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Témoignage d'un prêtre "Gaudium et Spes"

C'est ainsi qu'il se qualifie lui-même: un prêtre australien, conciliaire hyper-progressiste, heureusement désormais à la retraite. En attendant la réponse argumentée du Cardinal Pell - traduction à venir (14/4/2011)

Un billet de Raffaella m'a amenée sur un site australien.

Le cardinal Pell: le courant libéral, désormais daté, qui a dominé la discussion dans l'après-Concile, n'a pas de suite parmi les jeunes catholiques, pratiquants, prêtres et religieux. La fidélité à l'Evangile croît.

Le site australien s'appelle The swag (il semble que ce terme désigne un sac de couchage australien étanche à l'eau), et se présente comme le "magazine du Conseil national des prêtres d'Australie".
Il m'étonnerait que beaucoup de ces prêtres portent la soutane...
Le texte du Cardinal Pell, intitulé Some Gaudium and No Spes (un peu de joie et pas d'espérance) en référence à la Constitution pastorale sur l'Eglise, du Concile Vatican II, commence ainsi:
"Récemment, je me suis inquiété de l'extrémisme théologique de certaines contributions à The Swag, et je suis heureux de l'opportunité d'une mise au point sur le courant orthodoxe..."

Il s'agit donc d'une réponse à un article paru sur le site en décembre 2010.

L'auteur, Eric Hodgens, de Melbourne, a été ordonné prêtre en 1960, et a pris sa retraite en 2007, mais il semble poursuivre une certaine activité éditoriale... Pas pour le bien de l'Eglise, on va le voir.
Il faut se frotter les yeux pour se convaincre qu'un tel brûlot a pu être écrit par un prêtre catholique. Pas une ligne qui ne suinte la hargne, le dépit, l'aigreur, le mépris, la haine contre la Papauté, et particulièrement Jean-Paul II, aucune référence au sacré. A côté, Jacques Gaillot est une docile brebis, presque un intégriste!
On dit souvent que la cathophobie ambiente passe par une fracture à l'intérieur même de l'Eglise. Ce texte en apporte la preuve.
Mais que font de tels gens dans l'Eglise, où personne ne les retient??
Attention, il s'agit seulement d'un document. Je l'ai traduit par curiosité (car ne maîtrisant pas l'anglais, je dois écrire le texte pour le bien comprendre), et une fois le travail achevé, j'ai pensé qu'il pouvait servir à l'édification des lecteurs. Certains termes théologiques ont pu être maladroitement traduits.
Je n'ai rien souligné, comme je le fais d'habitude pour les passages saillants - en bien ou en mal - d'un texte, car là, le texte aurait été entièrement en gras, ce qui n'aurait bien sûr plus de sens.
Je traduirai dès que possible la réfutation argumentée et bienvenue du cardinal Pell, archevêque de Sidney, et (je crois) fidèle de Benoît XVI.

Réflexions sur le cinquantième anniversaire ( Golden Anniversary) d'une ordination
Texte en anglais: http://theswag.org.au/...
Décembre 2010
Eric Hodgens, Melbourne
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Nous sommes les prêtres "Gaudium et Spes" (ndt: la constitution pastorale "sur l'Eglise dans le monde de ce temps" de Vatican II, dont le titre signifie littéralement "joie et espérance"). Nous sommes, de mémoire d'homme, les plus nombreux à être allés au séminaire. Nous avons été ordonnés entre 1955 et 1975 - deux fois plus nombreux que les besoins de nos paroisses. La plupart d'entre nous étaient de la "génération silencieuse", avec quelques baby-boomers à la fin. Nous avons pris le Concile Vatican II à cœur.
Nous avons évolué de la condition de prêtres (priests) appelés et consacrés par Dieu à celle de prêtres (presbyters) appelés et ordonnés par l'Église - le Peuple de Dieu.

L'œcuménisme est devenu un moyen normal de penser pour nous. Préparés au défi par l'apostolat de Cardijn (Joseph Carijin, prélat belge, nommé cardinal par Paul VI en 1965, fondateur de la JOC ) d'"aimer à aimer", nous avons réussi à éduquer un laïcat nouvellement vital et actif. Nous avons travaillé avec les gens plutôt que pour eux. Nous avons réalisé que le cléricalisme était un mal, pas un bien, et l'avons mis au rebut avec son style et sa culture. Nous avons dirigé des paroisses très actives. Bien qu'âgés, maintenant, beaucoup d'entre nous sont encore en activité. Nos vies presbytérales et pastorales ont été une source de cette expérience extraordinaire - la joie.

Mais pas sans douleur. Nous avons connu l'éveil des des années 60, les passionnantes années 70, les suspectes années 80 , les déprimantes années 90 et l'implosion des années 2000. Durant les années 1980, nous avons pris conscience que beaucoup allait de travers. Les ordinations ont chuté brusquement après 1975. Nous avons commencé à perdre des paroissiens - d'abord à la messe, puis par l'affiliation. Ces deux changements ont des causes sociales variés.

Pire! Des décisions discordantes descendaient du pape. Le célibat sacerdotal, tout en étant très controversé, a été réaffirmée par Paul VI en 1967, sans discussion. En 1968, Humanae Vitae a été une déception catastrophique. La plupart d'entre nous ne l'ont jamais accepté. Paul VI a commencé à nommer les évêques opposés à l'éthos du Concile. C'est en Hollande, qui était devenue pionnière dans la mise en œuvre du Concile, que cela a été le plus évident. Paul VI a tué cette initiative et cela a été encore pire pour nous. La tendance était démoralisante.

Puis vint Jean-Paul II. Charismatique en face des caméra de télévision, doué pour les langues, mais pas dans le coup sur l'Écriture et limité en théologie, mauvais auditeur et roc solide dans son auto-évaluation d'homme au destin choisi par Dieu. Sa vie entière s'était déroulée dans l'Eglise persécutée de Pologne, avec sa mentalité d'Eglise-forteresse figée dans le temps.

Le dialogue ouvert entre l'Eglise et les nouvelles idées, les valeurs découlant de nouvelles connaissances dans la critique biblique, la théologie, la psychologie, la sociologie, l'anthropologie, tout cela fut stoppé net. De nouvelles découvertes scientifiques en génétique ont été traités avec méfiance et leur application en général condamnée. Les mœurs sexuelles ont été promues au sommet de son panorama du péché - une obsession pour lui.

Le pouvoir corrompt. L'histoire de la papauté le montre de façon prééminente. Des potentats sans contrôle croient en leur propre propagande. Poussé à l'extrême, ils prétendent à l'infaillibilité. Pie IX força Vatican I, en institutionnalisant une telle revendication. Depuis, une infaillibilité rampante a entraîné le pape et sa curie théologiquement limitée à voler le terme «magistère» à ses véritables propriétaires - le collège des théologiens professionnels. Comment pouvez-vous en conscience donner votre assentiment d'esprit et de cœur à des politiques établies sans débat théologique, consultation, transparence ou responsabilité? Dans un gouvernement moderne, dans les affaires, cela serait jugé contraire à l'éthique.

La soif de Jean-Paul II pour le pouvoir se montra très tôt et prit des proportions monumentales. Ne rendant de comptes à personne, Jean-Paul II se dressa contre toute autre opinion que la sienne et priva de nombreux représentants d'opinions alternatives, d'enseignement et d'édition. Son exécuteur le plus puissant était Ratzinger, chef de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (CDF). D'autres dicastères romains se joignirent à ce mouvement.

Le CDF est l'euphémisme courant pour l'Inquisition. Fidèle à ses racines médiévales, il suppose que le pape est autorisé à imposer son point de vue. Il conduit ses délations et ses procédures dans le secret. Dans le monde sécularisé d'aujourd'hui, il s'agit d'une violation des droits de l'homme.

La censure théologique se justifie elle-même comme la quête de la vérité et se pose en championne de la vérité. En fait, elle est l'ennemi de la découverte de la vérité car la discussion est devancée. Le monde séculier contemporain comprend cela, et à bon escient consacre comme valeur centrale la liberté de parole et de débat. L'Eglise, pire que toute autre entreprise, est sujette à l'erreur quand elle rejette cette valeur.

Chacun d'entre nous est maltraité par ce procédé. Le prêtre qui va au charbon n'est pas consulté, il est donc, avec mépris, tenu de défendre des politiques auxquelles lui et son peuple ne croient pas.

Jean-Paul II a également imposé une grande partie de sa dévotion personnelle à l'Eglise dans son ensemble. Malgré Vatican II il a effectivement mis fin au rite tiers de la Pénitence (?), fait marche arrière sur une théologie dynamique en plein essor de l'Eucharistie, par le retour à la dévotion et l'accent mis à nouveau sur la présence réelle statique, renforcé une dévotion déformée à Marie basée sur une théologie fondamentaliste et introduit des dévotions particulières telles que celle de Soeur Faustine de la Divine Miséricorde, dévotion qui mine Pâques - point culminant de notre année liturgique.

Un plus grave abus de pouvoir de Jean-Paul II a été sa nomination des évêques. Les nommées devaient être des clercs, dociles et en accord total avec ses opinions personnelles (ndt: quand on pense à Mgr Gaillot, ceci est un mensonge particulièrement odieux!!!). Cela a émasculé le leadership de l'Église. Les rangs épiscopaux sont aujourd'hui faibles en créativité, leadership, éducation et même intelligence. Beaucoup sont issus des rangs de l'Opus Dei - réactionnaires, autoritaires et décidément peu créatifs. Beaucoup, souvent au sommet de l'arbre hiérarchique, sont extraordinairement ignorants dans tout ce qui concerne les connaissances récentes sur les Écritures, la théologie et des disciplines scientifiques. Beaucoup sont des classiques employés d'entreprise. Quelques-uns parmi les plus intelligents et les plus instruits semblent avoir vendu leur âme pour l'avancement. Peuvent-ils vraiment croire la ligne qu'ils suivent? La politique ecclésiastique l'a emporté sur l'intégrité. Et quand ces hommes sont nommés comme chefs des prêtres sans aucune consultation, cela devient un acte patent de mépris.

Pire encore, cela s'est produit durant une période où le sacerdoce a compté sa plus forte proportion de dirigeants intelligents, instruits et compétents. Ce sont ces qualités qui les ont évincés des nominations, sous ce régime à œillères, mais puissant. Notre meilleure chance a été manquée. Aujourd'hui, les rangs de la prêtrise sont épuisés en raison du faible recrutement au cours des quarante dernières années. Le réservoir à partir duquel les futurs évêques doivent être choisis est très peu profond.

Une nouvelle critique laïque interroge sur la politique, mais ne reçoit pas de réponses. Pourquoi les femmes ne peuvent pas être des leaders dans l'Eglise? Pourquoi les prêtres doivent-ils rester célibataires? Quel est le problème avec la contraception? Pourquoi tenir à l'écart les divorcés remariés? Pourquoi cette préoccupation salace des mœurs sexuelles? Pourquoi les progrès scientifiques sont-ils toujours soupçonnés d'être mauvais? Pourquoi ne pas reconnaître la réalité de l'orientation homosexuelle - et les conséquences sociales de cette reconnaissance? N'avons-nous rien appris de l'affaire Galilée - ou du traitement de Teilhard de Chardin? Ne peut-on échapper à la mentalité du Syllabus des erreurs?

Benoît XVI a poursuivi le revirement du Concile Vatican II. Il impose une nouvelle traduction en anglais du Sacramentaire sur une circonscription anglophone résistante. Cela peut très bien se retourner contre lui, parce que de nombreux prêtres ne vont pas l'appliquer. Benoît XVI a accueilli le retour des évêques schismatiques de la Fraternité Saint Pie X. Il a encouragé la messe tridentine en latin. Il a réintroduit la communion à genoux et sur la langue à ses messes publiques - autant de pointeurs délibérés de la régression de l'esprit de Vatican II. Pour les prêtres qui ont embrassé le Concile Vatican II, ce sont autant d'insultes emblématiques.

Puis il a le toupet de décréter une année sacerdotale en 2009 avec St Jean Vianney comme patron. Beaucoup (de prêtres) se sont sentis joués. La célébration de l'importance des prêtres dans l'église est démentie par le mépris avec lequel ils sont traités. Comment Rome peut-il faire appel à la repentance des prêtres quand il est si récalcitrant, si lent à admettre ses propres échecs? Comment peut-il être sérieux en soulignant l'importance du prêtre comme confesseur quand il est clair que la confession a presque disparu de la vie de l'Eglise? Comment peut-il conseiller des heures d'adoration du Saint-Sacrement quand la plupart des prêtres ont évolué depuis cette théologie de l'Eucharistie statique vers un processus dynamique - avec Vatican II ouvrant la voie? Comment peut-il pousser les prêtres à une prière plus intense quand il ne montre aucun signe d'un changement de coeur ou d'attitude - le véritable indicateur que la prière est efficace?
Nous avons considéré comme normaux le monde et l'Eglise dans lesquels nous avons été ordonnés. En réalité, l'appartenance religieuse de cette époque était anormalement élevée. La participation à la messe et aux sacrements, les vocations sacerdotales étaient à un haut niveau. Le renversement qui a commencé dans les années 60 devait arriver. Mais avec Vatican II, nous avions les outils pour gérer la nouvelle situation. Un groupe important de prêtres étaient prêts à relever le défi. Ils n'en ont pas eu l'opportunité. Les ordres d'en haut ont été de se retirer dans la forteresse et de chanter les vieux chants. Au lieu d'embrasser la nouveauté, ils ont laissé passer l'occasion et nous a laissé à sec - et déçus.

Dans le monde occidental, les prêtres témoignent encore un fort taux de satisfaction, dans les enquêtes. Ils apprécient généralement leur job, et ils le font bien. C'est parce qu'ils sont heureux dans leur petit lopin. Mais ils se sentent trahis par le pape et les évêques. Si vous leur demandez ce qu'ils pensent des pouvoirs en haut, et où le show officiel va, vous obtenez une réponse très différente.





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