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Les loups sont encore là

Sandro Magister évoque une nouvelle tempête sur l'IOR. Qui n'est pas celle dont les médias nous rebattent les oreilles, avec la démission du directeur et du sous-directeur. Grande discrétion en France (4/7/2013)

     

On sait depuis le début du Pontificat que la réforme de l'IOR (voire sa suppression) est l'un des plus ingrats défis auxquels le pape François doit faire face - d'autant plus qu'il ne s'y intéresse pas plus que Benoît XVI, et qu'il est obligé de se faire conseiller.

Le 15 juin, Andrea Tornielli écrivait:

Le Pape nomme un prélat à lui à l'IOR.
Premier pas: le directeur de la Maison Sainte Marthe entre dans la banque du vatican par la volonté du pape
http://vaticaninsider.lastampa.it

Première intervention du pape François sur l'IOR: avec son accord - qui n'est en général pas nécessaire pour cette nommination - la commission de cardinaux qui supervise l'Institut pour les Œuvres de Religion a nommé «prélat» de la «Banque du Vatican» intérimaire Mgr Mario Battista Salvatore Ricca.
Originaire de Brescia, né en 1956, du service diplomatique, en service à la première section de la Secrétairerie d'Etat, Ricca est le directeur de la Casa Santa Marta, la résidence où loge le pape. Et dans ces premiers mois de son pontificat, il était très proche de Bergoglio, qui apparaît comme le véritable auteur de cette décision.
...

Ce matin, Sandro Magister publiait une petite bombe sur son site multilingue chiesa.espresso.repubblica.it.
S'il ne s'était pas agi de lui, j'aurais pensé qu'il s'agissait d'un des ragots dont je parlais ce matin-même.
Mais là, il y a très peu de doutes.

(...) Au cours de sa carrière diplomatique, lorsqu’il était en poste à l’étranger, Ricca a laissé derrière lui des traces qui disent le contraire.
Après avoir travaillé pendant une décennie au Congo, en Algérie, en Colombie et en Suisse, il devient, à la fin de 1999, le collaborateur du Polonais Janusz Bolonek, alors nonce en Uruguay et aujourd’hui représentant pontifical en Bulgarie. Mais il ne restera à ses côtés qu’un peu plus d’un an. En 2001, Ricca est transféré à la nonciature de Trinidad et Tobago, avant d’être rappelé au Vatican.
Le trou noir, dans l’histoire personnelle de Ricca, c’est cette année qu’il a passée en Uruguay, à Montevideo, sur la rive Nord du Rio de la Plata, en face de Buenos Aires.
Ce qui a amené sa rupture avec le nonce Bolonek et son brusque transfert peut être résumé en deux expressions utilisées par ceux qui, en Uruguay, ont enquêté de manière confidentielle sur son cas : "pink power" et "conducta escandalosa".
Le pape François ignorait tout de ces précédents lorsqu’il a nommé Ricca prélat de l’IOR.
Mais, dans la seconde moitié du mois de juin, lorsqu’il a rencontré personnellement tous les nonces, qui étaient rassemblés à Rome – y compris lors du concert donné le 22 juin en son honneur et qu’il n’a pas honoré de sa présence –, il en est arrivé à la conviction qu’il avait accordé sa confiance à quelqu’un qui n’en était pas digne et cela grâce non pas à une mais à plusieurs sources indiscutables.

Décidément, les loups sont encore à l'oeuvre, et le Pape reçoit par eux son baptême du feu.
Il va s'endurcir, mais cet épisode convainc que sa tâche est très dure, et qu'il a besoin du soutien des fidèles, au delà des acclamations souvent superficielles.
Ce qui m'étonne, toutefois, c'est le silence des des gros médias, et même des blogs français. Pas un mot aujourd'hui. Comme si cela gênait.
A Benoît XVI, on ne laissait rien passer. Que l'on se souvienne l'affaire Wielgus, en janvier 2007 (http://(http://tinyurl.com/nz35tyy ).

Aujourd'hui, Marco Tosatti est l'un des rares "vaticanistes" à avoir réagi à la provocation de Magister.

Un Sherpa pour François ...
http://www.lastampa.it

Si ce qu'écrit Sandro Magister sur l'IOR est vrai, peut-être le pape Francis a-t-il besoin d'un ou plusieurs "sherpa" qui lui montrent les sentiers, les marais et les marcites (ndt: prairies arrosées avec les eaux d'égout, ruisselant sur des ondulations artificielles, comme dans le Milanais) de la forêt ecclésiastique ...
Marco Tosatti
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Si ce qu'écrit Sandro Magister sur le nouveau prélat intérimaire de l'IOR, premier choix autonome du pape François, (car apparemment la nomination du secrétaire franciscain de la Congrégation pour les Religieux était dans une certaine mesure en rapport avec le règne de Benoît XVI [*]) est vrai, alors on peut penser que Jorge Mario Bergoglio, homme de la Pampa et d'horizons sans fins, a sous-évalué les dangers et les pièges de sa marche dans la forêt curiale.
Et - hélas - vient à la lumière le risque d'élire un saint homme qui vient «presque du bout du monde», peu familier avec la vie des hommes qui de tous les coins du monde viennent à Rome.
La question que certains renards du Vatican, au pelage désormais devenu argenté après des années et des années de fréquentations des édifices sacrés, se posent, et à laquelle ils n'ont pour le moment pas pu trouver de réponse, est la suivante: qui entend, en qui a confiance, qui écoute, le Pape François? C'est vrai que quand il était à Buenos Aires, il y avait des gens ici, à Rome qui le tenaient informés. Mais peut-être pas assez, et peut-être pas d'assez près, si les problèmes étaient en réalité à Montevideo, de l'autre côté de l'estuaire.
Deux considérations, sur le ton de la plaisanterie, mais en fin de compte pas tellement. Peut-être que le pape François a besoin d'un ou plusieurs "sherpas" pour lui expliquer les sentiers et les marcites de la forêt ecclésiastique.
Et puis, peut-être, re-évaluer - dans une bonne intention - ce que François a condamné, le 18 mai comme «bavardages» (chiachiere) dans l'Église (ici).
« Normalement - avait dit Papa Bergoglio - nous faisons trois choses: la désinformation, c'est-à-dire la moitié qui nous convient et pas l'autre moitié, l'autre moitié, nous ne la disons pas parce que ce n'est pas commode pour nous. Certains sourient ... mais c'est vrai ou pas? Avez-vous vu ce truc? Deuxièmement, il y a la diffamation: Quand une personne a vraiment un défaut, en a fait une grosse, la raconter, «faire le journaliste» ... Et la réputation de cette personne est ruinée. Et la troisième est la calomnie: dire des choses qui ne sont pas vraies. Cela, c'est juste tuer son frère! Toutes les trois, la désinformation, la diffamation et la calomnie, sont le péché! C'est le péché! Cela - a conclu le Pape - c'est comme gifler Jésus dans la personne de ses enfants, de ses frères».

Il ne fait aucun doute que ce sont des péchés: mais écouter et vérifier, aussi long, pénible et douloureux que ce soit, semble, malheureusement, nécessaire.

Et s'il est vrai que les révélations sont venues au pape François de l'entrevue avec les nonces, on peut également comprendre un acte impulsif, pas vraiment courtois envers les artistes, comme l'absence au fameux concert. Le pape ne devait pas être d'humeur pour des événements mondains.

     

Note

(1) Première nomination à la Curie romaine

C’est une nomination importante à la tête de la Congrégation pour les Instituts de Vie Consacrée et les Sociétés de vie apostolique. Le pape François a nommé au poste de secrétaire du Dicastère le Ministre général de l'Ordre Franciscain des Frères Mineurs, le Père José Rodríguez Carballo, 59 ans, l'élevant à la dignité d'archevêque....
( http://fr.radiovaticana.va)