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Collégialité et primauté selon Benoît XVI

En relation avec les projets de réforme de la Curie, voici ce que disait Benoît XVI en 2006, dans une interviewe aux chaînes de télévision allemande. (30/6/2013)

>>> Cf. Réformes en vue

Le 5 août 2006, à la veille des JMJ de Cologne, Benoît XVI accordait une longue interviewe à la télévision publique de Bavière (ARD), à la chaîne publique allemande (ZDF), à la chaîne d’information Deutsche Welle.

Et il répondait à une question sur le rapport entre collégialité et primauté.

     

Question : En tant qu’Evêque de Rome vous êtes le successeur de saint Pierre. Comment le ministère de Pierre peut-il s’exercer d’une manière appropriée au temps présent? Et comment voyez-vous le rapport de tension et d’équilibre entre la primauté du Pape d’un côté et la collégialité des évêques de l’autre?

Benoît XVI : Il y a naturellement un rapport fait de tension et d’équilibre, et nous disons que cela est bien.
La multiplicité et l’unité doivent sans cesse redéfinir leur rapport réciproque et ce rapport doit s’intégrer d’une manière toujours nouvelle dans les situations mouvantes du monde.
Aujourd’hui nous avons une nouvelle polyphonie de cultures, où l’Europe n’est plus le seul élément déterminant, mais où les communautés chrétiennes des divers continents sont en train d’acquérir leur propre poids, leur propre couleur. Nous devons toujours apprendre à nouveau cette fusion des diverses composantes. C’est pour cela que nous avons développé divers instruments; ce que l’on appelle « visites ad limina » des évêques ; elles ont toujours existé, mais on s’en sert beaucoup plus aujourd’hui pour dialogue réellement avec toutes les instances du Saint-Siège et avec moi-même. Je parle personnellement avec chaque évêque. J’ai déjà parlé avec presque tous les évêques d’Afrique et avec de nombreux évêques d’Asie. Maintenant, ce sera le tour de l’Europe Centrale, l’Allemagne, la Suisse: au cours de ces rencontres, justement le Centre et la Périphérie se retrouvent ensemble, dans un échange franc. Je pense que cela permet de développer des rapports réciproques corrects dans une tension équilibrée.
Nous avons aussi d’autres instruments, comme le Synode, le Consistoire, que je tiendrai désormais de manière régulière et que je voudrais développer, et où même quand il n’y a pas à proprement parler un ordre du jour, on peut discuter ensemble des problèmes actuels, chercher des solutions.
Nous savons d’un côté que le Pape n’est pas du tout un monarque absolu, mais il doit – pour ainsi dire – personnifier le tout qui se met ensemble à l’écoute du Christ. On ressent très fort le besoin d’une instance unifiante, susceptible de garantir l’indépendance par rapport aux forces politiques, le besoin que les « christianismes » ne s’identifient pas trop avec les nationalités, on ressent très fort le besoin d’une telle instance supérieure et plus vaste capable de créer l’unité dans l’intégration dynamique du tout, et qui d’autre part accueille et promeut la multiplicité. C’est pourquoi je crois qu’il y a vraiment une adhésion intime au ministère de Pierre qui s’exprime dans la volonté de le développer encore plus, afin qu’il puisse répondre aussi bien à la volonté du Seigneur qu’aux nécessités du temps présent