vit en Occident et qui non seulement ne l’a pas compris mais a été celle qui l’a le plus harcelé. Sa lucidité à l’heure d’identifier les problèmes, - il lui suffisait de deux ou trois mots pour synthétiser les concepts les plus abstraits, comme « dictature du relativisme », ou le concept, qu’il nous a donné il y a quelques mois, de « païens baptisés » - le rendait très dangereux pour ceux qui sont en train d’instaurer le Nouvel Ordre Mondial. C’était un médecin qui diagnostiquait avec la précision d’un laser, et cela était insupportable aux maîtres du monde. C’est pour cela qu’ils ont été contre lui, parce que sa lumière éclairait trop. Mais nous, qui aimons la lumière, non pas parce que nous n’avons pas de péchés mais parce que nous préférons savoir que nous les avons que de nous tromper en croyant que nous sommes bons, nous ressentons son absence et nous ne cessons, pas même un seul jour, de le regretter. De le regretter et de prier pour lui, comme il nous l’a demandé en prenant congé.

Néanmoins, et c’est ce qui est véritablement important, l’Église n’a pas été ni n’est gouverné par le Pape, par aucun Pape, mais par Jésus Christ. C’est le Christ qui porte son Église en avant et c’est lui qui obtient qu’elle ne sombre pas au milieu des tempêtes de l’histoire. Cela a été, cela est, et cela sera. Mon espérance n’a jamais été mise en Jean-Paul II, ou en Benoît, ni non plus en François, - je le regrette pour ses milliers d’adorateurs qui considèrent cela comme un blasphème, car cela donne l’impression que pour eux l’actuel Souverain Pontife est plus que Jésus Christ. Mon espérance est dans le Christ. C’est un avantage énorme car ni les défauts humains ni les qualités des hommes qui la gouvernent ne me séparent de l’Église ni ne m’amènent à l’idolâtrie qui paraît être tellement à la mode.

Je veux faire l’éloge de Benoît et cet éloge ne va pas contre quelqu’un. Je le fais parce que je l’aime, parce que je l’admire, parce qu’il me parait juste de le faire et parce que j’en ai envie. Si l’une des pierres parmi celles qui lui sont lancées me frappe, je considérerai cela comme un honneur et non pas comme une disgrâce.

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