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En route vers l'inconnu

Contrairement aux médias presque unanimes, Monique ne dresse pas un bilan des "100 jours" de François, mais examine avec lucidité les perspectives du pontificat. (27/6/2013)

     

En route vers l'inconnu

Le pontificat de François: ce que l'on voit et ce que l'on ne sait pas.
Monique T.
27/6/2013)
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La popularité de François crève les yeux. Pour le moment, il s'emploie à séduire le public par des paroles et des gestes bien calculés, tellement calculés qu'il est abusif, me semble-t-il, de parler de simplicité à son sujet. Le vrai simple c'est Benoît XVI dont la simplicité fut gratifiée non d'applaudissements mais d'un acharnement médiatique!
Il est possible que François s'inspire de la méthode des pasteurs évangéliques qui font un malheur en Amérique latine et en Afrique. Cette méthode produit des résultats quantitatifs impressionnants, si l'on en juge par l'inflation des chiffres des audiences, des confessions et ainsi de suite.

Benoît XVI s'est toujours effacé derrière le Christ. Durant tout son pontificat, il n'a eu de cesse d'affermir la foi de ses frères selon le mandat du Christ à Pierre (Lc 22, 32).
D'ailleurs, la devise des JMJ de Madrid était la phrase de St Paul:" Enracinés dans la foi et fondés en Christ, affermis dans la foi".
Les résultats qualitatifs furent considérables et ils perdureront grâce à son brillant magistère mais, par définition, personne ne peut les quantifier, si bien que beaucoup estiment que son pontificat fut un échec. Ils se croient même autorisés à narguer le grand pontife en serinant les chiffres de François, dont Benoît XVI n'a cure.

Après avoir fasciné le public, au-delà même des catholiques, il faudra bien que François s'attelle à des tâches ardues et franchement ingrates.
On ne sait pas grand chose sur ce qu'il compte faire et même cette réforme de la Curie qui paraissait si urgente est repoussée à l'automne et le Secrétaire d'Etat si décrié sous Benoît XVI est toujours en place.

Les "progressistes" attendent de François toute cette kyrielle de réformes rabâchées depuis 50 ans (si ces chrétiens adultes ne se sont pas renouvelés, ils doivent être bien vieux maintenant!)et qui toutes directement ou indirectement se rattachent (bizarrement) à la question du sexe. D'après ses déclarations en tant qu'archevêque de Buenos Aires, il ne se soumettra à aucun de ces ultimatums, à moins que le Pape ne suive pas l'archevêque. Donc dans ce domaine, on sait à peu près ce qu'il fera.

Pour ce qui est de la défense de la vie et la question de l'homosexualité, il semble suivre les pas de ses prédécesseurs, avec le courage d'appeler les choses par leur nom en moins. Sans doute une tactique bien calculée elle aussi.
Mais il a manifesté son intention de se pencher sur la pastorale familiale. Certainement une excellente idée.

Par contre, nous ne disposons d'aucun indice sur les domaines suivants: le schisme chinois, le schisme lefebvriste, la pénurie de vocations en Europe, la Nouvelle Evangélisation, (mais il va écrire l'exhortation apostolique), les rébellions récurrentes de laïcs et de clercs progressistes, les rapports avec l'islam (on sait seulement qu'il n'a pas voulu mentionner l'islam et l'empire Ottoman lors de la canonisation des martyrs d'Otrante), les persécutions larvées ou violentes, la paix dans le monde.

François négligera-t-il certains domaines?
Je fais le pari (risqué?) qu'il fera peu de cas de la liturgie (ce que tout le monde voit déjà), des arts sacrés, du Catéchisme de l'Eglise catholique, de la formation doctrinale des laïcs et des clercs (seule l'attention aux pauvres compte et tient lieu de doctrine), de l'enseignement catholique, dont les universités, de la lettre du concile. En fait, il négligera probablement (mais pas à coup sûr!) tout ce à quoi Benoît XVI tenait tant!

François ne dévoile pas ses intentions. C'est peut-être encore une ruse du Pape argentin. En ne disant rien, il garde les coudées franches.
Le Pape allemand nous avait dévoilé les grandes lignes de son programme dès le lendemain de son élection. Et grâce à la grande cohérence de sa pensée de professeur et de Cardinal, on savait à peu près à quoi s'attendre.
En 2013, c'est le saut dans l'inconnu.
La croix de fer de François et les autobus ne me tournent pas la tête mais je suis prête à l'acclamer s'il vainc de vrais obstacles!