Jasmitha et le Pape
Le bien ne fait pas de bruit.
Aucune image, et pratiquement aucun écho, de cette rencontre entre le pape et une petite sri-lankaise de Chypre, atteinte d'une tumeur du cerveau. Article dans l'Avvenire (9/6/2010)
------------------
Jasmitha: quelle émotion, le face à face avec Benoît XVI
Source: Raffaella
Dix ans, fille d'immigrants sri-lankais, souffrant d'une tumeur au cerveau, elle raconte sa rencontre en privé avec le pape, accompagnée de ses parents
Luigi Geninazzi
-----------------
A la messe avec le Pape, célébrée dimanche dernier au palais des sports «Eleftheria», ils étaient les plus nombreux et les plus bruyants. Sur les dix mille fidèles, la majorité était des asiatiques, des africains, des gens originaires d'Amérique du Sud, en un mot, le visage émergent d'une Eglise jeune, qui priait, chantait et festoyait avec les Chypriotes grecs et les Maronites.
Benoît XVI les a accueillis avec affection au début de la célébration liturgique, rappelant qu'ils "forment un groupe important de la population catholique de cette île".
Selon les données du ministère de l'Intérieur de Chypre, sur l'île, il y a 30 mille immigrés, dont la moitié en provenance d'Inde, du Sri Lanka et des Philippines. "En fait il y en a plus du double, mais comme beaucoup sont des immigrants illégaux, ils ne figurent pas dans les statistiques officielles - dit le père Umberto Barato, pasteur de l'église franciscaine de la Sainte Croix qui le dimanche se remplit de milliers de fidèles - et nous ne demandons à personne le permis de séjour".
Pour ces gens, le pape n'est pas simplement le chef de l'Eglise universelle, mais il est véritablement le "Saint Père" auquel ils sont liés par un amour filial et sincère. Le rencontrer, le voir de près, lui embrasser la main et recevoir sa bénédiction est quelque chose qu'aucun d'entre eux ne croyait possible jusqu'à tout récemment. Ils font d'humbles travaux, à peine de quoi survivre, ils ne peuvent pas se permettre un voyage à Rome. Le Pape est venu, une occasion unique, un événement qui apporte joie et fierté, à leur foi simple et émouvante.
Le plus heureuse est une enfant de dix ans, Jasmitha Marharajasingh, du Sri Lanka. Sa vie est un miracle permanent et elle le sait. Elle a une tumeur au cerveau et une maladie du coeur, elle a déjà subi deux opérations et une chimiothérapie lourde.
Son institutrice, avec ses camarades de classe, se sont mobilisés pour recueillir les fonds nécessaires, la presse en a parlé et Jasmitha a pu être opérée dans une clinique israélienne. A la veille de la visite du pape, ses parents, fervents catholiques, ont demandé à être parmi ceux qui accueilleraient Benoît XVI à Paphos. Mais ils ne s'attendait certainement pas à un appel téléphonique du nonce du Vatican à Nicosie, les avertissant d'une rencontre personnelle avec le Pape: "Je pensais être parmi les fidèles, peut-être au premier rang. Je n'imaginais pas qu'à un moment donné, avec maman et papa nous serions reçus par le Saint-Père. Il a tracé une croix sur moi et j'ai continué à pleurer", dit Jasmitha, encore toute excitée. Tout cela est arrivé à Paphos, vendredi dernier, jour de l'arrivée du pape dans l'église d'Agia Kyriaki, qui se dresse près de la colonne de Saint-Paul. "C'est un signe de bon augure - dit la mère, Sathyha -. C'est justement dans cette église (propriété des orthodoxes, mais aussi ouverte aux rites des fidèles de l'Église catholique et anglicane, ndlr) qu'a été baptisé notre fille".
Dans les yeux sombres de la petite Jasmitha qui ne peut pas retenir des larmes de joie, se reflète la grande confiance d'une nouvelle génération de croyants. Ils disent que l'année prochaine, Benoît XVI se prépare à un voyage pastoral difficile et prenant en Asie. Ici, à Chypre, on en a déjà eu un avant-goût, petit, mais significatif.
© Copyright Avvenire, 8 juin 2010, ma traduction
