Le Pape et le keffieh (2)
Les deux jeunes chrétiens palestiniens qui ont offert un keffieh au saint-Père (23/4/2009)
Voir aussi: Le Pape et le keffieh
Récit de l'agence ASCA (traduction)
Source : ASCA
Le Curé de Beit Sahour, Don Kefiah : « Tu es le bienvenu »
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Viens, tu es le bienvenu: ce sont les paroles des deux jeunes palestiniens qui hier, au terme de l'audience générale, ont offert au pape Benoît XVI - qui l'a mis autour de son cou l'espace d'un instant - un keffieh.
C'est Don Faysal Hijazim, curé de l'église de Notre-Dame de Fatima à laquelle ils appartiennent qui le raconte.
La paroisse s'élève à Beit Sahour, un bourg proche de Béthléem qui s'élève dans la localité biblique connue comme "Le champ des bergers" : le lieu où, selon la tradition, les anges vinrent annoncer aux bergers la naissance de Jésus.
Don Faysal, avec une vingtaine de jeunes de sa paroisse, est depuis plusieurs jours en Italie pour une série de rencontres à la veille de la visite du pape Benoît XVI en Terre Sainte, du 8 au 15 mai prochains.
"Voir le pape et parler avec lui, lui offrir le keffieh - raconte t'il - a été une chose très importante pour notre terre, pour les chrétiens et les musulmans qui l'habitent, pour attirer l'attention du pape sur la souffrance du peuple palestinien.
Nous l'attendons en Terre Sainte avec impatience".
Le curé raconte l'attente des chrétiens de Terre Sainte, principalement palestiniens, pour l'arrivée du pontife, malgré les "peurs" qui l'ont précédée.
"Les gens - explique t'il - sont contents, ils veulent le voir dans notre terre, et s'apprêtent à le recevoir avec un grand espoir, parce qu'il permettra d'apporter l'espoir à cette terre ''.
La "peur", ajoute t'il, est celle de la communauté chrétienne en Palestine et en Israël, un "petit troupeau", une "toute petite communauté" qui craignait de se retrouver un peu oubliée au milieu des multiples questions que le pape devra affronter en Terre Sainte, à commencer par le dialogue global avec les musulmans, les juifs et les orthodoxes.
" Nous - explique don Faysal - nous voulons que le pape, comme notre chef, nous aide à approfondir notre foi, à être chrétiens. Et qu'il nous aide, avec sa présence et avec ses mots, à apporter la paix".
La situation des chrétiens que trouvera le pontife est, comme on le sait, pas facile. Un problème central pour la vie des chrétiens, comme pour les palestiniens, est celui des "droits humains", à commencer par "les humiliations que nous affrontons quotidiennement au checkpoint", et "le manque de liberté aux frontières".
"Parmi les jeunes qui sont avec moi - explique don Faysal - 16 sur 17 n'étaient encore jamais sortis de Béthléem.
Pour eux, être à l'audience avec le pape a été un instant très important, ils ont redécouvert leur dignité humaine". Et puis il y a les questions sur la "liberté religieuse", et le "manque de travail".
Mais le problème le plus grand, pour le curé, c'est "l'insécurité que nous vivons, l'absence d'avenir, d'espoir dans le futur".
C'est pourquoi beaucoup de chrétiens émigrent et peu à peu disparaissent de la Palestine :
"Les jeunes qui étaient avec moi se demandaient pourquoi ils ne pourraient pas essayer de s'installer en Italie".
L'espoir est que la visite du pape puisse créer une occasion pour ouvrir également le dialogue avec les juifs: "Dans notre zone les rapports avec les musulmans sont excellents. Mais avec les juifs, nous n'avons aucun dialogue. Les seuls que nous rencontrons sont les soldats. Et ainsi, dans notre esprit, le juif est le soldat. C'est une situation de guerre".
La paroisse de Beit Sahour a aussi confié à papa Ratzinger une lettre, signée du 8 Mars dernier, de la part de nombreux chrétiens palestiniens, qui demandent au pontife de ne pas oublier, à l'occasion de sa visite, "le degré de prostration, d'humiliation et d'oppression que les chrétiens, en tant que palestiniens, vivent depuis des décennies surtout dans les Territoires occupés".
'"Ce n'est plus le moment - telle est la conclusion - de parler de « processus de paix ». C'est le moment de la paix. Le moment de rendre la liberté aux prisonniers, la terre aux propriétaires, la sûreté à tout".
Un appel pour la paix partagée aussi par don Faysal, qui conclut en demandant à tous les chrétiens : "Venez nous rencontrer, comme le pape".
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