Bruegel, le moulin de la Croix

Le film, esthétiquement très beau, de Lech Majewski, est programmé sur Canal + le jour de Noël, en même temps qu'"Agora" - dont nous avons déjà dénoncé les licences avec l'histoire et la christianophobie. A partir d'une interviewe du réalisateur, sur le site Religion en Libertad, Carlota se demande si le politiquement correct ne se cache pas, de façon très subtile, là où on ne l'attend pas forcément… (22/12/2012)

Certes, le cinéaste admet que "le politiquement correct aujourd’hui est en train de tourner le dos à ce qui est religieux" et que "Cette Europe qui rejette ses racines chrétiennes veut lobotomiser son passé".
Mais il faut bien vivre, et le discours qu'il tient n'en est pas moins, de façon d'autant plus insidieuse qu'il semble prendre notre parti, largement imprégné de ce politiquement correct anti-catholique qu'il prétend dénoncer.
La programmation de Canal + le jour de la Nativité, n'est bien sûr pas un hasard: cela m'a rappelé une "parabole" déjà traduite par Carlota (cf. Le bouillon des déséquilibrés), dont le message principal était résumé avec humour par "Monsieur Manolo est un sale type". C'est à relire!

     

Une des chaines de Canal+ programmera le 25 décembre prochain deux films - l’on appréciera la délicatesse de l’intention:

¤ 20h45 « Agora » ;
¤ 22h50 « Bruegel, le moulin et la croix ».

Un exemple parmi d’autres, bien sûr.
Je ne reviendrai pas sur le premier, déjà amplement évoqué dans ces pages (tinyurl.com/c7ac9qn), mais je vais m’arrêter sur le second (et son réalisateur) avec pour support un article de Pablo J. Ginés sur Religión en Libertad (ReL) qui plus subtilement encore transmet un certain message. Le diable est vraiment dans les détails et se joue des ignorances des lecteurs et des spectateurs.
Du grand art, une fois de plus...?
(Carlota)

Quelques éléments pour comprendre

Le tableau

Les explications de l'historien de l'art M.Gibson

Le film est tout entier construit autour d’un fabuleux tableau du peintre flamand Peter Bruegel l’Ancien (1529-1569) [voir ce très beau site: http://www.pieter-bruegel.com/ ] connu sous le nom de Le Portement de Croix .
On peut télécharger l'image en très grande résolution ici:
http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/4/4e/Pieter_Bruegel_d._%C3%84._007.jpg

L’historien d’art Michael Gibson (voir ci-dessous) lui a consacré un ouvrage entier, où il détaille les personnages du célèbre tableau du Maître flamand.

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Le portement de croix, l’un des grands tableaux de Pierre Bruegel l’Aîné aujourd’hui au Kunsthistorisches Museum à Vienne relate ostensiblement un épisode de la Passion du Christ. Peint en 1564, l’œuvre mesure 170 cm par 124 cm et représente un vaste paysage peuplé de quelques 500 personnages qui, pour la plupart, vont de la ville au fond à gauche vers le Golgotha au fond à droite. D’autres personnages, paysans, bergers et journaliers se dirigent vers la ville avec des denrées qu’ils se proposent de vendre au marché.

Au milieu d’eux, les condamnés, le Christ et les deux larrons, se dirigent vers le lieu d’exécution entouré d’une troupe de soldats en tuniques rouges précédés par la bannière des Habsbourg, l’aigle à deux têtes.

Ceci nous laisse entendre que le sujet du tableau est double. Il relate certes la passion du Christ, mais il fait aussi allusion à la brutale répression politique et religieuse que connurent les Pays-Bas à l’époque de Bruegel, quand le pouvoir espagnol suppliciait les hérétiques, « les hommes par l’épée, les femmes enterrées vives. » En effet, la Réforme connaissait alors un certain succès dans les Flandres et le Brabant.

La scène est complexe et se présente en fait comme un scénario que le regard parcourt et découvre par étapes successives.
On peut même dire qu’il s’agit d’une miniature à une très grande échelle. Il serait d’ailleurs commode de l’observer à la loupe, tant les détails sont minuscules.

La scène est dominée par une haute et improbable formation rocheuse surmontée d’un tout aussi improbable moulin...
(le reste de l'article est en accès payant ici: http://www.canalacademie.com )

Le synopsis du film

Une version abrégée, "pour les nuls" , sur allociné présente le film en ces termes :

Année 1564, alors que les Flandres subissent l’occupation brutale des Espagnols, Pieter Bruegel l’Ancien, achève son chef d’œuvre "Le Portement de la croix", où derrière la Passion du Christ, on peut lire la chronique tourmentée d’un pays en plein chaos.
Le film plonge littéralement le spectateur dans le tableau et suit le parcours d’une douzaine de personnages au temps des guerres de religions. Leurs histoires s’entrelacent dans de vastes paysages peuplés de villageois et de cavaliers rouges. Parmi eux Bruegel lui-même, son ami le collectionneur Nicholas Jonghelinck et la Vierge Marie.

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Plus de détail ici: http://www.critique-film.fr/bruegel-le-moulin-et-la-croix/

Une bande-annonce

L'entretien avec Lech Majewski

Le politiquement correct se détourne de la religion.
Entretien avec Lech Majewski
Religión en Libertad
Traduction de Carlota (ss commentaires sont en italique, entre parenthèses)
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Lech Majewski est un cinéaste polonais (1), avec une solide trajectoire depuis 1981 en Angleterre et aux Etats-Unis, et un grand amour pour la peinture depuis sa jeunesse. En 2004 il a déjà réalisé un film (2) sur « Le Jardin des délices » de Bosch (1453-1516). Mais il y a quatre ans il a lu un livre du critique d’art Michael Francis Gibson (3) sur le tableau du peintre flamand Peter Bruegel (4), « Chemin du calvaire » (En France on l’appelle « Le Portement de Croix » ou « La Montée au calvaire »). Et il a décidé de transformer le tableau, qui date probablement de 1564, en un film. Il s’appelle comme le livre de Gibson : « Le moulin et la croix ».

Du point de vue visuel, « Le moulin et la croix » est, comme c’est habituellement dit dans les comptes-rendus sur cette réalisation, « hypnotique ». Un film novateur, une expérience cinématographique jamais vue auparavant. Et rien que pour cela, il vaut la peine (ndt je confirme : le film même s’il est de facture un peu lente et très caractéristique du cinéma polonais, est esthétiquement parlant d’une impressionnante beauté - ici le synopsis et la bande annonce).

Des symboles très puissants
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Du point de vue spirituel, il y a des symboles très forts repris du tableau et du livre. Le gibet et la ronde des curieux qui vont à l’exécution, en parallèle avec un arbre et une cité pleine de vie… Le moulin inaccessible, dans le Ciel, d’où Dieu le meunier contemple le mal fait par l’homme. Des centaines de personnes étrangères à ce qui se passe parmi eux, - le Christ, l’homme Dieu, va être exécuté. Douceur et amour dans la figure de la Saine Vierge et de Marie-Madeleine.

Mais le film ajoute quelques détails, qui comme Majewski l’a admis à ReL, viennent de sa source quasiment unique : le livre de Gibson. Dans le film original en anglais, on voit que les gardes qui exécutent Jésus parlent dans un espagnol très correct : la langue du mal ! Des moines accompagnent une femme vers une fosse et l’y enterrent vivante dans une scène inquiétante et perturbatrice. Des cavaliers de rouge vêtus se saisissent d’un homme jeune, sans raison apparente, le rouent de coups et le suspendent à un mât. Dans le dossier de presse que répètent les journalistes, Gibson dit que « le Duc d’Albe (5) a exterminé entre 50 000 et 100 000 suspects et opposants au régime » et appelle la présence espagnole en Flandres (6) « occupation ».

Des erreurs historiques et la légende anti-espagnole
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Les erreurs historiques sont variées.
Un spécialiste de l’époque, Pérez Zagorín (dans « Looking for Pieter Bruegel ») dit que les cavaliers rouges étaient des Wallons, c'est-à-dire, des mercenaires francophones du sud des Flandres, embauchés comme policiers et effectifs anti-émeutes dans les cités rebelles du Nord qui parlaient hollandais. Ces « roode rocx », « vestes rouges » comme les appelaient les Hollandais avec haine, auraient du par conséquent parler français (7).
En outre cela n’a pas de sens d’insister sur le « combien étaient méchants les Espagnols » à l’époque du tableau, car il a était réalisé quelques années avant l’arrivée du Duc d’Albe (*).
Et même le « Tribunal des Tumultes » (tribunal d’exception pour juger les fauteurs de troubles, tumultes) qui a été institué par le Duc entre 1567 et 1576, selon l’historien Jonathan Israël n’a fait exécuter que 1000 personnes (ndt à l’époque les Pays Bas Espagnols devaient compter quelques 3 millions d’habitants – Se rappeler aussi qu’à l’époque les armées étaient constitués uniquement de professionnels et que des régiments étrangers servaient dans toute l’Europe), très loin des 50 000 ou 100 000 que répètent les journalistes (espagnols ou étrangers) dossier en main.

Les victimes des villes mise à sac et les personnes jugées et exécutées sont deux choses distinctes. Là le débat portait sur la répression légale et officielle. Il faut en effet tenir compte du fait que l'Armée des Flandres s'était mutinée, d'après les historiens, 45 fois entre 1571 et 1609; avec des pillages épouvantables comme celui d'Anvers durant lequel les troupes mercenaires (qui comprenaient des Espagnols, mais aussi des Wallons, des Français, des Allemands et des Italiens) ont brûlé mille maisons et tué 8000 citadins. Mais ces faits sont postérieurs au tableau qui est, d’ailleurs, antérieur à l’arrivée du Duc d’Albe. (*)

Et il est injuste de parler d’ « occupation » alors que Philippe II et avant Charles V étaient les rois légitimes du pays.
Le dossier de presse de Majewski et le livre de Gibson, plus que le film en lui-même, bien que lui aussi, perpétuent d’une manière anarchique une Légende Noire qui a déjà cinq siècles.

Cependant, dans notre entretien avec Majewski, nous avons bien plus parlé de thèmes relatifs à l’art et à ses symboles religieux, et il s’est montré très réticent à parler de sa propre spiritualité et plus disposé à critiquer les religions « en général » parce qu’elles « ne sont pas à la hauteur».

* * *

- Monsieur Majewski, aux réalisateurs polonais on a l’habitude de demander: pourquoi en Europe ne fait-on pas de films sur la persécution communiste contre les chrétiens? (Ndt ce qui s’est fait amplement en Espagne dans les années 50, mais l’on ne moquait alors des obsessions du régime espagnol !).

Réponse: Il y a au moins deux films sur le Père Jerzy Popieluszko: le récent (le film polonais « Popieluszko. Wolnosc jest w nas » - 2009 - de Rafal Wieczynski) et celui d’Agnieszka Holland (« To Kill a Priest » -, en France « Le complot »,, film tourné en anglais avec des capitaux EU/France, Christophe Lambert jouait le Père Popieluszko, et la distribution était essentiellement nord-américaine). Et sur le communisme il y en a quelque autre de plus en Pologne. Pourquoi il n’y en a pas plus en Europe ? Je suppose qu’il y a un manque d’argent et de producteurs avec des envies de faire. C’est un fait que le politiquement correct aujourd’hui est en train de tourner le dos à ce qui est religieux et que le cinéma fuit la spiritualité. Cette Europe qui rejette ses racines chrétiennes veut lobotomiser son passé. En visitant le Musée du Prado, ce que je vois moi c’est que Jésus Christ est le protagoniste de la moitié des tableaux (8). Cela n’a pas de sens de faire croire que le passé n’existe pas. Ils ne nous font pas étudier le Petite Livre Rouge mais il parait que nous sommes en chemin.

- Vous avez quitté la Pologne en 1981, à l’époque communiste…
- C’est facile d’être communiste comme Sophia Loren en Italie ou Niemeyer au Brésil (Oscar Niemeyer 1907-2012 ; l’équivalent Le Corbusier brésilien, concepteur de la capitale Brasilia et de sa cathédrale, il s’exila en France lors de la dictature 1964-1985 ; il est l’architecte de la maison de la culture du Havre, et de l’immeuble du Parti Communiste Française, place du Colonel Fabian). En effet, il y a deux façons d’être de gauche, ceux qui, comme la gauche en Occident, n’ont pas vraiment vécu ce qu’était la terreur rouge, et ceux qui l’ont vécu mais qui en ont bénéficié, les élites du Parti (dans les pays communistes).

- Votre film reprend un tableau du XVIème siècle…
- Dans l’art ancien on exigeait l’habileté, du métier et un effort intellectuel, un symbolisme, des métaphores…C’est ce que l’on trouve chez Bosch, au Musée du Prado, et aussi chez Peter Bruegel. Ce symbolisme les rend toujours actuels. Pensons au « Chariot de foin » de Bruegel. Là apparaît le Christ, tout en haut, on ne le voit presque pas. Ce tableau a une vie spirituelle. Dans l’art moderne cela s’est évaporé.

- Le spectateur d’aujourd’hui, celui des images trépidantes, peut-il s’arrêter pour voir un tableau ?
-Pensons aux jeunes d’aujourd’hui, avec leurs jeux vidéos . Ils leur font récupérer des points en tirant et en tuant plus vite, pour agir sans penser. Ils leur disent : tire sur tout ce qui bouge et si tu es bon, on te monte d’un niveau ! Nous les entrainons pour ne pas penser. Mais pour comprendre un tableau, il faut s’arrêter, penser, le contempler.

- Pourquoi avoir choisi ce tableau?
- J’étais déjà fasciné par les peintures de Bruegel quand j’étais adolescent. C’est un génie comme narrateur. Il fait quelque chose de révolutionnaire : il te raconte une histoire en cachant le protagoniste. C’est comme Hamlet au théâtre : on parle de lui dans un acte, dans le suivant, mais lui n’apparaît pas. Bruegel peint le Christ, peint la Chute d’Icare, peint Saül. Ce sont des perdants et il les cache, on ne les voit quasiment pas. Ils ont échoué : Icare est dans l’eau, Saül est perdu parmi les soldats, le Christ fouetté…Mais nous savons aussi qu’ils ont triomphé : personne n’oubliera qu’Icare a volé, personne n’oubliera le Christ. Ce que te dit Bruegel c’est cela : ces grands personnages qui ont fait de grandes choses, ils tomberaient à côté de toi et toi tu ne t’en rendrais même pas compte. C’est son thème.
Dans « La Montée au Calvaire », le tableau du film, on voit le Meunier dans son moulin, très petit là-bas en haut. C’est l’endroit destiné à Dieu. Là il voit les hommes. Il souffre de ce qu’il voit. En outre, l’artiste a un lien avec Lui. Qui arrête le temps : Dieu ou l’artiste ? Je ne sais pas. Mais ceux qui captent l’essence du temps et le « congèlent », le « conservent » dans leur art, sont des démiurges. L’art ancien savait que les artistes captent quelque chose de divin. À l’inverse, dans l’art moderne il n’existe que la liberté de l’artiste, qui ne veut parler que de lui-même, qui te montre une idiotie et si tu ne la comprends pas, il te dit que c’est toi, que c’est ta faute et que lui simplement s’exprime comme il veut.

- Qu’exprime l’étrange danse en rond, à la fin du film ? Est-ce une danse de la mort ou de la vie ?
- Je ne sais pas. Je laisse la question ouverte. Je n’aime pas trop manipuler le public. Bien que la musique soit la mienne, je l’ai composée (effectivement la musique peut donner une réponse à la question !). Un spectateur m’a dit que cela lui suggérait une danse de la mort à côté d’un gibet.

- Vous critiquez le cinéma moderne mais votre film est très novateur.
- Je viens de participer au Festival des Cinémas Modatac, de Madrid qui est un festival d’art expérimental. J’aime l’expérimentation ! Nous sommes prisonniers du cinéma nord-américain commercial. Ce sont des histoires qui n’ont pas de sens. Rendez-vous compte dans Matrix, tout est immatériel. Je crois que les films qui échappent à la réalité humaine sont des mauvais films.

- Dieu est le meunier. Que voulez-vous dire de plus sur Dieu ?
- Nous ne pouvons même pas dire une phrase sur Dieu. Nous sommes trop limités pour cela. Nous pouvons parfois sentir le divin. Nous pouvons avoir des illuminations, des étincelles du divin. Mais c’est quelque chose d’extrêmement individuel. Je crois même qu’aucun artiste n’a un avantage particulier en cela [ndlr: je crois que Michel-Ange - au moins lui - a eu cette étincelle lorsqu'il a peint le plafond de la Sixtine].

- Dans votre film, on voit beaucoup le ciel, des ciels étonnants, énormes…
- Nous sommes allés tourner en Nouvelle Zélande en cherchant ses nuages magnifiques. L’Île du Sud en maori s’appelle « Île du Grand Nuage ». Ce sont des nuages et des ciels particuliers, avec l’air qui vient de deux océans. Dans mon film il y a tout ce ciel parce le ciel est intéressant ! Et il y a beaucoup de fenêtres qui montrent le ciel, parce que ce sont des fenêtres dans la prison de la réalité.

- La famille du peintre n’apparaît pas dans le tableau, mais cependant dans le film…
- La famille du peintre ressort dans le film parce qu’elle était dans la vie de Bruegel. C’est lui notre guide et pour cela nous voyons son épouse, qui était très jeune, avec tous les enfants. On voit même comme ils accueillent chez eux les enfants des voisins. Deux de ses fils arriveront à être des peintres (Bruegel le jeune ou d’enfer car il peindra beaucoup d’incendies ; et son cadet Bruegel de Velours, né quelque mois avant la mort de son père et aux œuvres beaucoup plus apaisantes et bucoliques), bien que leur père ne les forma pas car il mourut avant.

- Vous avez quelque chose à dire sur la Passion de Mel Gibson?
- Non. M’a plus influencé « l’Évangile selon Saint Mathieu » de Pasolini. Je crois que c’est une influence très forte et elle se voit.

- Pourquoi les méchants parlent-ils espagnol? Ne seraient-ce pas plutôt des mercenaires wallons ou d’autres pays ? Quelle a été votre documentation historique sur les faits ?
- Le livre de Michael Francis Gibson a été ma source de documentation. Mmm…Et je n’ai pas lu beaucoup plus. Les Espagnols ont été très cruels en Flandres. C’est ainsi, ils ont été très méchants (9). C’est ce qu’il y a dans le film. Par ailleurs, dans le film, il n’y a pas un point de vue protestant ou catholique, mais religieux. L’application religieuse du spirituel tend à aller contre la signification réelle de la religion (nous y voilà !). Il y a des gens qui examinent leur façon de comprendre Dieu. Mais ils sont comme des fourmis qui essaieraient de comprendre l’essence de l’être humain (re-nous y voilà).

     

Conclusion (de Carlota) et notes

Le « Système » les rattrape tous, même ces artistes qui se croient libres, car, ne rêvons pas, il faut de l’argent pour être célèbre ! Et pour avoir de l’argent il faut dire ce que l’on attend de vous. Ce n’est pas parler du religieux qui est politiquement incorrect, c’est de ne pas en parler dans le sens du relativisme tant prôné par nos « élites », sachant que ce relativisme doit impérativement s’arrêter à la Religion catholique qui elle seule n’a aucun sens (tout comme les pays qui l’ont incarnée) et doit donc être absolument combattue. Une preuve supplémentaire de ce que seule, elle est !
La guerre est aussi culturelle…ici ou ailleurs. Pour ce grand pays catholique qu’est et fut l’Espagne, elle a commencé il y a près d’un demi-millénaire.
Et pour la France ?

Lech Majewski, le réalisateur né dans la Pologne communiste, mais désormais citoyen nord-américain, quel que soit son talent, répond comme il se doit, même si ses remarques sont parfois intéressantes mais pas toujours cohérentes (le langage intellectuel et abscons de l’artiste est au bon moment parfois bien pratique !). Mais il sait aussi se garder d’entrer complètement en dissidence, la liberté authentique n’est pourtant qu’à ce prix.

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Notes de traduction

(1) Lech Majewski est né à Katowice en Pologne en 1953. Il émigre en Grande-Bretagne en 1981 où il demeure pendant la période communiste. Il est aujourd’hui citoyen nord-américain (et polonais). Il est également homme de théâtre, romancier, compositeur de musique, photographe, scénariste et producteur (films, pièces de théâtre et opéras). Il a notamment écrit le scénario et produit le film « Basquiat » sur le peintre new-yorkais « underground » d’origine haïtienne Jean-Michel Basquiat (1960 – 1988).

(2) « Le Jardin des délices », film tourné en anglais dont le titre original est « The Garden of Earthly Delights » (2004) et le financement britannique, italien et polonais.

(3) Michael Francis Gibson, né à Bruxelles en 1929 d’un père diplomate nord-américain et d’une mère belge. Passionné d’art il vit en France depuis une quarantaine d’années. Depuis 1998 il est président du jury des Bourses Aschberg de l’Unesco et rédacteur en chef de la Revue du Patrimoine Mondial. J’ai trouvé là un entretien en français de ce nommé Gibson, il réussit même à dire que le concile de Trente a bridé les artistes !! (http://www.agora-erasmus.be/Pierre-Bruegel-l-Aine-le-politique_04439)

(4) Pieter Brueghel ou Bruegel dit l'Ancien, né à Bruegel (près de Bréda – Brabant), vers 1525 et mort à Bruxelles en 1569.

(5) Selon sa notice wikipedia en français, Ferdinand Alvare de Tolède (Fernando Álvarez de Toledo y Pimentel, 1507 - 1582), troisième duc d'Albe, Grand d'Espagne, duc de Huéscar, vice-roi de Naples, gouverneur des Pays-Bas, est issu d'une des familles les plus distinguées de Castille.
L’un des plus grands généraux de son temps, homme de confiance de Charles 1er puis de son fils Philippe II d’Espagne, il participa notamment à la prise de Tunis contre les Turcs. Comme capitaine général de l’armée de Flandres et gouverneur (1567-1573), il eut comme adversaire Guillaume d’Orange-Nassau (patronyme de l’actuelle famille régnante des Pays-Bas). Il fut décoré par le Pape Paul III pour sa fidélité et son soutien à l’Église.

(6) Les Pays-Bas espagnols. Ils correspondraient aujourd'hui approximativement à la Belgique (sauf Liège), au Luxembourg, aux Pays-Bas actuels, ainsi qu’à une partie du Nord de la France (zone Nord-Pas de Calais), c'est-à-dire des territoires possédés par les ducs de Bourgogne, échus par héritage à la maison de Habsbourg du fait du mariage de l'empereur Maximilien Ier de Habsbourg avec Marie de Bourgogne, fille et héritière de Charles le Téméraire. Charles 1er d’Espagne connu aussi comme empereur d’Allemagne (Charles Quint), petit-fils de Marie de Bourgogne et fils des Rois Catholiques (Espagne) léguera son « héritage bourguignon » à son fils Philippe II, roi d'Espagne. Ces terres d’abord bourguignonnes seront donc espagnoles entre le XVIe siècle et le XVIIIe siècle. Les soulèvements des 7 provinces du nord (protestantes), « la guerre de quatre-vingts ans » (1581-1648), seront à l’origine du futur Royaume des Pays-Bas. Les souverains espagnols se trouvaient donc en premier ligne pour lutter contre l’émergence de nouvelles puissances, essentiellement, protestantes, qui allaient progressivement prendre une position hégémonique sur le monde jusqu’à nos jours.

(7) Sur les 10 provinces catholiques restantes des Pays Bas espagnols, la province de Lille deviendra française sous Louis XIV, et le reste des Flandres devenues autrichiens passeront aux Habsbourg d’Autriche en 1713. Après les guerres de la Révolution et de l’Empire, le Royaume de Belgique sera créée en 1830 par la communauté internationale, dirions-nous aujourd’hui, sous l’influence anglaise et pour limiter la position de la France en Europe. Les différences linguistiques et culturelles entre les communautés wallonnes et flamandes ne sont pas récentes et l’on peut même supposer qu’elles existaient déjà entre les tribus belgo-gauloises latinisées et les tribus germaines installées plus au nord et sur les côtes.

(8) Un lecteur espagnol de cet article a fait d’ailleurs avec justesse la remarque suivante : et quid des lanciers polonais des troupes d’occupation napoléoniennes dans l’Espagne catholique entre 1808 et 1814 !

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(*) Duc d'Albe, alias Ferdinand Alvare de Tolède (cf. (5))