Premier jour du Pape au Liban

Page mise à jour au fur et à mesure. (14/9/2012)

L'exhortation post-synodale

Synthèse sur radio Vatican en français: http://fr.radiovaticana.va/Articolo.asp?c=621219 .
Texte complet ici.
En attente de lecture et approfondissement...

Discours à la Basilique Saint-Paul, Harissa

Signature de l'exhortation apostolique post-synodale (et synthèse du document par le Saint-Père)
Benoît XVI a choisi de donner à son discours un ton de grande spiritualité, en le plaçant sous le signe de L'exaltation de la Sainte-Croix, ou Fête de la Croix Glorieuse, que l'Eglise célèbre aujourd'hui. Il trouve des accents extrêmement émouvants, lorsqu'il fait siennes les paroles de Saint-Luc "N'aie pas peur, petit troupeau".
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J’exprime ma gratitude au Patriarche Gregorios Laham pour ses paroles d’accueil, ainsi qu’au Secrétaire général du Synode des Évêques, Mgr Nikola Eterović, pour ses mots de présentation. Mes vives salutations vont aux Patriarches, à l’ensemble des évêques orientaux et latins qui sont réunis dans cette belle basilique Saint-Paul, et aux membres du Conseil Spécial du Synode des Évêques pour le Moyen-Orient. Je me réjouis aussi de la présence de délégations orthodoxe, musulmane et druze, ainsi que de celles du monde de la culture et de la société civile.
L’heureuse cohabitation de l’Islam et du Christianisme, deux religions ayant contribué à façonner de grandes cultures, fait l’originalité de la vie sociale, politique et religieuse au Liban. On ne peut que se réjouir de cette réalité qu’il faut absolument encourager. Je confie ce désir aux responsables religieux de votre pays. Je salue affectueusement la chère communauté grecque-melkite qui me reçoit.
Votre présence solennise la signature de l’Exhortation apostolique post-synodale Ecclesia in Medio Oriente, et témoigne que ce document, destiné certes à l’Église universelle, revêt une importance particulière pour l’ensemble du Moyen-Orient.

Il est providentiel que cet acte ait lieu le jour même de la fête de la Croix glorieuse, dont la célébration est née en Orient en 335, au lendemain de la Dédicace de la Basilique de la Résurrection construite sur le Golgotha et le sépulcre de Notre-Seigneur, par l’empereur Constantin-le-Grand, que vous vénérez comme un saint. Dans un mois se célébrera le 1.700ème anniversaire de l’apparition qui lui fit voir dans la nuit symbolique de son incroyance, le chrisme flamboyant, alors qu’une voix lui disait : « Par ce signe, tu vaincras ! ». Plus tard, Constantin signa l’édit de Milan et donna son nom à Constantinople.

Il me semble que l’Exhortation post-synodale peut être lue et interprétée à la lumière de la fête de la Croix glorieuse, et plus particulièrement à la lumière du chrisme, le X et le P, des deux premières lettres du mot Χριστός. Une telle lecture conduit à une véritable redécouverte de l’identité du baptisé et de l’Église, et elle constitue en même temps comme un appel au témoignage dans et par la communion. La communion et le témoignage chrétiens ne sont-ils pas fondés sur le Mystère pascal, sur la crucifixion, la mort et la résurrection du Christ ? N’y trouvent-ils pas leur accomplissement plénier ?
Il existe un lien inséparable entre la Croix et la Résurrection qui ne peut pas être oublié par le chrétien. Sans ce lien, exalter la Croix signifierait justifier la souffrance et la mort pour ne voir en eux qu’une fin fatale. Pour un chrétien, exalter la Croix veut dire communier à la totalité de l’amour inconditionnel de Dieu pour l’homme. C’est poser un acte de foi ! Exalter la croix, dans la perspective de la Résurrection, c’est désirer vivre et manifester la totalité de cet amour. C’est poser un acte d’amour ! Exalter la Croix conduit à s’engager à être des hérauts de la communion fraternelle et ecclésiale, source du véritable témoignage chrétien. C’est poser un acte d’espérance !

En se penchant sur la situation actuelle des Églises au Moyen-Orient, les Pères synodaux ont pu réfléchir sur les joies et les peines, les craintes et les espoirs des disciples du Christ vivant en ces lieux. Toute l’Église a pu ainsi entendre le cri anxieux et percevoir le regard désespéré de tant d’hommes et de femmes qui se trouvent dans des situations humaines et matérielles ardues, qui vivent de fortes tensions dans la peur et l’inquiétude, et qui veulent suivre le Christ - Celui qui donne sens à leur existence - mais qui s’en trouvent souvent empêchés.

C’est pourquoi j’ai désiré que la Première Lettre de Saint Pierre soit la trame du document. En même temps, l’Église a pu admirer ce qu’il y a de beau et de noble dans ces Églises sur ces terres. Comment ne pas rendre grâce à Dieu à tout moment pour vous tous (cf. 1 Th 1, 2 ; Première Partie de l’Exhortation post-synodale), chers chrétiens du Moyen-Orient ! Comment ne pas le louer pour votre courage dans la foi ? Comment ne pas le remercier pour la flamme de son amour infini que vous continuez à maintenir vive et ardente en ces lieux qui ont été les premiers à accueillir son Fils incarné ? Comment ne pas lui chanter notre reconnaissance pour les élans de communion ecclésiale et fraternelle, pour la solidarité humaine sans cesse manifestée envers tous les enfants de Dieu ?

Ecclesia in Medio Oriente permet de repenser le présent pour envisager l’avenir avec le regard même du Christ. Par ses orientations bibliques et pastorales, par son invitation à un approfondissement spirituel et ecclésiologique, par le renouveau liturgique et catéchétique préconisés, par ses appels au dialogue, elle veut tracer un chemin pour retrouver l’essentiel : la sequela Christi, dans un contexte difficile et quelquefois douloureux, un contexte qui pourrait faire naître la tentation d’ignorer ou d’oublier la Croix glorieuse. C’est justement maintenant qu’il faut célébrer la victoire de l’amour sur la haine, celle du pardon sur la vengeance, celle du service sur la domination, celle de l’humilité sur l’orgueil, celle de l’unité sur la division. À la lumière de la fête d’aujourd’hui et en vue d’une application fructueuse de l’Exhortation, je vous invite tous à ne pas avoir peur, à demeurer dans la vérité et à cultiver la pureté de la foi. Tel est le langage de la Croix glorieuse ! Telle est la folie de la Croix : celle de savoir convertir nos souffrances en cri d’amour envers Dieu et de miséricorde envers le prochain ; celle de savoir aussi transformer des êtres attaqués et blessés dans leur foi et leur identité, en vases d’argile prêts à être comblés par l’abondance des dons divins plus précieux que l’or (cf. 2 Co 4, 7-18). Il ne s’agit pas là d’un langage purement allégorique, mais d’un appel pressant à poser des actes concrets qui configurent toujours davantage au Christ, des actes qui aident les différentes Églises à refléter la beauté de la première communauté des croyants (cf. Ac 2, 41-47 ; Deuxième partie de l’Exhortation) ; des actes similaires à ceux de l’empereur Constantin qui a su témoigner et sortir les chrétiens de la discrimination pour leur permettre de vivre ouvertement et librement leur foi dans le Christ crucifié, mort et ressuscité pour le salut de tous.

Ecclesia in Medio Oriente offre des éléments qui peuvent aider à un examen de conscience personnel et communautaire, à une évaluation objective de l’engagement et du désir de sainteté de chaque disciple du Christ. L’Exhortation ouvre au véritable dialogue interreligieux basé sur la foi au Dieu Un et Créateur. Elle veut aussi contribuer à un œcuménisme plein de ferveur humaine, spirituelle et caritative, dans la vérité et l’amour évangéliques, puisant sa force dans le commandement du Ressuscité : « Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici que je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28, 19-20).

Dans toutes ses composantes, l’Exhortation voudrait aider chaque disciple du Seigneur à vivre pleinement et à transmettre réellement ce qu’il est devenu par le baptême : un fils de Lumière, un être illuminé par Dieu, une lampe nouvelle dans l’obscurité troublante du monde afin que des ténèbres resplendissent la lumière (cf. Jn 1, 4-5 et 2 Co 4, 1-6). Ce document veut contribuer à dépouiller la foi de ce qui l’enlaidit, de tout ce qui peut obscurcir la splendeur de la lumière du Christ. La communion est alors une adhésion véritable au Christ, et le témoignage est un rayonnement du Mystère pascal qui donne un sens plénier à la Croix glorieuse. Nous suivons et « proclamons … un Christ crucifié … puissance de Dieu et sagesse de Dieu » (1 Co 1, 23-24 ; cf. Troisième Partie de l’Exhortation).

« Sois sans crainte, petit troupeau » (Lc 12, 32) et souviens-toi de la promesse faite à Constantin : « Par ce signe, tu vaincras ! » Églises au Moyen-Orient, soyez sans crainte, car le Seigneur est vraiment avec vous jusqu’à la fin du monde ! Soyez sans crainte, car l’Église universelle vous accompagne par sa proximité humaine et spirituelle !

C’est dans ces sentiments d’espérance et d’encouragement à être des protagonistes actifs de la foi par la communion et le témoignage, que dimanche je confierai l’Exhortation post-synodale Ecclesia in Medio Oriente à mes vénérés frères Patriarches, Archevêques et Évêques, à tous les prêtres, aux diacres, aux religieux et aux religieuses, aux séminaristes et aux fidèles laïcs. « Gardez courage » (Jn 16, 33) ! Par l’intercession de la Vierge Marie, la Theotókos, j’invoque avec grande affection l’abondance des dons divins sur vous tous ! Puisse Dieu accorder à tous les peuples du Moyen-Orient de vivre dans la paix, la fraternité et la liberté religieuse ! لِيُبَارِك الربُّ جميعَكُم [Que Dieu vous bénisse tous !]
Merci !

* * *

Source: www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/speeches/2012/september/documents/hf_ben-xvi_spe_20120914_firma-es-ap_fr.html

Le texte complet de l'exhortation via
Le Salon beige: lesalonbeige.blogs.com/files/ecclesia-medio-oriente---fran%C3%A7ais.pdf

Conférence de presse en vol

Conférence complète (KTO)

Voici une première transcription de l'interview accordée par Benoît XVI aux journalistes au cours du vol qui l'a mené au Liban
(Source: Vatican Insider. Ma traduction. Comme d'habitude, c'est du langage parlé).

- Saint-Père, ces jours-ci, il y a de terribles anniversaires, comme le 11 Septembre, ou le massacre de Sabra et Chatila. Aux frontières du Liban il y a une sorte de guerre civile et nous voyons aussi dans nos pays, le risque de violence qui est toujours présent. Avec quel sentiment abordez-vous ce voyage? Avez-vous été tenté de renoncer pour l'insécurité ou quelqu'un vous a-t-il suggéré de renoncer?

«Chers amis, je suis très heureux de cette occasion de parler avec vous. Personne ne m'a conseillé de renoncer à ce voyage et pour ma part je n'ai jamais pensé à cette hypothèse. Parce que je sais que si la situation devient plus complexe, il devient encore plus nécessaire de donner ce signe d'amitié, d'encouragement et de solidarité. Donc, c'est le sens de mon voyage: inviter au dialogue, inviter à la paix, contre la violence, aller ensemble pour trouver des solutions aux problèmes. Et donc, les sentiments de ce voyage sont surtout sentiments de gratitude pour l'opportunité d'aller maintenant dans ce grand pays. Ce pays, disait Jean-Paul II, plus qu'un pays, est un message, cette région de la rencontre de l'origine des trois religions abrahamiques. Et je suis particulièrement reconnaissant au Seigneur qui m'en a donné l'occasion; je suis reconnaissant envers toutes les institutions et les personnes qui ont travaillé ... et je suis reconnaissant aux nombreuses personnes qui m'accompagnent avec la prière, cette protection de la prière ... Je suis heureux et je suis tranquille ... »

- Un grand nombre de catholiques expriment leur préoccupation devant la montée du fondamentalisme dans différentes régions du monde et devant l'agression dont sont victimes de nombreux chrétiens. Dans ce contexte difficile, comment l'Eglise peut-elle répondre à l'impératif du dialogue avec l'islam, sur lequel elle a insisté à plusieurs reprises?

«Le fondamentalisme est toujours une falsification de la religion, il est contraire à l'essence de la religion. La tâche de l'Église et de la religion est de se purifier. La purification des religions de ces tentations est toujours nécessaire, et il est de notre devoir d'éclairer, de purifier les consciences. Chaque homme est une image de Dieu et nous devons respecter dans l'autre non seulement son altérité, mais dans l'altérité, l'essence commune d'être une image de Dieu, l'autre comme image de Dieu. Donc le message de base est contre la violence qui est une falsification comme les fondamentalismes, et pour l'éducation, l'éclairage et la purification des consciences, le dialogue pour la réconciliation et la paix».

- Dans ce contexte de l'onde de désir de démocratie qui s'est mise en mouvement dans de nombreux pays du Moyen-Orient avec ledit «printemps arabe», compte tenu de la réalité sociale de la majorité de ces pays où les chrétiens sont une minorité, n'y a-t-il pas de risque d'une tension inévitable entre la domination de la majorité et la survie du christianisme?

« Je dirais qu'en soi, le Printemps arabe est une bonne chose: c'est le désir pour plus de démocratie, plus de liberté, plus de coopération, une identité arabe renouvelée. Et ce cri de liberté qui vient d'une jeunesse plus formée culturellement et professionnellement, et qui désire une plus grande participation à la vie politique et sociale est un progrès, une très bonne chose, saluée aussi par nous, chrétiens. Bien sûr, de l'histoire des révolutions, nous savons que le cri de la liberté si important et positif, est toujours en danger d'oublier un aspect et une dimension fondamentale de la liberté, c'est à dire, la tolérance des autres et le fait que la liberté humaine est toujours une liberté partagée, qui seulement dans l'action, dans la solidarité, le vivre ensemble avec des règles déterminées peut se développer. Et c'est toujours un risque, et donc dans ce cas aussi, nous devons faire tout notre possible pour que le concept de liberté, le désir de liberté, aille dans la bonne direction (...) la tolérance, le vivre ensemble, la réconciliation comme un élément essentiel de la liberté. De même, l'identité arabe renouvelée implique aussi, il me semble, le renouveau de l'ensemble séculer millénaire, les chrétiens et les Arabes qui justement dans leur tolérance de majorité et de minorité ont construit ces terres et ne peuvent pas ne pas vivre ensemble. Je pense donc qu'il est important de voir l'aspect positif de ces mouvements et de faire notre possible pour que la liberté soit conçue de la juste façon et réponde à un plus grand dialogue et non à la domination de l'un contre l'autre. "

- En Syrie, comme il y a quelque temps en Irak, beaucoup de chrétiens se sentent contraints à contrecœur à quitter leur pays. Que va faire ou dire l'Eglise catholique pour aider dans cette situation, pour enrayer la disparition des chrétiens en Syrie et d'autres pays du Moyen-Orient?

«Nous devons d'abord dire que non seulement les chrétiens mais aussi les musulmans fuient, mais naturellement, le danger que les chrétiens s'éloignent et perdent leur présence sur ces terres est grand, nous devons faire tout notre possible pour les aider à rester. L'aide essentielle serait la fin de la guerre, ceci crée une fuite, et donc le premier acte est de faire tout son possible pour mettre fin à la violence et que soit vraiment créée une chance de rester ensemble aussi dans le futur. Que pouvons-nous faire contre la guerre? Naturellement, toujours défendre le message de paix, sachant que la violence ne résout jamais un problème, et renforcer les forces de la paix. Je dirais qu'est important le travail des journalistes qui peuvent beaucoup aider à montrer comment la violence détruit et ne construit pas, elle n'es utile à personne. Ensuite, je dirais peut-être des gestes dans le christianisme, des journées de prière pour le Moyen-Orient, pour les chrétiens et les musulmans, montrer la possibilité du dialogue et de solutions. Je dirais aussi que doit cesser l'importation d'armes, parce que sans l'importation des armes, la guerre ne pourrait pas continuer, au lieu de l'importation d'armes qui est un péché grave, on devrait importer des idées de paix, de la créativité, trouver des solutions acceptables par chacun dans son altérité, et nous devons donc dans le monde rendre visible le respect des religions, les uns des autres, le respect de l'homme en tant que créature de Dieu, l'amour du prochain comme au centre de toutes les religions. En ce sens, avec tous les gestes possibles y compris matériels, aider à mettre fin à la violence et la guerre, que tous puissent reconstruire le pays.

- En plus de la prière et des sentiments de solidarité, voyez-vous des mesures concrètes que les Églises et les catholique de l'Occident, en particulier en Europe et en Amérique peuvent faire pour soutenir nos frères et sœurs du Moyen-Orient?

«Nous devons influer sur l'opinion politique et les politiciens pour qu'ils s'ingénient vraiment de toutes leurs forces, avec toutes leurs possibilités, avec créativité, pour la paix, contre la violence. Personne ne devrait espérer des avantages de la violence, tous doivent contribuer dans ce sens, c'est un travail d'harmonisation, d'éducation, de purification très nécessaire de notre part. Du reste, nos organismes de bienfaisance devraient apporter un soutien matériel, et faire tout leur possible. Nous avons des organisations comme les Chevaliers du Saint-Sépulcre, en soi seulement pour la Terre Sainte, mais des organisations similaires pourraient aussi aider matériellement, politiquement et humainement dans ces pays, je dirais une fois encore des gestes visibles de solidarité, des journées de prières publiques, des choses de ce genre pourraient alarmer l'opinion publique, être véritablement facteurs réels, n'oublions pas que la prière a un effet si elle est faite avec confiance et foi, elle aura son effet»

Arrivée à Beyrouth

Discours du saint-Père à l'arrivée

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J’ai la joie, Monsieur le Président, de répondre à l’aimable invitation que vous m’avez adressée à me rendre dans votre pays, ainsi qu’à celle reçue des Patriarches et des Évêques catholiques du Liban. Cette double invitation manifeste, si nécessaire, le double but de ma visite dans votre pays. Elle souligne l’excellence des relations qui existent depuis toujours entre le Liban et le Saint-Siège, et elle voudrait contribuer à les renforcer. Cette visite est aussi la réponse à celles que vous m’avez faites au Vatican en novembre 2008, et plus récemment en février 2011, visite qui a été suivie neuf mois plus tard par celle de Monsieur le Premier Ministre.

C’est lors de la seconde de nos rencontres, que la majestueuse statue de saint Maron a été bénie. Sa présence silencieuse au chevet de la basilique Saint Pierre rappelle de manière permanente le Liban sur le lieu même où l’apôtre Pierre a été enseveli. Elle manifeste un héritage spirituel séculaire en confirmant la vénération des Libanais pour le premier des Apôtres et pour ses successeurs. C’est pour marquer leur grande dévotion à Simon Pierre que les Patriarches maronites ajoutent à leur prénom celui de Boutros. Il est beau de voir que du sanctuaire pétrinien, Saint Maron intercède continuellement pour votre pays et pour l’ensemble du Moyen-Orient. Je vous remercie par avance, Monsieur le Président, pour tous les efforts entrepris en vue de la bonne réussite de mon séjour parmi vous.

Un autre motif de ma visite est la signature et la remise de l’Exhortation apostolique post-synodale de l’assemblée spéciale pour le Moyen-Orient du Synode des évêques, Ecclesia in Medio Oriente. Il s’agit-là d’un événement ecclésial d’importance. Je remercie tous les Patriarches catholiques qui se sont déplacés, et plus particulièrement le Patriarche émérite, le cher Cardinal Nasrallah Boutros Sfeir, et son successeur, le Patriarche Bechara Boutros Raï. Je salue fraternellement tous les Évêques du Liban, ainsi que ceux qui ont voyagé pour prier avec moi et recevoir des mains-mêmes du Pape ce document. À travers eux, je salue paternellement tous les chrétiens du Moyen-Orient. Destinée à l’ensemble du monde, l’Exhortation se propose d’être pour eux une feuille de route pour les années à venir. Je me réjouis également de pouvoir rencontrer durant ces jours-ci de nombreuses représentations des communautés catholiques de votre pays, de pouvoir célébrer et prier ensemble. Leur présence, leur engagement et leur témoignage sont une contribution reconnue et hautement appréciée dans la vie quotidienne de tous les habitants de votre cher pays.

Je tiens à saluer aussi avec grande déférence les Patriarches et Évêques orthodoxes venus me recevoir, ainsi que les représentants des diverses communautés religieuses du Liban. Votre présence, chers amis, démontre l’estime et la collaboration que vous souhaitez promouvoir entre tous dans le respect mutuel. Je vous remercie pour vos efforts et je suis certain que vous continuerez à rechercher des voies d’unité et de concorde.
Je n’oublie pas les événements tristes et douloureux qui ont affligés votre beau pays durant de longues années.
L’heureuse convivialité toute libanaise, doit démontrer à l’ensemble du Moyen-Orient et au reste du monde qu’à l’intérieur d’une nation, peuvent exister la collaboration entre les différentes Églises, toutes membres de l’unique Église catholique, dans un esprit fraternel de communion avec les autres chrétiens, et dans le même temps, la convivialité et le dialogue respectueux entre les chrétiens et leurs frères d’autres religions. Vous savez comme moi que cet équilibre qui est présenté partout comme un exemple, est extrêmement délicat. Il menace parfois de se rompre lorsqu’il est tendu comme un arc, ou soumis à des pressions qui sont trop souvent partisanes, voire intéressées, contraires et étrangères à l’harmonie et à la douceur libanaises. C’est là qu’il faut faire preuve de réelle modération et de grande sagesse. Et la raison doit prévaloir sur la passion unilatérale pour favoriser le bien commun de tous. Le grand roi Salomon qui connaissait Hiram, le roi de Tyr, n’a-t-il pas jugé que la sagesse était la vertu suprême ? C’est pourquoi il l’a demandée à Dieu instamment, et Dieu lui donna un cœur sage et intelligent (cf.1 R 3, 9-12).

Je viens aussi pour dire combien est importante la présence de Dieu dans la vie de chacun et combien la façon de vivre ensemble, cette convivialité dont désire témoigner votre pays, ne sera profonde que si elle est fondée sur un regard accueillant et une attitude de bienveillance envers l’autre, que si elle est enracinée en Dieu qui désire que tous les hommes soient frères. Le fameux équilibre libanais qui veut continuer à être une réalité, peut se prolonger grâce à la bonne volonté et à l’engagement de tous les Libanais. Alors seulement, il servira de modèle aux habitants de toute la région, et au monde entier. Il ne s’agit pas là uniquement d’une œuvre humaine, mais d’un don de Dieu qu’il faut demander avec insistance, préserver à tout prix, et consolider avec détermination.

Les liens entre le Liban et le Successeur de Pierre sont historiques et profonds. Monsieur le Président et chers amis, je viens au Liban comme un pèlerin de paix, comme un ami de Dieu, et comme un ami des hommes. « سَلامي أُعطيكُم [« Je vous donne ma paix »] dit le Christ (Jn 14, 27). Et au-delà de votre pays, je viens aussi aujourd’hui symboliquement dans tous les pays du Moyen Orient, comme un pèlerin de paix, comme un ami de Dieu, et comme un ami de tous les habitants de tous les pays de la région quelles que soient leur appartenance et leur croyance. À eux aussi le Christ dit : سَلامي أُعطيكُم [« Je vous donne ma paix »]. Vos joies et vos peines sont continuellement présentes dans la prière du Pape et je demande à Dieu de vous accompagner et de vous soulager. Je puis vous assurer que je prie particulièrement pour tous ceux qui souffrent dans cette région, et ils sont nombreux. La statue de saint Maron me rappelle ce que vous vivez et endurez.

Monsieur le Président, je sais que votre pays me prépare un bel accueil, un accueil chaleureux, l’accueil que l’on réserve à un frère aimé et respecté. Je sais que votre pays veut être digne de « l’Ahlan wa Sahlan » libanais. Il l’est déjà et le sera dorénavant encore plus. Je suis heureux d’être avec vous tous. لِيُبَارِك الربُّ جميعَكُم [Que Dieu vous bénisse tous !] Merci !

12h45, arrivée à Beyrouth

Départ, Rome Reports

9h30, Rome Ciampino