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Benoît XVI, les initiés, et les autres

Un article (décevant) de John Allen, dans le Times (25/4/2009)

Et des commentaires, en particulier de Teresa, sur le PRF.

Une fois de plus, un membre éminent de la "grande" presse", spécialiste reconnu, se lamente du décalage entre les deux perceptions du Pape: celle réservée au petit cercle des "initiés" (insiders) dont il a le privilège de faire partie, et celle pour le grand public (outsiders). Dont nous, pauvres manants, sommes les représentants sous-informés.
Mais à qui la faute, cette dichotomie?
A qui devrait revenir le rôle d'interface?
Il me semble malheureusement qu'un article de ce type publié dans un media généraliste ne fera rien pour gommer la ligne de démarcation entre ces deux prétendues images.

Article original ici: http://www.timesonline.co.uk/...

Ma traduction:
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Benoît l'incompétent (le mot utilisé est bungler, qui semble appartenir au registre familier? que mon dictionnaire - Robert et Collins - traduit entre autres par "incompétent, maladroit", mais qu'Internet traduit aussi par "bon à rien"!!) ou Benoît le professeur?
Le pontificat de Benoît XVI a-t'il été un long désastre en termes de relations publiques, ou un succès méconnu?
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The Greatest Story Ever Told (la plus grande histoire qui ait jamais été contée était le nom d'un film épique (un péplum) des années 1960 sur la vie de Jésus-Christ. Si l'on devait tirer un film biographique sur l'actuel Vicaire du Christ, le Pape Benoît XVI, qui, aujourd'hui, atteint le quatrième anniversaire de son installation, le titre le plus exact serait peut-être plutôt "The Greatest Story Never Told" (la plus grande histoire qui n'a jamais été contée).
Aucune figure dans le monde moderne, peut-être, n'a jusqu'à présent suscité autant d'attentes, dans un sens positif, que Benoît XVI - et, paradoxalement, peu de figures ont montré tant de maladresse pour raconter leur propre histoire au public (1).
En conséquence, l'aspect le plus frappant de l'héritage du Pape Benoîtt XVI, en quatre ans de pontificat, est sans doute l'énorme fossé entre les perceptions des "initiés" (insiders) et des "non-initiés" (ousiders). (2)
C'est aussi, bien sûr, la marque la plus frappante du contraste entre Benoît et son prédécesseur, le Pape Jean Paul II, qui fut le pape idéal de l'ère médiatique.

Pour les initiés, Benoît XVI a été le pape des surprises. Élu, entre autres stéréotypes (qui l'avait appelé "enforcer"???) comme le "Rottweiler de Dieu" et "Herr Panzer Kardinal», Benoît XVI ne s'est pas avéré la personne impitoyable en termes de disciplines que beaucoup attendaient. À ce jour, pas un seul théologien catholique n'a été excommunié sous son regard, et ses principaux documents pédagogiques ont été consacrées non pas à faire tomber des têtes, mais plutôt aux thèmes édifiants de l'amour et de l'espérance.
Ce qui qualifie le mieux l'esprit du pontificat de Benoît, c'est peut être l'expression "affirmative orthodoxy": un solide engagement envers les principes de base de l'identité chrétienne, avec une volonté d'expression de ces principes de la façon la plus positive possible.
Benoît a énoncé cette vision en 2006 dans un entretien avec la télévision allemande: «Le christianisme, le catholicisme, n'est pas un ensemble d'interdictions", a dit le Pape. "Il s'agit d'une option positive. Il est très important que nous la considérions de nouveau parce que cette idée a presque complètement disparu aujourd'hui. Nous avons tellement entendu parler de ce qui n'est pas permis que maintenant il est temps de dire: nous avons une idée positive à vous offrir. "
Alors que Benoît XVI voit évidemment la laïcité et le relativisme comme des ennemis de la foi, la plupart du temps, il a choisi de ne pas se battre avec les armes de l'anathème et de l'excoriation (égratignure?...), mais par la tentative de réintroduire le christianisme comme une culture alternative.
Dans cet esprit, les passionnés des prises de position du pape - et pas seulement celles de haut niveau, mais l'enseignement de routine du Pape lors des audiences générales du mercredi, les discours du dimanche, etc..- disent que si on ferme les yeux lorsque Benoît est sur scène , et qu'on oublie qui est en train de parler, on pourrait facilement croire qu'on est en train d'écouter l'un des grands Pères de l'Eglise, comme Ignace d'Antioche, Jean Chrysostome, ou Augustin d'Hippone. Le "matériel" de Benoît est presque toujours source d'inspiration, spirituellement riche, et rhétoriquement bien conçu, ce qui incite certains analystes à déclarer qu'il est l'un des plus grands "papes enseignats" dans l'histoire de l'Église.

Pourtant, il est devenu pratiquement impossible de communiquer cela au monde, hors de la petite troupe de passionnés du pape, parce que Benoît XVI, et le système du Vatican sur lequel il préside, ont maintes fois fait preuve d'une énorme maladresse dans les relations publiques (3).
Songeons que rien que dans les premiers mois de 2009, le Vatican a vécu un tollé déclenché par la décision de Benoît de lever l'excommunication des quatre évêques traditionalistes, dont un qui est un négationiste de l'holocauste; le retrait précipité de la nomination d'un évêque en Autriche, qui a déclaré que l'ouragan Katrina aux États-Unis était une vengeance de Dieu sur la pécheresse Nouvelle-Orléans, et qui considérait la série Harry Potter comme satanique; la reconnaissance embarrassée que le célèbre prêtre mexicain qui a fondé les Légionnaires du Christ, un ordre religieux puissant à maintes reprises favorisé par le Pape Jean Paul II... était le père d'un enfant hors mariage; et une réaction contre les récents commentaires du Pape sur le préservatif et le sida, y compris une censure du parlement belge.
La dimension vraiment étonnante est que, dans pratiquement tous les cas, il y avait une manière positive d'envisager ce que Benoît avait dit ou fait, et dans presque tous les cas, le Vatican n'a même pas pris la peine d'essayer de présenter les choses de cette façon jusqu'à après les faits. (Par exemple, la réintégration de l'évêque négationiste de l'Holocauste était destinée à l'inciter à renoncer à ses opinions,et pas à les approuver. Le Vatican a attendu près d'une semaine après l'annonce, toutefois, avant d'expliquer ce point.)

En conséquence, le monde ne voit pas "Benoît le professeur" dans la créativité d'une élaboration positive de l'orthodoxie chrétienne, à la place il voit "Benoît l'incompétent", frappant de façon répétée la mauvaise note, si son objectif est d'entraîner la modernité à porter un regard de sympathie sur le message chrétien.

Pour revenir à la métaphore du cinéma, peut-être que le plus beau cadeau que Benoît XVI pourrait se faire à lui-même pour ce quatrième anniversaire de son élection serait, par conséquent, un nouveau scénariste. Dieu sait que le script public du Pape pourrait bénéficier d'une réécriture. (4)

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Commentaires


Il va sans dire que cette analyse plutôt caricaturale (catalogue des lieux communs entendus ad nauseam particulièrement depuis le début de cette année) n'emporte pas vraiment mon adhésion sans réserve.

Si je traduis cet article, c'est parce que John Allen est un "leader" dans le milieu des vaticanistes, et que ses opinions sont en passe de devenir des vérités admises.
Prudemment, il ne néglige pas l'aspect positif, ce qui nous vaut quelques beaux passages (en gros, la première partie) d'hommage et d'admiration.
Mais pour parler familièrement, pour le reste, il est à côté de la plaque.
Car lui, et ses amis vaticanistes, ignorent totalement la dimension de prière et de relation à Dieu. Pour lui, Benoît XVI est un dirigeant mondial, un patron de multinationale, pour qui le (ou la?) PR, comme disent les américains, est la chose la plus importante au monde. Partant de là, son regard est borgne, c'est-à-dire qu'il ne voit que d'un oeil. Ou plutôt, il reste horizontal, alors qu'il devrait embrasser surtout la dimension verticale.

Tous ses reproches peuvent d'ailleurs facilement être renversés, sans qu'il soit nécessaire d'être un inconditionnel. Nous avons amplement eu l'occasion dans ces pages d'apporter des preuves que les prétendues gaffes n'en étaient pas. Plus exactement, l'évaluation dépend du point de vue duquel on se place. Du mien (tout aussi légitime que le sien, après tout) les "gaffes" sont en réalité des manoeuvres d'intimidation de l'Occident sécularisé, complaisamment relayées par les médias, et destinées à empêcher le Pape de faire entendre sa voix.

Teresa, dans son site, le Papa Ratzinger Forum, fait une analyse très critique de l'article.
Je partage à 100% l'opinion exprimée dans ses commentaires, il n'y a rien à ajouter à ses arguments imparables:
(1) Il n'incombe pas au Vicaire du Christ de "raconter son histoire" au public. La seule histoire qu'il a besoin de raconter est l'histoire du Christ.

(2) Je mettrais en doute ce classement en catégories: ici (sur ce forum) par exemple, comme tous les admirateurs de Benoît XVI de par le monde, nous sommes tous des "outsiders", qui voient les photos et les videos de ses activités au jour le jour, et les voyons plus ou moins filtrées à travers le site Web du vatican, et nous le voyons lui comme il est, même quand des "insiders" comme Mr Allen et ses amis vaticanistes, avec leurs habituelles "sources vaticanes", ou "sources bien informées" persistent à nous le décrire la plupart du temps d'une façon très différente, à travers leurs prismes et filtres personnels.

(3) Le problème n'est pas l'ineptie du Bureau de presse du Vatican, qui fait son travail d'information quotidiennement et de façon fiable... des activités et des textes du Pape..
Le problème est que les medias généralistes choississent de rapporter ce qu'ils considèrent comme digne de faire la chronique, et ignorent tout ce qui est purement spirituel.

(4) La métaphore de conclusion est particulièrement choquante! Comme si le Pape avait besoin d'un scénariste, pour écrire un scénario. La métaphore trivialise la mission de la papauté, et la figure du Pape comme vicaire du Christ.

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