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Deux articles du Figaro


Jean-Marie Guénois titre sur "Les chemins de croix de Benoît XVI", et un éditorial d'Étienne de Montety évoque très justement "un pape du long terme"! Bien loin, donc, du Pape de transition annoncé au début du Pontificat (13/4/2009)
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Il semble qu'après des compte-rendus hâtifs, et peut-être sous la pression des lecteurs, le temps est venu pour la presse française d'apporter un éclairage plus nuancé.
Voir ici: Interviewe du Père Lombardi

Aucun des articles qui suivent n'apporte de vraie nouveauté, et les "chemins de croix" de Benoît (peut-on les appeler ainsi? car rien ne permet d'affirmer que c'est ainsi que le Saint-Père les perçoit...) me laissent assez dubitatives.
Mais la comparaison avec Jean-Paul II s'affine, jusqu'à devenir de plus en plus pertinente, avec ce commentaire, que je partage:
[la crise] permettrait de sortir de la période post-Jean-Paul II et «sans les opposer» d'entrer dans «le vrai pontificat de Benoît XVI».
Ce n'est pas un pontificat de transition, mais certainement pas non plus de rupture, car une telle démarche est impossible, de la part d'un Pape: c'est réellement un pontificat de correction, d'ajustement léger, mais définitif.
Je le disais en avril 2005, et je n'ai pas changé d'avis:
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Avec douceur et fermeté, il a besoin d'un peu de temps pour réorienter, redécouvrir, approfondir, et réparer ce qui doit l'être.
Laissons-le donc aller à son rythme...

Les chemins de croix de Benoît XVI


Source
Par Jean-Marie Guénois
13/04/2009
Le Pape refuse de se laisser enfermer dans des catégories politiques et reste insensible à ceux qui le trouvent «candide» ou «isolé». Sa principale préoccupation reste le «mystère de Dieu».

Au-delà des récentes polémiques, c'est l'application du concile Vatican II qui est l'enjeu du pontificat entamé il y a quatre ans, le 19 avril 2005.

Vendredi soir, Benoît XVI a porté sa croix. Ce chemin de croix au Colisée avait un sens tout particulier pour lui. À la veille de son 82e anniversaire, le 16 avril, il vient de traverser la tempête la plus violente de ses quatre années de pontificat, débuté le 19 avril 2005. La succession, ce trimestre, de trois «affaires» - la levée des excommunications dont celle de Mgr Williamson, négationniste, la question de l'avortement de la jeune Brésilienne enceinte de jumeaux par viol de son beau-père et les propos du Pape sur le préservatif et le sida en Afrique - a semé un trouble sans précédent, aussi bien dans l'Église que dans le monde. Une sorte de crise de confiance qui conduit certains à se poser la question de la crédibilité de Benoît XVI…

Ces trois dossiers n'ont pourtant rien à voir mais l'amalgame suscite les mêmes réflexes d'accusation. Tous sont pointés vers «le Vatican», «l'entourage du Pape», le «Pape théologien»… Bref, Rome qui serait la source de beaucoup de maux.

Une visite en cette semaine sainte, dans les arcanes du Vatican - observateurs italiens, collaborateurs de la curie, cardinaux, personnalités proches du Pape qui requièrent l'anonymat pour parler vrai - laisse toutefois apparaître que ces trois affaires ont plutôt servi de révélateur à trois problèmes structurels qui pèsent sur les épaules de Benoît XVI. Ses trois «croix» en somme.

La première, si elle n'était pas une suite de maladresses, serait une fatalité. Les contre-exemples abondent dans le pontificat mais tout se passe comme si Benoît XVI obtenait exactement l'effet contraire du but recherché ! En voulant lever l'excommunication des évêques ordonnés illicitement par Mgr Lefebvre, le Pape, premier comptable de l'unité de l'Église, cherche à éradiquer le risque d'un schisme durable. Mais au lieu de l'unité escomptée, c'est la division profonde qu'il récolte en raison des déclarations négationnistes de Mgr Williamson, pourtant connues au Vatican, mais dont personne ne l'a averti.

Sida : l'expérience de l'Ouganda
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À propos du préservatif et du sida, il se risque à répondre - Jean-Paul II ne l'avait pas fait - en stigmatisant les campagnes uniquement fondées sur le préservatif. Sa phrase, tronquée, donne l'impression que l'Église continue de refuser un moyen reconnu par la médecine pour réduire une épidémie mortelle même s'il n'est pas fiable à 100 %. Elle serait donc passivement complice de mort… Paradoxalement, Benoît XVI a reconnu - implicitement mais pour la première fois - la possibilité d'utiliser cette prophylaxie ! La meilleure preuve est venue, quatre jours après la déclaration du Pape, à travers un article publié en première page de l'Osservatore Romano, le journal du Saint-Siège. Il relatait l'expérience de l'Ouganda où une campagne fondée sur l'appel à la fidélité pour les couples, le retard des relations sexuelles précoces chez les adolescents et le… préservatif pour certains groupes à hauts risques (homosexuels, prostituées, drogués) a donné à ce pays les meilleurs résultats d'Afrique, passant de 15 % de la population infectée à 5 % entre 1991 et 2001. Surtout, cet article n'a pas été publié par hasard : il a reçu, avant sa diffusion, l'aval de la plus haute instance doctrinale du Vatican, la congrégation pour la Doctrine de la foi !

La seconde «croix» de Benoît XVI est interne. C'est une curie romaine divisée. On le savait, des courants, voire des «partis» informels - le terme est utilisé dans le milieu italien - ont toujours existé. Le mal est très aigu depuis l'affaire Williamson, extrêmement toxique et dont on ne cesse de mesurer la nocivité. Mais le «malaise» est plus large. En ligne de mire, l'actuel secrétaire d'État du Saint-Siège, le cardinal Tarcisio Bertone. Ce premier ministre, 75 ans à la fin de l'année, a toute la confiance du Pape puisqu'il fut le principal collaborateur du cardinal Ratzinger, alors à la tête de la congrégation pour la Doctrine de la foi. Le tandem est rodé : le Pape, qui aime travailler seul sa théologie, lui fait totalement confiance pour huiler la machine complexe du Vatican, mais on reproche à ce religieux salésien de ne pas avoir pas été formé à l'école de la prestigieuse voie diplomatique de l'Église, l'«Académie». Elle forme les nonces et a fourni plus d'un secrétaire d'État.

Dernière épreuve pour Benoît XVI, demeurer symboliquement le «successeur» de Jean-Paul II. Même quatre ans après, il lui est toujours comparé, consciemment ou inconsciemment. Et encore plus en temps de crise. La statue du géant charismatique est là. Elle porte une ombre. Benoît XVI se moque de sa propre image et n'a pas ces qualités médiatiques. Il refuse, dit-on, la «fausse personnalisation». Et voudrait disparaître derrière sa fonction. Mais c'est une dévalorisation a priori en terme d'image.

Ces trois problèmes - communication, gouvernement, nostalgie du Pape star - suscitent des flots de commentaires à Rome mais restent encore, de l'avis des mieux informés, à la périphérie du noyau central. Pour le saisir, ces interlocuteurs suggèrent de mieux observer le Pape lui-même dans cette période de tempête et de vraiment tenir compte de l'amplitude mondiale et historique de l'Église catholique.

L'affaire intégriste

La crise européenne autour du préservatif et du sida en Afrique, par exemple, a été vécue ici, insiste-t-on, sous deux points de vue : européen et africain. Les Africains, et pas seulement les Églises catholiques mais les gouvernements (tous représentés ici par des ambassades au Saint-Siège), sont «furieux», entend-on, de la polémique européenne qui a occulté le message du Pape. L'Amérique, de son côté, a peu suivi.

Autre exemple, l'affaire intégriste. Elle est très éloignée des préoccupations des Églises d'Asie ou de celles du Proche-Orient qui attendent beaucoup du voyage de Benoît XVI dans un mois, en Jordanie et en Israël. Même attente, ajoute-t-on, dans les milieux allemands qui voudraient voir solder le passif Williamson par un grand geste du Pape à Jérusalem.

Une amplitude dans le temps, également. Les crispations récentes, souvent qualifiées de «passagères» dans les conversations, seraient la suite d'une partie entamée il y a plus d'un siècle. L'Église critiquait sans concession le modernisme. Une intransigeance remise en cause il y a quarante ans lors du concile Vatican II. Selon cette lecture, le pontificat de Jean-Paul II, sans la régler, aurait couvert la dissension entre ces deux tendances toujours vivaces et opposées. Elles réapparaissent aujourd'hui dans leur antagonisme. Une «Église du non» selon le titre du livre critique du vaticaniste, Marco Politi, qui sort en Italie. Une Église qui, derrière Benoît XVI, repartirait sur la voie de l'intransigeance.

Lui, pourtant, ne «veut» pas cela, assure l'un de ses proches collaborateurs. La question centrale de ce Pape qui refuse de se laisser enfermer dans des catégories politiques et qui est insensible à ceux qui le trouvent trop «candide» ou «isolé» - il reçoit effectivement très peu - est la question du «mystère de Dieu». Il l'a rappelé dans sa lettre du 10 mars sur l'affaire intégriste : «La priorité qui prédomine est de rendre Dieu présent dans ce monde et d'ouvrir aux hommes l'accès à Dieu.» Et cela «demeure de façon inaltérée ma ligne directrice», a-t-il prévenu. Dans cet esprit, jeudi matin, lors de la messe chrismale avec les prêtres du diocèse de Rome, un Benoît XVI très serein a eu cette image : «En quoi consiste le sacerdoce ? C'est un changement de propriété, un être retiré du monde et donné à Dieu.»

Le dossier numéro un, indique-t-on dans son entourage, n'est donc pas l'image du Pape, ou l'intransigeance catholique, mais une inversion de perspective. Revenir par la «prédication» - et non par «la séduction» - à une «meilleure réception du concile Vatican II» qui a été pensé pour «rapprocher les hommes de Dieu». Ce n'est donc pas tant l'Église qui compte que «sa capacité à parler de Dieu aux hommes contemporains».

Mais s'ouvre ici une divergence chez ceux qui le soutiennent : les uns s'inquiètent des conséquences, «pas assez perçues en curie», du rejet actuel du Pape. Ces déçus ont perdu la bienveillance, ils ne veulent plus écouter. Les autres considèrent cette crise comme «salutaire». Elle permettrait de sortir de la période post-Jean-Paul II et «sans les opposer» d'entrer dans «le vrai pontificat de Benoît XVI».

Un pape du long terme


Source
L'éditorial d'Étienne de Montety

À quoi pensera Benoît XVI en célébrant dimanche la messe de la Résurrection sur la place Saint-Pierre ? Aux récentes semaines qui ont vu la nef bimillénaire (pour parler comme André Frossard) assaillie par la tempête, les polémiques et les anathèmes ? C'est pourtant dans l'ordre des choses que le temps de carême soit jalonné d'épreuves. Eh quoi ? La joie de Pâques viendrait sans que l'Église catholique ait à endurer l'épreuve, la tentation, l'injustice ?

Benoît XVI ne sera-t-il pas plutôt tout entier ramené à ces journées d'avril 2005 où, après les obsèques de Jean-Paul II, il fut porté par les cardinaux sur le siège de Pierre ? Le pontificat de son prédécesseur n'avait pas non plus été de tout repos. Bras de fer avec le communisme, mise en garde contre les excès du libéralisme, le relativisme. Il y eut bien quelques ouragans médiatiques : tollé après la révocation de Jacques Gaillot de sa charge d'évêque d'Évreux. Tollé après les déclarations de Jean-Paul II sur le sida en Ouganda. Que pesèrent ces polémiques lorsque l'on fit le bilan du pontificat ?

C'est dans cette perspective de long terme que Benoît XVI s'est installé il y a quatre ans en refusant d'emblée d'avoir «un programme de gouvernement». Professeur et non ministre, pédagogue et non «communicant», il a entrepris une sorte de cycle catéchétique, afin de redonner aux chrétiens les fondamentaux de la foi et à tous les hommes des repères pour la vie. L'entreprise est placée sous le signe de la durée. Celle-ci a mauvaise presse. Elle peut déconcerter, rebuter. Mais quel sens cela aurait-il d'interrompre le professeur au milieu de son enseignement ? De le juger en cours d'année scolaire sans en attendre l'achèvement ?

Le Pape sait bien que le monde vit dans l'impatience. Que le tempo indignation-émotion mène chacun en une danse où la raison n'a guère sa place. Notre mentalité d'hommes modernes juge l'arbre à son apparence quand la sagesse éternelle demande qu'il le soit à ses fruits. Quatre ans après son installation à la tête de l'Église catholique, qui a lu et relu ses grands textes, loin du fracas des imprécations ? Qui a lu son discours à l'université de Ratisbonne (et non la seule citation de l'empereur byzantin Manuel II), sa lettre aux évêques (et non les seuls propos scandaleux d'un Richard Williamson), ses homélies à Yaoundé et Luanda (et non un morceau de phrase) ? Qu'il parle aux jeunes de France ou aux grands de ce monde (ONU avril 2008), Benoît XVI appelle les hommes à s'élever au-dessus d'eux-mêmes. Vie sociale, affective, professionnelle, c'est la même ambition qui guide le Pape pour l'humanité.

Actuellement, le professeur Benoît XVI met la dernière main à une encyclique sociale. Non pas pour concurrencer le FMI, les acteurs du G20 sur le terrain du crédit, de l'emploi, des parachutes dorés. Mais il ne s'interdira pas de nous rappeler à nos devoirs à l'égard de la pauvreté et de la justice sociale. Il le fera avec la gravité et la subtilité qu'on lui connaît. Libre ensuite à nous de l'écouter ou non, de nous indigner de ses prises de position en faveur de la justice et de la vie.

Le Pape des simples Interviewe du Père Lombardi