Préparatifs
Israël compte sur le pape pour relancer le tourisme. Et à Gaza, la population manque de tout. Extrait d'une interview (audio) du curé de Gaza pour RV (25/4/2009)
Quelque 10 millions de dollars ont été débloqués pour les préparatifs de cette visite prévue du 11 au 15 mai. Les autorités israéliennes espèrent qu'elle encouragera encore l'afflux de touristes, dont le nombre a atteint en 2008 un record de trois millions de visiteurs, dont un tiers de pèlerins.«Le gouvernement, dans un délai très court, a investi énormément de temps et d'argent afin de faire de cette visite un succès», explique Raphael Ben-Hur, directeur-général adjoint du ministère du Tourisme.
«Nous travaillons d'arrache-pied pour terminer à temps», ajoute Ishai Soker, du Fonds national juif, une organisation semi-gouvernementale qui finance le projet de concert avec les autorités locales et nationales.
Les autorités israéliennes espèrent aussi améliorer leur image sur la scène internationale mise à mal après la guerre menée contre le Hamas islamiste à Gaza (27 décembre-18 janvier) qui a fait plus de 1300 morts Palestiniens, dont de nombreux civils.
«Nous voulons que les messes du pape à Jérusalem et Nazareth soient les plus réussies au monde», déclare Tzvi Lotan, un responsable du marketing au ministère du Tourisme.
À Nazareth, en Galilée, la construction d'un amphithéâtre de 40 000 places à flanc de colline avance à bon train pour être prêt lorsque le Saint Père célèbrera une messe en plein air sur le Mont du Précipice où, selon les Evangiles, une foule en colère tenta de précipiter le Christ dans le vide.
Pour les chrétiens d'Israël - en majorité arabes - qui représentent 2 % des sept millions d'habitants, la visite du pape est une bénédiction.
«Nous considérons que la visite de sa sainteté comme un grand soutien à notre communauté», déclare Elias Odeh, prêtre à la paroisse de Reneh, proche de Nazareth.
Mais elle ne va pas sans créer des tensions. «De nombreuses personnes, y compris au sein du clergé, n'ont pas été emballées par le moment choisi pour la visite», quelques mois après l'offensive israélienne à Gaza, indique Elias Odeh.
Côté israélien, où l'on s'apprête à dérouler le tapis rouge, cette visite ne fait pas oublier la polémique soulevée par la levée de l'excommunication de Mgr Richard Williamson, un évêque intégriste qui a nié la Shoah, ni la volonté de Benoît XVI de béatifier Pie XII.
Selon le nonce apostolique en Israël Antonio Franco, le pape se rendra à Yad Vashem, le mémorial de la Shoah, mais évitera son musée où est exposée une photo dont la légende accuse Pie XII d'avoir gardé le silence face à l'extermination de six millions de juifs par les nazis.
Outre Nazareth, le pape se rendra à Jérusalem sur l'esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l'islam, et au Mur des lamentations, site le plus sacré du judaïsme.
Il se rendra enfin à Bethléem, dans les Territoires palestiniens occupés, où il rencontrera le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, et priera dans la grotte où, selon la tradition, naquit le Christ.
Cette visite est strictement religieuse, explique Antonio Franco, mais elle n'exclut pas que des sujets politiques puissent être abordés lors des rencontres avec des dirigeants.
(suite de l'article)
Les accusations du ministre du Tourisme, en charge de la visite du Pape, sont d’autant plus graves qu’elles vont à l’encontre des objectifs fixés par le Premier ministre pour cette occasion.
Parmi les buts du gouvernement : l’amélioration des relations extérieures d’Israël, l’encouragement au tourisme et l’amélioration de l’image d’Israël auprès du public chrétien à travers le monde.
De son côté, le Shin Bet, responsable de la sécurité intérieure du pays a de son côté exprimé ses réticences quant à l’utilisation de la papamobile lors de son déplacement à Nazareth estimant que les conditions de sécurité n’étaient réunies pour éviter une attaque d’un groupe islamiste.
Il réagissait ainsi à la demande du Pape d’être au plus près des fidèles lors de la messe, justifiant donc l’utilisation de la papamobile.
Mais d’après le Shin Bet, les manifestations prévues dans la ville arabe de Nazareth peuvent mettre en danger le Saint père. De plus, la police israélienne s’attend à de violentes manifestations le 14 mai, jour de la ‘Naqba’, (jour de la naissance de l’Etat d’Israël, célébré comme une ‘catastrophe’ par les Palestiniens).
D’après un proche de Benoit XVI, le Vatican s’est montré compréhensif aux impératifs sécuritaires.
Seule note positive, le nombre de visiteurs attendus en Israël durant ce mois. Le ministère du Tourisme a déjà ouvert un site internet consacré à la visite du Pape. Dans le cadre de la campagne qui a été lancé sous le slogan « dans l'esprit d'unité et de paix », le site rassemble toutes les informations pertinentes relatives à la visite papale, les lieux de pèlerinage et la liste des tour-opérateurs qui proposent des voyages en Israël.
En deux semaines, 8000 personnes originaires de 25 pays à travers le monde, ont déjà visité le site.
Un chiffre qui devrait augmenter avec les 1,5 millions de shekels qui vont être investis par le ministère du Tourisme afin de promouvoir la venue des Chrétiens en Israël en présentant le pays comme une destination spirituelle.
Disponible en sept langues, il met à la disposition des internautes les informations relatives aux sites chrétiens en Israël, les lieux de pèlerinages et les itinéraires conseillés.
La campagne promotionnelle devrait se poursuivre encore six mois en Italie, en Espagne, en France, en Pologne, au Brésil et aux Etats-Unis.
Et pendant ce temps, à Gaza...
Trouvé sur le site de radio Vatican:
Prendre soin des chrétiens de Gaza
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Une collecte au profit de la communauté catholique de Gaza [a eu] lieu ce jeudi Saint à l’occasion de la messe in coena Domini célébrée par Benoît XVI en la basilique Saint-Jean-de-Latran, la cathédrale de Rome.
Au début de l’année, le Conseil pontifical Cor Unum, en charge des initiatives caritatives du Pape, avait déjà fait parvenir une aide matérielle à la petite mais fervente communauté catholique de Gaza. Le territoire palestinien reste ainsi au cœur des pensées du Pape.
Cette attention particulière. L’occasion de faire un point sur la situation sur place. Dans quel état d’esprit se trouve la population presque trois mois après l’arrêt de l’offensive israélienne ? L’abbé Manuel Musallam, curé de la paroisse de la Sainte-Famille, la seule paroisse catholique de Gaza, a livré son témoignage à Claire Malapert.
Extrait: curegaza.mp3 [450 KB]
Ecouter la totalité sur le site: http://62.77.60.84/audio/ra/00157106.RM
Info ou intox?
Site de Haaretz
Le Pape devra-t'il renoncer à la papamobile?
Faut-il s'inquièter, comme le Père Scalese (dans son billet du 25 février dernier, Brutti presentimenti )?
Pas plus, en tout cas, qu'avant le voyage en Turquie, où on avait même eu droit à un thriller interrogeant "Qui veut tuer le Pape à Istanbul"?