Une lettre de Carlota
du 18 juin. A propos du célibat des prêtres, d'une nouvelle de Barbey d'Aurevilly "Un prêtre marié", de Goya, et des films cathophobes évoqués dans ces pages (26/6/2009)
« Mieux vaut peu de prêtres, plutôt que de nombreux prêtres qui font scandale et qui défigurent le sacerdoce »
C’est ainsi que le Père Alfonso répondait déjà en avril 2009 dans son blog à cette revendication récurrente et même lassante du mariage des prêtres. Voir texte complet. http://owoudou.over-blog.com/...
L’évêque de Vienne amène une « pétition » à Rome. N’était-il pas d’après les médias sur la liste de ceux qui auraient pu être choisis comme Pape à la place de Joseph Ratzinger … Mais les cardinaux du conclave inspirés par le Saint Esprit ne sont pas les journalistes même vaticanistes, et nous ne savons pas tout de cette pétition!
Nous pouvons penser qu’il est sans doute plus facile pour les « catholiques » de Linz qui ont toléré et couvert la vie de leurs curés, une vie peu en rapport avec leur sacerdoce, de se dire défenseurs de la vrai foi face à un obscurantisme archaïque romain. Ainsi ils « s’auto – donnent » l’absolution plutôt que de s’interroger comme le dit le Saint Père : « la question, au fond, est si nous croyons qu'il soit possible et que cela ait un sens de vivre une vie fondée seulement et uniquement sur une chose, Dieu ».
Les hauts prélats de l’Église gréco-catholique, notamment en Roumanie, reconnaissent que les mariages de leurs prêtres posent plus de problèmes qu’ils n’en résolvent tandis que les mariages des pasteurs de l’église réformée de France, y compris dans de vieux et historiques bastions comme Nîmes ou Rochefort, ne semblent absolument pas avoir empêché une diminution des vocations et encore moins une dissolution des fidèles dans une société post-chrétienne. L’Église Anglicane ne semble pas, elle non plus, très vaillante et pourtant ses « clergymen » peuvent se marier ou vivre en couple.
Quant aux bien-pensants qui avancent que le mariage ou la vie en couple, est un antidote aux abus sexuels, il n’y a pas besoin de se repaître des faits divers pour se rendre compte que ce n’est malheureusement pas suffisant pour empêcher l’abominable.
Ces revendications pour le mariage des prêtres ne datent pas d’hier, elles font partie de l’arsenal des armes utilisées contre l’Église Catholique et sa spécificité (avec le sacerdoce pour les femmes, la communion des divorcés, etc.). Les « opposants » à Rome, même ceux qui s’autoproclament de fervents catholiques, ressortent régulièrement leurs revendications et s’agitent d’autant plus dans les périodes d’instabilité morale, politique, sociale.
Un prêtre marié
À sa manière Jules Barbey d’Aurevilly, considéré pour certains comme un catholique authentique (mais pas forcément des plus orthodoxes), en tout cas également doté d’un fort esprit de contradiction et de résistance à toutes les intrusions en bon héritier de ses ancêtres normands, brossait déjà en 1864 et dans son style bien à lui de romantique « retardataire » et atypique le portrait d’ « Un prêtre marié » et de sa fille Calixte. Et même si le côté romanesque de l’ouvrage et le contexte de l’histoire (la révolution française et les années qui suivirent) nous éloignent des affaires actuelles de ce monde, cela peut peut-être une bonne occasion de découvrir ou redécouvrir cet auteur.
Histoire morale puisque la fille expie toute sa vie la faute du père et que celui –ci ne mourra pas de la façon la plus paisible dans son lit !
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Note:
Ce roman fait partie du tome 1 des oeuvres de Barbey d'Aurevilly, aux éditions de la Pléïade. Il me semble l'avoir vu aussi aux éditions "Bouquin" (ou Omnibus?.. au moment où j'écris, je ne peux pas vérifier...)
Je l'ai trouvé (et acheté) en "poche", aux éditions GF-Flammarion.
LES FILMS CATHOPHOBES
(voir ici: Inquinamento )
Même sans être un fin connaisseur de Goya et un érudit en ce qui concerne l’Inquisition en Espagne dans les dernières années du XVIIIème, il me semblait de notoriété publique tout au moins pour ceux de ma génération que :
- Goya fut membre puis directeur de la prestigieuse Académie Royale de San Fernando.
- Il fut peintre de cour sous Charles III, Charles IV puis durant une partie des deux règnes de Ferdinand VII.
- Il poursuivit sa carrière à l’arrivée du Roi Joseph imposé par Napoléon 1er après l’entrevue de Bayonne.
Goya peignit ses grandes fresques bien connues des 2 et 3 mai 1808 à Madrid, en 1814 tandis que Ferdinand VII retrouvait sa place sur le trône d’Espagne et ce fut volontairement qu’il quitta l’Espagne 14 ans plus tard pour s’installer à Bordeaux. D’ailleurs il revenait de temps en temps dans son pays natal.
Il semble donc que même s’il eut des difficultés avec les autorités de son temps, il vécut néanmoins assez bien de son art !
L'empereur des Français pensait rendre service à l'Espagne en la débarrassant des Bourbons jugés incapables et en lui donnant des institutions modernes. Il allait aussitôt faire abolir l'ancien régime, supprimer les droits féodaux, la justice seigneuriale, les douanes intérieures, etc. Un certain nombre d’Espagnols * (en général aisés) furent d'ailleurs séduits par les réformes françaises. Et pourtant, malgré Joseph Bonaparte, cet ancien avocat et jeune roi aux idées modernes et libérales, les Espagnols mus par un immense élan patriotique menèrent une guerre acharnée contre la Grande Armée et l’antéchrist qu’était censé être Napoléon. Si l’Église avait été si oppressante et éloignée du peuple espagnol, comment expliquer l’embrasement de l’Espagne et la lutte des Espagnols contre leurs « libérateurs » ? Mais il est vrai qu’il est de bon ton de dire que « la religion est l’opium des peuples » (bien qu’il s’agisse d’un anachronisme de prononcer cette phrase en parlant du début du XIXème siècle !) même si dans le cas précis évoqué ci-dessus la religion catholique semble plutôt avoir été un bon détonateur…
* Les fameux « afrancesados ». Afrancesado : terme encore employé péjorativement aujourd’hui notamment quand il s’agit de conspuer l’attitude lèche - bottes des politiques espagnols vis-à-vis de la France. Il a été utilisé récemment dans certains blogs d’opinion espagnols à l’adresse de José Luis Rodríguez Zapatero (président socialiste du gouvernement espagnol) quand il a accueilli en grande pompe à Madrid « le mari de Bruni » (sic)! Chercher l’(es)erreur (s)...
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Bien sûr l’absence d’un minimum de culture générale pour être capable d’apprécier à leur juste valeur les films d’endoctrinement cathophobe qui ont notamment comme toile de fond l’Espagne (Les fantômes de Goya de Milos Forman) ou le Vice-Royaume espagnol du Pérou (Le pont de Saint Louis roi), est évidemment un atout pour les producteurs, les réalisateurs et les scénaristes.
Mais pour compléter la présentation que vous avez faite de ces deux co-productions internationales, je me permets de vous adresser avec une jubilation certaine quelques extraits de critiques espagnoles émises à l’occasion de la sortie des dits films en Espagne :
« Le pont de Saint Louis Roi »
« À peine une bonne distribution. (…) le problème n’est ni la trame, ni la structure, sinon ce sentiment d’ennui que distillent les images du film, ce non mis à profit de grands atouts »
(M.Torreiro : Journal El País - 2004) - NDT El País a été créé en Espagne en 1976. Il s’apparente beaucoup au journal Le Monde.
« Pompeux effondrement (…) la paresse et l’assoupissement s’emparent de la salle et des fauteuils et le défilé des étoiles du cinéma ressemble au chemin des éléphants ».
(J. Cortijo : Journal ABC - 2004) NDT : l’ABC est un journal conservateur espagnol créé en 1903
« Les fantômes de Goya » : un film où Goya ne peint rien.
Par Beatriz Maldivia, scénariste et critique sur http://www.blogdecine.com/ , article du 9-11-2006 (extraits)
…. Milos n’est pas en forme et Goya ne peint rien… Peut-être que les erreurs commencent avec le personnage de Goya qui est inexistant, c'est-à-dire qu’il ne peint rien. … Seul son physique clairement scandinave (NDT Francisco Goya est joué par Stellan Skarsgård) apporte un peu plus d’invraisemblance encore à son interprétation anémique.
Mais le problème fondamental, c’est une fois de plus le scénario….le plus absurde qu’on ait vu depuis des années…l’interprétation de Natalie Portman (Inés) le rend encore plus ridicule. …quand on lui (NDT à Inés) offre (NDT dans une auberge madrilène) un succulent petit cochon de lait de Ségovie pour le dîner, elle le repousse avec une moue de gamine maniérée qui n’est ni crédible ni bien interprétée. Si elle était étrangère, elle pourrait réagir ainsi mais en étant espagnole…Donc les inquisiteurs qui la voient se refuser à manger du porc, en arrivent à conclure qu’il s’agit d’une hérétique qui pratique des rites judaïsants. …. En fait ils l’arrêtent pour être une aussi mauvaise actrice…
Mais le pire du scénario ce n’est pas la niaiserie mentale de l’histoire ni son trait grossier. Le pire c’est que, pour lui donner de l’importance on s’est servi de toute l’histoire de l’Espagne durant les quinze ans que couvre le film. Évidemment une histoire stupide et simplette a besoin d’un contexte historique qui simplifie toute l’histoire de l’Espagne jusqu’à la limite extrême d’un « folklorisme » insultant.
La première insulte commence par centrer l’histoire autour de l’Inquisition. …En second lieu, on simplifie toutes les réformes que l’invasion de Napoléon à amener pour les réduire à un groupe de messieurs très, très mais très méchants, qui tirent sur les curés à la messe. Troisièmement, l’expulsion des Français et le couronnement de Ferdinand VII se vend comme un processus instantané qui permet aux Espagnols de revenir à leur être authentique et de crier « Vivent les chaînes » et de restaurer l’Inquisition qui nous plaisait tant.
…
NDT en espérant que les auteurs de ces critiques me pardonneront de n’avoir cité que quelques parties de leurs articles.
L’humour est une bonne arme pour répondre à ce genre de films, malheureusement le ridicule ne tue pas. En manquant de charité, je conclurais : quel dommage !