Repentance, mais pas à sens unique (II)

Si on organise une grande repentance avec les protestants, les anglicans auront-ils le courage de demander pardon pour des siècles de persécution envers les catholiques? Question ouverte de Monique T (2/12/2012)

>>> Cf.
Repentance, mais pas à sens unique

Image ci-dessous: exécution de Sir Thomas More.

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Je lis (cf. Belgicatho: "Le rôle central du catholicisme dans l'Angleterre d'aujourd'hui") un article tiré de l'Osservatore Romano du 1er décembre dernier, intitulé "Le catholicisme, à la racine de l’identité anglaise" (1)

Si on organise une grande repentance avec les protestants (projet du cardinal Koch), les anglicans (qui sont des protestants, bien qu'on ne le dise presque jamais) auront-ils le courage de demander pardon pour des siècles de persécution envers les catholiques (ce que je rappelais dans mon petit article: Repentance, mais pas à sens unique )?
Les médias et les beaux esprits vont-ils poursuivre de leur hargne l'Eglise anglicane pour avoir tranché la gorge à Thomas More et à l'évêque John Fischer (cf. fr.wikipedia.org/wiki/John_Fisher), de la même façon que l'on vilipende l' Eglise catholique pour avoir condamné Galilée, qui, lui, est mort de vieillesse dans sa maison de Florence? Chez certains, le mot "catholique" déclenche le réflexe de Pavlov "Galilée". Mais je n'ai jamais rien vu de tel avec Thomas More.

Si grande repentance il y a, il faudra vraiment mettre les choses à plat. Je crains fort que ce soit encore une occasion d'accabler l'Eglise catholique, tant le préjugé que les frères séparés sont purs est ancré dans les esprits. L'Eglise catholique est tellement habituée à être traitée injustement qu'elle a intégré l'idée qu'elle était foncièrement coupable (ce qu'on enseigne dans tous les cours d'histoire) et elle a perdu toute défense immunitaire.

Monique T.

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(1) Cf. http://tinyurl.com/cfu5jeu
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Dans l’église Santo Spirito in Sassia, proche de la basilique Saint-Pierre, est conservée une image de la « Vierge de Ina », don d’un roi d’Angleterre du VIIIe siècle, qui fonda une maison d’accueil saxonne, ancêtre de l’hospice anglais de Rome, qui célèbre cette année son 650e anniversaire. L’image est un antique témoignage d’une tradition catholique anglaise, qui devait ensuite déboucher au Moyen-Age sur l’art, la littérature et la musique, caractérisant le panorama intellectuel et géographique de l’Angleterre avec des cathédrales, des universités et des abbayes, et le reliant solidement aux traditions de l’Eglise d’occident.
Une autre image présente à Rome, dans l’église Saint-Thomas de Canterbury, via Monserrato, montre des étudiants prêtres qui sont torturés et exécutés en raison de leur foi catholique. Aucun détail n’est épargné, mais si un doute devait naître, l’image porte les noms, les dates et les méthodes d’exécution. Tel est l’autre aspect de la tradition catholique anglaise: exclusion, persécution et, enfin, martyre.
C’est dans ces deux mondes que s’est formé le catholicisme anglais : profondément enraciné dans la dévotion catholique et dans le sens d’unité avec l’antique foi du pays, et se sentant dans le même temps en marge, pas accepté, pas véritablement anglais. Dans une situation incommode ente ces deux réalités, le catholicisme anglais a eu des difficultés à trouver sa propre identité. Le traumatisme que les catholiques anglais doivent affronter est la manière dont une nation, tellement imprégnée par la foi catholique au point d’être connue, au Moyen-Age, comme la « dot de Marie », en l’espace d’une génération s’est révoltée contre l’Eglise antique, en détruisant ses images, en mettant au ban la liturgie et en lui niant son identité anglaise.
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