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L'homélie de Mgr Negri, le 19 avril

L'hommage de l'évêque de San Marino- Montefeltro est le texte idéal pour inaugurer cette nouvelle section du site. (4/5/2010)

Le 19 avril dernier, pour le 5e anniversaire de l'élection de Benoît XVI, Mgr Luigi Negri, évêque de San Marino Montefeltro, bien connu et apprécié dans ces pages, a prononcé cette extraordinaire homélie.
Elle commence par une réflexion sur le rôle de Pierre, pour se poursuivre en un très émouvant témoignage d'admiration et d'affection envers le Saint-Père.
Il faut que cette accolade verbale vienne d'un italien, et, vue de France, je la trouve merveilleuse.
Je l'ai traduite (comme j'ai pu) en me disant que c'était le texte idéal pour inaugurer cette nouvelle session de mon site.
Texte en italien ici, sur le très beau site du diocèse (merci à Raffaella, évidemment).

Relire, à propos de Mgr Negri



Homélie de Mgr Luigi Negri
Dôme de Pennabilli (ndt: petite ville de l'Emilie Romagne, et siège de l'évêché du Montelfeltro) , le lundi 19 avril 2010
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Loué soit Jésus Christ.

Que le Saint-Esprit du Seigneur nous enseigne à vivre le geste profond, simple et dramatique de l'affection inconditionnelle au Saint Père Benoît XVI, dans la gratitude envers le Seigneur et l'Esprit qui l'ont choisi comme Guide sûr et aimable de toute l'Eglise.
Le passage de l'Evangile de saint Jean que l'Eglise a proclamé hier, raconte le caractère concret d'une expérience vécue, la formation du rôle de Pierre et de tous ses successeurs. Le Seigneur s'adressa à lui en ces termes: «Simon, fils de Jean, m'aime-tu plus que ceux-ci?". Il répondit: «Oui, Seigneur, tu sais que je t'aime" (Jn 21:15). Par trois fois, la réponse de Pierre a été, sans hésitation, sans condition et il a aimé non sur la base de son intelligence: à plusieurs reprises, en fait émergent des passages du Saint Evangile ses difficultés à comprendre le mystère du Christ. Lui qui dans le court espace de quelques heures, au moment tragique de la trahison, avait renié le Seigneur trois fois, n'a pas aimé sur le pressentiment de l'intelligence, ou sur la prévision d'une force. Et le Seigneur, présence définitive dans la vie de Pierre, a accepté le bien inconditionnel qui lui était offert.

Pour Pierre, il n'y avait rien d'autre que le Christ, il ne pouvait y avoir que le Christ, qui jugerait ses erreurs, qui surtout lui pardonnerait, qui le remettrait sans cesse dans la juste attitude envers Lui. Attitude de la foi, c'est-à-dire de l'amour, parce que chez Pierre, la foi est amour et atteint le maximum de la profondeur, de la simplicité, de la clarté. Pierre, de son côté, est le roc de cet amour qui devient dévotion au peuple de Dieu dans la mesure où sa vie est consacrée au mystère du Christ. La vie de Pierre, c'est donc le rôle de Pierre, c'est la responsabilité confiée à lui de représenter le Seigneur, de Le rendre présent dans son peuple comme le fondement et le contenu de la foi, de Le rendre présent comme une forme de vie nouvelle, de communion vécue, de charité, comme la grande présence à expérimenter et à proposer à tous les hommes.

Dès les premières décennies de la vie de l'Eglise, l'Evêque de Rome est déjà significativement reconnu comme celui qui a la responsabilité de la guider dans l'unité et la charité. Il succède immédiatement et directement à Pierre, chaque Pape est son successeur, et donc appelé à revivre l'amour inconditionnel au Christ et le dévouement total à l'Eglise. Chaque Pape conserve l'unité de la foi, l'unité de communion et rend une, par sa présence, la sainte Eglise de Dieu dans la variété de ses formes, de ses méthodes, de ses communautés, de ses expériences. Sans l'unité en Pierre, l'Eglise et son unité objective, la capacité de coexistence entre cette unité radicale et la variété des formes dans lesquelles elle a été vécue au cours des siècles aurait été interdite. C'est pourquoi, quand l'Église avait peut-être une plus grande conscience de son mystère de la communion avec le Christ et de sa mission envers les hommes, le nom du pape était publiquement précédé par l'expression mystérieuse et très profonde de Sainteté de notre Seigneur Jésus-Christ. Avec sa vie d'homme, avec son tempérament, son histoire, sa culture, le Pape rendait et rend encore présente, ici et maintenant, la sainteté de notre Seigneur Jésus-Christ. Il sert d'une manière absolument personnelle ce mystère de dévotion au Christ et à l'Eglise.

Ce soir, c'est ainsi que nous regardons Benoît XVI, le grand Pape que le Seigneur nous a donné à ce moment grave de la vie de l'Eglise et de l'humanité. Celui qui a su se présenter au monde avec une humilité infinie, comme un travailleur dans la vigne du Seigneur, sans autre mérite que d'avoir poursuivi régulièrement, avec passion, quotidiennement et systématiquement les tâches que l'Eglise, en cette saison de sa vie et de son service ecclésial, lui avait réservées. Cet humble travailleur dans la vigne du Seigneur apparut dès le départ et à chaque moment de son témoignage, comme une personnalité gigantesque dans la dévotion au Christ, inflexible dans l'annonce du retour continuel du Christ, dans la proclamation continuelle du Fils de Dieu incarné, seule possibilité de vérité et de salut pour les hommes de tous les temps.

Durant ces cinq ans, la proclamation du Seigneur et la présentation du mystère de Sa mort et de Sa résurrection, à travers laquelle chacun est appelé à vivre concrètement la rédemption, ont occupé entièrement les préoccupations du Souverain Pontife, jusqu'à avoir trouvé une forme de communication inédite et à certains égards, exceptionnelle. Les pages du livre sur Jésus de Nazareth l'ont vu engagé dans l'effort d'en présenter à nouveau l'historicité comme quelque chose d'indiscutable, contre les tentatives trop nombreuses de lui substituer la pertinence des messages ou des attitudes morales. On est frappé par la fermeté de Benoît XVI dans l'annonce du Seigneur, dans la défense de la conscience authentique du mystère du Christ contre les réductions, les déviances qui affligent le corps de l'Eglise (..); dans la défense du mystère du Christ qui rencontre l'homme, du christianisme, c'est-à-dire la rencontre avec le Christ et donc non pas une idée religieuse, non pas un programme éthique, mais la rencontre avec Sa personne à suivre et à aimer sans condition.

Dans la foi, dans cette séquelle du mystère du Christ, reproposé avec radicalité et perfection, dans la défense de l'organisme du dogme de l'Eglise catholique, le Pape révèle de manière extraordinaire la correspondance entre le Christ, et le cœur de l'homme, son attente. En proclamant l'événement de grâce et de don de l'irruption de la miséricorde de Dieu dans nos vies, il le décline en même temps comme accueil inconditionnel, comme réédification, comme possibilité pour l'homme d'approfondir et de vivre intégralement son humanité.

Le Christ n'enlève rien, il restitue tout, et en plus, dans une mesure au-delà de toute mesure, au-delà de toute attente, au-delà de toute restriction, de toute méfiance, faisant fleurir l'humanité dans toutes ses dimensions, ses aspects. Pensons à ce que Benoît XVI nous a enseigné au cours des cinq dernières années sur la raison, l'ampleur de la raison, l'usage ample, nouveau, humain de la raison, qui justement par le Seigneur est appelée à redécouvrir sa nature profonde, sa vraie grandeur, son désir intime de se mesurer au mystère et de ne pas se refermer sur elle-même, dans la poursuite peut-être inutile de la connaissance scientifique de la réalité ou de sa manipulation technologique comme fin en soi pour les hommes qui nous entourent. Ce grand retour de l'homme à sa vraie nature, à sa véritable identité, en une exaltation qui devient expérience positive et belle, est vraiment une rédemption.

En affirmant que la vie de ceux qui croient est la seule qui soit belle, tandis que pauvre et laide est la vie de ceux qui, niant le mystère du Christ, font acte d'apostasie, perdent le sens de leur identité et refusent de vivre une vie authentiquement humaine, et donc joyeusement chrétienne, le pape Benoît défie l'humanité.
(..)

C'est à la fois un témoignage aimable, et qu'il est impossible de ne pas aimer: de manière évidente, en lui, ce témoignage devient changement, enseignant à tous les chrétiens à quel point l'expérience de la foi dans le Christ peut changer notre humanité et, surtout, à quel point il peut être singulièrement beau d'être chrétien. D'ailleurs, que l'expérience de la beauté et donc de l'art soit la synthèse suprême de la vérité, la splendeur de la vérité, Benoît XVI lui-même nous l'a enseigné de façon ponctuelle et simple lors d'interventions répétées.

Voilà le Pape qui nous guide, intransigeant dans les principes, dans la défense de l'unité de l'Eglise catholique, dans une tentative d'y rassembler toutes les expériences qui acceptent de reconnaître et de vivre cette unité, et aussi dans une tentative de contredire explicitement les préjugés, les manifestations de discrimination mutuelle au sein de l'Eglise. C'est le Pape qui veut retrouver la diversité de l'expérience du catholicisme dans l'humilité, garante de la valeur de toutes les différences.

Et pourtant, l'inflexibilité sur le dogme et sur la morale, la défense passionnée d'une conception nouvelle de la vie personnelle et sociale (admirablement synthétisée dans l'enseignement des valeurs non négociables, qu'aucune présence chrétienne ne pourra jamais remettre en question, sauf à décrédibiliser l'Eglise sur les questions de culture et de société), cette inflexibilité- disions-nous - a le visage de l'homme doux qui n'a d'autre force que la fermeté des principes, où la vérité devient charité. La troisième encyclique, Caritas in Veritate, avec la nécessaire synthèse entre la charité et la vérité, est certainement un des points les plus élevés de son magistère.

Ce soir, en lui, nous nous réfugions, convaincus que notre étreinte revêt un aspect profondément critique, c'est-à-dire avec l'intention de comprendre ce qu'il est dans la vie de l'Église en ce moment, quel est son rôle, quel est son témoignage, sa souffrance, son martyre. Souvent, en fait, le Seigneur n'a pas épargné le martyre aux successeurs de l'apôtre Pierre. Et de la même façon, dans sa volonté insondable, il n'épargne pas à Benoît XVI une existence qui - comme je l'ai répété à diverses reprises - est intensément marquée par le martyre. Il ne lui épargne pas un témoignage de la vérité et de la liberté chrétienne qui brise sa vie, sa sensibilité, son intelligence, et plus que toute autre chose, son cœur.

Nous l'embrassons, car nous considérons que, sans lui, tout est fini. Un grand laïc, Marcello Pera, m'a écrit une phrase que je me permets de mentionner dans la lettre ouverte au Saint-Père: "Mais comment est-il possible qu'un milliard de chrétiens assistent, impuissants et silencieux à cette tentative de destruction de l'image et de la présence du pape, sans comprendre que si il tombe, il n'y a plus de salut pour personne? "

Certes, le pape ne tombe pas, ne peut pas tomber, ne tombera pas, il est défendu singulièrement et complètement par le mystère et par la protection du Christ. Toutefois, dans cette situation, nous devons nous sentir appelés à lui témoigner notre dévouement inconditionnel, parce que nous vivons de son enseignement, nous vivons de son témoignage. Par son témoignage, chaque jour, nous sommes réconfortés, dans l'extraordinaire expérience de la transformation de la vie, sans laquelle non seulement le christianisme, mais la vie humaine n'auraient aucun sens. Si le Seigneur ne nous avait pas rachetés, il ne vaudrait pas la peine d'être nés. Cette grande expression de saint Ambroise, évêque de Milan, a trouvé une confirmation figurative dans la vie, le témoignage et la présence de Benoît XVI.
Soyons convaincus, chers frères, que notre geste, vécu en communion profonde avec lui, dans l'unité totale avec lui, est une source de fierté.
D'ailleurs, l'Eglise du diocèse de San Marino-Montefeltro, même quand elle n'était que le diocèse de Montefeltro, a toujours été marquée par une loyauté de granit, et à toute épreuve, à Rome, de sorte que le pape a toujours pu compter sur ses évêques et sur leur communion avec le Pontife. En vertu de cette tradition qui nous précède, nous soutient et nous réconforte, nous disons au Pape Benoît XVI, comme j'ai eu l'occasion de lui écrire que nous serions prêts à donner leur vie pour lui. Notre Église est prête à donner sa vie parce que le pape est la représentation vivante et concrète du mystère du Seigneur Jésus Christ, et de la communauté chrétienne, qui est radicalement et mystérieusement liée à l'unité de l'Eglise incarnée par Pierre.
Eh bien, afin que cette réalité existe, et continue à soutenir le chemin des chrétiens, nous sommes prêts à tout risquer, même notre vie, pour que le pape puisse être perpétuellement le point cardinal de notre intelligence et de notre cœur, le soutien du travail quotidien et le témoin du Christ aux hommes de ce temps.

Que le Seigneur Jésus nous permette donc de participer à la joie de la vie chrétienne, de participer finalement à l'expression du Psaume dont la vérité se laisse comprendre dansle Pape: "Que le Seigneur soit toujours devant mes yeux: s'il est à ma droite, je ne vacillerai pas. Pour cela, mon coeur est heureux. " (Psaumes 15:9)
Ainsi soit-il.

+ Luigi Negri

Evêque de San Marino-Montefeltro

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