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Ni "appartement", ni "famille" pour François

Autour d'un article d'Andrea Tornielli: une accumulation de petits faits, est-ce un début de rupture? (27/3/2013)

     

Je lisais hier dans l'hebdomadaire Pélerin (je ne sais pas si l'article est sur internet) une réaction de C. Pedotti - dont on se souvient qu'elle a signé sous le pseudonyme de Pietro de Paoli un livre de religion-fiction intitulé "Vatican 2035" - à l'élection du nouveau pape.
L'"écrivaine" s'extasie:

Je rêvais d'un Pape aux pieds nus, je l'ai!
Jorge Bergoglio était mon meilleur choix sur la liste des papabili en 2005. J'avoue que je ne l'espérais plus, huit ans plus tard... Les cardinaux et l'Esprit-Saint ont sacrément bossé! Des papes au balcon, j'en ai imaginé un certain nombre dans mes romans. Jorje Marria Bergoglio est le plus beau de tous mes héros. Il a choisi le nom de François. C'est le signe dont le monde avait besoin, l'incarnation d'une Eglise qui abandonne les pompes. Ça ne peut nous faire que du bien»

Il y a des soutiens dont on se passerait volontiers. Mais en ce qui concerne l'abandon des pompes, elle n'a pas tort - même si pour le reste, elle sera peut-être déçue.

A ce sujet, je note que les "vaticanistes" semblent dans l'ensemble très anxieux de nous expliquer que les nouvelles manières imposées par François ne sont que des formes extérieures, et qu'elles n'impliquent nullement une rupture de fond avec son prédécesseur.
Je me réjouis qu'ils veuillent couper court aux rumeurs (ce qu'ils ont souvent omis de faire avec Benoît XVI) et je ne demande qu'à les croire, mais ils n'en savent pas beaucoup plus que nous: ne pratiqueraient-ils pas la méthode Coué?
Cette accumulation de faits mineurs, s'ils inspirent à la foule une sympathie superficielle, pourrait suggèrer autre chose que l'humilité. On pourrait même y voir au contraire l'orgueil d'un homme qui refuse de s'effacer derrière sa fonction.
Pour le fond, nous attendrons.
J'ai traduit cet article d'Andrea Tornielli, auquel je sais gré de ses deux derniers paragraphes (en bleu ici).
Original ici: vaticaninsider.lastampa.it

     

Il veut vivre "avec ses prêtres": il prendra ses repas avec les autres dans le réfectoire
Pas d'appartement papal. Pour lui, la chambre 201 à Sainte Marthe
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«Je sais que ma présence est un peu encombrante, mais vivons comme des frères ...».
Avec ces mots, hier matin, le Pape François a communiqué à la cinquantaine de prêtres qui vivent à la maison Sainte Marthe au Vatican, son intention de rester dans la résidence et de ne pas déménager dans l'appartement du Pape, dans le Palais apostolique. Bergoglio les a fait revenir après qu'ils aient quitté leurs chambres pour la céder aux cardinaux du conclave.

Ces jours-ci, François a quitté la chambre 207, celle qu'il avait tirée au sort pour le conclave, et il a déménagé dans la suite plus grande, la 201 où il a également un salon à sa disposition. Mais il a continué à prendre le petit déjeuner, le déjeuner et le dîner comme un hôte quelconque, dans la grande salle à manger commune de la résidence, sans être surveillé par des gardes ou servi par un majordome. Un collaborateur avait essayé ces derniers jours de l'en dissuader, lui expliquant que les prêtres employés à la Curie devaient reprendre possession de leurs chambres et qu'en restant là, le pape serait en contact avec eux; Bergoglio a répondu qu'il n'y avait aucun problème et qu'il avait «l'habitude» d'être avec ses prêtres.
La Maison Sainte marthe signifie pour François rester en dehors de la cage dorée, vivent moins isolé du reste du monde, plus en contact avec les gens qui travaillent au Vatican.
La décision papale, du reste, n'a rien de surprenant: même dans l'archevêché de Buenos Aires, Bergoglio avait l'habitude de vivre dans une seule pièce, à côté d'une chapelle et d'une bibliothèque, et n'avait jamais occupé l'appartement de l'archevêque. Dans cette petite pièce, il y a encore un radiateur électrique, parce que quand le personnel n'était pas là, le cardinal jésuite ne voulait pas utiliser le chauffage central. Et son bureau, au palais de l'archevêque était presque plus petit que celui de son secrétariat, avec un bureau sur lequel parfois on trouvait un paquet de pâtes, signe de son ancien amour pour la cuisine, que sa mère avait inculqué au futur pape et à ses frères.

La décision de rester à Sainte Marthe et de ne pas occuper l'appartement du pape, qu'il trouve «trop grand», même si c'est pour le moment temporaire, est un autre signe de la détermination du pape François et du fait qu'il n'entend pas changer son mode de vie: ce sera à la cour pontificale et à la sécurité de s'adapter au nouveau cours. Ainsi, après plus d'un siècle, l'appartement sera vide. Le seul à être utilisé sera celui d'apparat, là où les prédécesseurs de François n'ont jamais vécu non plus, où il y a une bibliothèque qui sert à quelques rencontres officielles comme les audiences aux ambassadeurs et aux chefs d'Etat.

Sans «appartement», pour l'instant, il y n'aura pas non plus «l'Appartement», terme curial pour indiquer l'entourage proche qui vit quotidiennement avec le Pape: Jean Paul II, en plus des deux secrétaires avait quatre sœurs polonaises, dont une infirmière. Benoît XVI, en plus du fidèle Georg Gänswein et du deuxième secrétaire Alfred Xuereb (tous deux au service de Bergoglio) avait quatre laïque «Memores Domini» de Communion et Libération et le maître d'hôtel: Paolo Gabriele, le protagoniste de Vatileaks jusqu'en mai 2012, puis Sandro Mariotti, dit Sandrone l'année dernière. La vie de la «famille pontificale» à l'époque de Joseph Ratzinger était faite de déjeuners et dîners pris avec les secrétaires, les «Memores» et le maître d'hôtel.

Le nouveau cours du Pape François, son désir de ne pas se laisser isoler, et les comparaisons qui s'ensuivent avec son prédécesseur, ne doivent toutefois pas induire en erreur: Joseph Ratzinger a toujours été un homme très simple, très modeste dans son vêtement, nullement attaché aux signes extérieurs. Quand il était cardinal, après la mort de sa sœur, Maria, qui habitait avec lui sur la place de la cité Léonine, il avait l'habitude de vivre seul. Une gouvernante venait faire le ménage et préparer le repas. Et la modestie du préfet d'alors de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi était bien connue de ceux qui le voyaient tous les matins traverser la place Saint-Pierre en simple soutane noire et béret.