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Sur les migrants

Discours du Saint-Père à l'Assemblée plénière du Conseil Pontifical de la pastorale pour les Migrants et les Personnes en Déplacement (29/5/2010)

Plutôt que de lire ici ou là des extraits choisis, avec des passages soulignés ou en caractères gras, et donc plus ou moins de fantasmer, j'ai trouvé plus simple de traduire le discours du saint-Père, en essayant de rester le plus près possible du texte original en italien. Chacun peut ainsi se faire son opinion, et mettre mentalement en gras ses propres passages.
Affirmer que "Benoît XVI est pour le regroupement familial" me paraît un raccourci qui mériterait quelques nuances ou au moins quelques explications. Benoît XVI est surtout pour la famille.
Le discours (un exercice obligé qui n'a certainement pas un caractère aussi personnel que les homélies...) ne dit rien de nouveau par rapport à Caritas in Veritate, d'ailleurs citée plusieurs fois.
J'y lis, entre autre: "De toute évidence, l'acquisition de droits va de pair avec l'accueil de devoirs".
Et, plus loin, il y a une allusion au "principe de la souveraineté nationale, avec une référence spécifique aux exigences de la sécurité, de l'ordre public et du contrôle aux frontières."

L'ensemble du discours est une invite nécessaire et naturelle à la sagesse - des deux côtés - et à la générosité, de la part des pays d'accueil. Il est évident que l'Eglise a son mot à dire dans ce bouleversement sociétal qui accompagne le phénomème actuel des migrations massives. Ce n'est pas elle qui les a provoquées, encore moins qui les appelle.
Elle veut seulement faire en sorte que les choses se passent le moins mal possible.
Benoît XVI ne cesse de le répéter: l'idéal serait que les gens puissent trouver chez eux les conditions d'une vie digne.

Texte en italien ici: http://www.vatican.va/holy_father/
Ma traduction:

28/05/2010
Audience aux participants à l'Assemblée plénière du Conseil Pontifical de la pastorale pour les Migrants et les Personnes en Déplacement

À 12h15 ce matin dans la Salle Clémentine du Palais apostolique, le pape Benoît XVI a reçu en audience les participants à l'Assemblée Plénière du Conseil Pontifical pour la Pastorale des Migrants et des Personnes en Déplacement sur le thème "La mobilité pastorale aujourd'hui de l'homme, dans le contexte de la responsabilité partagée des États et des Organismes internationaux.

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Messieurs les Cardinaux,
Vénérés frères dans l'épiscopat et le sacerdoce,
chers frères et sœurs!

Avec une grande joie, je vous souhaite la bienvenue à l'occasion de la session plénière du Conseil Pontifical pour la Pastorale des Migrants et Personnes en Déplacement. Je salue le Président de la Congrégation, Mgr Antonio Maria Veglio, que je remercie pour ses aimables paroles de bienvenue, le secrétaire, les membres, les consultants, les fonctionnaires (Ufficiali). À tous, j'adresse le souhait d'un travail fructueux.

Vous avez choisi comme thème pour cette session celui de "La pastorale de la mobilité humaine aujourd'hui, dans le contexte de la responsabilité partagée des États et des Organisations internationales". La circulation des personnes est depuis longtemps l'objet de conventions internationales, qui visent à assurer la protection des droits humains fondamentaux et à combattre la discrimination, la xénophobie et l'intolérance. Il s'agit de documents qui fournissent des principes et des techniques de protection supranationaux.

L'effort pour construire un système de règles communes régissant les droits et les devoirs de l'étanger, ainsi que ceux des communautés d'accueil, en tenant compte, en premier lieu, de la dignité de chaque personne humaine créée par Dieu à son image et similitude (cf. Genèse 1,26), est appréciable. De toute évidence, l'acquisition de droits va de pair avec l'accueil de devoirs. Tous, en fait, jouissent de droits et de devoirs non arbitraires, parce qu'ils jaillissent de la nature humaine elle-même, comme il est dit dans l'encyclique Pacem in Terris du bienheureux Pape Jean XXIII: «Tout être humain est personne, c'est-à-dire une nature douée d'intelligence et de volonté libre; et donc est sujet de droits et de devoirs découlant directement et simultanément de sa nature même: droits et devoirs qui sont pour cette raison universels, inviolables et inaliénables » (n°5). La responsabilité des États et des Organismes internationaux, par conséquent, s'exerce surtout dans l'engagement à avoir une incidence sur des questions qui, mises à part (fatte salve) les compétences du législateur national, impliquent la famille des peuples tout entière, et nécessitent une concertation entre les gouvernements et les organismes directement impliqués. Je pense à des questions comme l'entrée, l'expulsion (l'éloignement forcé) de l'étranger, l'opportunité de jouir des biens de la nature, de la culture et de l'art, de la science et la technologie, qui devrait être accessible à tous. On ne doit pas oublier non plus l'important rôle de médiation, afin que les résolutions nationales et internationales qui favorisent le bien commun universel, trouvent un accueil favorable auprès des autorités locales et se répercutent dans la vie quotidienne.

Dans ce contexte, les réglements nationaux et internationaux qui promeuvent le bien commun et le respect de la personne, encouragent les efforts pour parvenir à un ordre social mondial fondé sur la paix, la fraternité et la coopération de tous, en dépit de la phase critique que traversent les institutions internationales, s'employant à résoudre les questions cruciales de la sécurité et du développement pour le bénéfice de tous.
Il est vrai que, malheureusement, nous assistons à la résurgence de revendications particularistes dans certaines régions du monde, mais il est également vrai qu'il y a une tendance à se soutraire (ci sono latitanze) à assumer des responsabilités qui devraient être partagées. En outre, le désir ardent de beaucoup - d'abattre les murs qui divisent et d'établir d'amples accords, y compris par la législation et les pratiques administratives, favorisant l'intégration, l'échange mutuel et l'enrichissement réciproque - ne s'est pas encore éteint. En effet, des perspectives de coexistence pacifique entre les peuples peuvent être offertes à travers des lignes prudentes et concertées pour l'accueil et l'intégration, autorisant des conditions d'entrée légale, favorisant le juste droit au regroupement familial, à l'asile et au refuge, compensant ainsi les nécessaire mesures restrictives et la lutte contre le déplorable trafic des personnes. Ici, les différentes organisations internationales, en coopération entre elles et avec les États, peuvent apporter leur contribution particulière, en conciliant, avec des modalités variées, la reconnaissance des droits des personnes et le principe de la souveraineté nationale, avec une référence spécifique aux exigences de la sécurité, de l'ordre public et du contrôle aux frontières.

Les droits fondamentaux des personnes peuvent être le "point focal" (ndt au sens, il me semble, de "point d'équilibre" ) de l'engagement de responsabilité partagée des institutions nationales et internationales. Et puis il est étroitement liée à l'"ouverture à la vie, qui est au cœur du vrai développement", comme je l'ai souligné dans l'Encyclique Caritas in veritate (Cf. n°28), où je faisais également appel aux États afin qu'ils promouvent des politiques en faveur de la centralité et de l'intégrité de la famille (cf. ibid., n°44).
D'autre part, il est évident que l'ouverture à la vie et les droits de la famille doivent être répétés dans des contextes différents, afin que "Dans une société en voie de mondialisation, le bien commun et l’engagement en sa faveur ne peuvent pas ne pas assumer les dimensions de la famille humaine tout entière, c’est-à-dire de la communauté des peuples et des Nations" (ibid. n°7). L'avenir de nos sociétés repose sur les relations entre les peuples, le dialogue entre les cultures dans le respect des identité et des différences légitimes. Dans ce scénario, la famille conserve son rôle fondamental. C'est pourquoi l'Eglise, avec l'annonce de l'Evangile du Christ dans chaque secteur de l'existence,poursuit "l’engagement de l’Eglise en faveur non seulement de l’individu qui migre, mais aussi de sa famille, lieu et ressource de la culture de la vie et facteur d’intégration des valeurs", comme je l'ai rappelé dans mon Message pour la Journée mondiale des Migrants et des Réfugiés de 2006.

Chers frères et sœurs, c'est à vous aussi qu'il revient de sensibiliser à des formes de co-responsabilité les Organisations qui se dédient au monde des migrants et des personnes itinérantes. Ce secteur pastoral est liée à un phénomène en forte expansion et, par conséquent, votre rôle devra se traduire par des réponses concrètes de proximité et d'accompagnement pastoral des personnes, en tenant compte des différentes situations locales.
Sur chacun de vous, j'invoque la lumière de l'Esprit Saint et de la protection maternelle de Marie, renouvelant mes remerciements pour votre service à l'Eglise et à la société. Que l'inspiration du Bienheureux Jean-Baptiste Scalabrini, appelé "Père des migrants" par le Vénérable pape Jean-Paul II et dont nous rappelons le 105e anniversaire de la naissance le 1er juin prochain, éclaire votre action en faveur des migrants et des personnes en déplacement et vous incite à une charité encore plus attentive, qui leur témoigne l'amour indéfectible Dieu.
Pour ma part, je vous assure de ma prière, et de tout coeur je vous bénis.



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