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L'Eglise et le Pape attaqués (III)

Voilà qui est l'avocat américain Jeff Anderson qui veut envoyer Benoît XVI à la barre... et pourquoi. Très intéressant article sur le site <Ragionpolitica.it>, avec des précisions juridiques qui sont de la vulgarisation, mais inédites pour moi. (9/7/2010)



Voilà qui est l'avocat qui veut envoyer Benoît XVI à la barre
7 Juillet 2010
Francesco Natale
http://www.ragionpolitica.it/...
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Les premières informations significatives sur Jeff Anderson remontent à la fin des années 60: activiste frénétique dans le milieu de différents mouvements pour la paix et les droits civils , en 1967 , Anderson se retrouve père à 19 ans . Il tente la voie de la faculté de droit à Saint- Paul . Il échoue, et devient l'un des nombreux "drop out" (1). Peu de temps après, il parvient à décrocher son diplôme au William Mitchell College of Law, une faculté de droit qui combine l'étude théorique de la loi à la pratique sur le terrain , et dont les tarifs ne sont pas exactement des plus abordables . Environ 20.000 dollars par semestre, entre droits d'inscription et frais de subsistance . A l'origine luthérien, il devient athée .

Aujourd'hui , à 62 ans après une carrière d'avocat sans scrupule qui a décollé au milieu des années 80 , Jeff Anderson est l'homme qui veut forcer le Pape Benoît XVI à témoigner sous serment au sujet des présumés scandales de pédophilie aux Etats-Unis. Anderson s'est «spécialisé» depuis des années dans ce type d'opération . Tout a commencé , apparemment quand sa fille aînée a soutenu avoir été agressé à 8 ans par un psychothérapeute que la fillette était contrainte de fréquenter à cause du traumatisme causé par le divorce d'Anderson d'avec sa première épouse. Ledit psychothérapeute était un ancien prêtre catholique. Ayant redécouvert une religiosité sur mesure et toute personnelle, Jeff Anderson a lancé d'innombrables poursuites judiciaires contre des évêques , des diocèses , des écoles catholiques , des prêtres .

Le mécanisme à travers lequel il opère est le suivant: Aux États-Unis, il est possible pour quelqu'un qui ne peut se permettre de payer un avocat , surtout s'il est très populaire et médiatiquement surexposé, de recourir à une sorte d'aide juridique . En d'autres termes , le demandeur ( plaintiff ) s'assure gratuitement les services juridiques: Si la cause est perdue , il n'a rien à payer. En cas de victoire, le cabinet d'avocats , en vertu d'accords privés conclus avec le demandeur, a droit à un pourcentage des dommages-intérêts accordés pouvant aller de 40 à 80% . Dans la seule année 2002 , le cabinet dirigé par Anderson a gagné des causes pour 60 millions de dollars .

Maintenant , si d'un côté cette forme particulière de "patronage" s'avère, au moins en apparence , plus équitable et efficace que l'aide juridique des pays de civil law (ndt: http://fr.wikipedia.org/wiki/Droits_de_tradition_civiliste , système codifié en gros inspiré du droit romain, par opposition au common law, ou droit coutumier, qui est le système américain) il est également évident qu'elle multiplie les plaintes de façon exponentielle, puisque de fait, le requérant et son représentant légal n'ont que peu ou rien à perdre: c'est comme un coup de dés .

Et là, nous en arrivons au premier punctum dolens (point crucial) de l'affaire: s'il est vrai et indéniable que différents enfants et adolescents ont subi des sévices commis par le clergé , et s'il est au-delà de tout doute raisonnable que des prêtres ou des évêques sont poursuivis dans le plein respect des lois nationales et internationales , il est également vrai que, dans une situation où une probatio diabolica est souvent nécessaire, c'est-à-dire où c'est l'accusé qui doit prouver qu'il n'a pas commis de sévices, les plaignants et leurs avocats peu scrupuleux ont la partie extrêmement facile.

Maintenant , nous ne voulons nullement supposer qu'Anderson se consacre à de telles actions de pillage juridique, mais les précédents ne manquent pas ( et même, ils sont légion: depuis ceux qui ont essayé de poursuivre Dieu en la personne de ses représentants légaux sur la terre, jusqu'à ceux qui ont dit , sur la base de lois sur la propriété jamais abrogées, remontant à 1700 , qu'ils étaient propriétaires de l'univers .. . Dieu bénisse l'Amérique ! ) et la possibilité est réelle que le grand impact médiatique des affaires de pédophilie du clergé attirent comme des abeilles sur le miel des petits et des grands profiteurs pour lesquels, en effet, accuser de harcèlement un évêque ou un clerc ne comporte aucune conséquence négative . Tout à gagner et rien à perdre . Surtout quand , soit par stratégie judiciaire de prudence, soit à cause de la passion effrénée des américains pour la vie privée, les demandeurs se cachent derrière un anonymat prudent: ergo, vous êtes accusé d'un crime infamant dont la simple contestation comporte déjà en soi une condamnation funeste avant même qu'une sentence ne soit rendue, et vous ne connaissez même pas votre accusateur, sinon une fois la partie jouée.

Et posons le cas pas du tout improbable, et même très très fréquent , qu'après enquête, l'accusé soit reconnu tout à fait innocent: nous ne parlons pas d'accusation pour un hold-up sur une banque, un vol ou un insider trading (délit d'initiés) , crimes pour lesquels , en cas de déni de justice , on peut se satisfaire d'une tape sur l'épaule et d'une rémunération raisonnable . Nous parlons d'abus sur des mineurs. Un crime dont la seule mention cause la mort civile . Eternelle .

Je continue de penser ( je me plais à penser, c'est mieux comme ça ... ) qu'on ne peut pas parler de complot ourdi contre le Vatican et ses représentants , mais un doute surgit quand même spontanément: est-il possible que mes confrères journalistes d'outre-Atlantique, chevronnés et habiles comme ils sont, n'aient pas tenu le moindre compte des conséquences qu'un saccage médiatique dans les règles entraînerait ? Que cela soit suffisant pour causer un tort mortel à l' autorité morale de l'Église catholique, je ne le crois pas : ce qui est certain, c'est - chose statistiquement pour le moins curieuse - que les dénonciations et les plaintes pour harcèlement sexuel se sont multipliées au-delà de toute mesure. Pouvons-nous, ou devons-nous nécessairement croire que toutes ont un fondement ? Ou est-il licite de formuler l'hypothèse selon laquelle l'insistance, de la part de la presse et des cabinets d'avocats , à souligner ad nauseam la très grande quantité de compensation réalisées et réalisables , autrement dit d'avoir déplacé le coeur d'une action juridique, du domaine du sérieux et de la morale, vers celui purement économique , a attiré l'attention de nombreux profiteurs grands et petits , dont l'attitude constitue une impardonnable offense contre les véritables victimes des abus ?

D'autre part, Anderson sait très bien que Sa Sainteté est un chef de l'Etat. Comme tel, il est peu probable , très improbable qu'une quelconque Cour de justice puisse concéder à un quelconque avocat le droit d'interroger le Pape sous serment. Sans compter que postuler une responsabilité objective de la part de Benoît XVI est tout simplement une aberration juridique .

Mais il est raisonnable de penser que cela n'a jamais été réellement l'intention d' Anderson. Il suffit de faire un tour sur n'importe quel réseau social (social network) ou site Internet italien ou étranger pour réaliser que la stratégie médiatique sans scrupule de l' avocat américain a eu beaucoup de succès . Les restes de la gauche extrémiste et blogueuse l'encensent déjà, le Washington Post a consacré une série de pages de couverture , et, vraisemblablement, le nombre de demandeurs a atteint un nouveau sommet .

En conclusion, et nous ne pouvons que nous en féliciter avec Jeff Anderson, il semble être le prototype de la réussite si chère à un certain protestantisme américain, selon lequel la fortune et la réussite personnelle sont un signe de la providence divine . Mais attention: convertir la justice en machine à sous risque de transformer le rêve en un cauchemar sans réveil, dans lequel toute capacité critique meurt, et où prévalent toujours et malgré tout les sautes d'humeur dûment et subrepticement attisées de la multitude...

Note

(1) Dans les années 60, "dropping out" (http://en.wikipedia.org/wiki/Dropping_out ) désignait ceux qui se "retiraient" du système parce qu'ils étaient sans illusion, ou déçus par les valeurs conventionnelles. C'est un terme communément associé à la contre-culture des sixties, aux hippies. J'ignore (ou j'ai oublié) le terme français "technique" pour les désigner, en revanche, je vois très bien de qui il s'agit, et ce qu'ils sont devenus...)

A Castelgandolfo, le Pape est à la maison Des vacances de foi