Benoît XVI, le lion de l'Eglise

Au retour du Liban. L'éditorial de Il Sussidiario compare le Pape à Léon le Grand . Comme lui, grand prédicateur, qui a cherché à s'opposer à la barbarie (17/9/2012)

Benedetto, Leone della Chiesa (1)
Massimo Camisasca (*)
Il Sussidiario, 17/9/2012
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Plus le temps passe de ce pontificat, plus je suis convaincu de la similitude entre le pape Benoît XVI et un très grand Pape et Père de l'Église du cinquième siècle: Léon le Grand (2). Ces deux papes sont passés ou passeront dans l'histoire pour leur prédication simple et profonde, capable de révéler la qualité permanente des mystères chrétiens. Tous deux resteront dans l'histoire pour avoir tenté d'arrêter la barbarie. Léon le Grand, au-delà de ce qui s'est passé historiquement, ne s'est pas limité à arrêter Attila. Il a jeté les bases pour l'insertion de ces nouvelles forces positives au sein du chemin de l'Eglise.
De même Benoît XVI agit pour essayer d'arrêter les forces du mal et donner une nouvelle énergie positive aux facteurs positifs de l'histoire. Il n'est donc pas surprenant qu'il existe deux principaux fronts dans la bataille: le dévoilement du vrai visage de Dieu et l'affirmation de la véritable tâche de la raison.

D'une part, le vrai visage de Dieu.
Contre l'intolérance, Papa Benedetto revient sans cesse, depuis sa première encyclique sur Dieu comme amour, comme Celui qui cherche l'homme, qui veut le renouveler, lui pardonnant et créant sans cesse la communion sur la terre. Son cri contre le fondamentalisme, qui a marqué le début, mais ensuite tout le cours de son voyage au Liban, est de ce point de vue emblématique. Sur les traces d'Augustin, Joseph Ratzinger combat toute identification entre la foi et la politique, voit tout le mal qui peut venir aujourd'hui de l'affirmation d'un Dieu enrôlé et identifié avec la guerre et, en fin de compte, la mort. D'autre part, le pape est parfaitement conscient que pour réaliser la coexistence, il faut le respect de l'identité. Rien ne lui est plus contraire qu'une tolérance qui réduit à l'insignifiance la contribution de la foi dans l'histoire de l'homme.
D'où son cri: « Lorsque l'on nie Dieu, on tue aussi l'homme. Lorsque l'on exclut Dieu de la société, et pas seulement des cœurs, on pose les prémisses de la haine, la violence, la guerre et la destruction. Quand la raison prétend être l'instrument de l'affirmation de l'homme contre Dieu comme Seigneur de l'histoire, là commence une histoire de la mort de l'homme» .
C'est pourquoi le Pape propose le Liban, terre où sont encore possible la coexistence et le respect mutuel, comme d'exemple à tout le Moyen-Orient, un exemple qu'à la fois l'Occident que les milieux intolérants de l'islam ont essayé de détruire. Tout cela constitue les raisons pour lesquelles Benoît XVI, sans relâche, cherche un dialogue avec les communautés qui sont les plus ouvertes aux raisons de la coexistence et de la construction commune.

L'Islam occupe une part importante de la scène politique mondiale, surtout après la fin de la guerre froide. Il est capable d'offrir à des peuples entiers des raisons de vivre et même d'affronter la mort. Il offre du travail, des liens affectifs importants. Mais, comme toute réalité humaine, il porte en lui contradictions et blessures. Ainsi, nous voyons des millions de personnes contester dans l'islam les promesses de bonheur offertes par le capitalisme, pour trouver un chemin plus respectueux de l'homme et de l'existence de Dieu. Mais en même temps, nous voyons des franges importantes du monde musulman capables d'influencer la majorité dans des nations en prêchant la violence et la guerre et les attentats terroristes. Dans ce contexte dramatique se joue une grande partie de l'avenir du monde. Là se situent la prédication et l'oeuvre de Benoît, dont la visite au Liban a été un moment particulièrement significatif.

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(1) Jeu de mot intraduisible. En italien, "leone" se traduit par lion, et le prénom Léon.
(2) Saint Léon 1er le Grand, pape de 440 à 461
Voir la catéchèse que lui a consacré Benoît XVI, le 5 mars 2008
http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2008/documents/hf_ben-xvi_aud_20080305_fr.html

(*) Massimo Camisasca
Supérieur Général des Missionnaires de Saint Charles Borromée.
Massimo Camisasca est né à Milan en 1946. Il a été ordonné prêtre en 1975. La rencontre qui a marqué sa vie, alors qu'il avait 14 ans, fut celle avec Don Luigi Giussani. Responsable d'abord de la Jeunesse Catholique, puis de Communion et Libération, il a été Professeur à l'Université catholique de Milan, et à l'Université pontificale du Latran; il a été aussi directeur adjoint de l'Institut Jean-Paul II pour les Etudes sur le Mariage et la Famille. Il a fondé en 1985 la Fraternité Sacerdotale des Missionnaires de Saint Charles Borromée, dont il est le Supérieur.