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Concert offert par le patriarche Cyril 1er

pour l'anniversaire de Benoît XVI. Un moment significatif du rapprochement entre catholiques et orthodoxes. Extraordinaire discours du Saint-Père, sur les deux poumons de l'Europe, et photos (21/5/2010)

Benoît XVI a assisté hier dans l'Aula Paul VI à un concert pour l'anniversaire de ses 83 ans et de ses cinq ans de pontificat, offert par le patriarcat orthodoxe de Moscou, dans un geste dont on ne peut ignorer l'intention courtoise et la délicatesse.

Pour l'anecdote, l'orchestre russe était dirigé par Carlo Ponti, fils de Sofia Loren et de Carlo Ponti (elle était présente dans l'assistance et a salué le Pape).

Ma traduction de son discours (Original en italien: Raffaella)

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Vénérés frères,
Mesdames et Messieurs,
Chers frères et sœurs,

nous venons d'entendre, dans une mélodie sublime, les paroles du Psaume 135, qui interprétent bien nos sentiments de louange et de gratitude au Seigneur, ainsi que notre joie intérieure intense pour ce moment de rencontre et d'amitié avec les chers frères du Patriarcat de Moscou. A l'occasion de mon anniversaire et du cinquième anniversaire de mon élection comme Successeur de Pierre, Sa Sainteté Cyrille, patriarche de Moscou et de Toutes les Russies, a voulu m'offrir, en même temps que les paroles très appréciées de son Message, ce moment musical extraordinaire, présenté par le Metropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations extérieures du Patriarcat de Moscou et auteur de la Symphonie qui vient d'être exécutée.

Ma profonde gratitude, va donc avant tout à sa Sainteté le Patriarche Cyrille. À lui j'adresse mes salutations les plus cordiales et fraternelles, exprimant vivement le souhait que la louange du Seigneur et l'engagement pour le progrès de la paix et de l'harmonie entre les peuples nous réunissent toujours davantage et nous fassent grandir dans la syntonie des intentions et dans l'harmonie des actions.
Je remercie donc, de tout coeur le métropolite Hilarion, pour le salut qu'il m'a adressé si gentiment et pour son engagement œcuménique constant, me félicitant avec lui de sa créativité artistique que nous avons pu apprécier.
...
[Ici, le Saint-Père remercie les différentes personnalités présentes, terminant par "la communauté russe présente à Rome et en Italie, qui participe à ce moment de joie et de fête".]

Pour sceller cette occasion de manière vraiment exceptionnelle et suggestive, il a été fait appel à la musique, la musique de la Russie d'hier et d'aujourd'hui, qui nous a été proposée avec une grande maestria par l'Orchestre national de Russie, dirigé par Carlo Ponti, par le Chœur Synodal de Moscou, par la Chapelle des Cors de Saint-Pétersbourg.
J'adresse un remerciement sincère à tous les artistes pour le talent, l'engagement et la passion avec lesquels ils proposent à l'attention du monde entier des chefs-d'œuvre de la tradition musicale russe. Dans ces œuvres, dont aujourd'hui, nous avons entendu un échantillon significatif, est présente, de manière profonde, l'âme du peuple russe et avec elle la foi chrétienne, qui trouvent une expression extraordinaire précisément dans la Divine Liturgie et dans le chant qui l'accompagne toujours. Car il y a un lien étroit, originel, entre la musique russe et le chant liturgique; c'est dans la liturgie, et par la liturgie que se libère et prend son essor la plus grande partie de la créativité artistique des musiciens russes pour donner vie à des chefs-d'œuvre qui mériteraient une plus grande connaissances dans le monde occidental. Aujourd'hui, nous avons eu la joie d'écouter des morceaux de grands artistes Russes des XIXe et XXe siècles, comme Moussorgsky et Rimsky-Korsakov, Tchaïkovski et Rachmaninov. Ces compositeurs, et ce dernier en particulier, ont su tirer profit du riche patrimoine de la musique liturgique russe traditionnelle, en la retravaillant et en l'harmonisant avec des motifs et des expériences musicaux de l'Occident, et plus proches de la modernité. Dans cette veine, je crois qu'on peu aussi situer l'oeuvre du Métropolite Hilarion.

Dans la musique, donc, s'anticipe déjà et en quelque sorte se réalise la confrontation, le dialogue, la synergie entre Orient et Occident, et aussi entre tradition et modernité.

C'est justement à une vision anologue, unitaire et harmonieuse de l'Europe, que pensait le Vénérable Jean-Paul II, lorsque, reproposant l'image, suggérée par Vjaceslav Ivanov Ivanov, des deux "poumons" avec lesquels il nous faut revenir à respirer, il a appelé à une nouvelle prise de conscience des profondes et communes racines culturelles et religieuses du continent européen, sans lesquelles l'Europe d'aujourd'hui serait comme privée d'âme et donc marquée par une vision réductrice et partielle. Justement pour approfondir la réflexion sur ces questions a eu lieu hier,le Symposium, organisé par le Patriarcat de Moscou, le dicastère pour la promotion de l'unité des chrétiens et celui de la Culture sur le thème: "orthodoxes et catholiques dans l'Europe d'aujourd'hui. Les racines chrétiennes et l'héritage culturel commun de l'Orient et de l'Occident".

Comme je l'ai affirmé à maintes reprises, la culture contemporaine, en particulier celle de l'Europe, court le risque de l'amnésie, de l'oubli et donc de l'abandon de l'extraordinaire patrimoine suscité et inspiré par la foi chrétienne, qui constitue l'ossature essentielle de la culture européenne et pas seulement d'elle. Les racines chrétiennes de l'Europe sont constituées, en fait, outre par la vie religieuse et le témoignage de tant de générations de croyants, mais aussi par l'inestimabile patrimoine culturel et artistique, fierté et ressource précieuse des peuples et des pays où la foi chrétienne dans ses différentes expressions, a dialogué avec les cultures et les arts, les a animés et inspirés, favorisant et promouvant comme jamais la créativité et le génie.
Aujourd'hui encore, ces racines sont vivantes et fertiles en Orient et en Occident, et même doivent inspirer un nouvel humanisme, une nouvelle ère de progrès humain authentique, pour répondre efficacement aux défis nombreux et parfois cruciaux que nos communautés chrétiennes et nos sociétés doivent affronter, avant tout celui de la sécularisation, qui non seulement nous pousse à ignorer Dieu et son projet, mais finit par nier la dignité humaine elle-même, en vue d'une société régie uniquement par des intérêt égoïstes.

Faisons à nouveau respirer l'Europe à pleins poumons, redonnons de l'âme non seulement aux croyants, mais à tous les peuples du continent, promouvons la confiance et l'espérance, les enracinant dans l'expérience millénaire de la foi chrétienne! En ce moment, on a besoin du témoignage cohérent, généreux et courageux de croyants, afin que nous puissions regarder ensemble au futur commun comme à un avenir où la liberté et la dignité de chaque homme et de chaque femme est reconnue comme une valeur fondamentale et où est valorisée l'ouverture à la transcendance, l'expérience de la foi comme dimension constitutive de la personne.

Dans le morceau de Moussorgski, intitulé "L'ange proclama", nous avons entendu les paroles adressées par l'Ange à Marie, et donc à nous aussi: "Ô peuples, réjouissez-vous". Le motif de la joie est clair: le Christ est ressuscité d'entre les morts, et il a "ressuscité les morts".

Chers frères et sœurs, c'est la joie du Christ ressuscité qui nous anime, nous encourage et nous soutient dans notre chemin de foi et de témoignage chrétien pour offrir au monde joie véritable et solide espérance, pour donner de bonnes raisons de confiance à l'humanité, aux peuples de l'Europe, que je confie volontiers à l'intercession maternelle et puissante de la Vierge Marie.

[Le Pape conclut en russe: Je renouvelle mes remerciements au patriarche Kirill, au métropolite Hilarion, aux représentants de la Russie, à l'orchestre, aux chœurs, aux organisateurs et à tous les présents].

Sur vous tous et sur vos proches, que descendent en abondance les Bénédictions du Seigneur.

Le discours du Patriarche Cyril

En italien, ici.

"Pour comprendre un peuple, il faut en écouter la musique..."

Mois de mai, mois de Marie Homélie de la Pentecôte