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Galilée avait raison

A propos d'une dépêche d'agence d'hier, et d'une vive réaction lue sur un blog ami, un article ancien du Père Scalese, qui semble une réponse. Et ce que disait le cardinal Ratzinger à Peter Seewald (3/7/2009)

Dépêche de l'AFP d'hier, sous le titre... orienté "Un hiérarque du Vatican conseille d'être "humble" face à la science":

Le préfet des archives secrètes du Vatican, Mgr Sergio Pagano, a demandé jeudi à l'Eglise d'être "humble" face aux découvertes scientifiques pour ne pas répéter les erreurs commises avec Galilée, le célèbre astronome (1564-1642) jugé par l'Inquisition.
"Il faut approcher la science avec humilité", a dit Mgr Pagano, lors d'une conférence de presse.
"Sur les cellules souches, les problèmes d'eugénisme, les découvertes scientifiques, j'ai parfois l'impression qu'elles sont condamnées avec les mêmes préjugés que l'ont été les thèses" de Galilée, a-t-il relevé.
"Le cas Galilée apprend à la science à ne pas vouloir donner de leçons à l'Eglise en matière de foi et d'écritures saintes et apprend à l'Eglise à approcher les questions scientifiques avec beaucoup d'humilité et de circonspection", a-t-il estimé.
...
Galileo Galilei, qui a révélé que la Terre tourne autour du Soleil, avait été contraint de se rétracter sous la menace d'une condamnation au bûcher et ses oeuvres avaient été interdites de publication par le Vatican.
Il n'a été réhabilité qu'au XXe siècle par l'Eglise catholique, plus de 300 ans après son procès.
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Cette dépêche a amené une réaction vigoureuse d'Yves Daoudal, sur son blog:

Il y dénonce "trois graves erreurs (ou calomnies) historiques. L'héliocentrisme de Copernic, c'est près d'un siècle avant le procès de Galilée. Il n'y a jamais eu de menace de bûcher. D'abord, certains de ses écrits ont été interdits. Jugé 17 ans plus tard en récidive, il est condamné à la prison à vie, peine immédiatement commuée par le pape en résidence à vie, et en fait il passera quelques mois chez l'évêque de Sienne (il y a pire...), avant de retourner chez lui à Florence. Enfin, il n'a pas été réhabilité : Jean-Paul II a reconnu certaines erreurs de ses juges. (Ce qui n'empêche qu'en 1990 le cardinal Ratzinger avait repris à son compte l'interprétation du philosophe des sciences Paul Feyerabend jugeant la position de l'Église d'alors plus rationnelle que celle de Galilée)."
Et il s'étonne des propos "ahurissants" du prélat, concernant "les cellules souches, les problèmes d'eugénisme, les découvertes scientifiques...".
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En réalité, la conférence de presse de Mgr Pagano est relatée sur Zenit en français , et les propos du prélat, tels qu'ils y sont rapportés, diffèrent sensiblement de l'information idéologiquement orientée rapportée par l'AFP. En particulier, le titre de l'article ne mentionne que l'"humilité", la "circonspection" n'est mentionnée que plus loin, à la fin, alors qu'elle modifie entièrement le sens des propos tenus:
« Le cas Galilée enseigne à la science de ne pas prétendre enseigner l'Eglise en matière de foi et d'Ecriture Sainte, et il enseigne en même temps à l'Eglise de s'approcher des problèmes scientifiques - fussent-ils liés à la plus moderne recherche sur les cellules souches, par exemple - avec une grande humilité et circonspection ».

Cela m'a rappelé un billet du Père Scalese, daté du 10 juin. Réagissant à un long article de Zenit en italien, il arrive à une conclusion pas très éloignée, en apparence, de celle de Mgr Pagano. Mais personnellement, les propos de ce dernier (au moins comme ils sont présentés par l'AFP, et même par Zenit) me gênent un peu, alors la réflexion du Père Scalese me paraît comme le plus souvent, frappé au coin du bon sens. Car là où l'un parle d'humilité de l'Eglise (pourquoi l'Eglise devrait-elle seule à être humble?), lui parle uniquement, non pas de simple circonspection, mais de prudence, de ne pas se compromettre, dans un but d'auto-protection. Car "les autres passent, mais Elle reste".
Nuance de taille...

Article ici: http://querculanus.blogspot.com..
Ma traduction:

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mercredi 10 juin 2009
Galilée avait raison
Père Scalese
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ZENIT (en Italien) rapporte une vaste interviewe de Mgr. Melchor Sánchez de Toca, Sous-secrétaire du Conseil Pontifical pour la Culture, sur le cas Galilée. Je dois avouer que je n'ai jamais approfondi la question ; j'ai lu, oui, beaucoup d'articles sur le sujet, mais je ne peux pas dire qu'ils m'aient beaucoup aidé à éclaircir mes idées. Je suis encore plutôt confus. Je suis certain d'une seule chose : que nous nous trouvons face à un mythe. Le problème est que les différentes tentatives faites jusqu'à présent pour « démythifier » Galilée ont complètement échoué. Si vous lisez les différents articles publiés depuis quelques années sur Galilée, vous n'en trouverez pas deux qui disent la même chose : chacun cherche à résoudre le cas d'un point de vue différent ; c'est pourquoi, à la fin, on ne sait pas à qui donner raison.

Pour être sincère, je n'ai pas encore compris pour quel motif exact Galilée a été condamné. Aujourd'hui Mgr Sánchez de Toca dit que Galilée avait violé une disposition précédente, il avait obtenu frauduleusement l'imprimatur pour son livre, et que la théorie copernicienne, sans être condamnée comme hérétique, fut déclarée contraire aux Écritures. Jusqu'à présent il me semblait avoir compris que la faute de Galilée avait été d'avoir prétendu interpréter les Écritures, c'est-à-dire d'être entré dans un terrain qui n'était pas le sien. Pour ce qui me concerne, tout cela me va ; je voudrais seulement qu'il y ait un peu plus de clarté en la matière.

En l'absence de cette clarté, on peut pas ensuite se plaindre que les gens croient que Galilée a été emprisonné, torturé et brûlé sur le bûcher, malgré que cela n'ait jamais été écrit nulle part. Ce qu'a fait l'Église ces dernières années n'a pas le moins du monde égratigné la vulgate courante ; au contraire, je dirais qu'elle n'a rien fait d'autre que la confirmer. Que reste-il, dans l'esprit des gens, de la "révision" (?) du procès de Galilée, voulue par Jean Paul II ? Que l'Église a reconnu ses erreurs et que le Pape a demandé pardon pour la condamnation de Galilée. Donc, tout ce qu'on avait toujours pensé à propos de Galilée était vrai ! Même le Pape a dû l'admettre !

Donc, vu que j'ai les idées encore un peu confuses sur le cas Galilée, je préfère ne pas m'en mêler et ne rien dire. Je voudrais cependant m'arrêter sur quelques d'aspects, corrélés entre eux, qui selon moi méritent quelque attention.
Avant tout, pourquoi l'Église continue-t'elle à ne pas avoir la conscience tranquille (aver la coda di paglia) sur le cas Galilée, alors qu'elle n'était pas la seule à ne pas partager ses positions, mais avait de son côté tout le monde scientifique de l'époque ? Comment se fait-il que tout le monde s'en prenne à l'Église et personne aux scientifiques d'alors ?
Ce fait devrait nous faire réfléchir : l'Église devrait y aller doucement avant s'identifier avec les théories scientifiques propres à chaque époque, justement parce qu'il s'agit de simples « théories » ; l'Église ferait mieux de rester dans son terrain (foi et morale) et laisser les scientifiques s'arranger entre eux. Allons-y doucement avant d'affirmer que certains résultats sont « scientifiquement sûrs » ; même s'ils l'étaient, ce n'est pas le devoir de l'Église de ratifier les conclusions scientifiques. Le risque est qu'ensuite, avec le dévelopement de la science, l'Église perde complètement la face.

Pour moi, ce fut une nouveauté d'apprendre - et ceci est le second aspect que je voulais remarquer - que Galilée était parfaitement conscient de ce danger :

« Galilée demandait que l'Église ne condamnât pas la théorie copernicienne, pas tant par peur pour sa carrière professionnelle, mais parce que, s'il était avéré par la suite que la Terre tourne autour du Soleil, l'Église se serait retrouvée dans une situation très difficile et se serait ridiculisée face aux protestants, et Galilée voulait éviter cela parce qu'il était uncatholique sincère. Il disait : « Si aujourd'hui on condamne comme hérétique une doctrine scientifique, comme celle selon laquelle la Terre tourne autour du Soleil, qu'est-ce qui se passera le jour où la Terre montrera qu'elle tourne autour du soleil ? Il faudra donc déclarer hérétiques tous ceux qui soutiennent que la Terre est au centre ? » ».

L'Église aurait dû tirer la leçon de cette expérience ; et au contraire, il me semble qu'elle continue à retomber dans la même erreur. Par la manie d'être au pas avec les temps (évidemment aux temps de Galilée c'était la même chose), elle ne s'aperçoit pas qu'elle se met dans une situation extrêmement risquée. Les temps changent rapidement ; l'histoire emporte ceux qui pouvaient sembler les protagonistes des époques précédentes, mais l'Église reste et elle devient cible facile pour les nouvelles générations, qui l'accusent de rester liée au passé. Il est évident que, vivant dans l'histoire, l'Église ne peut se passer de s'adapter aux exigences de son temps ; mais peut-être devrait-elle le faire avec un certain détachement, sans se compromettre plus que cela. Par exemple, pour rester dans le domaine scientifique, une certaine attitude excessivement bienveillante envers l'évolutionisme pourrait être assez dangereuse, parce qu'un jour cette théorie pourrait être réfutée. La morale elle-même, dans l'établissement les règles de l'action humaine, devrait peut-être faire abstraction d'hypothèses scientifiques nullement définitives (comme par exemple la mort cérébrale).
Plus largement, nous pouvons remarquer combien l'actuel élan de l'Église derrière la modernité, à part le retard habituel, est plutôt risqué parce que déjà maintenant nous vivons dans une époque qui se définit « post-moderne ». Des réflexions analogues pourraient être faites aussi dans le domaine historico-politique (dans le rapport avec les États ou dans l'adoption a-critique de « vérités historiques » pas encore entièrement vérifiées). L'Église, en ligne de principe (il est évident qu'après, il faut tenir compte de la réalité), devrait éviter de trop se compromettre; parce que ce qu'elle dit aujourd'hui pour satisfaire le monde, lui sera un jour immanquablement reproché. Oui, dans ce cas, Galilée avait raison.

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Sur ce sujet

- L'article de Zenit (en italien, pas encore traduit) est ici: http://www.zenit.org/article-18561?l=italian
Il s'agissait de "répondre" à la sortie du film "Ange et démons". Son titre sonne comme une étrange mais nécessaire mise au point: Galilée n'a pas été en prison, ni n'est mort sur le bûcher)
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- 2 liens peut-être pertinents, trouvés sur Internet:
http://www.francisrichard.net/article-30017137-6.html
http://fr.answers.yahoo.com/question/i...
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Voici ce que disait à ce sujet le cardinal Ratzinger à Peter Seewald (Le Sel de la Terre, pages 217-218)

A la question: Comment peut-on expliquer qu'il ait fallu des siècles pour que Galilée soit réhabilité ?,
il répondait:
Je dirais que l'on avait ici adopté le principe de laisser l'affaire se perdre par prescription. Personne ne ressentait le besoin de procéder expressément à une réhabilitation. C'est seulement à l'époque des Lumières que le cas de Galilée est devenu l'exemple typique du conflit entre l'Église et la science. Ce conflit a son poids historique, mais il n'était pas tout d'abord chargé d'une telle tension nerveuse, au point de devenir quasiment mythique. Les Lumières ont essayé d'en faire un symptôme de la manière dont l'Église se comporte envers la science. Ainsi, le cas de Galilée s'est stylisé jusqu'à symboliser le caractère désuet de l'Église et son hostilité à la science. Peu à peu, on en est venu à penser : ce n'est pas un simple événement appartenant au passé, cela continue à tarauder les esprits et il faut que ce soit encore une fois explicitement réglé.

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