Les cathos de gauche
En italien, on dit: "catho-communistes". Mais c'est pareil. Pas facile, de faire le grand écart entre "foi" et "convictions" politiques. Un article signé Maurizio Moscone, sur le site "L'ottimista" (10/5/2010)
J'ai trouvé cet article dans un site italien "découvert par hasard" (mais sur internet, c'est un pléonasme, et pour peu qu'on s'en donne la peine, chaque "promenade" réserve des surprises intéressantes) , l'Ottimista, (voir ici: La révolution de Benoît XVI ) que je consulte depuis assez régulièrement.
Il s'intitule: "Qu'est-ce que le catho-communisme?", et semble s'appliquer avant tout à la réalité sociologique et politique italienne, puisque l'auteur constate que depuis la chute du mur de Berlin, presque tous les partis communistes européens, y compris celui italien, ont changé de dénomination.
Force nous est de constater que cette exclusion impliquée par l'adverbe "presque" concerne principalement (uniquement?) la France, qui elle a encore bel et bien un parti "communiste", disposant d'un outil médiatique qui a toujours sa place dans les revues de presse, L'Humanité.
Mais le nom ne change pas grand chose aux faits, et l'idée communiste, en France, est loin de n'être représentée que par le parti fossile du même nom. Rappelons-nous tout récemment les obsèques de Jean Ferrat!
"La France aux ordres d'un cadavre", c'était déjà le constat fait il y a 10 ans par Maurice Druon!
Le catho-communisme, en France, est bien présent. Il suffit de fréquenter certains forums de discussion et de lire une certaine presse "bien -pensante" pour s'en convaincre.
L'article s'applique donc tel quel à notre réalité, il suffit simplement de remplacer le "Partito Démocratico" italien, par un certain parti politique de chez nous, dont l'emblême est ou était (aussi) un poing serrant une rose.
L'article est le résumé par son auteur, Maurizion Moscone, d'un livre intitulé "Les catholiques, idiots utiles". D'après le site, il est disponible gratuitement en téléchargement, en s'adressant à la rédaction.
Qu'est-ce que le catho-communisme?
Portrait-robot d'un mariage d'intérêt. Promis à un divorce inévitable ...
---------------------
Le catho-communisme est la réalité culturelle et politique résultant de l'union du catholicisme avec le communisme, donc il n'est ni l'un ni l'autre, mais, selon les points de vue, c'est un catholicisme édulcoré avec un peu de communisme, ou, vice versa, un communisme dilué d'un peu de catholicisme. En résumé: un bouillon tiède. Les catho-communistes, cependant, n'aiment pas se définir ainsi. Ils préfèrent être appelés catholiques démocrates ou catholiques progressistes.
Ils sont démocrates car ouverts au dialogue avec toutes les forces politiques de gauche, qui partagent les idéaux chrétiens de la solidarité et la justice sociale. Leur foi chrétienne les pousse à lutter contre toutes les injustices dans la société et, par conséquent, ils sont alliés avec les communistes, parce qu'à leur avis, ce sont ceux qui défendent le plus les intérêts des «pauvres» , c'est-à-dire les personnes exploitées économiquement ou marginalises par le système capitaliste.
Les catholiques démocrates, à force de dialoguer avec les «camarades», se sont fait "catéchisés" par eux et sont désormais devenus... plus «camarades» qu'eux. Ils considèrent comme dépassées, ou au moins à réinterpréter les principes «tend l'autre joue» ou «aime ton ennemi» et se reconnaissent dans des slogans fabriqués par les "sixties" du style “lotta dura senza paura” (lutte dure, sans peur).
Ils sont progressistes dans la mesure où ils sont ouverts à tous les changements culturels et sociaux, et donc aux nouveaux modes de vie qui se développent dans la société, que, selon eux, l'Eglise devrait "accueillir" sans dire toujours non à tout, comme dans le cas la reconnaissance des couples "de fait" (ndt: coppie di fatto, le PACS version transalpine), y compris les homosexuels.
Ils se disent "catholiques adultes" pour prendre leurs distances avec ces catholiques infantiles et dénués de sens critique qui obéissent à la voix du Pape et le considèrent comme «le doux Christ sur la terre», comme sainte Catherine de Sienne. Selon eux, le Pape devrait être écouté de la même manière qu'un fils adulte écoute son père, respectant ce que dit ce père, mais agissant ensuite comme bon lui semble.
À ce stade, vous pourriez demander: à quoi sert de parler aujourd'hui de catho-communistes, si les communistes, qui devraient être leurs alliés, sont, en Italie, (ndt: et ici!!) une espèce en voie de disparition?
Voilà le piège: Les communistes sont bien vivants, et prospèrent plus que jamais!
Il est bon de rappeler que, après la chute du mur de Berlin en 1989, presque tous les partis communistes européens, y compris le Parti communiste italien, ont changé de nom: le terme «communiste» était devenu obsolète, mais l'idéologie restait valable. Certes, dans le Parti démocrate (ndt: Partito Democratico, de Romano Prodi, qui était au pouvoir en Italie avant Berlusconi), les mots "marxisme" et "communisme" ne sont pas prononcés, mais il n'y a jamais eu d'abjuration explicite, et le PD est aujourd'hui porteur de la même vision athée et matérialiste de la vie qui, à travers le communisme, a causé plus d'une centaine de millions de morts dans le monde entier, parce que sans Dieu, comme l'a dit Dostoïevski, toutes les horreurs sont possibles.
Un catholique peut-il militer dans un parti comme le PD, qui poursuit des objectifs politiques contraires à l'enseignement de l'Eglise, tels que l'assimilation du PACS avec la famille fondée sur le mariage, la légalisation de l'euthanasie, l'expérimentation sur les embryons, qui comporte la mort de vies humaines innocentes?
L'enfant à naître et les mourants ne sont-ils pas les plus faibles et sans défense que chaque catholiques, comme chaque homme de conscience, a le devoir de défendre et d'aimer?
Les catho-communistes, qui adhèrent au PD, en fait, se font les porte-parole non pas des pauvres et des faibles, mais d'une élite bourgeoise, "sensible à tous les vents de doctrine" (Ep 4:14), qui lutte dans des batailles "civiles" n'ayant rien à voir avec les intérêts de tous ceux qui doivent travailler dur pour résoudre les problèmes concrets que la vie présente chaque jour.
