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Une homélie de Mgr Negri

Il l'a prononcée lors de la messe de la Pentecôte célébrée selon l'ancien rite, à l'occasion d'un pélerinage organisé dans son nouveau diocèse de Ferrare-Comacchio, par l'association Summorum Pontificum. (29/5/2013)

Benoît XVI l'a dit avec une clarté admirable dans le Motu Proprio. Il a voulu étendre la possibilité de vivre la richesse de la liturgie de l'Eglise; c'est pourquoi il a demandé à l'Eglise toute entière, à commencer par les évêques, d'être respectueux de son intention d'étendre les trésors de l'Église, concédant à ceux qui en ressentent légitimement le désir, de favoriser le droit d'avoir accès à ce trésor «antique» et de le vivre avec plénitude dans le monde moderne pour la vérité de la foi aujourd'hui et la mission aujourd'hui.

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La Sainte Messe selon l'ancien rite est célébrée aujourd'hui dans la grande solennité de la Pentecôte, qui rappelle à l'Eglise de tous les temps, à tout moment, et donc à chaque chrétien, que l'avènement de la foi, et donc le développement de la foi dans une vie de communauté et dans une vie de communion, dans une pratique de charité, dans une poursuite active de la mission, tout cela vient du miracle de l'effusion de l'Esprit Saint dans les cœurs des fidèles, qui est pur don du Seigneur!

Le Saint-Père Benoît XVI, dans un discours admirable tenu au cours du Synode des évêques sur la nouvelle évangélisation - auquel j'ai eu l'honneur de participer, personnellement invité par le pape Benoît XVI - a dit, «l'Eglise ne naît pas d'une décision de la base. L'Eglise ne naît pas d'une assemblée constituante».

L'Eglise est née par la puissance du Saint-Esprit, qui change le cœur des hommes et les identifie avec le Cœur de Dieu Lui-même. C'est l'Esprit du Seigneur crucifié et ressuscité. C'est sa manière de sentir la vie, sa façon de juger l'existence, son mode de relation avec les hommes. C'est la nouveauté de son "être" et de son "exister" qui est passée d'une manière, disons, bouleversante dans la vie d'une communauté qui était certes en prière, qui l'attendait, mais qui ne pouvait pas prétendre entrer dans les modalités et le contenu du grand événement dont ils étaient spectateurs et sont devenus protagonistes. L'Esprit change le cœur de l'homme, sa façon d'être, sa façon d'agir et la façon dont il sent l'existence. L'humanité du Christ passe dans le monde: l'Église qui naît de l'Esprit reste vivante dans l'Esprit, se communique aux hommes par l'Esprit. Cette Eglise est le visage définitif que le Seigneur Jésus-Christ assume dans l'histoire!

Nous avons cet autre grand et définitif héritage: celui de participer vraiment au mystère de l'Eglise une, sainte, catholique et apostolique, de la vivre avec vérité dans nos vies quotidiennes, dans les bons moments comme dans les mauvais, dans la maladie et dans la santé, dans la joie et la tristesse comme disent les protagonistes du grand Sacrement ecclésial qu'est le mariage. Je crois que cela situe votre louable initiative du pèlerinage, avec cette messe, dans son vrai contexte. J'espère et je prie pour que cette célébration eucharistique le jour de la Pentecôte serve à chacun de vous - comme je pense et j'espère qu'elle serve aussi à moi - pour retrouver la chaleur des débuts, la chaleur de l'événement de l'Église engendrée par l'Esprit Saint. La grandeur de notre mission est de nous faire apprendre cette nouveauté, et de ne pas la garder chacun pour soi, mais de l'étendre à tous les hommes.

Hier, j'ai participé à la veillée de la Pentecôte que le pape François a tenue avec plus de 150.000 jeunes des différentes réalités ecclésiales. À un moment donné, le Pape a dit avec son style sincère et informel jusqu'à une dureté à laquelle on n'est pas habitués: «l'Eglise ne doit pas rester en elle-même». Elle ne doit pas se fermer. Si elle se ferme sur elle-même, elle tombe malade. L'Eglise doit sortir d'elle-même, sans pour autant abandonner son identité, mais pour vivre son identité, parce que le milieu vital de l'Eglise, c'est la mission et il est donc nécessaire que l'Eglise sorte d'elle-même et aille vers les hommes, visitant toutes les périphéries de l'existence de l'homme d'aujourd'hui.

Ainsi, la Pentecôte vous confie la mission de l'Église. Elle vous confie la fierté d'être des témoins du Christ ressuscité jusqu'aux extrémités du monde, générateurs - comme le dit Saint-Irénée dans un passage formidable - rendus capables d'être générateurs d'enfants de Dieu. De faire des hommes des enfants de Dieu

Il m'est déjà arrivé, même dans ces peu de mois de mon service épiscopal ici, de clarifier les termes de la vie et de la mission. Je ne peux ni ne dois tout rappeler, en ce moment de salut, mais à mon avis, il est important de situer cette célébration sous le visage et le regard tendre et fort de Marie, et de la situer comme un événement de grâce et de responsabilité. Le christianisme est un événement de grâce, car il nous est donné dans son intégralité et nul ne peut dire: «J'ai le droit». Nous n'avions pas droit à la Foi.

Nous n'avions pas droit à l'Incarnation du Fils de Dieu. Rappelons nous donc parfois nos «fidèles» qui viennent demander ou prétendre aux sacrements: ils n'ont pas droit aux sacrements. Les sacrements sont un don que l'Église a reçu du Seigneur Jésus-Christ et l'Eglise les remet à ceux qui sont en mesure de les assumer d'une manière appropriée. Je me réfère à la question absolument inconsistante - du point de vue théologique et pastoral - du «droit» des divorcés remariés à recevoir l'Eucharistie.

Alors, cette grâce de l'Eglise, vous la vivez dans la source de la foi, qui est l'Eucharistie, la célébration liturgique.

Vous la puisez grâce à la prudence et la grande miséricorde de Benoît XVI. Vous pouvez l'assumer en utilisant l'un des deux grands trésors de la liturgie de l'Église: la liturgie traditionnelle. Non pas une alternative à la liturgie réformée du Concile Vatican II, mais qui vit avec sa pleine dignité, sa pleine physionomie, en toute liberté et en toute responsabilité aux côtés de la liturgie réformée.

Benoît XVI l'a dit avec une clarté admirable dans le Motu Proprio. Il a voulu étendre la possibilité de vivre la richesse de la liturgie de l'Eglise; c'est pourquoi il a demandé à l'Eglise toute entière, à commencer par les évêques, d'être respectueux de son intention d'étendre les trésors de l'Église, concédant à ceux qui en ressentent légitimement le désir, de favoriser le droit d'avoir accès à ce trésor «antique» et de le vivre avec plénitude dans le monde moderne pour la vérité de la foi aujourd'hui et la mission aujourd'hui.

Le pape a ainsi certainement dépassé cette contradiction fausse et inacceptable entre «ancien» et «présent», brisant et dépassant cette herméneutique de la discontinuité entre ce qui vivait avant le Concile et ce qu'a prêché le Cocile et ce que la mise en œuvre du Cooncile a péniblement apporté à la vie d'aujourd'hui. Il n'y a qu'une seule Église du Seigneur, auquel l'Esprit a donné de vivre des moments différents; le Concile Vatican II a été un moment d'une importance extraordinaire, bien que posant de grands défis à la croissance de l'Église.

Alors vous utilisez - et je suis heureux que vous le fassiez dans ce diocèse dont je suis l'archevêque depuis quelques mois - cette liturgie.
Pas contre quelqu'un, ou pour exprimer des opinions, mais pour vivre le mystère de l'Église, selon la profondeur et la vérité avec lesquelles vous sentez le devoir et le droit de vivre. Et l'Eglise rend possible aussi cela.

Benoît XVI - je ne suis pas une personne qui utilise des mots façon de parler - Benoît XVI a usé d'une miséricorde pastorale, mise au service de la foi des chrétiens individuels ou de petits groupes qui n'ont pu être identifiés strictement du point de vue numérique: les «coetus» sont tous ces fidèles qui ont le droit et le devoir de pouvoir accéder à cette liturgie. Vous l'avez entre les mains, l'Église vous permet de l'introduire en toute liberté. Il ne peut exister aucun diocèse, en Italie ou dans le monde entier, qui vous dise non. Dès lors qu'il y aurait un seul «non», l'évêque doit être appelé à rendre compte.

Auparavant, le dialogue entre les fidèles qui veulent l'ancienne liturgie, et l'Église, est un dialogue entre les fidèles et le prêtre qui veut vous aider pour cet exercice et votre volonté de participer à ce rituel, antique et beau - qui exige certes pour y participer une préparation adéquate que vous aurez certainement.
Je pense que pour que cela devienne une expérience pour tous ceux qui ne le connaissent pas, il devrait y avoir une période de formation et de préparation. J'ai essayé de mettre en œuvre le Motu Proprio dans un petit diocèse comme celui de San Marino-Montefeltro, sans réaction particulière. Là où il y en a eu, je les ai compilée dans un rapport au Saint-Père, expliquant comment la situation avait été gérée, aussi parce qu'il n'y avait pas encore les lignes directrices, arrivées plus de deux ans plus tard.

J'ai reçu une lettre personnelle de Benoît XVI, qui louait la manière dont l'ancienne messe, sans tension, avait été mise en oeuvre dans le diocèse de San Marino-Montefeltro.

Pratiquez l'ancienne liturgie pour vous. Pour la vérité de votre foi. Pour la vérité de votre charité. Pour l'impulsion de votre mission. Comme ceux qui pratiquent la liturgie réformée pour la vérité de leur foi et de leur charité: ce sont deux trésors qui servent à un seul peuple. Et ce peuple unique mature se nourrit de la foi s'il sait vivre la liberté que l'Église concède. La liberté liturgique, dans ce cas, que l'Eglise non seulement concède mais garantit.

N'ayez pas d'opinions à défendre ou à opposer aux autres. L'archevêque de Ferrare-Comacchio n'est ni le gardien ni le propagateur d'aucune opinion. L'archevêque de Ferrare-Comacchio n'a qu'une seule opinion: la vérité du Seigneur, l'Evangile, la Tradition de l'Église, le Magistère du Saint-Père, et le sien, toujours lié à celui du Saint-Père. Tel est l'espace dans lequel Benoît XVI l'a accordé. J'étais parmi les évêques (je dois dire à la vérité, peu nombreux) qui ont gagné de tout cela un approfondissement de leur propre identité par rapport à l'expérience de Dieu. C'est quelque chose de grand, non seulement pour ceux qui la pratiquent, mais pour toute l'Eglise.

Pour cette raison - et je vais conclure - vous devrez toujours rechercher le plus possible l'adhésion à la vie de la communauté ecclésiale. Cette pratique ne vous soustrait pas à la vie de la communauté ecclésiale, encore moins à la réalisation difficile, mais tout aussi belle de la communion. Dans cette terre qui est la nôtre, la vie de l'Eglise est fortement engagée dans l'effort lent mais inexorable pour sortir des ruines matérielles (ndt: le tremblement de terre de l'an dernier) qui ont été un grand défi, comme je l'ai écrit, pour retrouver la Foi et la Charité.
J'ai rencontré le clergé de ce diocèse et j'ai vu à quel point de nombreux laïcs ne se sont pas laisser décourager per le tremblement de terre il y a un an, qui a rendu impraticable des centaines d'églises. Il les a obligés, et il nous oblige encore, à vivre l'Eucharistie dans les lieux de fortune ou dans des salles où les communautés sont hébergées, et la célébrent dans quelques endroits épargnés par le tremblement de terre. Le séisme a détruit les maisons et les églises. Il n'a pas détruit la foi. Sur cette foi, nous espérons récupérer. Malheureusement, nous devons compter aussi sur les institutions publiques, qui jusqu'à présent n'ont pas donné de grande preuve de rapidité, mais la première ressource que nous avons, c'est notre expérience de foi. Nous sommes tous dans une seule Eglise: c'est pourquoi, même dans cette expérience très particulière et très belle que vous vivez, vous devez essayer de vivre chaque jour davantage comme membres de l'Eglise vivante, participant à l'unique Corps et à l'unique Sang du Seigneur afin que, la Foi, l'Espérance et la Charité croissant en vous, vous soyiez des membres vivants de cette Église dans le monde.

Je vous suis avec affection. Je vous encourage dans votre chemin. Je demande cette saine humilité que le pape François, avant de la demander à son Église, témoigne chaque jour par sa présence et sa façon d'être. N'ayez pas d'autre préoccupation que de vivre en profondeur de ce que l'Eglise vous a donné et pour le bien de toute l'Église. Soyez assuré que vous ne manquerez jamais ni de mon accueil, ni mon soutien - ni de ma correction, si elle était nécessaire, comme avec n'importe quelle communauté où mon devoir serait de l'exprimer- mais je pense que cela n'arrivera jamais!

A présent, pour que votre chemin soit clair et sûr, embrassez la vérité, don du Seigneur que l'Esprit Saint donne à toute l'Eglise et que l'évêque préserve, protège et communique. Priez pour moi maintenant, pour cet effort pas léger que je ressens sur mes épaules, et que vers la fin de ma vie, j'ai l'intention de d'assumer en obéissance au Vicaire du Christ, qui me l'a demandé avec une insistance qui m'a ôté toute possibilité de résistance.

Tous mes voeux, à vous tous!