Pas de la théologie,mais l'histoire vraie de Jésus

Alors que l'attente autour du livre du Pape se fait plus pressante, ce compte-rendu d'Andrea Gagliarducci (l'un des vaticanistes du site Korazym.org) offre une présentation claire et bien documentée (20/11/2012)

Du même auteur, sur Korazym.org: La realpolitik, la pace secolare e un po' di Benedetto XVI. A partire dai Vangeli dell'Infanzia

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Image ci-dessous: abcgallery.com, cf. Images de la Bible.

William Holman Hunt

Les retrouvailles du Sauveur au Temple. 1854-1860. City Art Gallery, Birmingham

     

Pas de la théologie, mais l'histoire vraie de Jésus
Andrea Gagliarducci
La Sicilia, 18 novembre 2012
Texte en italien sur le site de Raffa.
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Il a terminé le manuscrit à Ferragosto (vacances de la mi-août en Italie) de cette année. Il y a travaillé l'espace d'un été et demi. Le temps de rassembler les sources (en particulier les classiques, mais aussi un livre du cardinal Gianfranco Ravasi, I Vangeli di Natale - Les Évangiles de Noël) et de rendre le tout organique.
«L'Enfance de Jésus» de Joseph Ratzinger est prêt à sortir dans les librairies. Le lancement mondial aura lieu mardi prochain. L'ouvrage représente le dernier effort du Pape pour raconter la vie de Jésus, à partir de la vérité historique des Évangiles. Mais c'est aussi - comme Benoît XVI l'écrit dans l'introduction - une «antichambre» pour les deux autres volumes. Un bref exposé de quelques 130 pages.

Une antichambre
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Une «antichambre» donc, qui culmine dans l'épilogue - dédié à Jésus de 12 ans, resté au Temple. Ce n'est pas une véritable conclusion, d'ailleurs, c'est plutôt une ouverture. Et entre autre, l'ouverture renvoie directement à la Mort et la Résurrection de Jésus. Parce que, note Ratzinger, lorsque Marie et Joseph se rendent compte de l'absence de Jésus après une journée de marche, de retour de Jérusalem, il leur faut un autre jour pour retourner dans la ville. Et encore un autre pour retrouver leur fils de douze ans disparu, en train d'enseigner dans le temple. «Ne dois-je pas m'occuper des affaires de mon père», dit Jésus. Et ces trois jours sont les trois jours qui s'écoulent de la Mort à la Résurrection de Jésus

La Route des Evangiles
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De ces similitudes, le livre en est rempli.
Ce n'est pas par hasard que Benoît XVI (mais il est plus correct de dire Joseph Ratzinger, puisque le Pape a voulu décrocher son ouvrage sur Jésus du Magistère pontifical) a décidé de suivre la route des Évangiles de Matthieu et de Luc. Trop bref, Marc, trop théologique, Jean. Et aussi parce qu'à la fois Matthieu et Luc se soucient de donner un fondement théologique à ce qu'ils disent, à commencer par la généalogie de Jésus, qui marque dans chacun des évangiles, même si elle est située à des endroits différents, le début de l'enseignement de Jésus .

Les événements
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Jésus, au fond, est une personne de chair et de sang qui habite dans l'histoire et vient dans une période définie. Et le but des évangélistes n'est pas - écrit Ratzinger - de «raconter des histoires», mais «d'écrire l'histoire, la vraie histoire qui s'est réellement passée», bien qu'interprétée et comprise dans le contexte de la parole de Dieu. Et parmi les sources de Luc, il y a très probablement Marie. Si non, pourquoi - s'il n'avait pas entendu parler Marie elle-même - Luc aurait-il pu écrire que «Marie gardait toutes ces choses dans son coeur»?.

Quatre chapitres
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Le livre se compose de quatre courts chapitres et d'un épilogue. Il commence par une réflexion sur l'origine de Jésus, à partir de la question inattendue que fait Pilate à Jésus quand il lui demande: «D'où viens-tu?». Il analyse ensuite les passages saillants de l'Evangile. Il compare l'Annonciation de la naissance de Jean-Baptiste - à Zacharie dans le temple, devant un sacrifice, dans un environnement où tout rappelle «l'Ancienne Alliance» - à celle de la naissance de Jésus - à Marie, dans une ambiance humble, où Marie ne s'effraie pas et dit seulement son 'oui'; il s'arrête sur la naissance de Jésus à Bethléem et le sens de la présentation de Jésus au temple, consacre un chapitre aux «sages de l'Orient» et la fuite en Égypte, et conclut avec un épilogue, dans lequel il raconte Jésus à douze ans dans le Temple de Jérusalem.

Joseph, le sage
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Il ya beaucoup de personnages dans les Évangiles de l'enfance. Et il serait peut-être intéressant de s'attarder principalement sur Joseph, décrit comme un homme sage et capable de comprendre le mystère. Mais par-dessus tout, un homme qui sait aller au-delà du légalisme externe, cette façon d'être un peu pharisien, un peu hypocrites qui caractérisait la religion de l'époque, et que Ratzinger dénonce dans le second volume de Jésus de Nazareth. Ainsi, quand il découvre que Marie est enceinte, il pense à la façon d'appliquer la loi. La répudier publiquement, l'abandonnant à la risée publique? Ou la répudier en secrt? Il choisit cette dernière option. «Il vit sa vie comme l'Évangile. Il cherche la voie qui harmonise l'amour et la loi».

Un travail systématique
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C'est la route qu'a toujours cherchée Benoît XVI au cours de son pontificat.
Lequel, avec ce volume, conclut son ouvrage sur Jésus, l'un des rares ouvrages systématiques de Benoît XVI, dont les livres étaient souvent des recueils d'articles et d'essais sur la théologie. Et, au fond, la conclusion de son oeuvre ne pouvait pas être autre. Parce qu'il y a des paroles dans l'Ancien Testament - Ratzinger l'écrit dans ce livre - qui apparaissent encore «errantes». On peut les relier à tel ou tel personnage. Mais le véritable propriétaire du texte nous fait attendre. Et c'est seulement quand le propriétaire apparaît que le passage prend tout son sens. Nous parlons de la Bible, un texte inspiré par Dieu. Il est logique que le propriétaire véritable du texte soit Dieu. Logique qu'à partir du moment où Jésus-Christ apparaît dans l'histoire, toutes les Ecritures peuvent être lues d'une manière nouvelle.