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Hollande: ce que dit vraiment le rapport

Carlota a traduit l'article d'un jeune blogueur espagnol qui a eu l'idée de décortiquer le rapport de la commission d'évaluation sur l'ampleur des abus sexuels sur mineurs commis par des membres de l'Eglise en Hollande. De quoi moduler ce qu'en ont dit les media. (18/12/2011)

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Carlota


Évidemment en Espagne comme en France, toujours la même presse prend plaisir à diffuser l’information sur l’horrible comportement de certains prêtres hollandais (et malheureusement ce n’est pas forcément par empathie pour les victimes), alors qu’elle ne s’émeut pas, dans le même pays, des équipes volantes chargées de l’euthanasie des personnes âgées (des « escadrons de la mort » nouvelle formule ?), sans parler de l’industrie de la contraception et de l’avortement où des bébés sont écartelés et parfois jetés encore vivants dans les poubelles de sous sols sordides d’hôpitaux.

José Miguel Arráiz, ingénieur espagnol en informatique, a commencé à écrire sur la toile en 1998 « pour diffuser la foi catholique dans son intégralité en protégeant les enfants de l’Église du protestantisme, du syncrétisme et du relativisme » (Il parle en connaissance de cause du fait du prosélytisme notamment des églises néo-protestantes d’origine anglo-américaines, du syncrétisme que reprend de l’importance dans la zone Caraïbe et le Brésil, mais aussi dans le cadre de revendication indigénistes, sans parler du relativisme de plus en plus officiel qui combat le patrimoine culturel catholique). Il a fait une analyse de la diffusion de l’information sur ce qui s’est passé en Hollande.
Original ici: http://apologeticacatolica.org/

Hollande, ce que dit vraiment le rapport sur les abus sexuels sur mineurs
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Le rapport final de la commission indépendante d’évaluation de la portée des abus sexuels sur des mineurs en Hollande dans l’Église catholique a été présenté récemment, et la façon dont il a été présenté par différents médias a été, à mon avis, malheureuse, avec dans certains cas des affirmations imprécises, et dans d’autres en présentant les faits de manière incomplète.

Un exemple de ces nouvelles, nous l’avons dans le journal “El mundo” qui titrait « Des dizaines de milliers d’enfants ont souffert d’abus sexuels dans l’Église hollandaise » , repris par Infocatolica: « Des dizaines de milliers de mineurs ont souffert d’un type d’abus sexuels par des membres du clergé catholique hollandais », et un autre journal comme Publico.es en est même arrivé à écrire « L’Église hollandaise a abusé de dizaine de milliers de mineurs ».

Du fait de cette manière de présenter les faits, beaucoup d’ennemis de l’Église Catholique en ont profité pour s’en prendre à elle et la dénigrer. Un exemple est donné dans des commentaires laissés sur ce même portail par des témoins de Jéhovah plein de ressentiments :

[…Ndt j’en cite au moins un:
« L’église catholique hollandais demande pardon pour des milliers d’abus d’enfants. L’Église Catholique belge paiera pour des abus commis sur des mineurs. Justifie (ndt il s’adresse à l’auteur du blogue) tous ces actes, voyons si tu peux. Pédophilie à l’échelon mondial. L’Église Catholique ne peut pas être le chemin vers Dieu ».
(...)
Un autre, également émanent d’un témoin de Jéhovah met en cause le célibat des prêtres.]

Des commentaires comme ceux-là, reflètent l’importance d’un traitement précis de ce type d’informations, pour ne pas donner des munitions aux ennemis de l’Église.

Qu’est ce qu’il a manqué à ces informations ?
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Voir une traduction du résumé du rapport présenté sur le site même de la commission d’enquête [L’auteur donne un résumé dans une traduction non officielle en espagnol ici] et la version anglaise sur le site de la commission ici.

* * *

Dans le rapport il est souligné que :

1. Il n’y a pas eu plus d’abus sexuels dans les institutions catholiques que dans les institutions non catholiques.
C’est important de le mettre en avant car le même rapport signale que l’impression créée dans les médias n’est pas en adéquation avec la réalité. À ce sujet il signale :

« Impression créée dans les médias :
L’impression créée dans les médias autour de ces abus doit être examinée pour certains aspects importants, en partie sur la base de l’enquête:
-> Premièrement, l’impression de ce que les abus sexuels sur des mineurs se sont produits principalement à l’intérieur de l’Église Catholique doit être examinée.
Les abus sexuels sur mineurs ont largement eu lieu dans la société hollandaise.
->
Deuxièmement, les abus sexuels n’ont pas eu lieu principalement dans les institutions d’éducation, bien qu’ils semblent avoir été un problème spécifique en relation avec les institutions d’éducation. Comme la commission d’enquête l’a fait observer auparavant, le risque d’abus est plus grandà l’intérieur d’une institution que dans d’autres lieux. Cela s’applique aux institutions en général et non pas spécifiquement aux institutions de l’Église Catholique Romaine.
-> Troisièmement,
il existe une divergence entre la représentation de la nature et de la gravité des abus dans les médias, et les conclusions de la Commission d’enquête.

Jusqu’à maintenant, aucun des articles n’a informé de cette divergence, et le résultat est que cela peut aider à renforcer le moule de l’opinion si faussement diffusée que les abus sexuels ont lieu dans une plus grande proportion à l’intérieur de l’Église Catholique que dans d’autres institutions ou confessions religieuses.
Il y a aussi une divergence entre la nature et la gravité des abus dans l’opinion publique même si le rapport signale qu’il traite de tous les contacts sexuels réels, qu'il s'agisse de toucher les seins ou les parties génitales, ou de baisers avec une intention sexuelle, et pas uniquement les contacts qui comprennent un type de pénétration. [ndt : Terrible époque où il faut en arriver à parler comme si l’on faisait un rapport de gendarmerie ou de médecin légiste!!!!]

Le même rapport finalement conclut:
“L’ampleur des abus sexuels sur des mineurs dans l’Église Catholique dans la période 1945-2010 est relativement petite en termes de pourcentage, mais c’est un grave problème en termes absolus.

2. Le célibat comme « bouc émissaire »

Une autre donnée importante du rapport dont les différents médias n’ont pas fait mention, c’est l’incidence du célibat sur les abus. Cela a donné lieu à ce que des gens désinformés finissent par donner le célibat comme cause des abus (comme le témoin de Jéhovah qui parle à tort et à travers au début – Ndt je n’ai pas traduit son « intervention » mais en ai simplement fait mention).
Pourtant le rapport à ce sujet est aussi très clair :

« La question du célibat:
Le célibat est un sujet important car la question s’est posée de savoir s’il pouvait être un facteur d’explication de la présence d’abus sexuels dans l’Église Catholique. Il n’y a aucune évidence scientifique pour soutenir cette affirmation, tellement exprimée dans les médias [..]. Cette affirmation supposerait que les abus sexuels arrivent d’une manière significative plus souvent dans l’Église catholique que dans d’autres contextes similaires (institutions non catholiques). Cependant ce n’est pas le cas, à en juger par les résultats de l’enquête réalisée par TNS NIPO pour la commission d’investigation ».

Plus loin, il ne considère pas inconcevable que les problèmes dont il est question ne se seraient pas produits, ou dans une moindre mesure, sans l’obligation du célibat, mais le fait est qu’il n’y a aucune preuve qui montrerait qu’il serait un facteur de cause des abus.

3. Abus commis par des membres du « clergé catholique »

Une autre imprécision est d’attribuer les abus à « l’Église » et seulement aux « membres du clergé catholique ». Parmi les présumées 800 personnes ayant commis un délit mentionné par le rapport, il est spécifié qu’on fait référence à «des Représentants de l’Archidiocèses : prêtres, religieux, personnes de la pastorale employées par l’église, des laïcs et des volontaires qui travaillent pour l’Église ». De la façon dont a été présentée la nouvelle, l’on comprend que les personnes ayant commis un délit sont exclusivement des prêtres et des religieux, quand le rapport inclut des employés laïcs (des maîtres, des personnes chargées des soins, etc.) et même des volontaires qui ont travaillé pour l’Église Catholique.
Il est certain que tous ces abus sont le fait de personnes en charge de responsabilité à l’intérieur de l’Église (ndt d’institutions plutôt), mais pas seulement le fait de prêtres et de religieux.
Il faut aussi noter que beaucoup de ces abus sont le fait de personnes ayant des problèmes psychologiques qui ne les rendaient pas aptes à de telles charges, et bien que les directives romaines aient été très claires à cet égard, elles ont été ignorées des autorités :

Souvent, des problèmes psychologiques n’ont pas été un obstacle pour leur admission à l’ordre. Cette politique non écrite a été contraire aux directives romaines relatives à la sélection des candidats, tout au moins si les problèmes psychologiques étaient aussi en relation avec la sexualité ou se sont exprimés dans la conduite sexuelle physique ».

4. Sur les « dizaines de milliers de victimes ».

Il est important de placer aussi l’expression “des dizaines de milliers de victimes” dans son contexte. Voilà ce que dit le rapport :

« Le nombre de victimes ayant été élevées comme catholiques romains, et ayant passé une partie de leur jeunesse dans une institution catholique romaine, qui ont rapporté avoir été abusées sexuellement par un transgresseur qui travaillait au sein de l’Église Catholique avant leurs 18 ans, durant la période comprise entre 1945 et 1981, est approximativement de 10 000 à 20 000. Leurs expériences va du plus léger au plus grave.
Le nombre total de personnes qui ont rapporté des abus sexuels dont les auteurs travaillaient au sein de l’Église Catholique dans la période de 1945 à 1981 arrive à plusieurs dizaines de milliers. On peut supposer que plusieurs milliers de ces victimes ont souffert d’abus graves ».

D’abord, l’on doit faire la différence entre le simplement « rapporter un abus » et l’abus perpétré en lui-même. Le même rapport comprend une section réservée aux cas plausibles mais non démontrés.

« Présomption d’innocence : la distinction entre les auteurs et les délinquants.
L’usage du terme « auteur » ne doit pas être pris comme impliquant que la Commission d’enquête considère ces personnes, - dans la mesure où elles peuvent être identifiées - comme réellement coupables d’un délit dans le sens juridique strict du terme. En d’autres termes,
la Commission d’enquête adhère explicitement à la présomption d’innocente et fait la distinction entre un délinquant - celui dont on a prouvé la culpabilité dans un délit au sens juridique du terme - et un auteur, dont la culpabilité n’a pas été démontrée dans la réalité. Cela est conforme aux définitions utilisées dans d’autres études et publications, parmi elles celle du Centre de la Hollande pour le Développement Social (Movisie) et l’institut Trimbos qui réalise des enquêtes sur la santé mentale. La Commission de recherche base sa conclusion sur la plausibilité d’un incident particulier, sur la cohérence de la plainte sur un incident qu’ils entrent dans le cadre de cette étude en lien avec , ou dans le contexte d’autres résultats de l’enquête.

Évidemment, il peut y avoir eu des abus non répertoriés, ainsi que des abus répertoriés qui n’ont pas réellement eu lieu. Le rapport établit simplement des rapprochements sur la base de faits plausibles.
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Le douloureux
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Ce qui est lamentable, c’est que, comme en Irlande, les évêques hollandais n’ont pas agi de façon correcte dans l’intérêt prioritaire des victimes. Jésus le disait déjà:
« celui qui scandalisera l’un de ces petits qui croit en moi, il vaut mieux qu’on lui accroche au cou l’une de ces pierres de moulin que meuvent les ânes et qu’on le fasse couler au plus profond de la mer. Malheur du monde par les scandales ! C’est forcé, certainement, que viennent des scandales, mais, malheur de cet homme par qui le scandale arrive ! (Mathieu 18, 6-7) et cela inclut avec une sévérité spéciale ceux à qui a été confié le soin du troupeau du peuple de Dieu et qui n’ont pas été suffisamment diligents ou même ont couvert les coupables. Ces lignes, je ne les écris pas précisément pour justifier ceux qui ont exercé d’une façon indigne leur ministère, lesquels devraient déjà présenter leur démission, se remettre à la justice et faire pénitence et réparation durant ce qui leur reste de vie. Par leur faute les victimes ont souffert un mal quasi irréparable, par leur faute l’Épouse du Christ est dénigrée, par leur faute beaucoup de bons et de saints prêtres et religieux seront marqués de la culpabilité, par leur faute l’Église qui est la lumière du monde brille moins.

Que des choses mauvaises ont eu lieu, sans aucun doute, que maintenant des mesures sont prises pour mieux faire les choses, je pense que oui. Un exemple en est ce rapport demandé par l’Église elle-même à une commission indépendante, pour tenter dans la mesure du possible d’indemniser les victimes et leur prêter l’aide nécessaire, même pour des cas où les délits sont légalement prescrits (parce que ils ne peuvent être prescrits par Dieu).

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