Le cardinal Ratzinger interviewé par la Rai
Il s'agit de la dernière interviewe avant l'élection, menée par Giuseppe de Carli (17/6/2010)
 |
 |
|
 |
|
 |
| |
Sur le site de la RAI (signalé par Raffaella!) on peut trouver en archives quelques videos relatives à Joseph Ratzinger/ Benoît XVI.
Parmi celles-ci, la dernière interviewe du cardinal Ratzinger, avant son élection comme Pape.
La date n'est malheureusement pas indiquée.
Page de la RAI
Cliquez
--------------------
Elle se déroule dans les locaux de la CDF, plus précisément sur la terrasse du "palais du Saint-Office", et elle est menée par l'excellent Giuseppe de Carli, l'un des trois vaticanistes de la RAI, auteur depuis d'un très bel album Benedictus Servus Servorum Dei. (cf benoit-et-moi.fr/2008-II/)
Elle dure 23 minutes, et même si on ne comprend pas l'italien, c'est un vrai bonheur de voir les mimiques du cardinal, sa cordialité, sa gentillesse, son humour malicieux (dans les plans d'ouverture, sur le ton de la plaisanterie, il suggère à l'opérateur de filmer l'auteur de l'interviewe, afin qu'il ne reste pas anonyme), son rire juvénile, qui ponctue beaucoup de répliques, avant qu'il ne redevienne grave quand il défend sa foi et son Eglise. On ne trouve même pas de trace de cette prétendue timidité, seulement une aisance pour s'exprimer vraiment remarquable quand on pense que ce n'est pas dans sa langue maternelle (ce que de Carli lui fait remarquer au début, en lui proposant, il me semble, de parler lentement)
Est-il utile de le redire: on est tellement éloigné de la caricature de lui qui avait été faite avant son élection - et les gens qui l'ont répandue ne pouvait pas l'ignorer - qu'on reste encore une fois médusé par une telle mauvaise foi.
J'ai essayé de faire la liste des questions abordées, auxquelles il répond avec simplicité, patience et modestie.
Et bien sûr, cette sagesse qui est sa marque.
Ce sont les notes que j'ai prises en écoutant l'interviewe, quelques mots m'ont échappé, et nul doute qu'une écoute répétée et attentive pourrait permettre d'être plus précis.
1. Les mots-clés du Pontificat de Jean-Paul II: N'ayez pas peur d'ouvrir tout grand les portes au Christ. Paix. Unité. Vérité
2. Difficultés du Pontificat: Ce sont celle de l'époque: Matérialisme, agnosticisme, relativisme. Et aussi la misère.
3. Synode et collégialité. On a l'impression d'un grand centralisme, mais c'est une impression superficielle. Nous somme très peu nombreux et les politiques qui viennent nous voir sont surpris que nous puissions travailler avec aussi peu de monde. Nous travaillons pour avoir une collaboration
Le plus important, ce sont les visites ad limina. Tous les 5 ans, il y a une rencontre personnelle, il se noue des relations personnelles (le cardinal insiste beaucoup sur cet adjectif).
4. Nomination des évêques. Ce n'est pas un processus centralisé. On demande l'avis des conférences épiscopales, et des poersonnes impliquées, prêtres, laïcs. La longueur des processus s'explique par le fait qu'on cherche, sans publicité, à impliquer le plus de gens possibles.
5. Pédophilie dans l'Eglise (8'50) Nous devons faire un examen de conscience. A la suite du Concile, l'Eglise s'est identifiée avaec les comportements du monde. Beaucoup de prêtres ont perdu l'ancrage dans la communion avec le Christ. Nous devons réapprendre à concilier l'ouverture au monde et la communion avec le Christ.
6. Le Collège cardinalice (10'), trop "en dehors et au dessus", surtout dans les Eglises orientales. Mais les cardinaux sont presque tous archevêques métropolitains. Ils représentent l'universalité de l'Eglise Les cardinaux sont le clergé de Rome, et le clergé élit son évêque.
7. Un Concile Vatican III, vraiment oecuménique, avec les Eglises orthodoxes. Maintenant que les excommunications sont tombées, dit De Carli, pourquoi pas l'Union? Le cardinal explique qu'il n'existe pas d'excommunications d'Eglise, que ce sont les hommes qui sont excommuniés, et quand ils sont morts, l'excommunication tombe d'elle-même, ils sont devant le tribunal de Dieu.
Les orthodoxes eux-mêmes ne souhaitent pas un tel Concile.
8. Réforme de la Curie. Je n'ai pas de compétence (sourire). C'est une machine compliquée, et imparfaite, comme toutes les institutions humaines. Tous les papes ont tenté de réformer la Curie, le prochain Pape le fera aussi...
9. Les laïcs protagonistes de l'Eglise. Dans l'écriture sainte, on parle de Peuple de Dieu. Mais il ne s'agit pas d'une théologie du laïcat.
10. Dominus Iesus (15'13) . "Lors du jubilée, vous avez fait souffrir beaucoup de chrétiens, surtout les protestants". On a dit que Dominus Iesus était fondamentaliste. Je n'accepte pas cette étiquette. Traiter quelqu'un de fondamentaliste, c'est se soustraire au dialogue, c'est dire "je ne veux pas discuter avec toi". Les protestants étaient presque tous d'accord avec la première parie du texte. Et beaucoup d'évêques étaient heureux que l'Eglise réaffirme ainsi son identité.
11. Ce qui me surprend, ce n'est pas l'agnosticisme, mais la foi. Dans ce monde si éclaté, si sombre, qu'il y ait tant et tant de millions de personnes qui croient est un miracle, qui prouve que Dieu opère en ce monde.
12. Silence de Dieu. Est-ce Dieu qui est silencieux, ou l'homme qui s'éloigne de lui? Parfois, Dieu se cache pour nous inviter à le chercher davantage. Il y a tellement de choses devant nos yeux, de bruits dans nos oreilles, que les yeux et les oreilles de notre âme deviennent aveugles et sourds.
13. "Vous préparez un document sévère et restrictif sur la liturgie". Je ne prépare rien, car je n'ai pas la compétence. La Congrégation compétente, la Congrégation pour le Culte Divin, reprend des aspects du Ve paragraphe de l'Encyclique "Il decoro della liturgia".
14. Les plus périlleuses hérésies de notre temps. Notre surdité (cf n°11). Et que le Christ soit réduit à une personne avec une grande expérience religieuse. On perd la vraie grandeur du Christ.
15. Quel sera le futur de l'Eglise (21'42): Même à travers de grandes souffrances, et une réduction, l'Eglise sera présente jusqu'à la fin du monde.
