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Une pesante attaque contre Benoît est en cours

Nouvelle interview de Marcello Pera (24/7/2017, mise à jour ultérieure)

>>> Voir aussi:
¤
Marcello Pera contre le Pape
¤ Mon ami Joseph Ratzinger

Marcello Pera: "En cours, une pesante attaque contre Benoît XVI"

La Fede Quotidiana
23 juillet 2017
Ma traduction

* * *

«Je n'aime pas les interprétations complotistes (la dietrologia), mais j'ai le sentiment qu'on est face à une attaque lourde contre le pape émérite»: ce sont les mots du sénateur et philosophe Marcello Pera - président émérite du Sénat, lié à Benoît XVI par une relation d'estime profonde et d'amitié -, dans cette interview avec La Fede Quotidiana. Pera commente les développements récents, après la publication du rapport de l'Église allemande sur les cas présumés d'abus sexuels dans le chœur de la cathédrale de Ratisbonne.

- Pera, ce rapport est sorti presque en même temps que le message du Pape Émérite pour la mort du cardinal Meisner, une nécrologie qui a suscité pas mal de maux d'estomac. Qu'en pensez-vous?
« Je n'aime pas, et je n'ai jamais aimé les interprétations complotistes, mais j'ai la sensation que commence, ou qu'a commencé et est déjà en acte une attaque lourde contre le pape émérite, une attaque qui prend pour cible son frère et le Cardinal Müller lui-même».

- Expliquez mieux ...
« La cible, au moins en Allemagne, c'est le pape émérite. Et ce n'est pas quelque chose qui date d'aujourd'hui, que ce soit bien clair. Je n'exclus pas qu'un certain rapport puisse être utilisé comme instrument pour offenser Benoît XVI, pour maculer sa personnalité, en utilisant des personnes qui lui sont chères, ou qui sont proches de lui».

- Tout part donc de l'Allemagne?
« Une partie de l'Eglise allemande n'a jamais vraiment aimé Benoît XVI. Je pense à Kasper, qui a toujours été théologiquement un adversaire de Benoît XVI et est maintenant totalement aligné sur les positions de Bergoglio. D'un autre côté, la Curie romaine est elle aussi divisée intérieurement et il n'est pas exagéré de parler de luttes intestines».

- Pourquoi, selon vous, pourrait-il y avoir une attaque contre le pape émérite?
« Parce qu'il était et est le bastion de la doctrine catholique, celui qui a toujours essayé par tous les moyens de la faire connaître, et n'a jamais fait de compromis, comme c'est le cas aujourd'hui, avec l'esprit du temps. Vouloir ternir son image serait une victoire des milieux laïcistes, et peut-être protestants. L'Eglise d'aujourd'hui est en état de siège».

- Vous êtes critique envers Bergoglio, pourquoi?
« J'ai beaucoup de réserves au sujet de son interprétation de la doctrine catholique et de son interprétation correcte. Il me semble qu'il va à l'encontre de la tradition juste et consolidée, et cligne de l'oeil à l'esprit mondain. Il en résulte une sorte d'humanisme philanthropique, et je nourris beaucoup d'inquiétude. Même en ce qui concerne l'islam et les immigrants, Bergoglio a une attitude de capitulation qui ne me plaît pas du tout, tout comme son alignement sur des positions doctrinales discutables. Il fait beaucoup de politique et il me semble complaisant tant sur les principes que sur l'islam ».

- Vous parlez avec Benoît XVI. Est-il préoccupé par l'état de l'Eglise catholique?
« Je préfère ne pas répondre».

- Alors disons les choses autrement: pensez-vous que le pape émérite soit préoccupé?
« Je pense qu'il l'est. Sa nécrologie pour la mort du cardinal Meisner le prouve. Elle prouve qu'il y a en lui une profonde inquiétude pour la situation actuelle de l'Eglise».

Mise à jour


Dans un post du 18 juillet, Giuseppe Rusconi revenait, sur l'«interview lucide et amère de Marcello Pera» (titre de son article), du 9 juillet à “Il Mattino” de Naples ( Marcello Pera contre le Pape), la qualifiant d' «extrêmemnt lucide, éclairante, à encadrer», et ajoutait un peu plus tard un post-scriptum:

Suite à notre article, le président émérite du Sénat italien nous a proposé une réflexion supplémentaire sur le sujet:

«Je ne suis pas seulement amer, je suis aussi très préoccupés par notre avenir. Et encore plus par le conformisme qui dans l'Église (en particulier dans la hiérarchie) s'installe, et ne pense pas à cet avenir. Le jour où le christianisme sera réduit à une doctrine qui parle de justice sociale, de pauvres, d'immigrés, de travail, d'environnement, de syndicats, de constitutions politiques, etc., la Croix aura définitivement capitulé devant l'esprit du temps. Bien sûr, la belle épouse du Christ ne disparaîtra pas, mais il faudra attendre longtemps pour voir la fin des dégâts qui sont faits aujourd'hui».