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Autorité, hiérarchie, service

Catéchèse du 26 mai, conclusion de l'année sacerdotale, sur la mission de "gouverner" du prêtre (26/5/2010)

Ma traduction.

* * * * *

Chers frères et sœurs,

L'Année sacerdotale touche à sa fin, c'est pourquoi j'ai commencé à parler dans les dernières catéchèses sur les tâches essentielles du prêtre, qui sont d'enseigner, de sanctifier et de gouverner. J'ai déjà tenu deux catéchèses, l'une sur le ministère de la sanctification, les sacrements, en particulier, et l'autre sur l'enseignement.
Donc, aujourd'hui, il me reste à parler de la mission du prêtre de gouverner, de guider, avec l'autorité du Christ, pas la sienne, la portion du peuple que Dieu lui a confiée.

Comment comprendre dans la culture contemporaine, une telle dimension, qui implique le concept d'autorité et a son origine dans le mandat du Seigneur lui-même, de paître ses brebis?
Qu'est réellement l'autorité, pour nous chrétiens?

Les expériences culturelles, politiques et historiques du passé récent, en particulier dans les dictatures en Europe de l'Est et de l'Ouest au XXe siècle, ont rendu l'homme contemporain soupçonneux envers ces concepts. Suspicion qu'il n'est pas rare de voir traduite en soutenant comme nécessaire l'abandon de toute autorité qui ne vienne exclusivement des hommes et ne soit soumise à eux, contrôlée par eux.

Mais justement, un regard sur les régimes qui au siècle dernier, ont semé la terreur et la mort, rappelle avec force que l'autorité dans tous les domaines, si elle est exercée sans référence à la transcendance, si elle fait abstraction de l'Autorité suprême, qui est Dieu, finit inévitablement par se retourner contre l'homme. Il est alors important de reconnaître que l'autorité de l'homme n'est jamais une fin, mais toujours et seulement un moyen, et que, nécessairement et dans tous les temps, la fin est toujours la personne créée par Dieu, avec sa dignité inviolable, et appelé à se mettre en relation avec son Créateur, dans le parcours terrestre de l' existence et dans la vie éternelle. C'est une autorité exercée dans la responsabilité devant Dieu, le Créateur. Une autorité ainsi comprise, qui a pour seul objectif de servir le vrai bien des personnes et d'être transparence du seul souverain Bien qui est Dieu, non seulement n'est pas étrangère aux hommes, mais, au contraire, est une aide précieuse dans le cheminement vers l'accomplissement dans le Christ, vers le salut.

L'Eglise est appelée et s'emploie à exercer ce type d'autorité qui est service, et elle l'exerce non pas en son nom propre, mais au nom de Jésus-Christ, qui du Père a reçu tout pouvoir au Ciel et sur terre (cf. Mt 28:18 ).

A travers les pasteurs de l'Eglise, en effet, le Christ paît son troupeau: c'est Lui qui le guide, le protège, le corrige, parce qu'il l'aime profondément. Mais le Seigneur Jésus, pasteur suprême de nos âmes, a voulu que le Collège Apostolique, aujourd'hui les évêques en communion avec le Successeur de Pierre, et les prêtres, leurs plus précieux collaborateurs, participent à cette mission de prendre soin du peuple de Dieu, d'être des éducateurs dans la foi, orientant, animant et soutenant la communauté chrétienne, ou, comme le dit le Concile, «prenant soin, surtout, que les fidèles soient guidés dans l'Esprit Saint à vivre selon l'Evangile leur vocation propre, à pratiquer une charité sincère et active et à exercer cette liberté par laquelle le Christ nous a libérés »(Presbyterorum Ordinis, 6).

Chaque pasteur est donc le moyen par lequel le Christ lui-même aime les hommes: c'est au moyen de notre ministère - chers prêtres - c'est à travers nous que Dieu atteint les âmes, les instruit les garde, les guide.

Saint Augustin, dans son Commentaire à l'Evangile de Saint Jean dit: «Que ce soit donc un engagement d'amour ,de paître le troupeau du Christ" (123,5); telle est la règle suprême de conduite pour les ministres de Dieu, un amour inconditionnel, comme celui du Bon Pasteur, plein de joie, ouvert à tous, attentif aux proches et bienveillants envers ceux qui sont loin (cf. Saint Augustin, Discours 340,1; Discours 46,15), délicat envers les plus faibles, les petits, les simples, les pécheurs, pour exprimer l'infinie miséricorde de Dieu avec les paroles rassurantes de l'espérance (cf. Idem, Lettre 95,1).

Si cette tâche pastorale est fondée sur le Sacrement, toutefois, son efficacité n'est pas indépendante de l'existence personnelle du prêtre. Pour être un Pasteur selon le cœur de Dieu (cf. Jr 3:15) il faut un profond enracinement dans l'amitié vivante avec le Christ, non seulement de l'intelligence mais aussi de la liberté et de la volonté, une conscience claire de l'identité reçue par l'ordination sacerdotale, une disponibilité inconditionnelle à mener le troupeau confié là où le Seigneur le veut et non pas dans la direction qui, apparemment, semble plus commode ou plus facile. Cela nécessite, en premier lieu, la disponibilité continue et progressive à laisser le Christ lui-même gouverner la vie sacerdotale des prêtres.

En effet, nul n'est vraiment capable de paître le troupeau du Christ, s'il ne vit pas une obéissance profonde et authentique au Christ et à l'Eglise, et la docilité du peuple envers ses prêtres dépend de la docilité des prêtres envers le Christ; c'est pourquoi à la base du ministère, il y a toujours la rencontre personnelle et constante avec le Seigneur, la connaissance profonde de Lui, le fait de conformer sa propre volonté à la volonté du Christ.

Dans les dernières décennies, on a souvent utilisé l'adjectif "pastoral" presque en opposition au concept de «hiérarchique», comme dans la même opposition, on a aussi interprété l'idée de «communion».
C'est peut-être à ce point que peut être utile un bref commentaire sur le mot« hiérarchie », qui est l'appellation traditionnelle de la structure d'autorité sacramentelle de l'Église, ordonnée selon les trois niveaux du sacrement de l'Ordre: évêque, prêtres, diacres.
Dans l'opinion publique prévaut, pour cette réalité "hiérarchie", l'élément de subordination et l'élément juridique; de sorte qu'à beaucoup, l'idée de la hiérarchie semblent en opposition avec la flexibilité et la vitalité du sens pastoral, et aussi contraire à l'humilité de l'Evangile.
Mais c'est une interprétation mal comprise de la hiérarchie, historiquement causée par l'abus de pouvoir et le carriérisme, qui sont précisément des abus et ne proviennent pas de la réalité "hiérarchie". L'opinion commune est que "hiérarchie" est toujours quelque chose en rapport avec la domination et, donc, ne correspond pas à la véritable signification de l'Eglise, de l'unité dans l'amour du Christ.
Mais, comme je l'ai dit, c'est une interprétation erronée, qui tire son origine dans les abus de l'histoire, mais ne répond pas à la véritable signification de ce qu'est la hiérarchie.

Commençons par le mot.
Généralement, il est dit que le sens du mot hiérarchie est "domination sacrée", , mais ce n'est pas le vrai sens, qui est "origine sacrée", autrement dit: cette autorité ne vient pas de l'homme, mais a ses origines dans le sacré, dans le Sacrement; elle soumet donc la personne à la vocation, au mystère du Christ; elle fait de l'individu un serviteur du Christ, et ce n'est que comme serviteur du Christ que celui-ci peut gouverner, guider, pour le Christ et avec le Christ. Donc, celui qui entre dans l'Ordre sacré du Sacrement, dans la «hiérarchie», n'est pas un autocrate, mais entre dans un nouveau lien d'obéissance au Christ; il est lié à lui dans la communion avec les autres membres de l'Ordre sacré, du Sacerdoce.

Et même le Pape - point de référence de tous les autres pasteurs et de la communion de l'Église - ne peut pas faire ce qu'il veut; au contraire, le Pape est le gardien de l'obéissance au Christ, à ses paroles résumées dans la "regula fidei» dans le Credo de l'Eglise, et il doit précéder l'obéissance au Christ et à son Église.

Hiérarchie implique donc un triple lien: celui, avec le Christ et l'ordre donné par le Seigneur à son Eglise; ensuite le lien avec les autres Pasteurs dans l'unique communion de l'Eglise et, enfin, le lien avec les fidèles confiés à l'individu, dans l'ordre de l'Eglise.

Ainsi, nous comprenons que communion et hiérarchie ne sont pas contraires l'une à l'autre, mais se conditionnent. Elles sont ensemble une seule chose (la communion hiérarchique). Le Pasteur est donc tel précisément en guidant et en gardant le troupeau, et parfois en l'empêchant de se disperser. En dehors d'une vision clairement et explicitement surnaturelle, on ne peut pas comprendre le devoir de gouverner du prêtre. Lui, au contraire, soutenu par un véritable amour pour le salut de chaque fidèle, est particulièrement précieux et nécessaire à notre époque. Si le but est d'apporter l'annonce du Christ et de conduire les hommes à la rencontre salvifique avec Lui afin qu'ils aient la vie, la tâche de guider se configure à un service vécu dans un don total pour l'édification du troupeau dans la vérité et la sainteté, en allant souvent à contre-courant et en rappelant que le plus grand doit se faire comme le plus petit , et celui qui gouverne comme celui qui sert (cf. Lumen gentium, n. 27).

Où un prêtre peut-il puiser aujourd'hui la force pour cet exercice de son ministère, en pleine fidélité au Christ et à l'Eglise, avec un dévouement total pour le troupeau? La réponse est unique: dans le Christ Seigneur. La façon de gouverner de Jésus n'est pas la domination, mais le service humble et aimant du lavement des pieds, et la royauté du Christ sur l'univers n'est pas un triomphe terrestre, mais trouve son point culminant sur la Croix, qui devient jugement pour le monde et point de référence pour l'exercice d'une autorité qui soit véritablement expression de la charité pastorale. Les saints, et parmi eux Saint Jean-Marie Vianney, ont pratiqué avec amour et dévouement la tâche de prendre soin de la portion du Peuple de Dieu qui leur était confiée, montrant aussi qu'ils étaient des hommes forts et déterminés, dans le seul but de promouvoir le bien véritable des âmes, capables de payer de leur personne, jusqu'au martyre, pour rester fidèle à la vérité et à la justice de l'Evangile.

Chers prêtres, "paissez le troupeau de Dieu qui vous est confié, non par contrainte mais de bon gré [...], vous faisant modèles du troupeau"(1 P 5:2). Donc n'ayez pas peur de conduire au Christ chacun des frères qu'Il vous a confiés, certains que chaque mot et chaque attitude, s'ils viennent de l'obéissance à la volonté de Dieu, portera ses fruits; sachez vivre en appréciant les mérites et en reconnaissant les limites de la culture dans laquelle nous sommes insérés avec la ferme certitude que l'Evangile est le plus grand service que vous puissiez faire pour l'être humain. Il n'y a, en fait, pas de plus grand bien, dans cette vie terrestre, que de conduire les hommes à Dieu, réveiller la foi, soulever l'homme de l'inertie et du désespoir, donner l'espérance que Dieu est proche, et guide l'histoire personnelle et celle du monde: c'est là finalement, le sens profond et ultime de la tâche de gouverner l'Eglise que le Seigneur nous a confiée. Il s'agit de former le Christ chez les croyants à travers ce processus de sanctification qui est conversion des critères, de l'échelle des valeurs, des attitudes, pour laisser le Christ vivre en chaque fidèle. Saint Paul résumait ainsi son action pastorale: «Mes petits enfants, que j'accouche à nouveau dans la douleur jusqu'à ce que le Christ soit formé en vous" (Gal 4:19).

Chers frères et sœurs, je voudrais vous inviter à prier pour moi, le Successeur de Pierre, qui ai un rôle spécifique dans le gouvernement de l'Eglise du Christ, ainsi que pour tous vos évêques et vos prêtres. Priez afin que nous sachions prendre soin de toutes les brebis, même celles qui sont égarées, du troupeau qui nous est confié.

A vous, chers prêtres, j'adresse une invitation cordiale aux Célébrations de clôture de l'année sacerdotale, les 9, 10 et 11 Juin, ici à Rome: nous méditerons sur la conversion et sur la mission, le don de l'Esprit Saint et la relation avec Marie très Sainte, et nous renouvellerons nos promesses sacerdotales, soutenus par tout le Peuple de Dieu
Merci!

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