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Pourquoi le Pape ira à Assise (3)

Après l'attaque contre l'Eglise copte, les critiques de l'Iman d'Al Azhar contre les propos de Benoît XVI lors de l'Angelus du 2 janvier, et l'annonce par le Pape lui-même d'une prochaine rencontre à Assise, le Père Samir a été beaucoup sollicité... Suite, dans la Bussola. (5/1/2011)

Voir aussi


Le Père Samir a accordé une interviewe à Riccardo Cascioli pour la Bussola.
Elle reprend en partie les précédentes, et les complète, élargissant le regard à la situation politique dans les pays musulmans du Moyen-Orient et d'Afrique, et au problème culturel constitutif de l'islam: le refus d'évoluer, de se remettre en question.

Article ici: http://www.labussolaquotidiana.it/...
Ma traduction:

Une nouvelle étape du fondamentalisme

L'attaque contre les églises: une nouvelle étape du fondamentalisme
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(...)

- Le pape a parlé clairement de "stratégie de violence visant les chrétiens."
- Tout le monde peut voir que la violence est en augmentation, et que c'est une violence de plus en plus aveugle. En outre, il y a un fait nouveau: le fait de tuer les gens dans l'église ou devant l'église, aujourd'hui en Egypte comme cela s'était produit il y a deux mois à Bagdad. Il y a un "saut qualitatif", une connotation religieuse plus manifeste, qui vise les chrétiens. C'est un fait incontestable: au Nigeria, au Vietnam, au Pakistan et ainsi de suite. Pas toutes, mais la plupart de ces violences viennent du monde islamique, et visent en particulier les chrétiens, même si ce n'est pas exclusivement.

- «Stratégie de la violence» suggère une unique direction (un centre de décision unique).
- Il y a certainement une seule tendance. C'est-à-dire que depuis plusieurs décennies, on voit émerger dans l'islam une tendance radicale et qui se radicalise chaque jour davantage dans le monde islamique, mais qui est plus répandue dans les pays où les gouvernements sont plus faibles. La tendance des intégristes islamiques est de vouloir établir un Etat islamique, ce qui signifie un État fondé sur l'application stricte de la charia, comme en Iran, en Arabie Saoudite, au Pakistan et dans douze provinces du Nigeria. Justement au Nigeria, par exemple, en l'espace de quelques années, nous avons vu croître ce mouvement avec une province, puis deux, six, maintenant 12, peut-être plus. Nous le voyons aussi dans les Philippines, à Mindanao, ou dans certaines provinces de l'Indonésie. Et aussi en Malaisie, où on va jusqu'à interdire aux chrétiens d'utiliser le mot Allah, qui est le seul - mais d'origine arabe - pour parler de Dieu en langue malaise. Mais les musulmans considèrent ce mot comme leur monopole, et peu importe qu'il s'agisse d'un mot arabe que nous, chrétiens avons utilisé avant les musulmans... Il y a donc une tendance qui se répand ici et là et qui est soutenue par une stratégie de diffusion. Il existe plusieurs institutions qui s'occupent de cela, même en Amérique: il y a un centre aux Etats-Unis, par exemple, pour l'islamisation de la culture, qui a publié une trentaine de volumes en arabe, diffusés ensuite dans les pays du Moyen-Orient.
Il y a un projet d'islamisation de la culture, de l'économie, de la politique, de la science. Cela ne signifie pas automatiquement violence, mais cela peut facilement être transformé en violence par les mouvements radicaux. Et c'est ce que nous voyons de plus en plus souvent ces derniers temps. Et la violence fait un bond important, quand on se met à attaquer les églises. Une chose inouïe jusque-là. Donc, le Pape a lancé un appel parce qu'il y a ce double facteur: il s'agit d'une stratégie et elle est dirigée contre les chrétiens.
(...)

- Pourquoi veulent-ils éliminer les chrétiens?
- Les chrétiens doivent être éliminés d'abord parce qu'ils ne sont pas musulmans, et sont un obstacle pour créer un Etat islamique. En Irak, il y a un plan pour diviser le pays en trois parties: sunnites, chiites et Kurdes. Pour les chrétiens, il n'y a pas d'espace. Ils sont actuellement entraînés par les violences vers le Kurdistan dans le nord-est de l'Irak, mais les chrétiens savent que ce n'est leur terre: les Kurdes les recevoivent aujourd'hui, demain ils peuvent les tuer, comme cela s'est produit dans le passé.
Ensuite, dans tout le Moyen-Orient,l es chrétiens, sont les artisans du développement culturel et économique, ils sont un mouvement de la modernité, et il y en a qui ne veulent pas de la modernité. Ou bien, et c'est une troisième raison, par fanatisme pur: les chrétiens doivent être soumis, à la limite "nous les protégerons à condittion qu'ils restent soumis".

- Vous dit avant qu'il y avait une tendance, mais aussi des centres pour la diffusion de cette tendance. Qui les mène?
- Au Moyen-Orient, l'argent vient des pays islamiques du pétrole, l'Arabie saoudite en tête, mais l'idéologie vient d'Egypte, soit des Frères musulmans, soit des tendances plus radicales dérivant de ce mouvement. Dans le sous-continent indien - Pakistan, Afghanistan - l'idéologie vient d'un autre mouvement similaire ou des Talibans. L'Iran a, à son tour, son idéologie, partie de Khomeiny, et qui va jusqu'au Liban avec le Hezbollah. La tendance, en réalité, est la même, elle prend des formes particulières selon les différents pays et les divisions entre sunnites et chiites. Ensuite, l'aspect militant et militaire vient du fait que nous vivons dans des pays qui sont tous plus ou moins corrompus.
Au Moyen-Orient nous n'avons que deux systèmes: dictatorial ou semi-dictatorial, comme était l'Irak à l'époque de Saddam et comme est encore la Syrie de Assad: il y a la sécurité, mais sans la liberté. Ou bien nous avons le système islamique fondamentaliste. La seule exception à cette bipolarité est peut-être la Jordanie (ndt: ce n'est pas un hasard si c'est ce pays arable que le Saint-Père a choisi de visiter lors de son voyage en Terre Sainte). En tout cas nous sommes pris entre deux extrêmes.

- Mais alors, tenter d'apporter la démocratie a été une mauvaise idée?
- Mais on ne peut pas exporter la démocratie; déjà le simple fait de vouloir l'exporter est un acte antidémocratique. La démocratie, c'est nous qui devons la créer: elle sera différente de peuple à peuple, mais en acceptant le principe selon lequel il y a un état de droit où ce n'est pas la tribu ou le groupe de pression qui décide.
Malheureusement, aujourd'hui, les choses vont dans la mauvaise direction: les élections en Egypte, par exemple, étaient manifestement truquées. Et cela est inacceptable pour les gens parce que maintenant - avec la mondialisation des médias - tout le monde sait ce qui se passe, même les analphabètes. Mais la façon de faire les choses n'a pas changé. Il suffit de regarder: en Libye, Kadhafi est président depuis 40 ans; en Tunisie, paysdéveloppé, encore une fois, il y a une forme de dictature; en Egypte, aujourd'hui arrive le fils de Moubarak, Gamal, et en Syrie il y a la dynastie de Assad. Et je parle de pays qui ne sont pas arriérés. C'est une situation intenable qui suscite des mouvements réclamant un changement. Aujourd'hui, le seul mouvement capable de rassembler les foules est l'islam. Parce qu'ici, il suffit de dire 'religion', et il n'y a plus de discussion.

- Mais dans le monde islamique, à part les mouvements fondamentalistes, voit-on se mettre en route quelque chose d'autre, qui puisse aller dans la direction opposée?
- Quelque chose d'autre, nous le voyons en Tunisie, par exemple: à la Faculté de Théologie de Tunis il y a une ouverture différente qui commence avec l'obligation pour les étudiants d'apprendre une langue non musulmane (anglais, français, italien, ce qu'on veut) afin d'avoir une ouverture sur le monde non musulman. Parce que si je ne lis que l'arabe, je ne sors jamais de ce cycle mental. La première chose, donc, est la connaissance active d'une langue occidentale, qui permet de se confronter avec un autre point de vue au monde islamique, aux études, etc. Ensuite, il y a une approche différente à l'histoire, pour échapper à une vision répétitive où un bon imam est quelqu'un qui répète exactement ce qui a été dit dans les premiers siècles de l'Islam. On commence à comprendre qu'il ne suffit pas d'apprendre le Coran par cœur - ceci n'est pas un mal - mais qu'il faut apprendre à le comprendre, l'interpréter, l'étudier.

- Les imams à travers le monde, cependant, ne sont pas formés en Tunisie.
- Cela est vrai, et il est vrai que d'al-Azhar au Caire, sortent des milliers d'imams de tous les pays qui absorbent également l'idéologie fondamentaliste, c'est pourquoi c'est justement sur l'éducation que nous devons nous concentrer. Parce que le problème n'est pas militaire ou économique, bien que cela ait son importance. Le problème est essentiellement idéologique. Et dans les pays islamiques, le modèle religieux implique que l'islam est la réponse à tout. Le parti des Frères musulmans, qui a une grande influence sur le monde arabe, utilise une formule simple, qui consiste en deux mots: «L'islam est la solution." . Quelle que soit la question se que vous vous posez, la réponse est: "L'islam est la solution". Pourquoi ne puis-je pas trouver du travail? "L'islam est la solution". Pourquoi ne puis-je pas avoir une maison? "L'islam est la solution". Cela signifie que l'islam, par exemple, prône la solidarité donc si l'on applique l'Islam, il n'y aura pas de pauvres. Il s'agit évidemment d'un mythe, mais toujours répéter cette formule est, pour les gens, convaincant. Parler de justice, de droit, dans ce modèle, n'a pas de sens: l'islam a sa propre loi, la charia. Où est le problème? Le problème est que la charia a été établie au neuvième siècle et nous vivons au XXIe siècle et que depuis le temps, le peuple réclame autre chose.

- Comment s'en sort-on?
- Le défi, encore une fois, est celui de l'éducation, de l'usage de la raison. Si nous prenons la charia, par exemple, nous voyons que - à quelques exceptions près - aucun pays islamique ne l'applique quand il s'agit de couper la main aux voleurs. Tous ont suspendu cette application. Cela signifie que même dans les pays islamiques, on considère que la charia prise en tant que telle est inapplicable, mais personne ne veut en tirer des conclusions et commencer à repenser un projet de société islamique qui tienne compte de la modernité. Ou bien prenons l'exemple du suicide: l'Islam le rejette, et même - parmi toutes les religions que je connais - l'islam est la plus dure contre ceux qui se sont suicidés parce qu'ils n'ent même pas eu le droit à être enterrés, ils doivent être abandonnés dans le désert pour être mangés par les animaux. Alors, comment expliquer le phénomène des kamikazes, pourquoi tant de gens se suicident-ils? Ah non - disent-ils - c'est différent, parce que là ils le font pour l'amour de Dieu et de la communauté islamique. Deux poids et deux mesures.
Au lieu de cela, nous devons aider à réfléchir: pourquoi, l'islam, le christianisme et les autres religions sont-elles opposées au suicide? Parce que le suicide signifie un désespoir à propos de Dieu, un manque de foi. Alors, on réfléchit, et en réfléchissant, par exemple, l'Eglise a reconnu que le suicide est souvent un phénomène psychopathologique, et pas une rébellion contre Dieu. Alors, on s'est dit, donnons également une sépulture religieuse aux suicidés.
Pour nous, cette réflexion continuelle sur la réalité est normale, mais dans le monde islamique elle est bloquée depuis le XIIe siècle, elle a disparu. Et c'est là que réside le défi, reprendre ce chemin de réflexion. En Egypte, une situation que je connais bien, il y a des milliers de personnalités exceptionnelles qui sont déjà sur ce chemin. Le problème, c'est qu'ils sont des intellectuels, des universitaires laïcs, et n'étant pas religieux, ils n'ont aucun poids. Il importe maintenant que ce processus commence aussi parmi les religieux.

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