Articles La voix du Pape Livres, DVD Sites reliés Recherche Saint-Siège
Page d'accueil Articles

Articles


Noël Les collages de Gloria Bénin Blasphème au théâtre Indignés Assise Allemagne (suite) 2011: L'Année Benoît

La Révolution Benoît

Armin Schwibach, le correspondant à Rome de KATH.NET, résume ainsi ces quatre jours inoubliables: «Les jeux sont faits». Soit l'Eglise allemande suit le Pape, soit elle consolide un schisme existant de facto. Le testament du Pape est le défi absolu qui va déterminer l'avenir de l'Eglise allemande (2/10/2011)

Ce texte (original en allemand ici: http://www.kath.net/detail.php?id=33269 ) a été traduit en anglais par mon amie Teresa (http://freeforumzone.leonardo.it/)

C'est cette version que je traduis ici en français.

LA RÉVOLUTION BENOÎT
par Armin Schwibach
-------------------
Il n'y a aucun doute que le voyage allemand du Pape Benoît XVI a été un événement historique. Ce que le Pape a dit et fait est comme une pierre brûlante jetée dans une mare boueuse incapable de chauffer jusqu'à l'ébullition. Mais la pierre est si chaude que même dans l'eau fangeuse, elle continue à brûler.
Cependant, la mare boueuse doit être nettoyée, pour que la lumière du nouvel éclat de la foi que le Pape proclame puisse en atteindre le cœur et entreprendre le renouveau désiré.
Bien sûr, les paroles du Pape ne s'appliquent pas seulement à l'Allemagne. Le Pape parle toujours à l'Eglise universelle. Mais dans un pays sécularisé, ses paroles prennent une saveur particulière, surtout quand elles sont adressées à une Église qui doit en son sein lutter contre sa propre sécularisation auto-infligées.
Au-delà des mots, de l'inspiration et de l'enseignement du Pape, il est devenu clair lors de la visite qu'il y avait une grande distance entre la vérité de la foi que le Pape a prêchée et la réalité de l'Eglise qui l'entourait - comme le "jeu démocratique" d'un goût douteux qui a précédé la veillée de prière avec les jeunes à Fribourg le samedi soir (1), ou la façon dont les gens ont reçu la communion à la messe le lendemain. La différence entre la célébration de l'Eucharsistie par le Pape et la façon de faire des autres n'a jamais été aussi clairement démontrée que durant ces quatre jours.

Ce qui est également très vite devenu évident, c'est ce que Benoît XVI pense du «processus de dialogue» si-souvent avant la visite - c'est-à-dire: rien. Un des mots les plus utilisés avant la visite, «dialogue» n'est jamais sorti de la bouche du Pape au cours de la visite. Ceci dans un pays où l'Église a programmé un «processus de dialogue» qui doit se poursuivre jusqu'en 2015, un processus conçu en termes de simples structures, suivant les schémas habituels du monde. Au contraire, Benoît XVI a confirmé l' «échange inégal» entre Dieu et l'homme, pour lequel l'Eglise rend grâce au Seigneur. L'accent a été mis sur cet échange «inégal». Le Pape a souligné la nécessité d'une «dé-mondanisation» de l'Église comme condition de tout «changement» réel - pas seulement mettre de la peinture fraîche sur du bois pourri pour donner l'apparence de quelque chose de «nouveau».
En d'autres termes, le changement doit concerner la substance, qui ne peut résulter de manœuvres complexes, parce que «la motivation fondamentale du changement est la mission apostolique des disciples et l'Eglise elle-même». Autrement dit, l'Eglise «doit constamment se consacrer à nouveau à sa mission», a dit le Pape dans son dernier discours, dimanche, au Konzerthaus de Fribourg.
Cette mission «se construit, avant tout sur l'expérience personnelle», elle «trouve son expression dans les relations», et répand un message universel. Mais à travers les exigences et les contraintes du monde, prévient Benoît, «ce témoignage est constamment obscurci, les relations sont aliénées, et le message est relativisé». Et c'est pourquoi l'Eglise a un besoin urgent de se démarquer de son milieu, de se «dé-mondaniser» (texte ici). C'est pourquoi on ne doit pas être tellement préoccupé par l'image extérieure de l'Eglise, mais plutôt puiser au mystère de l'Eglise , à la profondeur de sa communion avec le Christ. Ce n'est pas quelque chose qui est facilement disponible, et cela ne peut jamais être l'objet de 'dialogue'.

Au Stade Olympique le Pape a dit dans son homélie, que si on regarde seulement la forme extérieure de l'Eglise, «l’Église apparaît alors seulement comme l’une des nombreuses organisations qui se trouvent dans une société démocratique, selon les normes et les lois de laquelle le concept 'Église' qui est difficilement compréhensible en lui-même, doit ensuite être jugée et traitée».
Alors, «l'Église n'est plus une source de joie», et «l'insatisfaction et le mécontentement commencent à se répandre, quand les notions superficielles et erronées de l'Eglise qu'ont les gens, leurs propres "reves d'Eglise", ne se matérialisent pa».

Résultat: adieu, processus de dialogue. En d'autres termes: utiliser le processus de dialogue comme point culminant pour commencer le renouveau la vie de l'Eglise, c'est placer la charrue avant les boeufs. Parce que membres de l'Église doivent d'abord se tourner vers Dieu, ne serait-ce que pour le remercier de les avoir appelé à son Église.

Les paroles du Pape à Berlin, à Fribourg au Comité central des catholiques allemands (ZdK), et enfin à toute l'Eglise, au Konzerthaus, marquent une étape importante: maintenant, il ne sera plus possible de se cacher derrière des commissions, des comités et des groupes de dialogue.
Comme le Christ, son vicaire pose la question décisive à laquelle on ne peut pas répondre «structurellement»: Aimez-vous le Christ? Aimez-vous son Église, qui est son Corps mystique?

Benoît XVI nous presse de considérer sérieusement l'indispensable «scandale» du christianisme afin de «découvrir la forme juste de détachement du monde, de s'éloigner résolument des mondanités de l'Eglise ». Cela ne signifie pas rejeter, ni renier le monde, mais avec la vraie liberté que les chrétiens ont, se débarasser du poids des conventions, afin de communiquer la vitalité et le témoignage chrétien authentique. Cela ne signifie pas se retirer du monde, mais son contraire.

Nous n'avons pas besoin de stratégie, a dit Benoît XVI au Konzerthaus, pour relancer l'Eglise. «Il s’agit plutôt de déposer tout ce qui est uniquement tactique, et de chercher la pleine sincérité, qui ne néglige ni ne refoule rien de la vérité de notre aujourd’hui, mais qui réalise pleinement la foi dans l’aujourd’hui, la vivant justement, totalement dans la sobriété de l’aujourd’hui, la portant à sa pleine identité, lui enlevant ce qui est seulement apparemment foi, mais qui n’est en vérité que convention et habitude ».

La Révolution de Benoît est entrée dans une phase nouvelle et encore plus expressive. Le Pape veut la radicalité, la passion et un retour au Roc primordiale de la foi, parce que c'est seulement à partir de cette foi que tout le reste suivra. Il exige une honnêteté totale «qui expose tout ce qui est relatif et qui l'élimine en allumant "le flambeau de la foi pure et simple"».

C'est seulement à travers une telle foi sans tache que nous rétablirons la primauté de Dieu, qui n'est pas un résultat mais un fondement. «C'est avant tout la primauté de Dieu qui nous devons récupérer dans notre monde et notre vie, parce que c'est cette primauté qui nous permet de trouver la vérité sur qui nous sommes, et c'est en connaissant et suivant la volonté de Dieu que nous trouvons notre véritable bien », disait Benoît XVI à Ancône dernière le 11 septembre.

En Allemagne, Benoît XVI a montré qu'il est un prophète. Ses avertissements et ses instructions font venir immédiatement à l'esprit son grand et saint prédécesseur Grégoire VII: grâce à ses réformes, une Eglise auparavant malade atteignit une nouvelle floraison et une nouvelle sainteté. Il faut espérer que la tempête révolutionnaire que Benoît XVI a cherché à susciter ne sera pas étouffée dans la banalité du quotidien.
Ce serait commode pour beaucoup s'ils pouvaient tout simplement cocher la visite du Pape allemand comme rien de plus qu'un «spectacle» qui est à présent terminé, et continuer avec le statu quo ».
Il faut espérer qu'il y ait un certain terrain qui a absorbé les mots du Pape comme une éponge sèche, afin qu'il puisse devenir à nouveau fertile. Il faut espérer que ce terrain va continuer à être gardé par le berger et qu'il ne sera pas oublié par le Pape (ndt: Teresa met à juste titre des points d'interrogation. Mais je crois que l'auteur fait référence au Pape, et pas spécifiquement à CE Pape).
Dans le même temps, il sera plus difficile pour beaucoup de rester indifférent aux paroles de Benoît XVI. Le petit "résidu" qu'est en Allemagne son troupeau fidèle est appelé à aller de l'avant cum et sub Petro (avec et sous Pierre) et à mettre en œuvre les enseignements du Pape dans l'Eglise allemande.
Le testament et l'héritage de Benoît XVI, c'est la possibilité d'aller de l'avant avec lui dans les fondements solides de la foi et de faire de lui le point de départ pour le renouveau authentique. Tout le reste ne serait que palabres banales dans une Église qui a la mission d'annoncer «le scandale de la Croix», mais qui a succombé à l'illusion qu'il est attrayant de se rendre au monde et de brader la vérité.
On pourrait dire, «Les jeux sont faits»: Soit l'Eglise allemande suit le Pape, soit elle consolide un schisme existant de facto. Le testament du Pape est le défi absolu qui va déterminer l'avenir de l'Eglise allemande.



Note

(1) Nous en avons parlé ici: http://benoit-et-moi.fr/ete2011/.
Proliturgia publie encore un texte issue du même site Kath.net:

* * *

Le prologue a la soirée avec les jeunes à Freiburg, ou comment l’Eglise d’Allemagne réduit à néant toute la peine que se donne le Pape Benoit XVI
Un commentaire du Père Engelbert Recktenwald.
(texte en allemand ici: http://www.kath.net/detail.php?id=33282)

« Fribourg, j’y étais ! Et lorsque j’arrivai ce samedi soir peu avant 18h sur cette place où devaient se dérouler, à partir de 19h, une veillée en présence de Benoît XVI, ce fut pour moi un moment clé, un moment qui me fit percevoir clairement à quel point l’Eglise d’Allemagne s’acharnait à réduire à néant tout ce qu’entreprenait le Pape pour susciter un nouvel élan de la foi dans notre pays. Dans le cadre du programme officiel précédent cette veillée, deux animateurs avaient organisé un sondage auprès des milliers de jeunes présents sur les lieux. Depuis la scène, et à l’aide de micros et haut-parleurs audibles sur toute l’étendue du lieu de rassemblement, ils posaient leurs questions : « L’homosexualité est-elle un péché ? Les femmes doivent-elles être ordonnées prêtres ? Peut-on s’attendre à ce que le Pape annonce des réformes de l’Eglise ? » Les jeunes pouvaient répondre par « oui » ou « non » en brandissant des sortes de cornets verts ou rouges, qui avaient été distribués dans ce but. Le magazine « Spiegel » avait bien sûr sauté sur l’occasion et s’était régalé de cette gourmandise qui lui était offerte sur un plateau : « Les jeunes ont voté : beaucoup de rouge pour le Pape Benoît, à peine un peu de vert ».
C’est ainsi que dans le diocèse même du Président de la Conférence Episcopale allemande, les jeunes ont été encouragés, non pas à scruter d’un cœur attentif les paroles du Pape, mais à faire part de leurs réserves vis-à-vis de l’enseignement de l’Eglise Catholique et de juger le Pape à l’aulne de leurs critiques.
Il paraît évident que les participants à ces Veillées, souvent encore très jeunes et s’étant encore très peu confrontés à ces questions, ont été manipulés dans le sens des revendications ainsi formulées. Sans doute ce sondage aura-t-il été le déclencheur de leur positionnement critique envers le Pape. Implicitement, on leur a suggéré que le Pape pouvait être jugé selon la loi de la majorité.
Faut-il penser que Mgr Zollitsch, responsable en dernière instance de cette manifestation, ne contrôle plus son Eglise ? Ou bien trouve-t-il la méthode bonne ? Lui seul peut répondre à cette question. » (Source : Kathnet. Trad. MH/APL)

L'Abbé Carmignac contre Rudolf Bultmann L'échec du protestantisme libéral.