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A Rome et en voyage: le Pape vu de près (VIII)

8ème chapitre de la belle biographie de Benoît XVI par Michael Mandlik traduite par Marie-Anne: le voyage au Brésil, en mai 2007 (28/6/2010)

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Se souvenir de ce beau moment: http://beatriceweb.eu/Blog/...
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Chapitres précédents: A Rome et en voyage: le Pape vu de près (VII)



Marie-Anne m'écrit:
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Voici une nouvelle partie du livre sur le voyage en Amérique Latine.

J'apprécie l'analyse de Mandlik qui ose aller à contre-courant du commun des journalistes.
Vraiment, j'ai beaucoup de plaisir à traduire son livre.

Le prochain chapitre parlera de notre St Père "de plus près".

- VIII -

Le voyage au Brésil

* * * * *

La statue de 10 m de haut de la Vierge qui surplombe la vallée d’Aparecida a été érigée par un pèlerin en signe de reconnaissance pour sa guérison.

Benoît XVI est le troisième pape à effectuer ce pèlerinage. Une imposante assemblée d’évêques de l’Amérique Latine et des Caraïbes a donné l’occasion à sa visite. Leur délégation représente la moitié de plus d’un milliard de catholiques répandus sur la planète. Et le poids de leurs église locales, avec leur centaine de millions d’adhérents vont sûrement influencer l’avenir de l’Église universelle.

Les préparatifs en ce mois de mai 2007 ont été intenses sur les lieux. On devait faire face à un nombre toujours plus élevé et jusque là imprévisible de pèlerins qui affluaient au fur et à mesure. Le nombre de ceux qui sont venus participer à l’ouverture de l’assemblée des évêques (CELAM) atteint des centaines de milliers. A l’intérieur de l’immense basilique construite en 1955, à l’image de St Pierre de Rome, les pélerins continuent à prier devant la Vierge Noire appelée “Nossa Senhora”, sans se laisser déranger par le vacarme ambiant. C’est grâce à cette statue trouvée dans le fleuve, non loin d’ici, en 1717, que le sanctuaire est devenu un lieu de pèlerinage très fréquenté à cause des nombreux miracles et des prières exaucées qui se produisent en ce lieu.

Lorsqu’en ce 9 mai 2007, après 12 h de vol, Benoît XVI descend de l’avion, une violente tempête de vent et de pluie bouscule le protocole. Seule la salutation du président Lula da Silva a été maintenue tout près de l’avion, tandis que la suite de la cérémonie a dû se dérouler dans un hangar se trouvant dans la proximité.

Dès son premier discours, le pape a délivré son message avec autant de courtoisie que de clarté, prêchant à temps et à contre-temps. Il a souligné la nécessité de la sauvegarde de la famille ainsi que le respect de la vie dès sa conception et jusqu’à sa fin naturelle. Mais en même temps il a salué le Brésil comme une nation imprégnée de la grande tradition catholique, qualifiant l’Amérique Latine comme le “continent de l’Espérance”. Quant au président Lula, il a considéré la présence du pape ici, en ce moment, comme une “bénédiction”. En effet, il existe des défis incontournables à relever dans ce pays à forte majorité catholique, depuis l’appauvrissement de plusieurs millions de Brésiliens jusqu’à la criminalité et la violence, sans oublier les controverses théologiques et l’émergence d’une multitude de sectes.

Depuis le hublot de son hélicoptère, Benoît XVI a pu constater le contraste qui saute aux yeux entre les bidonvilles d’une part et les richesses excessives de certains quartiers de Sao Paolo d’autre part. De là résulte la tension toujours prête à s’enflammer dans les favelas, ces repaires de bandes de drogués toujours prêts à tuer. Là les jeunes grandissent sans espoir de travail et sans perspective aucune. Là les catholiques sont récupérés par les sectes, surtout évangéliques, proie facile de ceux qui promettent un avenir meilleur. L’Église catholique, peut-elle abandonner ces pauvres et ces nécessiteux pour qui la Bonne nouvelle est destinée en priorité ?

Et pourtant, malgré le mauvais temps, une foule considérable de chrétiens attend Benoît XVI au centre ville de Sao Paolo pour lui réserver un accueil chaleureux, tout heureux de se trouver sur son passage. Les catholiques du Brésil représentent encore 70 % de la population, et avec ces 156 millions de croyants, leur pays peut être encore appelé “le plus catholique du monde”.

C’est à la tombée du soir que le pape arrive au monastère bénédictin Sao Bento pour y passer la nuit. Le choix de cette résidence n’est pas dû au hasard. L’église abbatiale a été restaurée en 1911 par les moines de la Bavière. Nous avons réussi à filmer, avant l’arrivée du pape, le cloître du monastère avec son jardin où fleurit une végétation tropicale. Une véritable oasis, lieu tout indiqué pour que Benoît XVI puisse respirer un peu durant ces journées plus que chargées qui l’attendent.

Ce soir donc, quelques milliers de personnes sont là sous le balcon de sa fenêtre. pour recevoir sa bénédiction. Ils sont venus pour cela non seulement du Brésil, mais aussi de tout le continent Sud-Américain et de l’Amréique Centrale, voire des Caraïbes. Leur jubilation éclate en ovation dès l’arrivée du pape. Cela nous paraît invraisemblable en Europe et on assiste à la scène d’autant plus impressionné. Une jeune Argentine nous donne l’explication : “Le Saint Père rayonne la bonté, on est venu l’écouter.” D’autres sont émus aux larmes et restent sans paroles. Une telle euphorie ne règne en général parmi les Brésiliens que lorsqu’ils remportent le championnat du foot !

Enfin, voilà un Equatorien un peu plus calme pour nous répondre : “Oui, je suis arrivé après 7 h de vol, mais cela valait la peine pour me retrouver en face du Saint Père.”

Au monastère Sao Bento, Benoît XVI a rencontré non seulement les moines mais aussi les représentants d’autres confessions chrétiennes, voire d’autres religions. Le grand rabbin de Sao Paolo Henry Sobel a salué en ce pape un ami du peuple juif et la rencontre avec le cheik musul­man Armando Hussein Saleh s’est déroulée également dans une atmosphère détendue.

Après le déjeuner pris en compagnie des moines et des évêques brésiliens, Benoît XVI a fait une courte allocution : « Je voudrais tout d’abord remercier la communauté monastique de son accueil extraordinaire. Oui, l’hospitalité est une des caractéristiques de la vie bénédictine, et nous avons pu l’expérimenter d’une façon remarquable. C’est un bon présage pour l’avenir du mona­chisme que de voir pratiquer jusqu’à nos jours ce charisme de St Benoît en toute vérité. – J’ai appris aussi avec satisfaction que vous avez ici une Faculté de philosophie. En ce moment de l’histoire où la laïcité tend à refouler la foi derrière l’intelligence, il est nécessaire de dispenser un enseignement à haut niveau de façon à ouvrir devant la raison des horizons plus larges, pour donner accès à la connaissance de Dieu, à la vie selon Dieu. Il s’agit de faire comprendre combien notre foi est “raisonnable”. »

Les derniers seront les premiers
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Nous voici au stade de Sao Paolo en train de poster nos caméras non loin de l’entrée de façon à capter la voix de certains jeunes venus rencontrer le pape Benoît XVI. Beaucoup d’entre eux sont déçus de constater à leur arrivée qu’à l’intérieur du stade toutes les places assises sont déjà occupées ! Quelques uns pourtant, venus de loin, sont partis très tôt pour arriver à temps, mais en vain. Et maintenant, que faire ? Ce qu’ils espérent, c’est au moins d’avoir la chance d’apercevoir le papamobile en lui faisant une haie d’honneur au passage. “Nous sommes là pour le pape et pour Jésus Christ”, nous dit Paulissa, une citadine. “Même si je ne verrais le pape que de loin mon émotion sera grande”, ajoute un autre jeune.

Or “les derniers seront les premiers et vice-versa” car le pape, apercevant ces jeunes restés dehors, fait arrêter le cortège. Et il avance tout doucement sur son papamobile, saluant et bénissant ces jeunes entassés sur son passage. Ceux-ci sont abasourdis de se trouver plus près du Saint Père que les autres qui l’attendent au stade sur leurs places assises. Ceux-là à leur tour réserveront au pape un accueil digne d’un superstar. Chants et danses lui seront présentés pour illustrer la diversité culturelle du pays.

Et ils écouteront attentivement le message du pape sans le qualifier d’anachronique. Pourtant, Benoît XVI leur présente l’idéal de la foi et aussi l’idéal de l’amour avec la continence observée avant le mariage. Mais en même temps, il exhorte les jeunes de vivre intensément, en s’engageant pour la défense des droits de l’homme et la sauvegarde de l’environnement. « Vivez dans l’enthousiasme et la joie, mais avant tout, ayez le sens de vos responsabilités. »

Il n’ignore pas les conditions de vie précaires de tant de jeunes, c’est pourquoi il insiste sur l’Espérance dont ils ont plus que jamais besoin. Et lorsqu’il aura affirmé : « Cette Espérance, vous la trouverez en orientant votre vie dans la direction de Dieu » il sera applaudi à tout rompre.

Ce même accueil enthousiaste lui sera réservé au “Champ de Mars” de Sao Paolo, lors de la canonisation du franciscain brésilien Frei Galvao. Ce saint s’est dépensé au service des pauvres, des malades et des nécessiteux au 18e siècle, mais son exemple garde toute son actualité. En faisant allusion à la fausse piste de la théologie de la libération, le pape a souligné : “La vraie révolution, celle qui entraînera un changement radical dans le monde, ne peut venir que de Dieu.”

A la cathédrale “Metropolitana”, devant les évêques brésiliens il continue à parler de la responsabilité de l’Église vis à vis des pauvres et des miséreux, en fustigeant l’écart sans cesse grandissant entre les riches toujours plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres. Les prêtres doivent s’engager pour le salut de chaque personne, avec une option préférentielle pour les pauvres.

Pour l’Espérance
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Un effort considérable a été fourni pour accueillir le pape, à la Fazenda da Esperança, fondée par le franciscain allemand Hans Stapel. La visite, malgré sa brièveté, aura un grand impact pour l’avenir. Le fondateur de cette ferme de l’Espérance, en répondant à notre question, évoque sa surprise lorsqu’il a appris que le pape avait accepté l’invitation sans aucune réticence. Ici, les drogués sont guéris de la toxicomanie par un traitement basé non pas sur les médicaments, mais sur un travail quotidien régulier et sur la prière. Au bout d’un an, 80 % des malades quittent l’établissement, guéris de leur mal terrible. Ils ne sont pas des assistés, mais ils doivent gagner eux-mêmes leur entretien par les services qu’ils rendent. Leur insertion dans une vie nouvelle est basée sur la foi et l’espérance dont ils auront appris la valeur durant leur séjour. 45 autres fermes d’espérance existent réparties dans le monde entier, dont 2 en Allemagne. De cette façon 15 mille toxicomanes ont trouvé déjà une issue de leur impasse infernale. Ce chemin de guérison n’est certes pas facile, mais devant ceux qui réussissent à être délivrés de leur dépendance, une perspective d’avenir s’ouvre enfin.
Marcos, un jeune de 30 ans, fut esclave de l’héroïne. Il nous dit : “Je suis ici depuis 7 mois , en laissant une très mauvaise vie derrière moi. Cette fazenda m’a sauvé et a aidé aussi ma famille.” Puis, il ajoute en nous serrant la main, le visage rayonnant de bonheur : « Oui, enfin, nous avons tous trouvé le bonheur. »

Et voici que le pape arrive, au bout de 3 h de voiture, depuis Sao Paolo. On le voit très impressionné de ce qu’il a sous les yeux. Si la thérapie réussit en ce lieu cela est dû en partie à la présence des sœurs clarisses. Benoît XVI poursuit son message d’espérance qu’il a communiqué déjà aux jeunes réunis au stade de Sao Paolo : « L’espérance apporte un changement si elle est basée sur Dieu. » Et son visage reflète une grande émotion lorsqu’il écoute le récit des “miraculés”. Il les embrasse, il les bénit, en les exhortant de devenir à leur tour des messagers d’espérance pour les autres.

Il encourage aussi les organisateurs de poursuivre leur travail. “Dieu doit aimer tout particulièrement ceux qui souffrent de ce mal terrible, et Il bénit ceux qui leur viennent en aide.” Il a souligné aussi l’importance du dévouement des sœurs clarisses, en les remerciant de leur prière et de leur travail difficile.

Contre l’Idéologie
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13 Mai 2006. Aparecida. – C’est le sommet du voyage au Brésil avec l’affluence de centaines de milliers de personnes venus non seulement accueillir Benoît XVI, mais aussi pour l’ouverture de la 5e assemblée des évêques d’Amérique Latine. Quelles en seront les conséquence pour les plus de 45 millions de catholiques répandus en Amérique du Sud, en Amérique Centralet et dans les Caraïbes ? Le pape a condamné une fois de plus les dérives politiques de la théologie de la libération. Ce qui fonde l’espérance, c’est avant tout “la foi en un Dieu Amour qui s’est incarné, est mort et ressuscité en Jésus Christ”. La tâche qui attend l’Église, c’est un nouvel élan missionnaire, qui manifeste de façon sans équivoque sa présence auprès des pauvres et des nécessiteux. Il a rappelé aux 270 évêques et déléqués leur devoir de prendre des décisions qui montreront le chemin de l’avenir. Ce fut un appel pressant pour promouvoir la justice et pour s’engager en faveur des pauvres et des laissés-pour-compte. C’est qu’avec la globalisation il y a un danger menaçant qui vise à un profit immédiat et sans scrupule, et qui a comme conséquence l’accroissement des fortunes sans contrôle. Le pape a exprimé aussi son souci concernant les régimes autoritaires du continent dont l’idéologie ne peut pas être approuvée par les chrétiens.

Au sujet des sectes, il a rappelé que l’Église ne doit pas augmenter son effectif par un recrutement artificiel, mais plutôt en suivant l’exemple du Christ qui a tout attiré à Lui unique­ment par la force de son Amour.

Malheureusement ce discours si important n’a pas trouvé la place qu’il aurait mérité dans les journaux. Une fois de plus, la critique s’est emparé d’une seule phrase en reprochant au pape d’avoir minimisé la souffrance des indiens qui avaient été obligés d’embrasser la foi catholique par la force, puisque les missionnaires étaient arrivés sur le continent en même temps que les colons. Et pourtant, cette levée de boucliers aurait pu être évitée si l’on n’avait pas oublé la déclaration de Jean-Paul II qui, en 1992 a déjà clairement pris parti au nom de l’Églsie pour les indigènes en reconnaissant les fautes commises lors de la première évangélisation.

Ainsi, cette visite apostolique qui, à maints égards, avait été une réussite, serait une fois de plus déformée par par les médias, laissant ainsi une impression défavorable dans l’opinion.

Bien connaître son ennemi... Etat de l'Eglise en Belgique