Actualités Images Visiteurs La voix du Pape Livres Lu ailleurs Index Sites reliés Recherche
Page d'accueil La voix du Pape

La voix du Pape


L'Eglise en Belgique à la dérive Official Papal Visit Website Fin de l'année sacerdotale Meurtre de Mgr Padovese Chypre, 4-6 juin Voyage au Portugal La lettre de Jeannine

L'Occident, terre de mission (suite)

Un dicastère pour une nouvelle évangélisation de l'Occident: l'homélie du Saint-Père du 28 juin, premières vêpres de la solennité des saints Pierre et Paul. (29/6/2010)


Le 5 mai dernier, Paolo Rodari annonçait sur son blog:

Benoît XVI confie à Mgr Fisichella un nouveau dicastère consacré à l'évangélisation de l'Occident.
(cf:
L'Occident terre de mission )

Le Saint-Père a choisi cette fête des Saints Pierre et Paul, saints patrons de Rome, qui coïncide avec le 59e anniversaire de son ordination, pour en faire solennellement lui-même l'annonce, dans la basilique pontificale de Saint-Paul hors les murs.
Il faut souligner à quel point il est soucieux d'écarter toute idée de rupture, et de s'inscrire dans la continuité du Concile, et celle de ses prédécesseurs Paul VI et Jean-Paul II. C'est une nouvelle manifestation de cette "herméneutique de la continuité" qui est la marque de son pontificat.

Ma traduction de son homélie (texte sur le site de Raffaella):

Chers frères et sœurs!

Avec la célébration des Premières Vêpres, nous entrons dans la solennité des saints Pierre et Paul .
Nous avons la grâce de le faire dans la basilique dédiée à l'Apôtre des Gentils, rassemblés en prière sur sa tombe. C'est pourquoi je désire orienter ma brève réflexion dans la perspective de la vocation missionnaire de l'Eglise. C'est dans cette direction que vont la troisième antienne du psaume que nous avons prié, et la Lecture biblique.
Les deux premières antiennes sont dédiées à saint Pierre, la troisième à saint Paul et elle dit: Tu es le messager de Dieu, le saint apôtre Paul: tu as annoncé la vérité au monde entier.
Et dans la brève lecture, tirée de l'introduction de l'épître aux Romains , Paul se présente comme "apôtre par vocation, choisi pour annoncer l'Evangile de Dieu »(Rm 1:1). La figure de Paul - sa personne et son ministère , toute son existence, et son travail acharné pour le Royaume de Dieu - est entièrement dédiée au service de l'Evangile. Dans ces textes, on perçoit une impression de mouvement, où le protagoniste n'est pas l'homme mais Dieu, le souffle de l'Esprit Saint , qui pousse l'Apôtre sur les routes du monde pour apporter à tous la Bonne Nouvelle: les promesses des prophètes se sont accomplies en Jésus- Christ, le Fils de Dieu, mort pour nos péchés et ressuscité pour notre justification.

Saül n'existe plus, il y a Paul, et même, il y a le Christ qui vit en lui ( cf. Ga 2,20) et veut atteindre tous les hommes . Si donc la fête des saints patrons de Rome évoque la double tension typique de cette Eglise , l'unité et l'universalité, le contexte dans lequel nous nous trouvons ce soir, nous invite à privilégier la seconde, nous laissant en quelque sorte, "entraîner" par Saint- Paul et sa vocation extraordinaire.

Le Serviteur de Dieu Jean-Baptiste Montini, quand il fut élu en tant que Successeur de Pierre, en plein déroulement du Concile Vatican II , choisit de porter le nom de l'Apôtre des Gentils. Dans son programme de mise en œuvre du Concile, Paul VI convoqua en 1974 l'Assemblée du Synode des évêques sur le thème de l'évangélisation dans le monde moderne , et environ un an plus tard publia l'Exhortation apostolique Evangelii Nuntiandi, qui s'ouvre par ces mots: "L'engagement à annoncer l'Évangile aux hommes de notre temps, animés par l'espérance, mais aussi, souvent troublés par la peur et l'anxiété, est sans aucun doute un service rendu à la communauté chrétienne, mais aussi à toute l'humanité".

On est frappés par l'actualité de ces expressions. On perçoit en elles toute la sensibilité missionnaire de Paul VI et, à travers sa voix , la grande aspiration conciliaire pour l'évangélisation du monde contemporain , aspiration qui culmine dans le décret Ad gentes , mais imprègne tous les documents de Vatican II et qui encore avant avait animé les réflexions et les travaux des Pères conciliaires, rassemblés pour représenter comme jamais auparavent la diffusion mondiale atteinte par l'Église.

Il n'y a pas besoin de mots pour expliquer comment le Vénérable Jean-Paul II, dans son long pontificat , a développé cette activité missionnaire , qui - il faut toujours le rappeler - reflète la nature de l'Église, laquelle, avec saint Paul, peut et doit toujours répéter: "Annoncer l'Evangile n'est pas pour moi un mérite, car c'est une nécessité qui s'impose à moi: malheur à moi si je n'annonce pas l'Evangile" (1 Cor 9:16).
Le Pape Jean Paul II a représenté "en la vivant" la nature missionnaire de l'Eglise , par ses voyages apostoliques et l'insistance dans son magistère sur l'urgence d'une "nouvelle évangélisation": "nouvelle" non pas dans son contenu mais dans l'élan intérieur, ouvert à la grâce de l'Esprit Saint qui fait la force de la nouvelle loi de l'Evangile et qui toujours renouvelle l'Eglise; "nouvelle" dans la recherche de modalités qui correspondent à la force de l'Esprit Saint et qui soient adaptées aux temps et aux situations; "nouvelle" parce que nécessaire aussi dans les pays qui ont déjà reçu l'Evangile. Il est évident pour tout le monde que mon prédécesseur a donné une impulsion extraordinaire à la mission de l'Église, non seulement - je le répète - par les distances qu'il a parcourues, mais surtout par le véritable esprit missionnaire qui l'animait, et qu'il nous a laissé en héritage à l'aube du troisième millénaire .

Recueillant cet héritage, j'ai pu affirmer, au début de mon ministère pétrinien, que l'Eglise est jeune , ouverte à l'avenir.

Et je le répète aujourd'hui, près du tombeau de Saint- Paul: l'Eglise dans le monde est une immense force de renouveau, non certes par ses forces, mais par la force de l'Evangile, où souffle l'Esprit Saint de Dieu , le Dieu Créateur et Rédempteur du monde. Les défis d'aujourd'hui sont certainement au-delà des capacités humaines: les défis historiques et sociaux , et a fortiori, ceux spirituels.

Il nous semble parfois à nous, pasteurs de l'Eglise, revivre l'expérience des Apôtres, quand des milliers de personnes dans le besoin suivaient Jésus, et qu'Il demandait: que pouvons-nous faire pour tous ces gens? Eux, à ce moment, faisaient l'expérience de leur impuissance. Mais Jésus leur avait montré justement qu'avec la foi en Dieu, rien n'est impossible, et qu'avec peu de pains et de poissons, bénis et partagés, on pouvait nourrir tout le monde. Mais ce n'était pas - et ce n'est pas - seulement la faim de nourritures matérielles: il y a une faim plus profonde que seul Dieu peut satisfaire. L'homme du troisième millénaire lui aussi voudrait une vie pleine et authentique, il a besoin de vérité, de liberté profonde, d'amour gratuit.

Même dans les déserts du monde sécularisé , l'âme de l'homme a soif de Dieu, du Dieu vivant. C'est pourquoi Jean-Paul II a écrit: "La mission du Christ Rédempteur, confiée à l'Eglise , est encore loin de son accomplissement", et il a ajouté , "un regard d'ensemble sur l'humanité montre que cette mission en est encore à ses débuts et que nous devons nous employer de toutes nos forces à son service » (Lettre encyclique Redemptoris missio, n. 1). Il y a des régions du monde qui attendent encore une première évangélisation; d'autres qui l'ont reçue , mais ont besoin d'un travail plus approfondi; d'autres encore où l'Évangile a depuis longtemps des racines, donnant lieu à une véritable tradition chrétienne , mais où dans les derniers siècles - avec des dynamiques complexes - le processus de sécularisation a produit une grave crise du sens de la foi chrétienne et de l'appartenance à l'Eglise .

Dans cette perspective, j'ai décidé de créer un nouvel organisme, sous la forme d'un "Conseil Pontifical", avec la tâche de promouvoir une évangélisation renouvelée dans les pays où la première annonce de la foi a déjà résonné et où il y a des églises de fondation ancienne, mais qui vivent une sécularisation progressive de la société et une sorte d'"éclipse du sens de Dieu" , qui constituent un défi pour proposer à nouveau la vérité éternelle de l'Évangile du Christ.

Chers frères et sœurs , le défi de la nouvelle évangélisation interpelle l'Eglise universelle , et nous demande aussi de poursuivre avec engagement la recherche de la pleine unité entre chrétiens. Un signe éloquent d'espérance dans cette direction est l'habitude des visites réciproques entre l'Eglise de Rome et celle de Constantinople lors de la célébration de leurs saints patrons. C'est pourquoi nous accueillons aujourd'hui avec gratitude et une joie renouvelée, la délégation envoyée par le patriarche Bartholomée 1er , à qui j'adresse mon salut le plus cordial. Que l'intercession des saints Pierre et Paul obtienne pour l'Église tout entière une foi ardente et un courage apostolique, pour annoncer au monde la vérité dont nous avons tous besoin, la vérité qui est Dieu, origine et fin de l'univers et de l'histoire, Père miséricordieux et fidèle, espérance de la vie éternelle . Amen .

© Copyright 2010 - Libreria Editrice Vaticana

Répondre à l'appel du Christ Discours aux jeunes, à Sulmona