Saint Corbinien et la bête
Carlota, à propos de l'article de Francis Colafemmina "Foi et art moderne" (23/9/2009)
L’article de Francis Colafemmina que vous avez traduit est particulièrement intéressant et permet de mieux comprendre les attaques dont le très Saint Père est la cible incessante.
Effectivement nous pourrions nous dire que ce « vieux pape » aux idées rétrogrades est déjà une fin d’époque, au bout de quelques courtes années de pontificat. L’église « moderne », celle de notre temps et non du sien, va enfin pouvoir s’exprimer au grand jour et en plein « communion » avec les fidèles.
Mais j’ai, moi, plutôt l’impression que sous des dehors de belle vitalité cette église catholique que nous appellerons « progressiste », en opposition au « vieux pape » est déjà une Bête qui se meurt. Oui, j’insiste une Bête qui se meurt, car que propose-t-elle sinon se fondre dans des idéologies qui, politiquement, économiquement, moralement et spirituellement n’ont rien apporté à l’homme. Elles ont au contraire contribué à l’asservir toujours plus: l’homme-machine communiste est devenu l’homme-marchandise uniformisé et mondialisé. Ces idéologies tentent encore et encore de déshumaniser l’homme en le privant de ses racines (destruction de la notion de famille, de père et de mère, de la nation, des repères traditionnels y compris au sein de l’église avec une interprétation douteuse de Vatican II et un combat sans merci contre toutes les formes de dialogue avec les « lefebvristes » auxquels sont assimilés sciemment tous les « furieux » de la messe en latin et de valeurs dépassées qui ont pourtant fait leurs preuves pendant deux millénaires) mais aussi d’une descendance condamné à être sans avenir (les groupes de pression pro-choix pour ne pas dire pro-avortement ; les politiques des flux migratoires, les endettements abyssaux accumulés sans vergogne pas des états dont la France, etc.).
Toutes les attaques furent bonnes contre Jean-Paul II à la fin de son pontificat (bien qu’elles furent quelque peu atténuées dans les toutes dernières années : pas la peine de tirer sur un corbillard) et elles ont repris de plus belles contre Benoît XVI. Tous les moyens sont bons y compris l’usage des plus ou moins idiots utiles (marionnettes ou marionnettistes) depuis les hommes politiques de renom jusqu’aux prélats (le directeur de l’Université Notre Dame aux Etats-Unis par exemple pour s’éloigner un peu de l’Europe elle aussi bien active dans ce domaine !). Je pense également à Tony Blair (mais il n’y a pas que lui) avec ses grands déclarations dont il semble si friand depuis sa « conversion » au catholicisme. Et pourtant la situation dans laquelle est plongé son pays devrait l’inciter à plus de discrétion et de modestie car elle n’est guère probante cette situation pour nous permettre de lui reconnaître une stature de grand homme d’état et a fortiori d’homme de l’univers ! Quant au catéchisme catholique qu’il a suivi, il ne paraît pas avoir été très attentif à toutes les leçons !
Bref la Bête donne des coups de pattes sanglants et grogne très fort entourée de la meute. Mais même si elle est encore vigoureuse, elle se sent acculée et se voit bientôt morte : un pourcentage significatif de prêtres catholiques (pas seulement les « lefebvristes ») et parmi eux de nombreux jeunes disent déjà la messe en latin, tandis que les valeurs non négociables que Benoît XVI défend sans relâche, les seuls vrais repères (*) capables de nous accompagner dans notre Humanité, sont reconnus par tous ceux qui dans leur for intérieur s’interrogent. C’est cette église de toujours, celle du Christ qui affirme haut et fort ce qu’elle est qui est pierre vivante et pas celle dont la plus grande audace est de s’adapter au goût de tous.
(* ) D’autres ne s’y trompent pas non plus (notamment dans des pays qui ont eu particulièrement à souffrir de la déshumanisation étatique et de la persécution contre la foi). Le Patriarche Cyrille (né en 1946) de Moscou qui représente la plus grande communauté orthodoxe dans le monde défend le slavon (ancienne langue slave) dans la très somptueuse liturgie orthodoxe. Il affirme lui aussi la primauté de la famille et de l’enfant et rappelle sans cesse notre identité chrétienne. À l’autre extrémité de l’Europe des associations espagnoles préparent une immense marche à Madrid (17 octobre prochain) pour « changer les règles du jeu » et pour la défense de « la vie, de la femme, et de la maternité ». Des notions dépassées croient encore certains…
(**) Cette image de la Bête se dressant et donnant des coups de pattes me fait bien sûr penser à la ville de Freising et à Saint Corbinien qui fut attaqué par un ours qui dévora son âne. Après avoir prié, Corbinien ordonna à l’ours de lui servir de monture…
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(Kosmas Damian Asam-vers 1725 St Corbinien et son ours – Musée de l’Université du Michigan - Wikipedia)
