Ratzingeriana

(rappel) La bibliographie commentée de Joseph Ratzinger en langue française par feu Hervé Coutau-Bégarie (21/8/2012)

J'en ai déjà parlé (http://benoit-et-moi.fr/2012(II)), grâce à la signalisation de Marie-Christine mais entre temps, la sobre couverture rouge et blanche a attiré mon regard à la vitrine d'une librairie de Strasbourg, et je l'ai acheté.
Ce que je fais ici n'est ni une "critique" ni (encore moins!) une publicité: j'ai simplement envie de partager ma découverte d' un outil de premier ordre pour permettre aux admirateurs de Benoît XVI de la sphère francophone de s'y retrouver dans le foisonnement d'une oeuvre immense souvent publiée en France de façon fractionnée et même anarchique.

L'Introduction donne le ton:

Lorsque le cardinal Joseph Ratzinger a été élu au pontificat suprême et est devenu le pape Benoît XVI, il y eut un moment de flottement et d'incrédulité. Certes, on avait beaucoup parlé de lui durant les derniers mois du pontificat de Jean-Paul II, son homélie lors de la messe pour l'élection du pape avait fait forte impression, mais son âge le désignait plutôt comme le faiseur de roi, celui qui allait arbitrer le conclave, plus que comme le vainqueur de l'élection. Les cardinaux étaient au courant de tous les inconvénients que pouvait représenter la désignation d'un cardinal aussi âgé, aussi lié au pape défunt, de nationalité allemande et doté d'une image de conservateur, sinon de réactionnaire, dans les médias. Et pourtant, ils ont passé outre, tant la personnalité de Joseph Ratzinger s'était imposée, au point de ne laisser place à aucune autre solution.
Dans ce choix, de nombreux éléments ont joué : sa capacité d'écoute et sa douceur, bien éloignées de l'image médiatique du Panzerkardinal ; sa parfaite connaissance du fonctionnement de la curie et de l'Église ; sa notoriété au sein du Sacré Collège et dans le monde... Mais il est un facteur qui a dominé et éclipsé tous les autres : son immense stature intellectuelle. Pour paraphraser une formule célèbre, le premier des théologiens est devenu le premier dans l'Église.
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Première place justifiée par une oeuvre immense, sa bibliographie en allemand compte plus de 250 titres de livres. Même si un certain nombre ont été écrits en collaboration, même si les dernières années ont vu la multiplication de recueils qui se répètent, cette masse est impressionnante tant par son ampleur que par la diversité des genres abordés. Il n'est, en effet, pratiquement aucun domaine de la recherche théologique qui soit resté à l'écart de la réflexion de Joseph Ratzinger.
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À la diversité des thèmes correspond la diversité formelle des genres. Bien qu'ayant commencé par "des travaux universitaires classiques", Joseph Ratzinger n'a jamais oublié pas qu'il était prêtre et, bien que professeur, il n'a jamais rechigné à assurer un service d'église, notamment à travers la prédication, d'où la publication de multiples sermons. Le théologien n'a jamais considéré ce genre comme mineur, à la différence de nombre de ses collègues qui se consacraient entièrement à leur oeuvre. Dans nombre de ses ouvrages, il a mélangé sans hésiter articles de revues et homélies sans chercher à remanier les secondes pour leur donner une tournure académique.
Il a également eu le souci d'informer les fidèles de l'évolution des événements, notamment lors du Concile auquel il participait comme expert, d'où la publication de véritables comptes-rendus après chaque session (Mon concile, 2011).
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Il y a probablement chez lui une inclination profonde pour des oeuvres accessibles. Cette tendance s'est d'ailleurs renforcée avec le temps, lorsqu'il a débordé de la sphère universitaire pour s'adresser au plus grand nombre.

Superbe hommage, auquel je me permets d'ajouter une remarque personnelle, qui rejoint en partie les observations de Hervé Coutau-Bégarie sur l'"aventure éditoriale" de l'oeuvre du théologien/ Pape en France:
Beaucoup d'éditeurs se servent du nom du Pape pour faire de l'argent sur son dos, et certaines initiatives sont à la limite de la tromperie. Comme ce minuscule recueil dont la soixantaine de pages tiendrait facilement sur 5 feuillets A4 écrits serré, et paru aux éditions "Parole et Silence" sous le titre: Benoît XVI, Pensées sur l'environnement (6 euros). Mais il y a plein d'autres exemples.
Certes, 6 euros, ce n'est pas cher payé, pour lire Benoît XVI. A condition de ne pas l'instrumentaliser.
Et laisser croire aux gens que la pensée si riche du Pape peut se résumer en quelques formules extraites au ciseau (et parfois hors-contexte) de ses discours, n'est pas forcément une bonne action, même si c'est sans doute une bonne affaire pour l'éditeur.
L'étique opuscule, dont les dimensions rivalisent de maigreur avec celles du best-seller de Stéphane Hessel "Indignez-vous", voisine dans les gondoles avec les "pensées" de l'Abbé Pierre, et les énormes et roboratives mémoires de Hans Küng!