Benoît XVI, deux ans après
Les deux secrétaires du Pape désormais émérite répondent à des interviews.
A relire sur ce site, à propos de don Xuereb:
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¤ Mes journées aux côtés de Benoît XVI, une interviewe en 2012 de Mgr Xuereb dans un quotidien régional italien (benoit-et-moi.fr/2010-II)
¤ Un entretien de Mgr Xuereb avec l'OR en mai 2010, à l'occasion du voyage de Benoît XVI à Malte (benoit-et-moi.fr/2012-I)
¤ Dans la Repubblica, une interview de Mgr Xuereb du 20 octobre 2013 (benoit-et-moi.fr/2013-III/benoit/les-confidences-de-mgr-xuereb)
Après son passage sur une chaîne privée italienne, pour le lancement de l'émission "La strada dei miracoli" (cf. "Don Georg" à la télévision italienne), Mgr Gänswein a accordé ces jours-ci une série d'interviews, saisissant l'occasion du 88e anniversaire de Benoît XVI et du Xe de son élection comme Pape.
L'une des dernières étaient à Il Giornale. Et la dernière (à ma connaissance), datée du 16 mars, à Paolo Rodari, qui travaille désormais pour La Repubblica et qui a intitulé son article, en toute modestie "Mon Ratzinger secret".
Le contenu ne constitue pas une nouveauté pour nous, mais il apporte quelques éléments (relativement) inédits: la grande sérénité du Pape émérite, son emploi du temps d'homme très méthodique, ses lectures (les théologiens qu'il a connus pendant le Concile: Balthasar "en relation avec Rahner", De Lubac), et plus généralement son activité intellectuelle (il n'écrira plus de livre, sa carrière scientifique s'est achevée avec Jésus de Nazareth, il n'en a plus la force, et s'il l'avait encore eue, il n'aurait pas renoncé à la papauté), les circonstances et les motifs de la renonciation (le déclin des forces physiques, "toutes les autres hypothèses restent telles" - autrement dit, don Georg ne les rejette pas a priori, il me semble que c'est la première fois).
Il est aussi question des jours qui ont suivi le 28 février, d'abord le jour du départ avec ses propres larmes et la grande sérénité du Pape, puis après, à Castelgandolfo (Benoît XVI était très fatigué: "Tous les jours, je quittais Castelgandolfo, et me rendais au Palais apostolique. En rentrant du Vatican, dans l'après-midi, je lui racontais ce que je faisais, ce que je voyais et entendais . Il en prenait acte, mais il ne disait ni ne demandait rien"), et enfin, la journée du 13 mars 2013 à Castelgandolfo, et le coup de téléphone de François ("le lendemain, je l'interrogeai sur cet appel. Il le dit seulement 'Très beau. Je lui ai présenté mes voeux, je lui ai promis ma prière'").
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Voici par ailleurs une interview de l'ex-second secrétaire de Benoît XVI, qui a lui aussi continué son service auprès de François, le moins prolixe prêtre maltais don Alfred Xuereb, qui répond ici aux questions d'Alessandro Gisotti pour Radio Vatican en langue italienne:
On y perçoit une affection sincère, même s'il est un peu agaçant de l'entendre répéter le désormais obligé «en se retirant, Benoît XVI a fait un acte de grande générosité envers l'Eglise» (!!). Que cela ait été dans l'intention de Benoît XVI ne fait pas le mondre doute. Mais c'est aussi une façon de dire une fois de plus que l'élection de François a été providentielle. Or pour le moment, seul Dieu sait ce qu'il a voulu nous faire à travers cette succession.
Mgr Xuereb: humble et profond, Benoît XVI est resté tel qu'il a toujours été
www.news.va/it
(Ma traduction)
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Depuis deux ans, Benoît XVI a renoncé au ministère pétrinien et pourtant, en ce jour de son 88e anniversaire, beaucoup ont adressé des messages de souhait au Pape émérite. Un signe que l'affection pour Joseph Ratzinger ne s'estompe pas bien qu'il vive désormais en prière «caché au monde».
Pour un souhait spécial au Pape émérite, Alessandro Gisotti a interrogé le secrétaire général du Secrétariat de l'Economie, Mgr Alfred Xuereb, qui de 2007 à la fin du pontificat était le deuxième secrétaire de Benoît XVI.
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R. - L'affection pour le pape Benoît a grandi encore plus! Je le vois un peu moins, je prie pour lui, je pense à lui quand je l'entrevois dans les jardins du Vatican, il me salue toujours très volontiers. Et même, récemment, j'étais en voiture, un peu plus bas que l'entrée du monastère où il vit, attendant qu'il passe pour ne pas le déranger après le chapelet. Et lui est venu à l'entrée, il a demandé au policier qui était dans la voiture et on lui a expliqué que c'était moi. Alors il m'a appelé et avec une bonne plaisanterie de sympathie et d'affection, il m'a dit: «Mais don Alfred, je ne voudrais pas qu'à présent, vous commenciez à avoir peur de moi!». C'est un peu l'affection qu'il a pour moi, pour nous tous. Aussi aujourd'hui est-il un jour spécial, de joie ... Je me souviens d'un anniversaire particulier, le premier depuis que j'étais avec lui, donc en 2008, célébré à la Maison Blanche parce que c'était lors de son voyage aux États-Unis et tout le monde a entonné «Happy birthday to you»: je l'ai senti très, très heureux, le pape Benoît, de ce bel accueil. Ce sont de beaux souvenirs, mais aussi tous les autres que j'ai célébrés avec lui dans l'appartement papal ici au Vatican.
Q. - De l'anecdote que vous nous avez racontée, on perçoit aussi une photographie de la vie actuelle du Pape Benoît, la prière et cet humour délicat, gentil, profond, qui a toujours caractérisé et qui continue de caractériser l'homme Joseph Ratzinger ...
R. - Oui, sans aucun doute, il est resté le même, c'est-à-dire qu'il est resté avec l'affection de toujours. Je vois qu'il va bien, même de santé, il est fragile, mais pas abattu.
Q. - Qui a eu comme vous la grâce de le rencontrer a vu dans les yeux du pape Benoît une sérénité qui frappe vraiment, une sérénité aussi dans le choix extraordinaire qu'il a fait il y a deux ans ...
R. - Sans aucun doute, une grande sérénité, une grande prise de conscience qu'il a fait le juste pas. Oui, c'est cela: une grande sérénité parce que c'était un acte de grande générosité envers l'Église!
Q. - Quel souhait avez-vous envie de faire au pape Benoît aujourd'hui?
R. - J'entends beaucoup de gens qui me disent: «Notre affection et nos prières pour le Pape Benoît continuent de croître». Et mon souhait à moi est de redécouvrir de plus en plus la véritable figure du Pape Benoît, parce que je crains qu'elle n'ait pas toujours été bien comprise, et même, peut-être a-t-elle été déformée dans certains secteurs. Donc le souhait que je fais, c'est pour découvrir la belle humanité de cet homme, le contraste entre sa grande humilité et d'autre part son immense capacité de pensée, de nous transmettre des pensées profondes.