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Le défi égyptien (II)

Seconde partie de l'interviewe du patriarches des coptes catholiques d'Alexandrie. La longue histoire des coptes, depuis l'évangélisation par l'apôtre Marc, jusqu'à nos jours (23/2/2011)

-> Première partie ici:
Le défi égyptien (I)

Antonios Naguib

Photo 30 Giorni

- Après le massacre du 31 Décembre à Alexandrie, les grands médias internationaux se sont concentrés sur les chrétiens coptes d'Egypte. Souvent, sans expliquer vraiment qui ils sont.
- Les Coptes sont les chrétiens d'Egypte qui, traditionnellement, ont reçu la foi chrétienne par l'apôtre saint Marc. Puis, avec Dioclétien, le grand persécuteur, est venue l'ère des martyrs, qui marqua le commencement (en 284) du calendrier copte. Au quatrième siècle, avec la liberté religieuse, la foi chrétienne s'est répandue à travers l'Egypte. L'Église d'Alexandrie, à l'époque, avait un rôle de premier plan, avec ses grands théologiens: Origène, saint Alexandre, saint Cyrille et saint Athanase. Jusqu'à ce que, en 451, l'Église copte, en même temps que celles éthiopienne, syrienne, et arménienne, rejetât les décisions du Concile de Chalcédoine.

- Comment les origines apostoliques de l'Eglise en Egypte se reflètent-elles dans la vie et la dévotion des fidèles?
- La dévotion à Saint Marc est très forte. Il est vénéré par tous comme l'Apôtre fondateur. Et puis, l'Egypte est aussi un pays où Jésus a vécu, lorsque, après sa naissance, Marie et Joseph y ont trouvé refuge pour échapper à Hérode. Tout le parcours de la Sainte Famille est constellé de lieux et sanctuaires qui sont la destination de pèlerinages.

- Saint Marc a été le disciple de Pierre. Il a reçu du Prince des Apôtres l'ordre d'écrire son Evangile. Ainsi, dès le début, il y a un lien entre l'Eglise copte et l'évêque de Rome.
- Jusqu'en 451, l'Église était pratiquement une, puis vint la séparation. Dans la première moitié du XVIIIe siècle, une petite partie des Coptes ont confessé leur communion avec l'Evêque de Rome, et en 1895 le pape Léon XIII a constitué le Patriarcat copte. Mais la vision du lien avec l'Eglise de Rome demeure un sujet de controverse dans les relations avec nos frères de l'Église copte orthodoxe. Ils disent: oui à l'unité dans la foi, dans l'amour, mais soumission d'inférieur à supérieur, non. Ils disent que c'était la situation dans les premiers siècles, plus tard cristallisée dans la Pentarchie, la structure des cinq Patriarches, dont celui de Rome, qui, selon eux, avaient une primauté dans la charité, mais pas dans la juridiction.

- Par ailleurs, lors du récent Synode sur le Moyen-Orient, le cardinal Levada a annoncé son intention de recueillir des suggestions et des propositions des chefs des Eglises d'Orient sur le thème de la primauté pour chercher sur ce point de nouvelles idées de dialogue avec les orthodoxes. Cette initiative avance-t-elle? Vous, Patriarches catholiques orientaux avez-vous été contacté par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi?
- Jusqu'à présent, non. Lors du synode, on a souhaité une plus grande participation des Patriarches catholiques orientaux à la vie de l'Église catholique. On a aussi avancé des propositions concrètes, comme celle d'admettre les Patriarches orientaux au Sacré Collège qui élit le pape, en vertu de leur office patriarcal et sans avoir besoin d'être créés cardinaux. Ce serait le signal d'une plus grande participation, mais pas une solution. Et certainement pas quelque chose qui puisse satisfaire nos frères orthodoxes. Pour eux, le critère est l'autocéphalie, c'est-à-diire l'autonomie de chaque Église locale. Et la question de la primauté doit être posée dans les termes où elle a été partagée dans les rapports entre les apôtres et entre leurs premiers successeurs.

- Depuis le refus du Concile de Chalcédoine, les communautés chrétiennes autochtones en Egypte sont liées au Monophysisme, la doctrine condamnée par le Concile, selon laquelle la nature humaine de Jésus était absorbée par sa nature divine. Que reste-t-il de ces doctrines dans la spiritualité copte?
- En fait, depuis lors, les différends étaient liés à des questions de terminologie plutôt que de fond. Et comme c'est le cas aujourd'hui, les querelles doctrinales étaient également alimentées par des questions politiques. A cette époque, l'Egypte était sous la domination des Byzantins, qui avaient accepté le Concile de Chalcédoine et voulaient imposer dans les sièges épiscopaux locaux des évêques "chalcédoniens" qui leur étaient fidèles politiquement, à partir du siège patriarcal d'Alexandrie. Les Egyptiens identifiaient la foi "chalcédonienne" comme une caractéristique de la foi impériale, et, surtout sous la pression des moines, s'organisèrent en Eglise du peuple, laissant aux chalcédoniens le contrôle d'une hiérarchie pro-impériale protégée par la garnison byzantine. Mais du point de vue doctrinal, dès le VIe siècle en Egypte, on avait refusé les doctrines qui soutenaient la fusion de la nature humaine et la nature divine de Jésus.
En 1988, les représentants de l'Église copte orthodoxe et de l'Eglise catholique ont signé une déclaration christologique conjointe pour exprimer leur foi commune en Jésus-Christ, "parfait dans sa divinité et parfait dans son humanité", qui "a rendu son humanité une avec sa divinité, sans mélange, amalgame ou confusion."

- À votre avis, qu'est-ce qui définit concrètement la spiritualité de l'Église copte?
- Il faut ici distinguer. Nous, catholiques coptes, nous nous sommes formés avec l'aide de professeurs et d'éducateurs catholiques. Donc, en profitant de toutes les nouvelles contributions théologiques et spirituelles qui ont émergé dans le catholicisme au cours des siècles. Nos pensées sont constamment mises à jour, stimulées tant par l'enseignement du Pape que des congrégations, des Conciles, des théologiens et des saints.

- Et les coptes orthodoxes?
- Pour eux, les choses sont différentes. Nous, coptes catholiques, distinguons entre le patrimoine spirituel ascético-monastique et le patrimoine théologique. Alors que pour eux, la théologie coïncide avec l'Écriture sainte, avec les Pères de l'Église et avec la riche tradition de la spiritualité monastique. Ainsi, tout reste comme au début, il n'y a pas cette différenciation que nous voyons dans l'Eglise catholique à travers les siècles. Et je dois dire que pour nous coptes catholiques, la proximité à cette réalité de nos frères coptes orthodoxes est une aide, parce que notre formation "à l'occidentale" contient un risque d'intellectualisme. Alors que chez eux, tout est très simple et essentiel. Le point qui nous unit tous est la liturgie. Il faut dire que la foi en Egypte a été conservé et transmise non pas dans la théologie, dans la culture civile, par les grands prédicateurs, mais dans l'attachement viscéral à la liturgie vécue par les chrétiens de chez nous. La liturgie est notre vraie patrie spirituelle.

- Et le pèlerinage?
- Les pèlerinages aussi ont une place prépondérante dans la vie de nos fidèles. Là se retrouvent des gens en provenance de toutes les parties de l'Egypte, redécouvrant le fait d'appartenir à une seule famille, dans la foi et la vénération des saints. Nous aussi, coptes catholiques, nous rendons en pélerinage dans les sanctuaires orthodoxes et les lieux où selon la tradition, est passée la Sainte Famille.

- Est-il vrai que les musulmans y vont aussi?
- Bien sûr. Ils viennent voir Saint Georges et la Vierge Marie, qui est mentionné dans le Coran comme la plus vénérée d'entre toutes les femmes, et qui pour eux aussi a donné une naissance miraculeuse à son fils, qu'ils considèrent comme le plus grand des prophètes. Donc, la Vierge Marie est un pont d'unité. Et puis, aussi sainte Thérèse de Lisieux. Il y a au Caire une basilique dédiée à Thérèse qui est très fréquentée par les musulmans.

- Vraiment? Et pourquoi?
- Elle est leur sainte préférée. Le sanctuaire se trouve dans un quartier populaire. Il arrive que lorsque quelqu'un est malade, a un besoin urgent, a des problèmes avec le travail ou la famille, il ait un ami ou une amie chrétienne qui lui dit, allons prier Sainte Thérèse. Ils y vont, s'arrêtent devant la statue du saint, allument un cierge et prient avec beaucoup de ferveur. Souvent je les ai vus pleurer. Et les miracles se produisent, et on se les repasse, d'ami à ami. Donc, c'est devenu un sanctuaire fréquenté également par les musulmans et les chrétiens. Il y a aussi des livres en arabe qui racontent son histoire. Une sainte si jeune, si impuissante ... ils l'aiment beaucoup.

...
Fin de la deuxième partie
A suivre.

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