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Egype: nouvelle année, vieilles plaies

Autour de l'attentat d'Alexandrie contre les coptes, Sandro Magister, sur son blog personnel, Settimo Cielo, donne la parole à Vittorio Parsi, professeur de politique internationale à l'Université catholique de Milan: chasser les chrétiens, c'est rendre homogène le tissu social et religieux dans les pays arabes (5/1/2011).

Source: http://magister.blogautore.espresso.repubblica.it/...
Ma traduction.
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Parmi les commentaires sur le massacre des chrétiens coptes dans une église à Alexandrie, en Egypte, dans la nuit du 31 décembre, voici celui de Vittorio E. Parsi, professeur de politique internationale à l'Université catholique de Milan, paru dans " La Stampa" du 2 Janvier 2011.

Lors de l'Angelus du 2 Janvier Benoît XVI s'est référé aux attaques contre les chrétiens en ces termes:

Hier matin nous avons appris avec douleur la nouvelle du grave attentat contre la communauté chrétienne copte qui a eu lieu à Alexandrie en Égypte. Ce geste de mort lâche, comme celui de mettre des bombes maintenant même près des maisons des chrétiens en Irak pour les forcer à partir, offense Dieu et l'humanité tout entière, humanité qui justement hier a prié pour la paix et a commencé avec espérance une nouvelle année. Devant cette stratégie de violences qui vise les chrétiens, et qui a des conséquences sur toute la population, je prie pour les victimes et les membres de leur famille, et encourage les communautés ecclésiales à persévérer dans la foi et dans le témoignage de non violence qui nous vient de l'Évangile. Je pense aussi aux nombreux opérateurs pastoraux tués en 2010 dans différentes parties du monde : nous adressons également notre souvenir affectueux devant le Seigneur pour eux. Restons unis dans le Christ, notre espérance et notre paix !

La chasse aux infidèles
Vittorio Emanuele Parsi
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Il y a au moins deux niveaux de lecture possibles pour expliquer le très grave attentat contre les chrétiens, à Alexandrie: le premier axé sur le caractère particulier du plus important des pays arabes; le deuxième, plus proche de la dynamique d'ensemble du Moyen-Orient et de la dégradation générale de la sécurité (mais on devrait dire de la survie) des chrétiens dans tout le monde arabe et islamique.

Mon point de vue, c'est qu'ils sont si étroitement liés qu'on doit les garder simultanément à l'esprit si on veut vraiment comprendre la portée des événements auxquels nous assistons.

Ce qui semble être en cours au Moyen-Orient est bel et bien une impulsion pour uniformiser le tissu social du point de vue religieux. Pendant longtemps, le monde musulman a connu le fléau de la révolte contre ses dirigeants, considérés comme corrompus et réputés (au fond d'eux-mêmes) apostats, par des mouvements qui s'auto-proclament les seuls interprères authentiques du message du prophète Mahomet.

A propos de l'Egypte, on pense immédiatement à Anouar el-Sadate, le président du voyage à Jérusalem, assassiné par des membres des Frères musulmans, quelques années après la signature des premiers accords de paix avec Israël.

Dans le camp chiite, avec toutes les distinctions nécessaires, il est impossible de ne pas parler de la révolution iranienne qui a mené à la chute du Shah Reza Pahlavi et à la mise en place de la République islamique d'Iran.

En réalité, la pratique de la rébellion violente et du tyrannicide est une pratique ancienne, qui remonte à la chute du califat omeyyade au VIIIe siècle et au mouvement des Kharijites, et qui, depuis les origines de la tradition arabo-islamique (rappelons-nous que Mohammed a fait ses prédications au VIIe siècle) a contribué à donner une légitimité à la violence comme instrument de lutte politique. Le "Paradis des Martyrs" est toujours ouvert: car, rien ou presque rien n'a changé dans la façon de diriger les régimes politiques dans la région au cours des 1200 dernières années.

Peu importe qu'on se réclame d'une révolutions socialiste de plus en plus lointaine et confuse (Egypte), de l'obscurantisme religieux (Arabie saoudite), ou d'un bourbier conceptuel, fruit de la chute violente, du fait de mains étrangères, d'un ancien tyran (Irak ): le fait est que la zone de tolérance et de respect de la diversité et de la souveraineté individuelle prévue par tels systèmes est dérisoire, au point de contribuer à légitimer la violence dont ils sont eux-mêmes l'objet.

Dans ce qui, aux yeux des fondamentalistes violents, est une fitna (une lutte au sein du monde musulman contre les apostats et les hérétiques), depuis plus d'une décennie, a éclaté un véritable djihad dont le but est de purifier la société de la présence chrétienne. Cela est dû en partie à la superposition simpliste entre le christianisme et l'Occident, qui a accompagné la marginalisation politique progressive du premier et l'ascension du second particulièrement au cours du XXe siècle. Mais en partie, c'est aussi lié à l'objectif de rendre religieusement homogènes les sociétés arabes, de sorte que le message qui associe de manière exclusive la révolte politique et sa déclinaison islamiste radicale ne rencontre plus aucun obstacle.

D'autre part, dans les nombreux régimes antilibéraux qui depuis toujours constellent la région, les chrétiens avaient trouvé protection (et non pas droits) en tant que communauté politiquement soumise au pouvoir politique en place, et non en tant qu'individus, comme du reste la tradition coranique elle-même et la longue habitude de la primauté arabe et de la domination ottomane le leur avait enseigné. Il leur était donc facile de désigner leurs représentants comme complices du tyran, liés à lui mais étranger au corps d'une société grossièrement imaginée et violemment modelée comme monilithique

L'Egypte est traditionnellement le pays le plus important du monde arabe, le seul allié véritable (et non client) des américains dans ce monde. Au Caire, Obama a choisi de tenir son important et infructueux discours aux musulmans du monde. Près de deux ans plus tard, le régime est de plus en plus empêtré dans une crise de transition qui ne voit pas d'issue souhaitable, où l'introduction d'élections fantoches a contribué à exacerber les tensions politiques et sociales, et où l'avenir d'une minorité chrétienne qui remonte presque deux mille ans est de plus en plus noir.

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