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Assise, 25 ans après

Le beau commentaire de JL Restàn, traduit par Carlota (13/1/2011)

Texte original en espagnol: http://www.cope.es/opinion/asis-veinticinco-anos-despues-31829

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Assise, 25 ans après
par José Luis Restán sur Paginasdigital.es
– 4 janvier 2011
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Le 1er janvier a été une journée dramatique, journée qui nous faisait connaître un nouvel assassinat de masse de chrétiens, cette fois en Égypte. La persécution s’inscrit déjà en lettres majuscules en premières pages de quelques médias occidentaux, et en ces jours de bons vœux nous ne pouvons pas cacher que s’est ouvert une nouvelle période historique, aux conséquences incalculables en ce qui concerne la violation systématique de la liberté religieuse dans le monde, plus particulièrement celle des chrétiens. Dans ce contexte, et avec la lettre de présentation de son message pour la Journée Mondiale pour la Paix, Benoît XVI a surpris en invitant les responsables religieux du monde entier à une nouvelle rencontre de prière pour la paix à Assise (Assise, et la paix, grâce aux religions ).

Il a expliqué qu’il souhaitait commémorer le geste historique accompli par Jean-Paul II à Assise en 1986, renouvelant l'engagement solennel des croyants de toutes les religions à vivre leur foi religieuse en tant que service à la cause de la paix. Et il a ajouté, « Celui qui est sur le chemin de Dieu ne peut manquer de transmettre la paix, celui qui construit la paix ne peut que se rapprocher de Dieu » Nous nous souvenons de l'impact mondial de l'appel d'Assise, marqué par le charisme du Pape Wojtyla. C’était la première fois dans l’histoire que se produisait un geste semblable et à côté de l’attente suscitée, les murmures de mécontentement n’avaient pas manqué venant de plusieurs milieux, pour la forme dans laquelle les choses s’étaient déroulées, une forme que certains avaient accusée (d’une façon totalement injuste) de syncrétisme.

La certitude fondamentale que la véritable religiosité est source de paix et qu’utiliser Dieu pour justifier la violence est un blasphème continue à inspirer cette nouvelle session. Mais le contexte historique dans lequel elle se déroulera a beaucoup changé, et en mal. En outre Benoît XVI a initié avec détermination un ajustement fin des approches du dialogue interreligieux, et sans aucun doute cela va se noter dans l’approche du geste.

Quant au moment historique, il n’est pas nécessaire d’entrer pour l’instant dans le détail. Au Moyen Orient, est en cours une campagne d’extermination des communautés chrétiennes, condamnée avec trop légèreté et de manque d’à-propos de la part des autorités islamiques, sans que les gouvernements « amis » de l’Occident ne mettent vraiment le paquet pour protéger ceux qui sont leurs concitoyens, et sans que l’ONU et les autres institutions de ce qu’on appelle la communauté internationale entrent dans le jeu. Mais il y a aussi des signes d’intense préoccupation dans des pays aussi importants que l’Indonésie, et les pogroms anti-chrétiens se succèdent aussi dans quelques régions de l’Inde, qui auparavant manifestaient d’une tolérance bienveillante. Ce sont des choses qui ne peuvent rester en marge du prochain mois d’octobre à Assise, bien sûr, et Benoît XVI n’y consentira pas.

D’autre part, la réorientation du dialogue interreligieux peut être considérée justement comme une des clefs de ce pontificat.
Et bien que la rencontre d’Assis sera fondamentalement un moment de prière, il est évident qu’il s’inscrira dans le cadre de ce dialogue. À diverses reprises Benoît XVI a mis en garde contre la conception trop superficielle du dialogue, qui se contente de créer un climat de sympathie réciproque et de trouver quelques points de collaboration pratique. « Nous avons peut-être éludé la responsabilité de discuter nos différences avec calme et clarté », alors que dans le dialogue authentique il faut « écouter avec attention la voix de la vérité », faisait observer le Pape aux responsables religieux à Washington (cf. http://benoit-et-moi.fr/USA/... ).

Pour l’Église, l’objectif ultime du dialogue est toujours la recherche de la vérité, et sa motivation n’est pas autre chose que l’urgence de la charité. Le Pape veut situer au centre du dialogue avec les religions non chrétiennes (nous l’avons déjà vu clairement dans le cas de l’islam) les questions essentielles de la vie humaine : Quelle est son origine et quel est son destin ? Qu’est ce que le bien, qu’est ce que le mal ? Qu’attend l’homme au bout de son existence terrestre ?

Pour tout cela, la question de la liberté religieuse avec toutes ses implications doit occuper le centre de la scène dans tout véritable dialogue. Et il est à déplorer que dans un dialogue, qui fréquemment tend presque exclusivement vers des questions de collaboration pratique, la question de la liberté ne retentisse pas avec l’amplitude et l’acuité qui devraient leur revenir. Ces temps touchent à leur fin, parce que comme l’a dit Benoît XVI dans le discours de Washington déjà mentionné, « le devoir de défendre la liberté religieuse ne prend jamais fin », et cela impliquer d’affronter sans ambages des questions comme l’éducation religieuse dans les écoles, le processus de conversion, la réciprocité et la dimension publique de la foi religieuse. Ce sont des questions cruciales et douloureuses, non seulement dans le monde islamique, mais aussi dans les aires de prédominance hindouiste, bouddhiste et juive. Et tant qu’on n’avance pas dans ce champ d’action, on peut légitimement douter du chemin entrepris.

L’annonce d’Assise est quelque chose de très sérieux. Et je crois qu’elle serait impensable sans les briques que le Pape a posées, non sans beaucoup d’efforts et de souffrance, tout au long de son pontificat : les discours de Ratisbonne et d’Amman, son dialogue théologique avec le judaïsme, sa visite historique à Auschwitz et son discours au Musée Yad Vashem de Jérusalem ; et évidemment son infatigable, lucide et courageuse défense de la liberté religieuse, dont les dernières preuves ont été le message à l’occasion de ce premier janvier et sa dénonciation des massacres de chrétiens en Irak et en Égypte.
Certes, c’est un mauvais présage que l’imam d’Al-Azhar, au Caire, ait qualifié d’ingérence » la condamnation par le Pape du massacre des chrétiens coptes dans l’Église de Tous Les Saints d’Alexandrie. C’est ainsi que quelques uns comprennent le dialogue. C’est la toile de fond qui attend la rencontre de prière d’Assise au mois d’octobre prochain. Audacieuse et transcendantale initiative de Benoît XVI. Certes, la majorité de la grande presse occidentale (ne disons pas espagnole) continue dans l’ignorance coupable, sinon dans la perversion idéologique.

Pourquoi Assise Un discours non diplomatique aux diplomates