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Christianophobie et indifférence de l'Occident

Une réflexion sombre et lucide de Vittorio Messori, dans Il Corriere della Sera, après l'assassinat de Mgr Padovese: pourquoi cette haine des chrétiens? pourquoi cette indifférence de l'Occident? (12/6/2010)



Editorial de Vittorio Messori dans il Corriere della sera.
http://www.et-et.it/...
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Christianophobie dans un Occident toujours plus sécularisé?
"Christianicide" dans un Islam toujours plus fanatisé?
Néologismes d'une actualité dramatique, à l'approche des funérailles à Milan de l'évêque capucin assassiné en Turquie. Beaucoup de gens ne croient pas en la théorie du déséquilibré, compte tenu également des précédents d'homicides de chrétiens, attribués par les autorités locales à des fous hors de contrôle.
A cette espède d'insouciance islamique, se rapproche celle de l'Occident, prêt à exprimer son indignation et à manifester dans la rue pour toutes les bonnes causes, réelles ou supposées l'être, mais qui semble ici avoir mis une sourdine aux protestations. Notre indignation est, le cas échéant, pour la menace au bien-être des poissons et des oiseaux dans le golfe du Mexique pollué, plus que pour les croyants en l'Evangile martyrisés en Asie et en Afrique. Pourtant, des statistiques irréfutables montrent que le christianisme est de loin la religion la plus persécutée dans le monde. A faire la chasse aux baptisés il n'y a pas seulement les habituels musulmans - ou du moins leurs franges extrémistes - mais au premier rang, on trouve aussi les hindouistes qui, dans le mythe libéral, étaient le paradigme de la tolérance non-violente. Il ne manque pas non plus de violences sanglantes, y compris de la part des «pacifique» bouddhistes, sans parler des tueries auxquelles se livrent volontiers les adeptes des religions anciennes et nouvelles de l'Afrique noire.

Pourquoi tant de haine et pourquoi tant de détachement de notre côté, face à ce qui prend parfois la forme horrible du massacre? Le croyant perçoit ici le sens "au-delà du monde" (ultamondano) des paroles de Jésus: "S'ils m'ont persécuté, ils vous persécuteront aussi." La possibilité du martyre fait partie d'un point de vue qui a son fondement dans l'Evangile lui-même. Pour citer Chesterton, un converti: "Notre symbole est la croix sur le Golgotha, et non pas la villa dans la banlieue verte de Londres."

Mais au-delà de la lecture religieuse, quels sont les facteurs historiques qui ont créé et alimentent la haine pour les chrétiens?
Pour en rester au cas qui est aujourd'hui le plus inquiètant, le musulman, on ne prend pas souvent en compte qu'en des temps non pas anciens, mais remontant à la fin de la Seconde Guerre mondiale, il n'y avait aucun pays islamique qui pouvait être appelé indépendant. Tous, sans exception, faisaient partie d'un empire colonial européen ou étaient soumis à son protectorat. Pour un Islam frustré et impuissant, le christianisme était la religion des "patrons": un paradoxe, d'ailleurs, dans des pays comme la France ou la Belgique, où la classe politique au pouvoir était engagée chez elle dans la lutte contre l'Eglise, et entravait dans les colonies l'action des missionnaires catholiques et poussait à la création de loges maçonniques. Mais aussi un paradoxe dans l'Empire britannique, où on favorisait l'église anglicane - cette "Chambre des Lords en prières", ainsi qu'on l'a définie, qui, plutôt que l'Évangile, annonçait les vertus civiques, les préjugés, l'excentricité de l'establishement politique britannique.
Mais toutes ces distinctions ont été effacées par la propagande en faveur de la décolonisation, où le tyran "européen" a été identifié 'tout court' (en français dans le texte) avec les chrétiens. Dans le cas du Moyen-Orient, la situation a été beaucoup aggravée par l'insertion d'Israël, ressentie comme une violence: le grand patron nord-américain de l'Etat juif se targue d'être le champion du christianisme biblique, il en est même surgi le puissant mouvement des "Chrétiens pour le sionisme" (Bush junior en faisait partie), pour lequel le retour des Juifs en Palestine devait être encouragé, comme annonce de l'apocalypse et du retour glorieux du Christ. Ainsi, l'aversion pour Israël est-elle devenue pour les foules musulmanes la haine pour la foi dans le Juif Jésus. Même des zones où survit une tolérance religieuse, comme l'Irak laïque de Saddam Hussein, ont été empoisonnées par l'agression violente des "chrétiens" Américains.

Quant à nous et à notre absence de mobilisation, il ne fait aucun doute qu'une partie influente du media-system occidental est du côté de ceux qui - comme ce fut le cas des Jacobins (ndt: en fait révolutionnairs, jacobin n'ayant pas perdu, dans le vocabulaire italien, sa charge péjorative et violente) de 1793 - voudraient "fermer définitivement la parenthèse chrétienne". Enjamber deux millénaires (en français dans le texte) et recommencer à zéro, nous "écroûtant" le dos de l'héritage funeste de ce Crucifié que - ce n'est pas un hasard - l'UE veut enlever des murs. Une telle Union qui refuse jusqu'à l'évidence historique, niant ses racines chrétiennes, peut-elle s'indigner si, dans le monde, une croyance pour laquelle on n'espère aucun avenir, est dans une situation difficile?
Un certain victimisme chrétien laisse perplexe, tout comme un complotisme, un peu paranoïaque: il n'y a pas de doute, cependant, que l'augmentation prévisible de la violence contre les croyants en l'Evangile ne s'accompagnera pas d'une augmentation de la solidarité dans les pays qui eux-mêmes ont été privilégiés par cette foi.

Une Eglise plus combattive (II) Le site de la Fondation Benoît XVI/J. Ratzinger