Vous êtes ici: Articles  

UNE DANSE MACABRE
 

C'est ce qu'évoque, pour JL Restàn, l'abominable projet de traîner le Pape devant la CPI pour "crime contre l'humanité". Traduction de Carlota (16/9/2011)

->
La vilaine farce de La Haye




 
 

Texte original en espagnol: http://www.paginasdigital.es/..

* * *

Une danse macabre
José Luis Restán
15/09/2011

Le cirque continue, dans ce cas avec une danse macabre. Une association nord-américaine de victimes de la pédophilie, le SNAP, a présenté devant la Cour Pénale Internationale une plainte pour crimes contre l’humanité contre le Pape Benoît XVI et trois cardinaux de la Curie pour avoir permis et couvert des cas d’abus sexuels commis par des prêtres dans divers pays du monde. Allégresse à la une des journaux, l’Église est de nouveau toute proche d’être mise banc des accusés. La vérité pèse moins que les ordures sur cette balance là. Danse macabre, oui, mais qui prétend se payer sur les intérêts. Une dernière poussée et voilà…

Tout le schéma de la plainte est abracadabrant du point de vue du droit, mais aussi du point de vue de la réalité historique. Mais attention, nous vivons dans un monde étrange et dangereux, avec des juges désireux de passer à la postérité. Faire le procès de l’homme en blanc, du vieux lama dont les révolutionnaires français avaient prédit la disparition, et qui malgré tout, résiste pour ne pas sortir de la scène ! Fantastique! Une dernière poussée et hop…

La lèpre de la pédophilie est entrée dans les sociétés occidentales par la main de la dissolution des grandes certitudes humaines, par la main qui a construit 68. Alors, quelques uns l’ont même demandée comme libération des vieux tabous de la morale chrétienne. Les idoles de l’argent, du pouvoir et du plaisir qu’évoquait Eliot dans les chœurs du rocher (ndt Paru en 1934 titre original « Choruses on the rock » - Je n’ai pas trouvé sa version française) dressaient le portrait d’une nouvelle société. Les familles cessaient d’être un espace sacré où l’on prenait soin de la vie (ou de son mystère ultime, son sens) pour finir par être des agrégats fonctionnels, conjoncturels et amorphes. Sur elles, le cancer des abus sexuels s'est abattu avec plus de rage que partout ailleurs. Et quelque chose de similaire a eu lieu à l’école et dans d’autres lieux de coexistence. Des pères, des maîtres, des entraîneurs, des soldats, des politiques, des artistes…et aussi des prêtres, et des pasteurs, et des rabbins.

Le ver s’est infiltré dans l’Église, dans ces domaines où la foi commune a cédé devant d’autres préoccupations et d'autres murmures. Le cancer a avancé à grands pas plus spécialement dans le monde anglo-saxon et on n’a pas su l’arrêter avec diligence. La lettre de Benoît XVI (aux catholiques d'Irlande) restera comme un document historique qui accrédite cette indolence, cette banalité, cette lenteur de prise de conscience et même cette erreur dans l’appréciation de ce que signifiaient ces crimes. Cette lettre est un immense cri de douleur, une demande de pardon qui déchire les rideaux du temple, une volonté de renouveau comme on n’en avait pas vue depuis des lustres. Le Pape se mettait comme les justes d’Israël en première ligne, pour recevoir la poitrine découverte le grand coup bestial de cette vengeance.

Beaucoup disaient dans l’Église qu’il fallait mieux ne pas parler autant du sujet, refermer un épais voile. Après tout, c’étaient des cas qui dataient de vingt, trente et même quarante ans. Après tout, il était difficile de discerner, dans beaucoup de cas, il était difficile de juger ceux qui eurent à affronter la crise aux premiers moments….Des mots sensés, peut-être, mais Benoît voulait aller plus au fond, il voulait rechercher le seul acte de guérison possible dans la repentance et la purification, ils voulait montrer au monde une Église qui, bien qu'encore blessée, contient, comme dirait le grand Bernanos, toute la joie destinée à ce pauvre monde.

Oui, le SNAP prétend faire asseoir le Pape Benoît sur le banc que Milosevic et d’autres criminels ont laissé chaud. Et ce monde est tellement fou qu’il y aura des braves gens qui diront : "Regarde, ça c’est bien fait, une bonne leçon ne leur fera pas de mal " ; Pierre, couché face contre terre, comme sur la colline du Vatican, Pierre risée des grands de cette terre, objet d'outrage et de moquerie des grands. C’est écrit.

Évidemment le SNAP ne portera pas plainte contre les églises protestantes, (dont la proportion de pasteurs impliqués est plus grande que celles des prêtres catholiques aux Etats-Unis), ni contre l’ONU (dont les forces détachées en Haïti, ou dans les Balkans ont été accusées de terribles abus), ni contre les réseaux de communication (ndt ni contre les livres scolaires…) qui martèlent chaque jour la culture de la banalisation du sexe. Non, l’objectif, c’est le Pape, précisément celui qui a le plus fait pour lutter contre ce fléau en changeant les lois, en renvoyant des personnes, en implantant une très dure politique de transparence, et surtout en s’impliquant dans un profond changement de mentalité.

En suivant ce difficile chemin, l’Église catholique a établi dans beaucoup de pays des normes et des procédures pour la défense des enfants et le châtiment de ces conduites, qui ont été un modèle reconnu au niveau international. Mais le SNAP ne veut rien savoir de cela, et moins encore les grands portails des médias désireux de régler leurs comptes avec ce vieil homme qui se permet de réunir à Madrid près de deux millions de jeunes, qui l’eût cru ?
Des heures d’amertume, surtout par la difficulté à obtenir que la vérité se lève avec peine au milieu d’une immensité de mensonges bien enchevêtrés. Et tout cela alors que l’on est dans l’attente du dur voyage en Allemagne. Mais malgré tout Pierre sera là-bas, et il faudra qu’ils écoutent sa voix nette et douce, la voix de la foi, amie de la raison qui traverse les siècles et rassemble tous les gens qui ont besoin de l’espérance.




Note du traducteur

Il n’y a pas bien évidemment que des coupables occidentaux ou de culture occidentale au sens large ! Et des faits d’aujourd’hui relatés ou non dans les journaux occidentaux, tout comme autrefois des récits de voyageurs dans d’autres contrées du monde, d’autres sociétés et civilisations, et bien avant nos années 68, ont évoqué ces terribles comportements qui sont aussi une expression des turpitudes humaines. Ce qui ne veut pas dire bien entendu qu’il s’agit d’une fatalité à subir. Au contraire c’est un combat qui doit, à l’image de l’Église catholique, être mené partout et toujours.
Mais bien sûr comme catholiques nous ne pouvons que ressentir encore plus gravement de tels comportement parce que déjà dénoncés avec la plus grande fermeté par notre Seigneur : « Mais celui qui scandalisera un seul de ces petits qui croient en moi, il vaudrait mieux pour lui qu'on lui pendît au cou une meule de moulin et qu'on le jetât au fond de la mer » Matt. 18.7

Le SNAP ou est un idiot utile ou le sait parfaitement, mais son action (et l’argent qu’il en retire en amont ou en aval) sert aussi bien utilement d’écran de fumée pour permettre que perdurent bien des comportements et des trafics. Ce qu’il ne faudrait pas malheureusement, c'est que les gens de moins en moins dupes de tout cela, en viennent à se dire : « tous plus pourris les uns que les autres, tous pareils » mais qu’au contraire ils se disent : « Nous saurons dire non ».
Voilà pourquoi certains ont tellement intérêt à ce que le Saint Père soit inaudible.




Quand le Saint-Père "visite" ses livres | Les Borgia débarquent à la télé!